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BIOGRAPHIE

GÉNÉRALE

DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULES JUSQU'A NOS JOURS.

Les articles précédés d'un astérisque [*] ne se trouvent pas dans la dernière édition de la Biographie Universelle, et sont aussi omis dans le Supplément.

Les articles précédés de deux astérisques [*] concernent les hommes encore vivants.

CORTESE (Alexandre), littérateur italien, né en 1469, mort en 1499. Sa fin prématurée l'arrêta dans la carrière des honneurs, qu'il avait commencé à parcourir avec éclat; il était déjà secretarius brevium et nuntius apostolicus. Il fut l'ami de Politien, et cultiva avec succès la poésie latine. Ses Carmina ont été imprimés à Florence en 1483, et de nombreuses pièces de sa façon se trouvent dans les Delicia Poetarum Italorum, t. I, p. 779. - On a publié aussi son Poemation en l'honneur du roi de Hongrie Mathias Corvin. G. B.

Tiraboschi, Storia della Letteratura, t. XVII, p. 224. CORTESE (Grégoire (1)), théologien italien, né à Modène, en 1483, mort à Rome, le 21 septembre 1548. Après avoir fait ses études à Bologne et à Padoue, il fut quelque temps attaché an cardinal Jean de Médicis, depuis pape sous le nom de Léon X. Le goût de l'étude et la faiblesse de sa santé l'ayant ramené dans sa ville natale, il devint en 1504 recteur de l'église paroissiale d'Albareta, chanoine de la cathédrale de Modène et vicaire général du diocèse. Trois ans plus tard il se retira à Polirone, près de Mantoue, dans un Couvent de l'ordre des Bénédictins du MontCassin. Chargé, en 1515, par l'évêque de Grasse d'introduire la règle bénédictine dans le monastère de Lérins, il en devint le prieur et l'abbé, en 1524. Après avoir administré plusieurs autres Couvents de bénédictins, il fut nommé visiteur général de son ordre. Appelé à Rome en 1536, il fut créé cardinal le 2 juin 1542, sur la pressante recommandation des cardinaux Contarini et Sadolet. En 1543 Paul III lui conféra l'évêché d'Urbin. On ne saurait faire un plus bel éloge

(1) Il s'appelait Jean-Baptiste de son nom de baptême, et prit celui de Grégoire en entrant dans l'ordre de Saint-Benoît.

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C

du cardinal Cortese qu'en citant ce passage d'une lettre de Sadolet à Paul III : « Is autem est Gregorius Cortesius abbas de quo nemo est profecto qui nesciat, quæcumque in magno et bono sacerdote postulanda sunt, omnia in eo excellenter inesse, ingenium', consilium, eloquentiam, doctrinam, et quæ his quoque laudabiliora sunt, quoniam christianis moribus sunt propria, pietatem præterea, continentiam, religionem. » Cortese laissa un assez grand nombre d'ouvrages, presque tous manuscrits; Hersilie Cortese, sa nièce, ou plutôt sa fille naturelle, fit paraître les deux suivants: Epistolarum familiarium latino sermone liber;- Adversus negantem Petrum apostolum Roma fuisse; Venise, 1573, in-4°. Les œuvres complètes de Cortese furent publiées par Jean-Augustin Gradenigo, évêque de Ceneda, sous ce titre : Gregorii Cortesii, monachi Casinatis, S. R. E. cardinalis, omnia quæ huc usque colligi potuerunt Opera ab eo scripta, sive ad illum spectantia; 1774, 2 vol. in-4°.

Tiraboschi, Storia della Letteratura Italiana, t. VII, part. I, II. - Le Mire, Bibliotheca ecclesiastica. - Ginguené, Hist. litt. d'Ital.- Moréri, Grand Dictionnaire historique. Auberi, Hist. des Cardinaux. - Teissier, Éloges des Savants.

