circuler dans cet ouvrage la sève généreuse de l'âge héroïque de la restauration de l'Ordre de Saint-Dominique en France'. - Notre savant collaborateur M. le chanoine Douais, professeur à l'École supérieure de théologie de Toulouse, vient de publier dans cette ville, en un fort volume in-8°, la Practica inquisitionis hereticæ pravitatis de Bernard Gui, inquisiteur à Toulouse de 1306 à 1323, et l'un des précurseurs de la science historique moderne, comme l'a montré le beau travail consacré naguère à ce fils de saint Dominique par M. Léopold Delisle. M. Paul Viollet a mis au jour le second fascicule de son Précis de l'histoire du droit français 2. Le même auteur a publié le second volume de sa traduction de l'important ouvrage de Schmidt: Paris pendant la révolution (1789-1800); ce second volume porte pour sous-titre: Affaires sociales 3. M. Adolphe Tardif, l'éminent professeur de l'École des chartes, vient d'ajouter un nouveau fascicule à son Recueil de textes pour servir à l'enseignement de l'histoire du droit. Ce fascicule contient le texte des Coutumes de Lorris, publiées d'après le registre original du Parlement de Paris. Notre collaborateur M. R. Delachenal a publié une très érudite et très intéressante Histoire des avocats au Parlement de Paris (1300-1600)5. - Mme de Witt, née Guizot, vient de mettre au jour la quatrième et dernière série de sa vaste publication de vulgarisation historique illustrée, intitulée : Les Chroniqueurs de l'histoire de France depuis les origines jusqu'au XVIe siècle. Cette dernière série comprend l'analyse des Chroniqueurs de Monstrelet à Commines .-M. Léopold Limayrac, ancien député à l'Assemblée nationale de 1871, a publié un ouvrage intitulé: Étude sur le moyen áge. Histoire d'une commune et d'une baronnie du Quercy (Castelnau-de-Montratier)1. Notre collaborateur M. Paul Durrieu a publié un volume intitulé: Les Gascons en Italie, études historiques 8. Le R. P. Ayroles, de la Compagnie de Jésus, a mis au jour une étude sur Jeanne d'Arc, sous ce titre Jeanne d'Arc sur les autels et la régénération de la France. M. l'abbé Ch. Chapelier a publié à Nancy une étude sur le R. P. Jean Bedel, sa vie et ses œuvres 10. M. Jean Kaulek, avec la collaboration de MM. Louis Farges et Germain Lefèvre-Pontalis, 1 Paris, librairie Oudin; Lyon, au secrétariat du Rosaire, in-80. Librairie Larose et Forcel, in-8°. 3 Librairie Champion, in-8°. 4 Librairie Alphonse Picard, in-8^. 5 Librairie Plon, in-8°. 6 Librairie Hachette, in-4°. 7 Cahors. librairie J. Girma, in-8°. 8 Auch, in-8°. 9 Librairie Gaume, in-12o. 10 Librairie Berger-Levrault, in-8°. vient de publier, dans la collection intitulée : Inventaire analytique des archives du Ministère des affaires étrangères, un volume contenant l'analyse de la Correspondance politique de MM. de Castillon et de Marillac, ambassadeurs de France en Angleterre (1537-1542) 1. MM. le comte de Cosnac et Édouard Pontal ont publié le tome V des Mémoires du marquis de Sourches, qui comprend la période s'étendant de juillet 1695 à décembre 1697 2. Notre collaborateur M. Léonce Pingaud a mis au jour un ouvrage ayant pour titre Les Français en Russie et les Russes en France. L'ancien régime, l'émigration, les invasions 3. - : Faisons des vœux ardents, en entrant dans cette nouvelle année 1886, qui commencera au moment où paraîtra cette chronique, pour que l'Église et la France, agitées par tant d'orages, trouvent enfin la paix en resserrant leur antique union dans « la justice et la liberté,» selon la belle devise proposée aux catholiques par l'illustre cardinal qui tient d'une main si ferme et si respectée le flambeau de la civilisation chrétienne et française sur l'antique terre de Carthage. Puissent, au sein de cette paix, selon les désirs et les indications du grand Pape qui gouverne aujourd'hui l'Église, du docteur de l'encyclique Eterni Patris et de l'encyclique Immortale Dei, la religion et la science, la foi et la raison s'unir à leur tour, ou plutôt se réunir, pour la plus grande gloire de Dieu, au pied de l'immortelle Croix, qui demeurera jusqu'aux derniers jours du globe, en dépit des efforts, finalement toujours déçus, de la violence et de la ruse des sectes animées de passions aveugles, le phare et le salut du monde ! MARIUS SEPET. Librairie Félix Alcan, in-8°. 