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Qu'importe le dédain de ces âmes hautaines
Qui de rêves malsains arborent le drapeau?
Plus simples et plus grands, combien de capitaines
Ont voulu que la croix abritȧt leur tombeau !

Etre un vaillant, avoir la poitrine étoilée,
Est-ce l'honneur suprême et le complet trésor?
Etre honnête, être bon, c'est la grandeur sacrée.
Epouse, enfants, sur lui, placez le rameau d'or!

Sous l'immortel éclair parti de son épée,
Pour dormir dans sa gloire il ne lui manque rien :
C'est à toi de chanter, ô moderne épopée,
Chanzy, soldat français, Chanzy, soldat chrétien !

« Les plus grands poètes du monde, remarque V. Hugo, sont venus après les grandes calamités publiques... Ce « qu'il y a de sublime et d'immortel dans l'homme se ré<< veille comme en sursaut, au bruit de toutes ces voix << merveilleuses qui avertissent de Dieu... Quelques âmes «< choisies recueillent cette parole et s'en fortifient. Quand « elle a cessé de tonner dans les événements, elles la font « éclater dans leurs inspirations, et c'est ainsi que les << enseignements célestes se continuent par des chants. <<< Telle est la mission du génie : ses élus sont des senti<<nelles laissées par le Seigneur sur les tours de Jérusalem, et qui ne se tairont ni jour ni nuit »>

(Troisième Préface des Odes.)

Notre poète appartient à cette phalange d'esprits élevés : il chante ce qui est beau, ce qui est grand, ce qui est bon. Le violent, le forcé, le faux, l'abject, sa Muse les dédaignera toujours. Elle habite les hauteurs; elle nous appelle vers ces régions sereines pour nous faire savourer avec elle l'objet justement préféré de ses chants. Ces chants, vous avez pu en juger, sont assez beaux pour nous attirer et pour nous retenir.

Avec le travail, disparaîtront les légères négligences qui

parfois encore voilent la pensée de l'auteur: ses œuvres acquerront cette précision de termes, cette correction de style, cette dernière pureté de diction qui leur donneront leur perfection véritable. Retouchées, mais non remaniées, et encore légèrement retouchées, grossies des quelques pièces que tout Châlons a jadis goûtées, comme le Carillon de Notre-Dame, quel charmant volume elles devront former! Telle est la pensée de la Société, et tel est son vœu.

En attendant, elle est heureuse de proclamer le mérite des poésies qui viennent de vous être lues: une médaille de vermeil, grand module, est donc attribuée à l'auteur du recueil des quatorze poésies, précédées de la devise de Châlons: Et decus et robur.

Mais je m'aperçois que je n'ai pas encore dit son nom : c'est M. Louis Hermant, de Paris, Châlonnais par son long séjour au milieu de nous, plus Châlonnais encore par le cœur, selon le mot charmant du chantre des Harmonies poétiques :

On est toujours, crois-moi, du pays que l'on aime.

PRIX SAVEY"

MESSIEURS,

L'article concernant votre treizième concours est ainsi libellé :

« Un prix de 75 francs sera décerné à une fille de cultivateur qui se sera distinguée par sa bonne conduite, par << son intelligence et son goût dans les travaux de l'exploi«tation agricole ou viticole. »

Cette récompense, l'une des plus honorables, est recherchée, cette année, pour quatre jeunes filles également méritantes.

De toutes parts, en effet, des renseignements satisfaisants, intimes, pris avec la discrétion que commandent les convenances, nous sont parvenus avec un caractère affirmatif.

Mais le prix Savey, unique, indivis, ne peut être décerné qu'à une seule.

Aussi, est-ce à regret que vous ne pouvez témoigner

(1) Commission: MM. l'abbé Lucot, Doutté, Marcilly, Lequeux, Aumignon, rapporteur.

votre appréciation que par des félicitations, bien méritées, à trois de ces jeunes filles que vous conviez, avec espérance pour elles, à votre prochain concours.

Après informations, vous avez dû arrêter votre jugement en faveur de Me Elise Grégoire, d'Heiltz-l'Evêque, canton d'Heiltz-le-Maurupt (Marne).

Son mérite et ses qualités nous sont affirmés par divers témoignages, tous dignes de foi.

Sa famille se compose du père, de la mère et de quatre enfants, dont trois filles et un garçon de dix-huit ans.

M. Grégoire père, aidé de son fils, exerce, avec sa culture, la profession de charpentier. Il est très apprécié de ceux qui le connaissent et qui l'occupent, à cause de son intelligence, de son activité et de sa sobriété, etc.

L'aînée des filles est mariée à un honnête ouvrier. La plus jeune a quinze ans.

La seconde, Mlle Elise Grégoire, âgée de vingt-six ans, après avoir fréquenté assidûment l'école communale où elle se distingua parmi ses émules, s'est toujours spécialement occupée du soin des champs, à tel point que, depuis longues années, elle est pour ainsi dire seule chargée de la gestion et des travaux qu'exige le bon entretien de 24 arpents, ou 12 hectares de terre, dont 7 en ferme.

Elle s'acquitte de cette tâche avec courage, intelligence et une rare habileté. Elle conduit elle-même les deux chevaux nécessaires pour labourer, pour les charrois; s'occupe des ensemencements de toutes sortes, moissons, du battage, du nettoyage des grains; de la cour, des engrais de ferme, des animaux qui sont bien entretenus, etc.

des

Malgré cette besogne rustique et laborieuse, Mlle Elise est convenable, d'une bonne tenue, avenante; elle prend part avec sa mère à l'ordre de l'intérieur et à la direction du ménage.

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