*CORTESE (Jules-César), poëte napolitain, né vers la fin de 1570 (on ignore la date de sa mort). Il appartenait à une famille noble, et se rendit fort jeune encore à la cour du grand-duc de Toscane, Ferdinand de Médicis. Il soupira pour une jeune beauté, qui reçut fort mal ses déclarations de tendresse, et il revint dans sa patrie, livré à un chagrin profond. Dans le but de se distraire et de se venger, il s'avisa de composer un poëme satirique dirigé contre les femmes; mais, au lieu de s'en prendre à des dames de haut parage, il choisit pour héroïnes les

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vajasse, ou servantes des ménages bourgeois. La Vajasséide, partagée en cinq chants, parut en 1604; elle eut en quatorze ans seize éditions. Comme tableau des habitudes populaires de Naples à cette époque, c'est un livre amusant et digne du succès qu'il obtint; les fêtes du people, les superstitions nationales s'y montrent sous une physionomie vivante et réelle.

Encouragé par ce brillant début, Cortese reprit la plume et mit au jour divers ouvrages. Dans ses Micco Passaro innamorato, il chante les aventures, les mœurs, les revers d'un fanfaron, passablement poltron en réalité, et type alors en vogue d'une classe de personnages qu'avaient enfantés les discordes civiles et l'habitude du désordre. Le Cerriglio incantato est un poëme en six chants, rempli de narrations de sorcellerie, de combats avec des géants et d'épisodes chevaleresques et facétieux; ce genre était alors fort à la mode. Dans tous ces écrits on rencontre une facilité inépuisable, un style pittoresque, une phrase tellement vive qu'elle réclame le secours du geste, une versification sonore et pleine de jactance. Des onomatopées bien autrement expressives que celles qu'a enregistrées Charles Nodier s'y rencontrent en foule. Cortese a laissé quelques autres ouvrages; mais ils offrent moins d'intérêt que les trois poëmes cités. Le Voyage au Parnasse est une production en sept chants, froide et manquée; la pastorale de La Rose, inspirée par le Pastor fido, est gâtée par les exagérations et les images fausses qui dominaient alors dans la littérature. Le roman en prose des Aventures de Ciullo et de Gerna n'offre rien de remarquable, si ce n'est qu'il est écrit en napolitain. Cortese n'a laissé aucun ouvrage en italien pur, et c'est un bonheur pour lui, car les poëtes patois de l'Italie perdent tous le mérite qu'ils peuvent avoir lorsqu'ils veulent faire usage de l'idiome classique de la Toscane.

Collezione di tutti i Poemi in lingua Napoletana; Napoli, 1783. Foreign Quarterly Review, no IX, novembre 1829.- Ferrari, De la Litterature populaire en Italie, dans la Revue des Deux Mondes, 15 février 1840. - Ginguené, Hist. litt. d'It., IX. - Toppi, Bibl. Napolet. CORTESE (Paul), théologien italien, né à San-Geminiano, en 1465, mort en 1510. Il entra dans les ordres, et s'adonna à l'étude de la littérature latine, s'attachant particulièrement à Cicéron, et s'efforçant de l'imiter. Il composa à vingt-cinq ans sur les hommes savants de l'Italie un dialogue élégant, qu'il adressa à Politien. Il fut secrétaire apostolique sous Alexandre VI et Pie III, protonotaire et enfin évêque d'Urbin. On a de lui: De Hominibus doctis Dialogus: cet ouvrage a été publié par Alexandre Politi, plus de deux siècles après la mort de Cortese; Florence, 1734, in-4°; — In quatuor libros Sententiarum P. Lombardi Commentarii; Rome 1503; Paris, 1513; Bâle, 1540;- De Cardinalitu, libri tres; 1510, in-fol.

Paul Cortese avait deux frères: Lactance, qui écrivit sur les Commentaires de César, et Alexandre (voy. CORTESE [ Alexandre]).

Dupin, Bibliothèque des Auteurs ecclésiastiques du

seizième siècle. - Moréri, Grand Dictionnaire historique. Tiraboschi, Storia della Letteratura Italiana, t. VI, part. I, II.

CORTESE DEL MONTE (Hersilie), femme poëte italienne, née à Rome, le 1er novembre 1529, morte vers la fin du seizième siècle. Fille naturelle du cardinal Grégoire Cortese, et légitimée en 1541, elle épousa J.-B. del Monte, neveu de Jules III. Après la mort de son mari, tué à La Mirandole, en 1552, elle reçut du pape la principauté de Negri, et usa de sa faveur auprès du pontife pour protéger les savants et les poëtes. Très-instruite elle-même, elle cultivait avec succès les belles-lettres, et entretenait une correspondance suivie avec les plus célèbres poëtes de son temps, Aretin, Annibal Caro, Speroni, Ruscelli. Restée veuve, et encore jeune, belle, spirituelle et très-riche, elle refusa de se remarier, malgré les instances des Caraffa, neveux tout-puissants de Paul IV. Ce refus attira à Hersilie Cortese une persécution de peu de durée. On a d'elle des poésies dans le recueil des Rime delle Donne Romane, publié en 1575, par Muzio Manfredi.

