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dont nous connaissons l'existence n'avait pu écrire ces pièces admirables parues sous son nom; François Bacon en est l'auteur,et il les a fait paraître sous un faux nom pour éviter la défaveur qui s'attachait alors aux œuvres théâtrales. M. Henri Cochin, sous ce titre: La vie de Shakespeare et le paradoxe Baconien, après avoir exposé cette doctrine, retrace la vie du grand dramaturge anglais, en faisant usage de tous les renseignements que l'érudition moderne a réunis sur son compte. Pour Shakespeare comme pour Molière, il y a dans l'histoire bien des obscurités qui ne seront sans doute jamais éclaircies; mais au moins en sait-on assez pour faire bonne justice « du paradoxe Baconien,» malgré les semblants de raison et de vérité sur lesquels il s'appuie. Puisque nous parlons des choses du théâtre, il convient de signaler l'article que M. Larroumet a publié sur le jeune premier de la troupe de Molière : Charles Varlet de la Grange 2. M. Larroumet est un moliériste fervent, et il consacre ses loisirs à étudier les différents acteurs de la troupe de Molière. Il donne sur La Grange. de curieux renseignements, qui font mieux connaître sa vie, son caractère et son talent comme acteur.

- Le trésor de la cathédrale d'Amiens possède une grande croix d'orfévrerie provenant de l'abbaye du Paraclet. M. G. Durand en fait la description avec détail dans la Gazette archéologique 3. Cette croix est ornée d'une riche décoration de nielles, de filigranes, de perles, de cabochons et même de pierres gravées antiques dont les sujets païens contrastent curieusement avec l'emploi qu'on en a fait pour orner le symbole de la religion chrétienne.

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4 La Revue de l'Art chrétien contient la description de curieuses Peintures murales romanes à la cathédrale de Tournai, par M. L. Cloquet. Elles sont d'un fort bon style et représentent la légende de sainte Marguerite. Dans la même livraison, l'article de M. Ch. de Linas sur Les crucifix champlevés polychromes, en plate peinture, et les croix émaillées, est une intéressante description d'un certain nombre de crucifix émaillés des XIe et XIe siècles, sortis des ateliers de Limoges et des bords du Rhin. De très bonnes planches en chromoLe même auteur a donné, lithographie accompagnent cet article. dans la Gazette archéologique 5, une notice sur un diptyque en ivoire, dit de saint Nicaise, conservé à la cathédrale de Tournai. La compétence de M. de Linas sur la délicate question des ivoires n'est plus à établir; nul mieux que lui ne sait en reconnaître la date et l'origine.

1 Revue des Deux Mondes, livr. du 1er novembre 1885.

2 Id.. livr. du 1er octobre 1885.

3 Livr. 9-10 de 1885.

4 Livr. d'octobre 1835.

5 Livr. 9-10 de 1885.

T. XXXIX. 1er JANVIER 1886.

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rosaces.

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M. Eugène Lefèvre-Pontalis a inséré dans la Gazette archéologique une étude sur les Croix en pierre des XIe et XIIe siècles placés sur les pignons des églises. Une planche jointe à cet article. contient la reproduction d'un certain nombre de spécimens. Nous croyons que M. Lefèvre-Pontalis généralise trop en appelant croix les disques ajourés qui ornent parfois les pignons des églises, comme celles de Ciry, de Cerseuil, etc.; ce sont, croyons-nous, de simples Le même auteur a donné, dans la Bibliothèque de l'École des chartes 2, une Étude sur la date de l'église de Saint-Germer dans laquelle il assigne à cet édifice le second quart du XIe siècle; cette opinion était adoptée déjà par la plupart des archéologues. M. Lefèvre-Pontalis, devant l'impossibilité de préciser davantage, n'apprend done rien de très nouveau; mais il expose avec clarté l'état de la question, et fait très bonne justice de l'opinion qui attribuait cette église au milieu du x1o siècle.

Dans la Revue archéologique, M. Eug. Müntz commence une très intéressante étude sur Les monuments antiques de Rome à l'époque de la Renaissance 3, d'après un fragment encore inédit d'un Voyage d'Italie entrepris par un orléanais en 1574. La partie publiée jusqu'à présent par M. Müntz se rapporte à la description de l'enceinte et des portes du Trastevere et du Borgo Vaticano.

