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la couronne six cents écus d'or, et la renvoya à l'abbaye de SaintDenys, son église de prédilection.

CHAPITRE VII.

Le roi fait don d'un joyau à l'église de Saint-Denys.

Le roi était plus disposé à accroître qu'à diminuer les riches présents dont ses ancêtres avaient, en témoignage de leur affection particulière, gratifié l'abbaye de Saint-Denys. Il s'y rendit dévotement avec les seigneurs de sa cour le jour de la fête du glorieux martyr, patron particulier de la France, déposa sur l'autel des martyrs un vase magnifique qu'il avait fait faire pour y renfermer le sacré clou de Notre Seigneur, et le fit porter solennellement en procession. Déjà au mois de janvier précédent, il avait, par un mouvement spontané de dévotion et sans qu'on le lui eût demandé, donné deux mille écus d'or pour que cet instrument de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ fût gardé plus convenablement. Il s'était fait représenter sur ce joyau avec son épouse bien aimée et son fils aîné, à côté des images de saint Charles et de saint Louis, qui servaient d'ornement à l'ancien vase et soutenaient ce reliquaire. Toutes ces figures étaient en or massif, et pesaient vingt-deux marcs; la base du joyau était en argent doré et pesait vingt-quatre marcs.

CAPITULUM VIII.

De nunciis ab imperatore Constantinopolitano regi Francie transmissis.

Circa medium octobris, Manuel Grecorum imperator, cum Turcorum incursus, quibus resistere non valebat, egre ferret, Francorum adjutorium peciit et regi avunculum suum misit, qui imperatoris apices presentaret statum imperii continentes. Epistole superscripcio talis erat : « Serenissimo excellentissimoque principi et domino, domino Karolo, Dei gracia regi Francorum, fratri nostro precarissimo. » Et in eadem erant scripta que sequuntur :

<< Serenissimo atque excellentissimo domino Karolo Francorum regi, fratri nostro precarissimo, Manuelis in Christo Deo fidelis imperator et moderator Romeorum Palealogus salutem et prosperos ad vota successus.

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Quia, frater, scimus potenciam maximam quam habet iste infidelis tyrannus turcus Basita, dominus Turcorum, inimicus Jhesu Christi et tocius fidei catholice, et que potencia cotidie augmentatur, nostramque et nostrorum miseriam atque penuriam, quam a longo tempore citra passi sumus et patimur, et maxime ab annis tribus vel circa, propter guerram, in qua adhuc sumus, contra nos motam per dictum Basitam turchum, qui conatur totis viribus et posse hanc nostram civitatem et christianos istarum parcium suo dominio subjugare, et in totum nomen Christi de terra delere, non parcendo die ac nocte in aliquo persone sue et subditorum suorum laboribus et expensis; et cognito eciam quantum dampnum contingeret toti christianitati, si dictus Basita turcus suam obtineret intencionem de civitate predicta, quod absit; et cernentes eciam procul dubio,

CHAPITRE VIII.

L'empereur de Constantinople envoie une ambassade au roi de France.

Vers le milieu d'octobre, Manuel', empereur des Grecs, qui ne pouvait plus résister aux attaques continuelles des Turcs, implora le secours de la France et députa vers le roi un de ses oncles, avec une lettre dans laquelle il exposait l'état de son empire. Cette lettre portait pour suscription : « Au sérénissime et très excellent prince et seigneur, monseigneur Charles, par la grâce de Dieu, roi de France, notre frère bien aimé. » Elle était conçue en ces termes :

« Au sérénissime et très excellent prince, monseigneur Charles, roi de France, notre frère bien aimé, Manuel Paléologue, fidèle en JésusChrist empereur et modérateur de Romanie, salut et accomplissement de tous ses désirs.