Tiraboschi, Storia della Letteratura Italiana, t. VII, part. III. Bibliotheca Modenese, t. II.

CORTESI (Jean-Baptiste), médecin italien, né en 1554, à Bologne, mort en 1636. Mis en apprentissage chez un barbier, dont il exerça la profession pendant plusieurs années, il employa ses heures de loisir à l'étude de la langue latine, de la philosophie et de la médecine. II s'exerça à la dissection sous le célèbre Aldobrandi, fut reçu docteur, et professa pendant quinze ans la médecine et l'anatomie à l'université de Bologne. Il se rendit en 1599 à Messine en qualité de professeur d'anatomie, et y passa trente-cinq ans. Ce long séjour en Sicile ne fut pas favorable à ses travaux scientifiques. Il se plaint lui-même dans ses ouvrages de n'avoir pu obtenir que deux ou trois cadavres pendant tout ce temps, et d'avoir ainsi manqué de ressource pour continuer ses recherches sur la structure du corps humain. Les biographes ne sont pas d'accord sur le lieu de sa mort. Suivant les uns, il revint mourir dans sa patrie; selon les autres, il termina sa carrière à Reggio, où il était allé soigner un malade de distinction. On a de lui : Consultatio et curatio pro Ferdinando Matuti, steatoma exulceratum a dextri femoris interna regione marsupii in modum pendens patiente; Messine, 1614, in-fol.; Miscellaneorum medicinalium Decades denæ, in quibus pulcherrima vel utilissima quoque ad anatomen spectantia, sparsim continentur; Messine, 1625, in-fol. Dans la troisième décade de ce curieux ouvrage, Cortesi parle de la méthode adoptée par Tagliacozzi pour réparer la perte du nez, ou des lèvres ou des oreilles; il attribue à Pierre Boïani l'invention de ce singulier procédé ; Pharmacopaa, seu antidotarium Messanense, in quo tum simplicia, tum composita medicamenta usu recepta accurate examinantur; Messine 1629, in-fol.;

Tractatus de Vulneribus Capitis, in quo omnia quæ ad cognitionem curationemque læsionum calvariæ attinent accurate considerantur; Messine, 1632, in-4°; – In universam Chirurgiam absoluta Institutio, in qua tumorum omnium præter naturam, ulcerum, vulnerum, fractorumque ossium, ac eorumdem luxationum exacta cognitio, facilisque curatio habetur; Messine, 1633, in-4°; Practica medicinæ; Messine, 1635, 2 vol. in-fol. Haller a jugé avec indulgence les ouvrages de Cortesi. « J'aime, dit-il, à lire les ouvrages de ce bon vieillard, et j'y apprends çà et là quelque chose d'utile. » ( Amo legere boni senis scripta, et passim inde aliqua utilia disco). On doit encore à Cortesi l'édition de l'Anatomie de Varoli; Francfort, 1591, in-8°.

Tiraboschi, Storia della Lett. Ital, t. VII, Éloy, Dict. hist. de la Médecine, Biographie médicale.

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CORTEZ. Voy. CORTÉS.

CORTI (Matthieu), en latin Curtius, médecin italien, né à Pavie, en 1475, mort à Pise, en 1542. Praticien et professeur célèbre, il enseigna la médecine à Pavie, à Pise, à Padoue et à Bologne, devint médecin du pape Clément VII, et accompagna ce pontife dans son voyage à Marseille. « Les ouvrages qu'il a laissés, dit la Biographie médicale, permettent à peine de croire qu'il ait pu acquérir une réputation semblable à celle dont il jouit durant le cours de sa vie. On a de lui: Quæstio de phlebotomia in pleuresi, ex Hippocratis et Galeni sententia, contra communem medendi methodum; Venise, 1534, in-8°; - De Venæ Sectione, cum in. aliis affectibus, tum vel maxime in pleuritide, Liber; Lyon, 1638, in-8°;. De curandis febribus Ars medica; Venise, 1561, in-8°; Dosandi Methodus; Padoue, 1536, in-8°; De prandii ac cœnæ mudo Libellus; Rome, 1562, in-8°.