Il existe, à l'intérieur de l'église de Souillac en Quercy, au tympan du bas de la nef, un curieux bas-relief dont le sujet, fort étrange, est resté jusqu'à présent inexpliqué. M. A. Ramé a entrepris d'en donner la clef. Il pense que ce bas-relief représente la légende de Théophile, prêtre d'Adama en Cilicie, qui, privé de ses fonctions par son évêque, avait, pour les recouvrer, vendu son âme au diable et obtint de la sainte Vierge d'être délivré des griffes du démon. M. Ramé croit retrouver dans le bas relief de Souillac les quatre principaux épisodes de cette légende: Théophile donnant son. âme au diable; Satan venant réclamer l'exécution de l'engagement; Théophile implorant la Vierge; un ange rapportant au prêtre pardonné la cédule impie qu'il avait souscrite.

La Notice archéologique de M. de Curzon sur l'église d'Iseure, dont nous avons déjà parlé lors de sa publication dans le Bulletin monumental, a été reproduite, avec des planches nouvelles repré-. sentant le portail de l'église et des chapitaux, dans la Revue bourbonnaise 5.

Livr. 7-8 de 1885.

2 Livr. 4 et 5 de 1885.

3 Livr. de mai-juin, juillet-août 1885..

4 Gazette archéologique, livr. 7-8 de 1885. 5 Livr. de septembre et d'octobre 1885.

M. G.

Dans les revues de province, notre collaborateur M. René Kerviler continue ses études sur La Bretagne à l'Académie française. Il vient de commencer la biographie du Cardinal de Boisgelin1, archevêque d'Aix, issu d'une ancienne famille bretonne. Gardère a donné, dans la Revue de Gascogne 2, un bon article intitulé: Les écoles à Condom avant la fondation du collège, auquel fait suite l'histoire de la Fondation du collège de la même ville, établi dès la fin du XVIe siècle par les magistrats municipaux. La Revue bourbonnaise 3 publie une notice sur l'Origine du nom d'Iseure, qui est tout ce qu'il y a de plus fantaisiste. L'auteur, M. Bariau, s'est sans doute inspiré de la fameuse Onomastique de la Gaule sceltane, qui a soulevé récemment un tel éclat de rire dans le monde savant.

Signalons encore, comme bons articles: les Notes biographiques données par M. C. de Burosse sur les premiers présidents au Parlelement de Bordeaux, suite de portraits historiques bien traités ;

la Notice historique, par M. Poly, sur l'exercice des cultes dans l'église de Tavey (Haute Saône) 5, qui servit en même temps aux catholiques et aux protestants pendant la fin du XVIe et le commencement du XVIIe siècle ; les jugements révolutionnaires que publie M. Aurélien Vivie sous le titre : Les prêtres et les religieuses devant la commission militaire de Bordeaux 6 ; les Notes de M. Dannreuther sur l'église réformée de Nettancourt depuis 1561 jusqu'à la révocation de l'Édit de Nantes; dans la Revue de Marseille et de Provence, l'Histoire de l'Académie d'Arles que commence M. l'abbé Rance; les Notes historiques sur l'abbaye de Chas

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sagne, par M. l'abbé Marchand; les Recherches historiques sur Châtelain10 (Mayenne), publiées par M. André Joubert, dont la fécondité ne se ralentit pas ; enfin la suite de l'article archéologique de M. Berthelé: De Niort à Ruffec 11, dont nous avons déjà signalé la

valeur.

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Fr. DE FONTAINE.

1 Revue de Bretagne et de Vendée, livr. de novembre 1885.

2 Livr. de septembre, octobre et novembre 1885.

3 Livr. de septembre 1885.

4 Revue catholique de Bordeaux, livr. de mai à novembre 1885.

5 Revue d'Alsace, livr. de juillet à septembre 1885.

6 Revue catholique de Bordeaux, livr. de novembre 1885.

7 Revue de Champagne et de Brie, livr. d'octobre 1885.

8 Livr. d'août et septembre 1885.

9 Revue de l'Ain, livr. de septembre et octobre 1885.

10 Revue du Maine, 5e livr. de 1885.

Revue Poitevine et Saintongeaise, livr.de novembre 1885.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

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Voici un livre illustré, et très richement illustré, qui, à l'attrait qu'il offre par la multiplicite des gravures: vues, dessins pittoresques, costumes, armoiries, etc., etc., joint le talent et la conscience du narrateur. Il est dédié A nos jeunes marins et aux amis de la France; il est consacré à la Patrie, à ses grandeurs, à ses gloires, à sa force d'expansion; il mérite donc, à plus d'un titre, d'être signalé à nos lecteurs. Nous le mentionnons ici avec d'autant plus de plaisir que le côté historique l'emporte sur le côté descriptif. Ce n'est pas seulement une revue rapide des côtes de France; c'est une étude sérieuse sur le passé de nos villes maritimes, sur les vicissitudes qu'elles ont subi, les développements que, d'âge en âge, elles ont pris, les grands hommes qu'elles ont produit, la mission civilisatrice et féconde de notre vieille France. Aucun livre ne peut mieux faire connaître ces souve nirs qui sont en quelque sorte le pa

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trimoine de la nation; aucun ne peut développer davantage le sentiment patriotique, au vrai sens du mot. Nous le recommandons donc à tous ceux qui veulent entretenir dans les cœurs les nobles traditions de la France chrétienne. On y verra ce que Dieu a fait pour et par la France, ce que la Royauté n'a cessé de poursuivre pour assurer le développement de notre pays au dedans, sa prépondérance au dehors.

