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bien portant sont indispensables au bien-être et au bonheur de l'homme.

Nous devons faire tous nos efforts pour doter notre jeunesse française de ces deux éléments de prospérité. Distribuons largement d'une part la culture de l'esprit et l'éducation morale; mais que d'autre part aussi on contribue à donner à tous la santé et la force.

De grands progrès se réalisent en France depuis quelques années. L'impulsion y est donnée partout, et, jusque dans les plus humbles communes, s'élevent aujourd'hui des bâtiments scolaires donnant largement aux enfants de l'air et de la lumière.

Nos braves maîtres d'école rivalisent de zèle avec les professeurs de gymnastique de nos collèges et lycées pour développer les forces physiques de leurs élèves et enseigner aux jeunes garçons les premiers éléments de l'instruction militaire.

Les Sociétés de gymnastique et de tir, dont naguère on parlait à peine chez nous, se forment dans tous les coins. de la France, occupent utilement les loisirs des adultes et des hommes mûrs et les préparent à la défense de notre chère patrie, si jamais elle était de nouveau menacée.

D'autre part, on cherche de tous côtés les moyens d'offrir à la classe ouvrière des logements sains et à bon marché. Des travaux sont entrepris sur beaucoup de points de notre territoire pour donner aux populations plus de lumière, plus d'air pur et la plus grande quantité possible d'eau potable. Vous voyez donc, Mesdames et Messieurs, par ce qui précède que si tout n'est pas parfait dans notre pays, on est sur beaucoup de points dans la bonne voie. Et je m'estimerais très heureux si j'ai pu, tout en vous signalant ce qui vous manque, vous faire apprécier ce dont nous jouissons et vous faire partager mon espoir dans l'avenir et la prospérité de la France.

COMPTE-RENDU

DES

TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ

PENDANT L'ANNÉE 1884-1885

PAR M. L'ABBÉ L. THIBAULT, SECRÉTAIRE.

MESSIEURS,

« Il entre dans la composition de tout bonheur de l'avoir mérité. » (JOUBERT.)

Cette pensée d'un esprit les plus fins du commencement de ce siècle pourrait peut-être expliquer cette petite fête que vous célébrez aujourd'hui.

« L'homme n'habite à proprement parler que sa tête et son cœur », ajoute le même philosophe. Vous avez étudié et fouillé ce double logis pour le reconnaître et pour l'orner de cette double parure de la science et de la vertu qui lui est exclusivement propre. Ou du moins vous avez multiplié vos efforts dans la poursuite de ce double but, et vous avez encouragé toutes les bonnes volontés que vous avez rencontrées.

Vous avez ainsi composé ce bonheur dont vous jouissez

aujourd'hui justement. Car, quels qu'aient été les résultats obtenus, le succès n'est pas ce qui importe; « ce qui importe c'est l'effort: car c'est là ce qui dépend de l'homme, ce qui l'élève, ce qui le rend content de luimême.» (JOUFFROY.)

Qui de vous ne se souvient de Fénelon aidant la paysanne à retrouver sa vache? La pauvre femme pleurait, l'ayant perdue, et Fénelon essayait de la consoler : « Je vous en achèterai une autre. Ah! Monsieur l'abbé, disait la femme, qui ne connaissait pas son archevêque, ce ne sera plus ma pauvre vache. Eh bien ! cherchons-la ensemble. » Ils la retrouvent. - « Vous êtes un saint, Monsieur l'abbé, vous avez retrouvé ma vache!» Elle se trompait d'un mot il était un saint parce qu'il l'avait cherché. » Ce trait charmant, conté par Saint-Marc Girardin, traduit exactement vos intentions et vos efforts.

Vous n'oubliez pas la maxime d'un saint moraliste et l'un de nos grands écrivains, saint François de Sales. Vous savez que la perfection est un but vers lequel on tend, mais qu'on n'atteint pas. Point d'illusion à cet égard : « Nous nous amusons quelquefois tant à estre bons anges que nous en laissons d'estre bons hommes et bonnes femmes. Notre imperfection nous doibt accompagner jusqu'au cercueil, nous ne pouvons aller sans toucher terre. Il ne faut pas s'y coucher, ni vautrer; mais aussi ne faut-il pas penser voler. >>

Vous n'avez pas tenté de voler, mais vous ne vous êtes pas couchés.