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CORTI ou CORTE (Valère), peintre italien, né à Pavie, en 1530, mort à Gênes, en 1580. Il fut élève de Titien, et peignit sous la direction de ce maitre quelques tableaux remarquables. Il s'occupa aussi d'alchimie, et dépensa dans, les recherches du grand œuvre tout ce qu'il possédait. Il mourut ainsi dans l'indigence. On a de lui une Vie de son ami Cambiaso.

Nagler, Neues Allgem. Künstler-Lexicon.

CORTICELLI ( Salvadore), grammairien italien, né à Plaisance, en 1690, mort à Bologne, le 5 janvier 1758. Il fit ses études à Rome, chez les jésuites, fut nommé professeur de belles-lettres à l'université de Padone, et entra à l'âge de vingt-huit ans dans la congrégation des Barnabites. Il fut pendant plus de vingt ans pénitencier de la cathédrale de Bologne. Bien que Corticelli se soit surtout occupé de travaux philologiques, cependant, vers la fin de sa vie, il s'appliqua à la théologie, et au moment de sa

mort il travaillait à un traité intitulé: Della cristiana Perfezione, nella idea e nella pratica. On a de lui Regole ed osservazioni della Lingua Toscana, ridotte a metodo per uso del seminario di Bologna; Bologne, 1745: c'est une des meilleures grammaires italiennes qui existent; - Il Decamerone di messer Giovanni Boccacio, da tutte le cose al buon costume nocive, con summa diligenza purgato, alla sua vera lezione ridotto, et con varj note dilucidato; Bologne, 1751; Della Toscana Eloquenza, discorsi cento; Bologne, 1752. Tipaldo, Biografia degli Ital. illust., t. IV. CORTIUS. Voy. KORTE.

* CORTOIS DE PRESSIGNY (Gabriel), prélat français, né à Dijon, d'une famille de magistrats, le 11 décembre 1745, mort le 2 mai 1822. Pourvu en 1780 de l'abbaye de Saint-Jacques, dans le diocèse de Béziers, il fut nommé en 1785 à l'évêché de Saint-Malo et sacré le 15 janvier 1786. Il donna son adhésion à l'exposition des principes souscrits par les évêques à l'occasion de la constitution civile du clergé. Il écrivit même aux fidèles de son diocèse deux Lettres pastorales, dans l'une desquelles il les avertit de ne point reconnaître les nouveaux pasteurs qui viendraient à se présenter pour exercer sur eux la juridiction ecclésiastique. L'évêque de Saint-Malo passa en Suisse la plus grande partie du temps de sa déportation. Revenu à Paris en 1800, il s'y tint caché pendant les premiers mois. Il autorisa dans son diocèse la promesse de fidélité à la constitution de l'an viii, et, après avoir donné sa démission en 1801, il vécut dans la retraite. Le retour des Bourbons le fit rentrer dans la vie active. Nommé membre d'une commission d'évêques et d'ecclésiastiques pour examiner les besoins de l'Église, il fut envoyé à Rome en qualité d'ambassadeur. Rappelé en 1816 de cette mission, qui paraît n'avoir point eu de résultat, il fut nommé pair de France et l'année suivante archevêque de Besançon. Des difficultés l'empêchèrent d'occuper immédiatement ce siége, dont il ne prit possession que le 31 octobre 1819. Dans un écrit publié à Lyon en 1821, sous le titre de Le Placement de l'argent à intérêt distingué de l'usure, ce prélat se déclara pour la légitimité du prêt à intérêt. Il donna en outre des soins à la publication d'un ouvrage considérable du cardinal de la Luzerne sur la même matière, dont le premier volume parut en 1821, sous le titre de Dissertations sur le Prét du comA. R.

:

merce.

L'Ami de la Religion.

