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Les scènes de Passavant, de Lavannes, de Marcilly et Conflans, cette prise d'armes, cette sorte de levée en masse des communes du canton d'Anglure, qui, si elle avait été partout imitée, aurait singulièrement accru les forces de la Défense nationale; les noms brillants par lesquels la Marne était représentée aux armées, ceux des généraux Garnier, Appert, Boissonnet, de Liniers, du colonel Billet, du colonel Joppé, un mutilé de Gravelotte, du sous-lieutenant Dominé, du contre-amiral Franquet, tout cela a fourni à M. Puiseux des pages émouvantes, souvent acclamées par l'auditoire.

Ensuite M. le Président a proclamé les noms des lauréats.

Le Secrétaire,

LOUIS THIBAULT.

Le Président,

Dr WEILL.

DISCOURS

DE

M. LE DOCTEUR WEILL

PRESIDENT DE LA SOCIÉTÉ.

MESSIEURS,

L'hygiène publique, qui est l'art d'assurer aux populations la santé et le bien être, a suivi la marche de la civilisation dans les familles humaines.

Athènes nous laisse le souvenir de l'organisation de ses gymnases, Rome, celui de ses aquedues, qui traversent les vallées pour apporter à la Ville éternelle l'eau la meilleure et la plus abondante du monde.

L'hygiène sommeille au moyen âge et prend son essor avec le dix-neuvième siècle, avec les grands progrès faits dans les arts, les sciences et les industries.

Les médecins qui se sont spécialement occupés d'hy

giène sont venus réclamer le concours des physiciens, des ingénieurs et des architectes pour approfondir les sujets de leurs importantes études.

Indiquer les moyens d'assainir les centres de population, d'éloigner les maladies épidémiques, de préserver les travailleurs de tout genre des dangers que peuvent faire naître les exploitations agricoles et industrielles sont des questions qui s'imposent à l'étude des hygiénistes. En un mot tous les problèmes touchant à l'hygiène et qui peuvent avoir une influence heureuse sur le sort des populations doivent faire le sujet de leurs constantes préoccupations.

Ainsi que l'a fort bien dit récemment un de nos plus illustres académiciens : « La grandeur et la prospérité d'une nation dépendent de trois choses: la contrée qu'elle habite, la population qui la constitue, les institutions qui la régissent (1). »

La France est admirablement douée par la nature. Déjà le géographe Strabon au 1er siècle de notre ère écrivait: « Qu'une Providence tutélaire éleva ces chaînes de montagnes, rapprocha ces mers, traça et dirigea le cours de tant de fleuves, pour faire un jour de la Gaule le lieu le plus florissant du globe. »

En effet, la France, baignée par trois mers, arrosée par des eaux abondantes et navigables, sillonnée de routes et de chemins de fer, jouissant de climats variés, mais partout tempérés, est remarquable par la facilité des communications pour les entreprises commerciales et industrielles, et par la variété de ses produits agricoles.

Le territoire de notre pays présente une homogénéité de conditions telluriques et climatériques qui ont poussé

(1) Influence de l'hygiène sur la grandeur et la prospérité des nations. Conférence faite à Rouen le 7 Décembre 1884 par le D Jules Rochard, Inspecteur général du Service de Santé de la Marine, membre de l'Académie.

à l'unité les différentes races qui ont concouru à former le peuple français actuel.

Je ne parlerai ici ni des qualités morales, intellectuelles, de nos compatriotes, ni des institutions qui nous régissent. Il nous suffit d'ajouter que, pour un esprit impartial, les unes et les autres sont telles, qu'elles ne peuvent que contribuer au bonheur et à la prospérité d'une nation habitant un pays si privilégié par la nature.

Que nous soyons favorisés par le sol que nous habitons, par nos aptitudes, nos institutions, il n'en règne pas moins en France un malaise général qui pèse sur l'agriculture, le commerce et l'industrie. Ce malaise a sa source dans le troisième élément de la prospérité d'un peuple, c'est dans la population elle-même. Et nous pouvons dire immédiatement que le mal réside dans la dépopulation de la France, question devenue menaçante pour l'avenir de notre pays. Ce grave sujet a été traité longuement par les sociétés savantes et beaucoup mieux que je ne le ferai ici. Si cependant je reviens à cette question dans cette enceinte, c'est que les vérités, pour se faire jour, doivent être répétées souvent et partout, et qu'à titre de président d'une Société départementale d'agriculture je me permets de dire aux populations agricoles de la Marne :

« Vos villages se dépeuplent, vous manquez de bras pour les travaux des champs. Si vos familles continuent à être aussi restreintes qu'aujourd'hui, plus vous irez, plus le mal augmentera, et avant un demi-siècle la moitié de vos champs seront sans culture et la plupart de vos maisons désertes. >>

Que de fois, depuis que j'ai l'honneur d'habiter parmi vous, j'ai été douloureusement affecté lorsque, comme médecin, de pauvres parents me faisaient examiner leur unique rejeton, et qu'après l'avoir reconnu atteint d'une maladie incurable, je dus, aux questions des parents inquiets, répondre simplement : « Votre enfant est bien

malade. » Et quand ils aujoutaient : Mais nous n'avons que lui, que deviendrons-nous s'il meurt? » je pensais en moimême Si ces pauvres gens avaient eu plusieurs enfants, leur famille ne courrait pas le risque de s'éteindre, et leurs vieux jours ne seraient pas attristés par l'isolement qui les attend.

Cette diminution de la natalité est très grave pour nous si elle persiste; elle peut atteindre la France dans son indépendance, dans sa sécurité et dans sa richesse, entourée qu'elle est de nations qui voient leur population s'accroître constamment. Et sans être arrivés encore à un état stationnaire nous voyons chez nous cet accroissement se ralentir de plus en plus. Tandis qu'au commencement de ce siècle, la population française augmentait en moyenne de 6, 02 habitants sur 1000, par an; en 1879, ce n'était plus que de 3, 34 et pendant les quatre dernières années de 2,42 seulement. En jetant un regard sur les nations voisines, nous voyons qu'en Angleterre la population s'accroît chaque année de.....

En Allemagne de.....

En Italie et en Belgique de,......

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La France qui, il y a deux siècles, représentait le tiers de la population de l'Europe, n'en représente plus que le dixième aujourd'hui. Si cet état de choses continue, dans cinquante ans, elle n'en représentera que le quinzième et sera au septième rang, parmi les petits états qui ne comptent plus.

C'est principalement de la mortalité considérable des jeunes enfants, de la naissance au sevrage, que les hygiènistes français ont principalement à s'occuper.

Ainsi, de 1870 à 1875, la France perdait encore de 0 à 1 an 178 enfants sur 1000.

Cette mortalité sévit surtout sur les enfants assistés et dans le rayon des grandes villes, Paris, Lyon, Marseille, à cause de l'industrie des nourrices.

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