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En vain vous contraindrez les bouches au silence,
L'esprit s'indignera de cette violence :

Dans l'ombre et le secret vos monstres grandiront,
Et si vous vous taisez, d'autres en parleront.
Appelez bien plutôt, sur ce qui vous effraie,

Le jour qui rétablit la proportion vraie
Et dépouille l'objet, à lui-même réduit,

De l'aspect colossal que lui prêtait la nuit.
D'ailleurs il ne faut pas rougir de notre histoire;
Pour être ensanglantée, elle n'est pas sans gloire.

D'ailleurs aussi, il y a doux charme à ces études, dans ce commerce d'esprits animés d'un même sentiment, l'amour de la patrie. Et au milieu des divisions des partis, c'est une consolation, pour nous ici, de nous sentir unis par cette même pensée. C'est un des bienfaits de notre Société, nous lui en devons de la reconnaissance.

« Si vous avez jamais voyagé à pied, hardi touriste à travers la montagne abrupte, ou marcheur courageux dans les longues plaines, n'avez-vous point senti naître en vous et croître, avec les journées et les services, cette affection pour le bâton qui a aidé votre marche et soutenu vos pas? Au milieu des étrangers, ce bâton n'est-il pas un peu votre ami? au sein des solitudes, votre compagnie? »

Ne pourrais-je appliquer par reconnaissance à notre Société académique de la Marne ces paroles que Toppfer écrivait en l'honneur de son bâton de voyage? Elle est modeste, mais il me semble que chacun de nous, Messieurs, et c'est par là que je finis, peut dans sa gratitude lui chanter la strophe du poète :

Petite fleur, sur ma fenêtre,

Dans ce champ long d'un demi-pas,
Fleuris pour consoler ton maître

Du grand jardin que je n'ai pas.

RAPPORT

SUR LE

CONCOURS DE POÉSIE

PAR M. LE CHANOINE LUCOT,

ARCHIPRÈTRE DE CHALONS,

MEMBRE TITULAIRE DE LA SOCIÉTÉ,

LU A LA SÉANCE SOLENNELLE DU 19 AOUT 1885.

RAPPORT

SUR LE

CONCOURS DE POÉSIE

MESSIEURS,

Parmi les occupations de l'esprit humain, je n'en sais pas de plus noble que celle des lettres ; et dans cet empire qui comprend tant de régions, les sommets qu'habite la poésie ont toujours attiré les plus délicats d'entre les lettrés. Vous n'avez jamais méconnu, Messieurs, ces aspirations des nobles esprits vous les avez encouragées par l'appât de dignes récompenses. Chaque année, on lit dans vos Programmes:

«Des médailles d'or, de vermeil, d'argent ou de bronze << seront décernées aux auteurs des meilleures pièces de « vers. A mérite égal, la Société donnera la préférence aux sujets historiques relatifs à la Champagne. »>

Cependant, depuis plusieurs années, les Muses semblaient sourdes à votre appel. Nulle œuvre, vraiment digne de sérieuse attention, ne vous avait été présentée.

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