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NOTE

SUR DES

BRACELETS GAULOIS

DÉCOUVERTS

DANS LE DÉPARTEMENT DE LA MARNE.

Dans la séance du 12 novembre 1884 de la Société des antiquaires de France, M. Alexandre Bertrand a communiqué les photographies d'objets antiques appartenant au musée de Laybach (Carniole) et provenant des anciens cimetières de San Margarethen et de Watsch, près Laybach.

Parmi les objets représentés figurent des bracelets dont M. Edouard Flouest a fait remarquer la similitude avec des objets de même nature recueillis dans des tumulus, sur le territoire de l'ancienne Civitas Lingonum :

« Ces bracelets en bronze massif, a dit M. Flouest, « affectent la configuration d'une chaîne de grosses perles, << traversées à leur centre par un lien rigide qui les main<< tient à quelque distance les unes des autres. Les deux « extrémités du bracelet, très rapprochées l'une de l'autre, « ressemblent à des cupules se renversant l'une vers

« l'autre et d'un diamètre sensiblement plus grand que «< celui des perles. Des bracelets de ce type ont été rencon«trés dans les arrondissements de Bar-sur-Seine, Châtil«<lon et Langres. »

Cette description est exactement celle qu'on peut donner de trois bracelets semblables, découverts dans le département de la Marne et qui font partie de ma collection.

Deux de ces bracelets ont été découverts aux bras d'une Mérovingienne dans le cimetière franco-mérovingien de Hancourt (Marne), et sont reproduits dans ma publication sur ce cimetière, pl. 11, fig. 21.

Ces bracelets, évidemment d'origine gauloise, montrent douze cabochons ou perles faisant saillie sur le pourtour extérieur de l'anneau, tandis que chaque extrémité est terminée à l'ouverture du bracelet par des cupules beaucoup plus grosses, creuses et renfermant encore les restes d'une pâte noire d'un aspect résineux.

Je possède un bracelet du même genre, mais beaucoup plus grand, pouvant se placer au haut du bras ou à la jambe, trouvé dans le sol, à deux kilomètres environ du Tumois. Il montre scize perles aux renflements, y compris ceux de chaque extrémité.

Ce type est fort rare dans les gisements gaulois de la Marne. Il est plus répandu dans le sud-est de la France, notamment dans le bassin du Rhône, en Savoie. Il est très voisin de certains bracelets de la première époque du fer.

Il pourrait paraître surprenant que les deux premiers bracelets que je viens de décrire aient orné les bras d'une Mérovingienne, si des objets gaulois n'étaient point rencontrés de temps en temps dans des sépultures des cinquième, sixième et septième siècles.

Des monnaies gauloises ont été trouvées dans des tombes de Hancourt; la plupart des cimetières mérovingiens en ont donné.

Dans celui de Lizy (Aisne), deux colliers gaulois étaient utilisés comme bracelets par une femme. Un enfant portait également un collier gaulois en guise de bracelet. (Edouard Fleury, Monuments et Antiquités du département de l'Aisne.)

M. Frédéric Moreau père a trouvé, dans des tombes mérovingiennes, à Caranda, Sablonnières, Arcy-SainteRestitue, des rouelles, des monnaies, une fibule gauloises. Les cimetières mérovingiens de l'Allemagne ont fourni aussi des objets gaulois.

Une tombe gauloise de Châlons-sur-Marne m'a donné un bracelet en bronze formé de boules traversées à leur centre par une tige circulaire, semblable à ceux du musée de Laybach. Les boules qui forment l'extrémité du bracelet de chaque côté sont percées d'un trou perpendiculaire et sont de la même grosseur que celles qui ornent le pourtour du bracelet.

Mais je désire surtout signaler deux gros bracelets en fer forgé et travaillé à la lime que j'ai rencontrés récemment dans une tombe de l'intéressant cimetière gaulois du mont Coutant, à Fontaine-sur-Coole.

Ces bracelets, non fermés, sont ornés sur leur pourtour de saillies; ils se rapprochent à la fois par leur ornementation et des bracelets en bronze de la belle sépulture de femme que j'ai rencontrée dans le même gisement (voir l'Epoque gauloise dans le département de la Marne, planche 3, fig. 6), et de ceux que je viens de décrire.

Ils sont certainement du type halstattien, c'est-à-dire de la première époque du fer. Je ne crois pas que des bracelets en fer de ce genre d'ornementation et non fermés (1) aient encore été rencontrés dans la Marne. Il m'a paru

(1) Il a déjà été rencontré dans la Marne des torques et des bracelets en fer. Mais ces derniers ornements sont fermés et composés simplement d'une tige arrondie et sans ornementation,

intéressant de les signaler et de les rapprocher des bracelets de bronze décrits plus haut et de ceux découverts dans les cimetières de la Carniole.

Châlons-sur-Marne, 3 mai 1885.

AUGUSTE NICAISE.

AUGUSTE NICAISE

CORRESPONDANT DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE.

ÉTUDE

SUR UN BUSTE ANTIQUE

EN MARBRE.

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