CORTONA (Pietro-Berettini da), plus connu sous le nom de Pierre de Cortone, du lieu de sa naissance, peintre et architecte italien, né en 1597, mort à Rome, en 1669. Assez pauvre, à son début dans la carrière, pour se trouver heureux de partager le pain et le grabat d'un mariniton de son âge (douze ans) employé chez le cardinal Sachetti, à Florence, il devint assez

riche pour édifier à ses frais èt doter de 500,000 francs l'église de Sainte-Martine et Saint-Luc, où est son tombeau. Cortone sera un exemple aux jeunes gens prompts à se décourager, en leur prouvant qu'il n'est pas d'épreuve à laquelle la fortune n'ait soumis parfois celui qu'elle a ensuite comblé de ses faveurs. Le hasard, qui fit tomber sous les yeux du cardinal quelques-uns de ses dessins, lui procura dans ce prélat un généreux protecteur, qui le plaça chez Baccio Carpi, l'un des meilleurs peintres de Rome, et lui assigna une pension qui le mit au-dessus du besoin. Ses progrès furent d'abord assez lents: ses camarades, pour se moquer de sa maladresse, le nommaient téte d'âne; mais bientôt sa facilité devint telle qu'au lieu d'être pour lui un moyen de succès, elle fut un écueil contre lequel il dut sans cesse lutter. C'est elle qui l'entraîna si souvent à sacrifier les parties principales à des agréments secondaires, et lui fit substituer aux beautés naives et toujours variées de la nature cet ordre de beautés factices et de pure convention qui dépare ses ouvrages; c'est elle qui lui valut le reproche mérité d'avoir perverti le goût de son siècle. Pierre de Cortone connaissait parfaitement l'art du contraste; son dessin n'a pas toujours la correction désirable; sa couleur tient de la décoration, comme ses compositions : éclatante et riche, lumineuse et forte, elle séduit principalement dans les plafonds, où, réunie à la hardiesse de l'exécution, à la poétique abondance des pensées, à une savante entente du clair-obscur et à la perspective aérienne la mieux sentie, elle achève de donner à l'ensemble de ses machines pittoresques un véritable aspect de féerie. Longtemps encore son immense plafond du palais Barberini, à Rome, et celui, moins vaste mais plus parfait peut-être, du palais Pitti, à Florence, seront pour les artistes un sujet d'admiration et d'études fructueuses. Les travaux à l'huile de Cortone, pour être moins célèbres que ses fresques, ne leur sont point cependant inférieurs en mérite. Le Saint Ives, à la Sapience de Rome; la Conversion de Saint Paul, aux Capucins de la même ville; le Saint Charles occupé à soulager les pestiférés, au Catinari, et la Prédication de saint Jacques, anx Dominicains d'Imola, aussi bien que le Daniel dans la fosse aux lions, qu'il peignit à Venise pour l'église de ce nom, et qui rivalisa avec les meilleures productions de cette école coloriste, sont, pour la plupart, d'immenses compositions, où l'on retrouve ce génie fécond, cette verve pittoresque, qui furent le propre du talent de Berettini.

L'affranchissernent des règles reçues, l'indépendance systématique qui caractérisent ses ou vrages de peinture, se retrouvent dans ses productions architecturales. Le même goût décoratif, les mêmes écarts des règles consacrées s'y remarquent souvent. La villa Sachetti, bâtie pour son bienfaiteur, commença sa réputation; ses projets d'achèvement du Louvre et des Tui

leries, composés en concurrence avec ceux du Bernin et du Rainaldi, lui méritèrent les bienfaits du roi de France et augmentèrent sa célébrité, ainsi que divers mausolées disséminés dans les églises de Rome. Mais l'ouvrage qui lui fit prendre rang parmi les architectes habiles de son époque est sa restauration de l'église de la Paix, Santa-Maria della Pace, sur la place Navone. Dans la composition du portique et du frontispice, où il donna un libre essor à son génie décoratif et à son goût pour le pittoresque, il est arrivé à l'effet le plus grand, le plus neuf, le plus varié qu'on ait encore atteint. Alexandre VII, à l'occasion de cet ouvrage, le fit chevalier de l'Éperon d'Or. Le portail de Sainte-Marie, In via Lata, à deux rangs de colonnes corinthiennes composites isolées, est remarquable en ce qu'il ne ressemble point à ces espèces de placage de bas-relief qu'offrent la plupart de nos façades d'église. Quoique cet ouvrage soit peut-être son chef-d'œuvre, sa fille chérie était l'église de Saint-Luc, production médiocre et bizarre, dont on ne peut louer que le plan en croix grecque, terminé par des parties circulaires, et la forme générale de sa coupole. Or a beaucoup gravé d'après lui. Son célèbre plafond Barberini l'a été dans tous ses détails dans le livre Edes Barberinæ. Parini ses élèves, Romanelli, Ciroferi, Courtois, dit le Bourguignon, occupent le premier rang. [SOYER, dans l'Enc. des G. du M.]