2 Librairie Hachette, in-8°. 3 Librairie académique Perrin, in-So. REVUE DES RECUEILS PÉRIODIQUES M. Gaston Boissier termine ses Promenades archéologiques, dont nous avons déjà parlé dans nos précédentes revues, par une nouvelle étude sur le séjour d'Énée en Sicile. L'auteur emploie la même méthode : il parcourt le pays, l'Énéide à la main, et retrace les scènes du poème, en les ornant de descriptions pittoresques et d'aperçus ingénieux. M. Paul Allard continue son étude sur Les Chrétiens après Septime-Sévère et termine le récit de La persécution de Dèce en Orient 2. L'auteur mène successivement son lecteur à Éphèse, à Pergame, à Lampsaque, en Bythinie, en Cilicie, en Palestine etc., et raconte les martyres les plus éclatants qui eurent lieu dans les diverses villes de ces provinces. 3 Les deux articles que M. Ernest Havet a publiés sur Cyprien, évêque de Carthage 3, c'est-à-dire saint Cyprien, manquent de précision, et la critique impartiale y fait trop souvent défaut. Ils contiennent, contre le christianisme, ses dogmes et sa discipline, des attaques parfois violentes et injustes. Les articles de M. le contre-amiral Serre sur Les marines de guerre de l'antiquité et du moyen âgene sont point, à proprement parler, des articles historiques; ils ont au contraire un caractère scientifique très prononcé ; mais il convient de les signaler, à cause du grand intérêt qu'ils présentent comme restitution archéologique des différentes espèces de navires employés par les anciens et au moyen âge. La date d'un manuscrit de Luxeuil, tel est le titre de la troisième des Questions mérovingiennes 5 de M. Julien Havet. Ce manuscrit est daté de la douzième année d'un roi nommé Clotaire et de la treizième indiction. Ce ne peut être de Clotaire II 1 Revue des Deux-Mondes, livr, du 1er novembre 1885. 2 La Controverse et le Contemporain, livr. de septembre 1885. 3 Revue des Deux-Mondes, livr. des 1er et 13 septembre 1885. 4 Revue maritime et coloniale, livr. de juillet à octobre 1885. 5 Bibliothèque de l'École des chartes, quatrième et cinquième livraisons de 1885. qu'il s'agit, puisque la troisième indiction ne coïncide nullement avec la douzième année de son règne. Quant à Clotaire III, selon l'opinion commune, il monta sur le trône en 655 ou 656, et mourut en 670 ou 671; si cette opinion était vraie, l'indiction treize, qui tombe en 670, ne coïnciderait pas avec la douzième année du règne. M. Havet, au moyen de données chronologiques et de concordances dont il se sert avec beaucoup de sagacité, prouve jusqu'à l'évidence que cette opinion est fausse et que Clotaire II n'a pu commencer à règner qu'entre le 11 septembre et le 16 novembre 657. Sa douzième année a donc commencé entre le 11 septembre et le 16 novembre 668, et s'est terminée en 669 entre ces deux dates. Or la treizième indiction a commencé le 1er septembre 669. De cette date au 15 novembre 669, il y a donc eu un laps de temps pendant lequel on a compté la douzième année de Clotaire III et la treizième indiction. C'est évidemment entre ces deux dates que le manuscrit de Luxeuil a été achevé. M. Havet termine cette remarquable étude de chronologie mérovingienne en montrant les conséquences qui dérivent, pour les dates de mort et d'avènement des successeurs de Clotaire III, du fait qu'il a si bien établi. villes. Les Recherches sur les États de Normandie pendant la première moitié du XIVe siècle1, par M. A Coville, sont une excellente étude que l'auteur ferait bien de continuer en nous donnant une histoire complète des États de cette province. L'origine de ces assemblées, suivant M. Coville, ne doit pas être cherchée dans les assemblées