Imperatoriis perlectis litteris, rex cum suis illustribus miratus est, reputans a seculis Francigenarum inauditum antiquos tocius orbis moderatores alias a tam remotis partibus subsidiarios evocasse. Nuncio tamén honorifice excepto et collocato precepit dapsiliter necessaria ministrari, quamdiu vellet manere in regno. Eidemque, sequenti luce, audiencia concessa, cum causam adventus sui per interpretem reserasset, et ordinate ad articulos respondendo, domini duces Biturie et Burgundie juvamen sibi non denegandum dixissent, sentenciam hanc dux Aurelianensis frater regis approbans, ipsum flexis genibus exoravit, ut si illuc excercitus mitterentur, dux esset et capitaneus eorum. Peticionem tamen ducis rex non credidit annuendam, quoniam adhuc dolebat super recenti infortunio Francorum in Hungaria perpesso. Ideo, multorum mensium exacto spacio, legatum auro, vasis sumptuosis, tam materia quam artificio admiracione dignis, olosericis quoque mire estimacionis cumulatum remisit ad propria, promittens quod alias auxilium imperatori libenter mitteret tempore magis apto. CAPITULUM IX. Conestabularius Basite regi Francie dona misit. Mense januario sequente, quidam magne auctoritatis Turcus, quem Basita fidelissimum reputabat, et cui curam milicie sue hucusque commiserat, Karolo regi per quemdam militem strenuum de Burgundia ortum, dominum de Vergiaco, quem secum a solucione redempcionis comitis Niverniensis retinuerat, ut dux esset captivorum sub vexillo suo militancium, si Tambellanus rex Tartarorum in eum insurgeret, dona misit. La lecture du message impérial causa une agréable surprise au roi et à toute sa cour. C'était la première fois que les anciens maîtres du monde envoyaient de leur lointain pays solliciter le secours de la France. Le roi accueillit l'ambassadeur avec les plus grands égards, lui fit donner un logement magnifique, et ordonna qu'on lui fournît tout ce qui lui serait nécessaire, tant qu'il voudrait rester dans le royaume. Il lui accorda audience dès le lendemain. L'ambassadeur exposa, par l'organe d'un interprète, le sujet de son voyage et répondit fort pertinemment à toutes les questions qu'on lui adressa. Messeigneurs les ducs de Berri et de Bourgogne étaient d'avis qu'il fallait accorder le secours demandé. Le duc d'Orléans, frère du roi, partageait leur sentiment. Il supplia le roi à genoux de lui permettre d'être le chef de cette nouvelle expédition. Le roi ne crut pas devoir acquiescer au désir de son frère; il avait encore trop présent à l'esprit le souvenir douloureux des malheurs que les Français avaient éprouvés récemment en Hongrie. Quelques mois après, il congédia l'ambassadeur en le comblant de présents en or et en vases précieux, aussi remarquables par la matière que par la maind'oeuvre, et lui promit qu'il s'empresserait d'envoyer du secours à l'empereur, dès que la saison serait plus favorable. CHAPITRE IX. Le connétable de Bajazet envoie des présents au roi de France. Au mois de janvier suivant, un des principaux officiers turcs, que Bajazet regardait comme son plus fidèle serviteur et à qui il avait jusqu'alors confié le commandement de ses armées, envoya des présents au roi Charles. Il chargea de cette mission un vaillant chevalier de Bourgogne, le sire de Vergy, qu'il avait gardé auprès de lui après le paiement de la rançon du comte de Nevers, pour le placer à la tête des prisonniers enrôlés sous ses drapeaux, dans le cas où Tamerlan, roi des Tartares, viendrait l'attaquer. Ces présents n'étaient pas Quamvis assistencium judicio non multum sumptuosa visa sint, quia tamen non communia, sed peregrina erant, nec assueta videri, interrogati a rege quid super hiis dicerent, responderunt singula interpretando quod sic Turchus ipsum regem ad ardorem marcium poterat incitare. Sane clava ferrea ad confringendum galeas, equs eciam habens abscisas ambas nares, ut diucius ad cursum habilis redderetur, item cum uno tympano decem parva coopertoria lanea et sex arcus Turquie, quorum corde erant de coriis hominum, habebantur. Et quoniam Turci hiis omnibus utebantur, cum in expedicione bellica mutuo se recolligebant, cum castra per campestria metabantur, vel insequebantur hostes fugientes, ideo per hec munera victoriam in Hungaria de christicolis habitam, judicio nuncii offerentis, ad memoriam reducebat. CAPITULUM X. Rex Boemie regem Francie visitavit in civitate Remensi. Circa