Pascoli Lione, Vita de' Pittori, Scultori e Architetti Perugini. Lanzi, Storia pittorica. — Lépicié, Catalogue raisonné des tableaux du roi.

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CORTOT (Jean-Pierre), statuaire français, né à Paris, le 20 avril 1787, mort le 12 août 1843. Il eut pour maître Bridan fils, et il n'avait que dix-huit ans et demi lorsqu'il remporta le troisième grand prix; trois ans plus tard, en 1809, l'Institut lui décerna le premier grand prix. Au milieu des chefs-d'œuvre de l'antiquité, à Rome, son émulation redoubla et ses progrès continuèrent. Là il exécuta un bas-relief de Phaeton et sa mère, une étude de Jeune Pécheur, une figure de Hyacinthe mourant, une statue de Napoléon. Lorsque le temps de son pensionnat fut terminé, son séjour à Rome fut prolongé, pour qu'il terminât la statue de Louis XVIII, destinée à servir de pendant à celle de Louis XIV dans le grand salon de la villa Médicis. A son retour en France, il exécuta plusieurs morceaux importants, qui figurent dans nos grandes villes. Ainsi la ville d'Angers a de lui une belle statue de Pandore, en marbre; le musée de Lyon, celle de Narcisse; l'église Saint-Gervais de Paris, une Sainte Catherine, en marbre, et un Ecce Homo, en plâtre; la cathédrale d'Arras, un groupe de La Vierge et l'enfant Jésus; Rouen, une statue de Pierre Corneille; Lectoure, la statue du Maréchal Lannes. Au salon de 1822 parut le modèle en plâtre de l'un des plus beaux ouvrages de Cor

tot, Le Soldat de Marathon, qui expire en annonçant la victoire: cette statue, où l'expression est éloquente et forte, le modelé pur et vigoureux, l'effet plein de puissance, fut depuis exécutée en marbre, et orne aujourd'hui le jardin des Tuileries. Après s'être montré sévère et énergique dans cette œuvre remarquable, Cortot, par une heureuse flexibilité de talent, parut simple et gracieux dans le groupe de Daphnis et Chloé, qui fut exposé au salon de 1827. Ces deux figures, si fraîches et si naïves, ont été placées au musée du Luxembourg. Il fut successi. vement chargé d'exécuter une statue de La Justice, pour le palais de la Bourse, à Paris, le monument funéraire de Casimir Périer; le grand bas-relief de l'église du Calvaire, dont le sujet est La Résurrection; le bas-relief représentant Louis XVI dans la prison du Temple, pour le monument de Malesherbes, élevé dans la grande salle du Palais de Justice; un des bas-reliefs de l'arc de triomphe du Carrousel, représentant l'Entrevue du duc d'Angoulême avec Ferdinand d'Espagne, au port Sainte-Marie; enfin, d'après le modèle laissé par Dupaty, la statue équestre de Louis XIII, qui décore la place Royale, à Paris. A l'une des expositions du Louvre, il fit paraître une statue en plâtres, qu'il appela Le Philosophe, et qui est au musée de Lyon. Il exécuta ensuite une statue de Charles X et le groupe de Marie-Antoinette soutenue par la Religion, marbre placé dans la chapelle de la rue d'Anjou, à Paris. Les deux figures sont faites avec sentiment; la tête de la malheureuse reine est d'une expression touchante. Ce monument rappelle celui qui avait été projeté pour la place de la Concorde la statue colossale de Louis XVI devait s'y élever, entourée de quatre figures allégoriques. Ces cinq figures ont été faites par Cortot; mais elles sont restées inédites. A la place du monument expiatoire projeté s'élève l'antique obélisque d'Égypte, qui lui du moins, étranger à la politique, a pu braver les révolutions. Sur la même place des figures allégoriques de villes furent demandées à plusieurs de nos principaux statuaires : celles de Brest et de Rouen sont de Cortot. Dans l'un des trophées de l'arc de triomphe de l'Étoile, celui du Triomphe de Napoléon, l'on retrouve l'énergique talent de l'auteur du Soldat de Marathon. Aux funérailles de Napoléon, une statue de L'Immortalité, due à Cortot, avait été placée provisoirement devant le palais de la Chambre des Députés; cette statue était destinée à figurer sur la coupole du Panthéon. Il fit aussi, pour l'église de Notre-Dame-de-Lorette, le groupe de La Piété, qui, fondu en bronze, décore le maître-autel. Enfin, pour couronner son œuvre, ce statuaire exécuta, en dernier lieu, le grand bas-relief du fronton de la Chambre des Députés, dans lequel il a représenté la France entourée de la Force et de la Justice, appelant à la confection des lois toutes les classes de citoyens représentées par