Frère, considérant d'une part la puissance de plus en plus menaçante du turc Bajazet, ce tyran perfide, seigneur des Turcs, ennemi de Jésus-Christ et de tous les catholiques, d'autre part notre misère et celle de nos sujets, et les pertes que nous avons eu à supporter et que nous supportons depuis long-temps, surtout depuis près de trois ans, par suite de la guerre que nous fait ledit Bajazet, qui cherche par tous les moyens et de tout son pouvoir à réduire sous sa domination notre ville et les chrétiens de nos contrées, et à anéantir sur la terre le nom de Jésus-Christ, qui n'épargne pour cela ni peines ni dépenses, et y travaille jour et nuit, soit de sa personne, soit à l'aide de ses sujets; sachant aussi quel malheur ce serait pour toute la chrétienté, si ledit turc Bajazet réalisait, ce qu'à Dieu ne plaise! ses projets contre notre ville; voyant en outre que cette ville ne pourra résister jusqu'à

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Manuel, fils de Jean Paléologue, associé à l'empire par son père en 1375, lui avait succédé en 1591.

quod civitas ista nullatenus durare potest usque ad estatem venturam, qua expectamus et habere speramus auxilium christianorum, mediante gracia Dei et vestre serenissime regie majestatis, de qua multipliciter et effective speramus, ea propter ordinamus ambassiatorem nostrum strenuum et desideratissimum avunculum, imperii nostri nobilem et circumspectum virum atque sapientem et expertum, dominum Theodorum Palealogum Canthacosino, latorem presencium, quem ad predictam vestram regiam majestatem transmittimus; cui ipsa velit et sibi placeat in omnibus eidem per ipsum exponendis oretenus nostra parte fidem plenariam adhibere, ac si ea ab ore nostro proprio audiret viva voce. Insuper firmiter credimus eamdem regiam majestatem invenire paratam in omnibus de quibus ab ipsa indigemus, quia vidimus anno proxime preterito, nulla ab ipsa facta requisicione, sed propria voluntate, ipsam ob Dei reverenciam misisse magnam potenciam suorum pro liberacione nostra et christianorum istarum parcium; quod vere fuisset ad plenum, nisi casus inopinatus contingisset propter demerita. Nos vero ad presens magis indigemus auxilio quam tunc indigebamus propter debilitatem ad devenimus occasione guerre supraquam dicte, prout dicta vestra regia majestas poterit informari a baronibus et nobilibus vestris, qui omnia viderunt et de statu et condicionibus istarum parcium plenius sunt informati. Datum in civitate Constantinopoli, anno Domini millesimo trecentesimo nonagesimo septimo, die prima mensis jullii. »

Epistola vero ista in duabus columpnis pergameni contenta; que scripta sunt in prima ydiomate greco habebantur, et in alia, ydiomate latino. Nec tamen sigillo munita erat, sed de rubeo taliter signata in fine.

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Il y a ici une lacune dans le manuscrit, fol. 154 v.

l'été prochain, époque à laquelle nous attendons et espérons le secours des chrétiens, s'il plaît à Dieu et à votre sérénissime majesté, en qui nous mettons toute notre confiance et notre plus ferme espoir, nous avons député vers vous en qualité d'ambassadeur monseigneur Théodore Paléologue Cantacuzène, notre oncle bien aimé, l'un des principaux personnages de notre empire, renommé par sa valeur, sa sagesse et son expérience, et nous l'avons chargé de remettre les présentes à votre royale majesté. Nous vous prions de vouloir bien avoir pleine et entière confiance en ses paroles et de croire à tout ce qu'il vous dira de notre part, aussi bien que si vous nous entendiez nous-même en personne. Nous sommes fermement convaincu que votre royale majesté est prête à nous accorder toute l'assistance dont nous avons besoin; car nous avons vu que l'année dernière vous avez de votre propre mouvement, et sans en être requis, envoyé dans l'intérêt de la religion une puissante armée pour notre délivrance et pour celle des chrétiens de ces contrées; entreprise qui aurait eu un plein succès, si nos péchés n'avaient attiré sur nous la colère du ciel. Votre secours nous est aujourd'hui plus nécessaire encore que jamais, vu l'état de faiblesse auquel nous a réduits ladite guerre, ainsi que votre royale majesté pourra l'apprendre des barons et des nobles de son royaume, qui ont tous vu et qui connaissent parfaitement notre position, et ce qui se dans ces pays. Donné en la ville de Constantinople, le prepasse mier jour de juillet, l'an du Seigneur mil trois cent quatre-vingtdix-sept. >>

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Cette lettre était écrite sur une feuille de parchemin et sur deux colonnes, dont l'une était en grec, l'autre en latin. Elle ne portait point de sceau, mais était signée de rouge.

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