finem hujus anni, dominus Winceslaus Boemie et Romanorum rex, volens dilectum cognatum regem Francie videre, ejus quoque colloquio recreari, et super unione Ecclesie deliberare cum ipso, quam sibi cum Anglie et Hungarie regibus pluries persuaserat, eidem adventum suum proximum nunciis significavit. Inde gaudens rex Karolus, et consobrinum a multis annis non visum cupiens honore debito prevenire, dominum ducem Aurelianensem fratrem suum misit cum copia militum et baronum, qui sumptibus regiis eum ab ingressu regni adduceret usque Remis, villam ab eo electam, et in qua jam provisiones ingentes jusserat preparari. Ad hanc et personaliter accedens die vicesima secunda men d'un grand prix; mais ils avaient le mérite de la rareté et de la nouveauté. Le roi ayant demandé aux seigneurs qui se trouvaient là ce qu'ils en pensaient, ceux-ci répondirent en cherchant à donner un sens à chaque objet, que le Turc avait sans doute voulu par cet envoi réveiller l'ardeur guerrière du roi. Il y avait en effet une masse d'armes dont on se servait pour briser les casques, un cheval à qui on avait fendu les naseaux afin qu'il pût fournir une plus longue course, un tambour, dix petites casaques en laine, et six arcs de Turquie dont les cordes étaient faites de boyaux humains. Or, comme les Turcs faisaient usage de ces choses dans leurs expéditions, sur les champs de bataille, ou lorsqu'ils poursuivaient leurs ennemis en déroute, messire de Vergy lui-même fut d'avis que ces présents avaient pour but de rappeler au roi la victoire remportée en Hongrie sur les chrétiens. CHAPITRE X. Entrevue du roi de Bohême et du roi de France dans la ville de Reims. Vers la fin de cette année, monseigneur Wenceslas roi de Bohême et des Romains, qui avait résolu de visiter son bien aimé cousin le roi de France, et de passer quelques jours en sa compagnie, pour délibérer avec lui sur l'union de l'Église, que ce prince lui avait souvent recommandée de concert avec les rois d'Angleterre et de Hongrie, lui fit annoncer par une ambassade sa prochaine arrivée. Le roi Charles fut charmé de cette nouvelle. Voulant accueillir avec tous les honneurs dus à son rang un parent qu'il n'avait pas vu depuis plusieurs années, il chargea monseigneur le duc d'Orléans son frère d'aller à sa rencontre avec une suite nombreuse de chevaliers et de barons jusqu'à l'entrée du royaume, et de le conduire aux frais du trésor royal dans la ville de Reims, qu'il avait choisie pour l'entrevue, et où il avait fait préparer d'immenses provisions. Le roi se rendit en personne dans cette ville le 22 mars, et y fut reçu sis marcii, cum ab archiepiscopo et canonicis ecclesie cathedralis processionaliter exceptus in archiepiscopali palacio pernoctasset, dieque sequenti in habitu simplici per duas leucas equitans obviasset cognato carissimo, mox ambo porrectis dextris, post depensum utriusque debite salutacionis affatum, mutuum pacis osculum cum amplexibus miscuerunt, et inde consequenti pompa urbem pecierunt. Scutiferorum fere innumerabilis copia, primum ordinem assequuta, turmas antecedebat militares, quas, mediante triumphorum preconum ingenti multitudine, lituis preliorum incentoribus, musicorum quoque genere instrumentorum vario ad ethera resonancium stipata, Johannes Niverniensis comes, filius ducis Burgundie, et Ludovicus frater regine Francie, nundum accincti baltheo militari, sequebantur. Hiis succedebant lento passu simul et equali fronte reges Francie, Boemie et Navarre, preeuntibus tribus scutiferis, corporis regii precipuis custodibus, qui enses regios cum clamidibus defferebant. Reges quoque a dextris et a sinistris dominus de Ruppe Guidonis et dominus Robertus de Boyssay, regii cambellani, cum aliis quatuor ejusdem officii, a pressura circum equitancium preservabant. Ultimum ordinem equestrem tenuerunt duces Biturie, Aurelianensis et Borbonii cum ceteris Alemanie et Boemie principibus, evocatorumque pontificum copia; et hii omnes lento passu usque ad abaciam sancti Remigii ipsum regem Boemie honorifice perduxerunt, ubi locari debebat în aulis, cameris et cunctis diversoriis hujus abbacie. Ut de tapetibus laneis per totum expensis taceam, ubique oloserica pallia auro texta, priscorum regum hystorias continencia, necnon et velaria materie preciose et operis non inferioris, ymo quibus illud Nasonis merito posset aptari Materiam superabat opus, dependebant. |