d'évêques et de barons que les ducs de Normandie réunissaient autour d'eux dans les occasions importantes. Elles dérivent du besoin qu'eurent les rois de tirer des subsides de la province et par conséquent d'en faire voter par les délégués des nobles, du clergé et des bonnes A côté de cet article, M. E. Bourgeois publie la biographie de Hugues l'abbé, margrave de Neustrie et archichapelain de France à la fin du IXe siècle 2, personnage presque inconnu de nos jours et qui cependant a été un des plus grands seigneurs du royaume sous Charles le Chauve et Charles le Gros. M. E. Bourgeois a fait son travail d'après les sources; il s'est servi avantageusement des travaux de l'érudition moderne, et il a très bien déterminé le rôle important d'Hugues dans les événements qui s'accomplirent à son époque. Dom François Plaine, sous le titre: La guerre de la succession de Bretagne (1341-1345) d'après des sources inédites 3, a vivement attaqué le récit de Froissart pour les commencements du débat entre - 1 Annales de la faculté des lettres de Caen, première livraison de 1885. 2 Id. Première et deuxième livr. de 1885. 3 Revue historique de l'Ouest, livr. de septembre 1885. Charles de Blois et Jean de Montfort; il le taxe d'exagération, de fausseté, d'erreur, et entreprend de refaire sommairement cette histoire d'après un certain nombré de documents inédits, et notamment d'après l'enquête de canonisation de Charles de Blois conservée en manuscrit à la Bibliothèque nationale. M. de la Borderie a critiqué cette tentative dans un article, intitulé: Froissart et le début de la guerre de Blois et de Montfort en 1341 1. Il justitie le grand chroniqueur des imputations portées contre lui par dom Plaine ; il montre que son récit est exact, que les deux compétiteurs n'ont pas porté et ne pouvaient pas porter le débat devant le roi et que la chevauchée de Montfort en Bretagne en 1342, que dom Plaine avait regardée comme controuvée, a parfaitement eu lieu. Nous croyons pour notre part que le savant bénédictin a été trop loin et qu'il s'est laissé égarer par des documents n'ayant pas assez d'impartialité et de valeur historique. Froissart, sans doute, s'est trompé parfois ; mais lui reprocher d'avoir inventé des faits aussi importants, c'est ce qu'il ne faut faire qu'avec des preuves absolument certaines. - - Comment Henri III, pour résister aux Ligueurs qui se séparaient de lui après l'assassinat du duc de Guise, donna-t-il la main au roi de Navarre, et, surtout, quels furent les efforts du légat Morosini pour empêcher cette union? C'est ce qu'expose M. Henri de l'Epinois sous le titre: La réunion d'Henri III avec le roi de Navarre .L'assassinat des Guise avait exaspéré la Ligue ; la Sorbonne délia les sujets du serment de fidélité au roi et le duc de Mayenne fut immédiatement proclamé lieutenant général du royaume. Ce fut alors qu'Henri III, ne sachant comment réduire ses sujets rebelles et conserver son royaume qui semblait lui échapper, songea à s'allier au roi de Navarre et à dompter la Ligue à l'aide des protestants. Le légat du pape eut connaissance de ce projet ; il s'empressa de faire tous ses efforts pour l'empêcher; il tenta par tous les moyens possibles de réconcilier le roi et les ligueurs. Henri III y aurait été assez disposé; il faisait même de grandes concessions et des promesses d'oubli et de pardon ; mais les ligueurs répondaient qu'il avait déjà manqué deux fois à son serment et Mayenne faisait traîner les négociations en longueur. C'est alors que le roi se décida à s'unir à Henri de Navarre; le 14 avril 1589 l'alliance était signée, au grand désespoir du légat Morosini. Trois mois après Henri III tombait frappé par Jacques Clément. M. Henri de l'Épinois a traité avec sa compétence habituelle pour tout ce qui touche au xvie siècle cette page intéressante de l'histoire de la Ligue. 1 Revue de Bretagne et de Vendée, livr. de novembre 1885. 2 La Controverse et le Contemporain, livr. du 15 novembre 1885. |