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les figures allégoriques des Sciences, des Arts, du Commerce, de l'Agriculture, de l'Armée, de la Magistrature, etc. Dans cet important travail, Cortot a montré, par ce savant agencement de la composition, par le bon goût et la convenance de l'ajustement, une complète connaissance des règles de la sculpture monumentale. En 1824, après avoir fait paraître son Soldat de Marathon, il reçut la décoration de la Légion d'Honneur ; à l'occasion de son fronton de la Chambre des Députés il fut promu au grade d'officier de cet ordre. Bien jeune encore, en 1825, il avait été élu membre de l'Académie royale des Beaux-Arts et l'un des professeurs à l'École royale.

GUYOT DE FÈRE. Journal des Beaux-Arts, 1839. - Dumont, Discours aux funérailles de Cortot. Nagler, Neues Allgemeines Künstler-Lexicon.

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CORTUSI (Guillaume), historien italien du quatorzième siècle. Il écrivit avec Albrighetto Cortusi, son parent et peut-être son neveu, une chronique intitulée : De Mortalibus Padux et Lombardia, commençant en 1237, et finissant en 1358. On ne sait rien de la vie de Guillaume Cortusi, si non ce qu'il nous en apprend luimême, c'est-à-dire qu'il était juge à Padoue en 1336. La Chronique de Cortusi, insérée dans le tome VI du Thesaurus Italiæ de P. Burmann, a été réimprimée par Muratori dans le tome XII des Scriptores Rerum Italicarum, augmentée de vingt-quatre chapitres inédits et de deux appendices en dialecte padouan.

Tiraboschi, Storia della Lettratura Italiana, t. V. Fabricius, Bibl. med. et inf. ætat.

CORTUSI OU CORTUSIUS (Jacques-Antoine), botaniste italien, d'origine patricienne, mort à Padoue, en 1593. Il étudia la médecine, et consacra tous ses loisirs à l'étude de la botanique. A cet effet, il visita toute l'Italie pour en bien connaître la flore; il parcourut les îles de l'Archipel, les possessions vénitiennes de la Grèce, et pénétra jusqu'en Syrie, rapportant de ces contrées diverses des herbiers, des graines et même des plantes vivantes. Il entretenait des relations avec la plupart des naturalistes de son temps, particulièrement avec Matthiole, le savant commentateur du Dioscoride. Il enseigna plus tard la botanique à l'université de Padoue', et succéda en 1593 à Melchior Guilandini dans la direction du jardin botanique de sa ville natale. On a de lui: L'Horto de i Semplici di Padova, ove si vede primieramente la forma di tutta la pianta con le sue misure, et indi i suoi partimenti distinti per numeri in ciascuna arella, intagliato in rame; Venise, 1591, in-18: c'est le plan du jardin de Padoue avec le simple catalogue des plantes qui étaient cultivées dans les différents carrés, avec l'indication de leurs numéros d'ordre. Ce petit manuel, que l'auteur avait composé à l'usage de ses élèves, fut réimprimé par J.-G. Schenck, Francfort, 1608, in-8°, avec les Conjectanea synonymica Plantarum de Melchior Guilandini. Matthiole donna à une

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