Vaillants à l'œuvre, convaincus que celui qui a la vérité la doit, que celui qui ne l'a pas, doit la chercher, vous avez d'une main active amassé des trésors que vous répandiez généreusement de l'autre. Je dois exposer aujourd'hui vos travaux personnels et les encouragements dont vous avez récompensé les travaux d'autrui. Je le fais volontiers

devant cette assemblée, car je ne souscris point à la parole de Chamfort: « En France, il n'y a plus de public ni de nation, par la raison que la charpie n'est pas du linge. »

Je ne sais si cette parole était vraie au 18° siècle; nous savons tous qu'elle est fausse au 19e siècle, même dans cette étroite enceinte.

Il me suffirait peut-être pour le prouver de nommer, Messieurs, ceux des membres que la mort nous a ravis.

M. Copin, conseiller honoraire de préfecture, membre titulaire à la date du 1er février 1827, membre honoraire le 1er mars 1857.

M. Faustin Hélie, président de chambre honoraire à la cour de cassation, vice-président au Conseil d'Etat, votre lauréat en 1833, votre collègue depuis 1834.

M. de Sailly, colonel d'artillerie, membre titulaire en 1876, correspondant en 1880.

Ces noms emportent avec eux leur meilleur éloge.

Je dois à côté de ces noms écrire ceux des membres correspondants que vous avez admis dans vos rangs.

M. l'abbé Briquet et M. l'abbé Millard, le premier que vous recommandaient ses études botaniques, le second dont vous avez déjà récompensé les études historiques. J'arrive au premier objet de ce rapport.

I. TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ

1o ARCHÉOLogie.

Les richesses archéologiques du département de la Marne ne sont pas négligées : vous savez avec quel soin jaloux M. Nicaise fouille ce sol si fécond en dépouilles. préhistoriques, gauloises, romaines ou mérovingiennes : sa récolte cette année encore mérite l'attention des amateurs.

Une tombe gauloise, trouvée à l'Epine, contenait des armes et des ornements inédits, en particulier une lance

à blessure cruciforme, des boutons en fer soufflé et creux. On pouvait remarquer l'absence de tout vase. De cet ensemble M. Nicaise conjecture que le sujet appartenait à la tribu des Catalauni, dont on connaît déjà cinq cimetières.

D'autres découvertes à Marson ont amené des objets remarquables. Il y a lieu de signaler surtout deux squelettes l'un de femme, avec un torque inédit dans la région ; l'autre de guerrier, avec une lance et une épée dont la lame a 0m 32 de longueur.

Ces découvertes confirment une idée personnelle de notre collègue le torque était habituellement porté par les femmes, exceptionnellement par les guerriers dans notre région. Donc les Gaulois représentés avec des torques ne seraient ni des Remi, ni des Catalauni. Les fouilles dans le département de la Marne et dans celui des Ardennes concordent avec ces conclusions, aujourd'hui partagées par M. Moreau et par M. Alex Bertrand.

2o HISTOIRE.

Si la Société ne ménage point son intérêt à l'archéologie, elle en donne une large part à l'histoire, c'est justice l'archéologie malheureusement trop souvent réduite aux hypothèses, aux conceptions ingénieuses, cède à juste titre le pas à l'histoire qui ne s'appuie que sur des faits, qui n'étudie que des conséquences réelles.

M. le chanoine Lucot nous a donné lecture d'une étude sur une nouvelle verrière de la cathédrale de Châlons. Cette verrière complétée par M. Steinheil, membre de la Société des travaux historiques, sortie des ateliers de M. Leprévost et placée à la 3 travée du collatéral sud, raconte en six tableaux du 16° siècle la vie de saint Etienne. La couleur, le dessin, la richesse des costumes révèlent une œuvre personnelle et originale, et de plus accusent un art à part, l'art du verrier qui vole de ses ailes et

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