Aussi bien, le succès est venu vite pour ce magnifique ouvrage, et nous sommes heureux d'avoir à constater la faveur avec laquelle il a été accueilli. Le premier volume a paru pour les étrennes de 1884; il a été bien vite épuisé, et on vient de le réimprimer avec de notables additions. L'Académie française lui a décerné une récompense, et l'auteur, qui abandonne désormais son pseu donyme du Jeune âge illustre pour apparaître sous son vrai nom, va, fort des suffrages qu-il a reccueillis de tous côtés, poursuivre sa tâche avec une nouvelle ardeur. Après nous avoir promené, d'une façon aussi agréable qu'instructive, de Dunkerque à La Rochelle, il nous conduira, le long de l'Océan, jusqu'à la frontière espagnole, et il ne nous abandonnera qu'après nous avoir

fait explorer les rivages de la Méditerranée.

Nous n'insisterons pas sur le luxe déployé dans l'illustration et dans l'exécution typographique. Les noms des artistes (Brun, Toussaint, Fraipont, Karl, Ciappori, etc.); en disent assez sous ce rapport: c'est d'ailleurs plus encore par la valeur du texte que par la richesse des gravures que le livre se recommande. Nous y signalerons seulement une lacune, que l'habile éditeur tiendra à honneur de combler: il serait désirable qu'une carte fût jointe à chaque volume, pour servir de guide au lecteur, et lui faire connaitre de visu le littoral de la France.

G. DE B.

L'impero di Babylonia e di Ninive, dalle origini fino alla conquista di Ciro descritto secondo i monumenti cuneiformi comparati colla Biblia, dal P. Giuseppe BRUNENGO, D. C. D. G. Prato, 1885, 2 vol. in-80 de 599 et 585 P.

La Civiltà cattolica a publié, de 1878 à 1884, une longue série d'articles fort remarqués et dignes de l'être sur l'empire de Babylone et de Ninive. L'auteur de ces articles, le P. Brunengo, vient de les réunir en deux beaux volumes in-8°. Il ne les a pas reproduits, du reste, simplement tels qu'il les avait publiés, il les a revus avec soin pour les coordonner et surtout pour les compléter, en les mettant au courant de tout ce qui s'est fait dans le domaine assyriologique depuis leur première apparition. C'est ainsi que, dans le premier volume, il a ajouté un résumé des découvertes de M. de Sarzec à Tell-Loh et les essais de traduction des inscriptions de Gudea

par M. Oppert; c'est ainsi qu'à propos de Sargon, il a mis à profit les travaux publiés en 1885 par un de nos collaborateurs, le P. Delattre, sur la géographie des documents assyriens, etc.

Le P. Brunengo, dans son introduction, nous fait d'abord connaître les découvertes assyriennes et chaldéennes. De grandes découvertes, nous dit-il, ont été faites en notre siècle, dans deux pays, l'Assyrie et l'Égypte. Les unes et les autres sont très importantes pour l'histoire de l'antique Orient et spécialement pour l'histoire sainte. L'auteur laisse de

côté l'Égypte pour se borner à l'Assyrie et à la Chaldée. Il com. mence donc par nous décrire la Mésopotamie, le cours de l'Euphrate et du Tigre, le Sennaar, etc. Il raconte ensuite les fouilles des divers explorateurs qui se sont succédé dans ces ruines si riches en trésors antiques, surtout celles de Botta, Layard, Loftus, Rassam. Il expose enfin le système des écritures cunéiformes, et il arrive ainsi au cœur même de son sujet, qui s'ouvre, comme la Genèse hébraïque, par la cosmogonie, matière du premier chapitre. Les chapitres suivants sont consacrés à la révolte des anges et à la chute de l'homme, d'après les monuments assyro chaldéens, aux dix rois antédiluviens de la Chaldée, à l'histoire du déluge, d'après les tablettes cunéiformes, comparées au récit biblique, à la Tour de Babel, aux fables classiques concernant l'empire assyrien, à la Table ethnographique de Moïse, aux premières dynasties de la Chaldée, à la domination élamite du temps d'Abraham, à la quatrième et à la cinquième dynasties chaldéennes, aux conquêtes égyptiennes en Mésopotamie, aux

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