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Toutefois la présence des Saxons en Morinie était bien antérieure à ce titre authentique. Dès le IIIe siècle, on sise joignant aux Saxons dans leurs

gnale les Francks déprédations sur les côtes.

On peut donc admettre que les Saxons étaient au pays, dès le commencement de l'ère chrétienne.

Les Saxons parlaient le Teuton que parlaient également les autres émigrants germaniques venus après eux. Parmi ceuxci, il faut compter les Fledmen, Flamings, Flamands.

La ressemblance ou l'identité, qui existait entre eux, fait que plusieurs auteurs les confondent et les considèrent comme une seule et même nation.

Le nom de Flandre apparaît, pour la première fois, au VIIIe siècle, dans la vie de St-Eloi, par St-Ouen. Néanmoins, Faulconnier parle des Flamands dès l'année 307 et 3961; mais il n'y a pas lieu de le suivre en ceci.

Au VIIIe siècle, d'autres colonies saxonnes arrivaient en Flandre.

En 753, Pepin faisait ses premières expéditions contre les Saxons. Charlemagne les continua de 792 à 795. Ce prince fit venir de Germanie avec leurs femmes et leurs enfants un certain nombre de Saxons qu'il répartit en diverses localités. Ces derniers venus moins intraitables que leurs devanciers, furent mal accueillis 2 ceux-ci et durent être placés en quelque sorte sous le patronage du comte de Flandre comme pour indiquer qu'ils lui appartenaient plus spécialement. Ils formèrent ces Laeten, ces Hôtes des seigneurs dont on re

1 Faulconnier, « histoire de Dunkerque, 1, p. 7. »

2 Ce serait eux qui auraient surtout formé dans notre quartier les Læti, les Lêtes, le Pagus Leticus et enfin les Laeten originaux, premiers sujet fonciers qui régularisèrent l'organisation féodale lorsqu'elle prit forme après les invasions des barbares scandinaves.

trouve souvent la mention dans les chartes féodales 1. Mais déjà à leur arrivée la contrée et le littoral portaient le cachet saxon qui se remarque dans tous les noms de lieux. Hantay (Nord) doit, dit-on, son origine à ces Saxons de Charlemagne. Haut-Pont et Lyzel (Pas-de-Calais) auraient une origine semblable.

Les hommes venus de la Germanie et particulièrement les plus anciens Saxons, ont toujours montré une fierté sauvage et une insoumission perpétuelle.

A toutes les époques on les voit hostiles à leurs chefs; se levant au moindre prétexte pour faire la guerre; vouant une haine profonde et vivace à toute domination étrangère.

Du reste querelleurs, vindicatifs, pillards; mais hardis et aventureux; intrépides, mais cruels...

Toutefois on ne trouvait chez eux rien qui rappelât la honte et la corruption romaine. Ils étaient chastes. Pour eux la vengeance était l'expression et même le culte de la piété filiale. La plus haute vertu était le courage guerrier; don des Dieux, preuve de leur protection et seules actions de grâces que puissent leur rendre les mortels. Leurs fèles étaient souvent sanglantes, mais dans ces excès sauvages ils croyaient s'égaler aux plus grands des héros et se préparer la gloire du Walhalla .

1 Nous avons dans nos recherches, trouvé la mention de Laeten ou Hôtes du comte de Flandre pour les localités suivantes :

« De Laeten van onsen Geduchten Heere,» Bollezeele, Bourbourg, Hillewaerscappel, (aujourd'hui St-Sylvestre-Cappel) Lederzeele, Noortpeene, Oudezeele, Rubrouck, Ste-Marie-Cappel, Wemaerscappel, Zermezeele et Zuytpeene.

Les ANNALES du Comité flamand, t. IV, p. 274, mentionnent une farde concernant le Laetschip de l'abbaye de Bourbourg de 1621 à 1698.

2 Voir M. Kervyn de Lettenhove,« Histoire de Flandre,» 2e édition, in-12, tome 1, p. 53.

Ils étaient donc des voisins très à craindre. En 396, et en 445 ils s'étaient soulevés à la nouvelle des désastres de la puissance romaine. Ils n'avaient rien perdu de leur férocité, car l'auteur de la vie de St-Folquin les désigne comme un peuple peu nombreux mais redoutable, de mœurs féroces; préférant toujours les armes à la raison. Rien n'est plus difficile, ajoute-t-il, que de soumettre de tels barbares qui tendent toujours vers le mal. »

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Parmi ces peuplades saxonnes, figuraient les Kattes 2 venus dit-on, de la Hesse, et qui ont laissé plus que les autres, des traces de leur passage ainsi que le témoignent le Katsberg, le Kattevliet, Kattebeke, Kattestraete, Kathove...

C'est probablement à eux qu'il faut reporter la désignation de Catisletum, Katsletum, Casletum donnée à la ville de Cassel, et le Kattisletanus mons', Kattisletensis, Calesmons donnée au mont Cassel.

Du IVe au VIIIe siècle, on ne trouve plus la mention de Casletum, ce qui fait penser à Schayes que la bourgade avait été détruite.

Au IXe siècle, on retrouve Cassel, mais sous le nom de Casletum; une charte de 814 dit Catisletum; le mont est devenu

1 Faulconnier, t. I, p. 7.

2 Faut-il les distinguer des Quades... qui, suivant Orose, ayant passé le Rhin détruisirent Reims, Amiens, Arras, et la Morinie, qui eut le même sort? Voir Kervyn de Lettenhove, « Histoire de Flandre,

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» I, p. 19. Les Kattes, dit-on ailleurs, étaient le plus puissant des peuples composant la nation franke. ·

3 Le «Catalogus Episcoporum Ecclesiæ morinensis», p. 18, « donne Casseletum. »

4 « Villam preteria Mekeram cum appenditiis et cambo apud Catisletum. »> Drogon, Histoire des miracles de Ste-Lewine», dit : « Juxta mulier Casleti » nata... »

Cales mons1 probablement par suite d'une erreur de transcription et aussi parce que le souvenir des Kattes se perdait déjà pour quelques uns. - Cependant il n'était pas encore effacé au XIIIe siècle, car dans un acte de 1227 on trouve le nom de Katsland 2 et que le Katsberg subsiste encore aujourd'hui.

Pour clore cet article sur les Saxons, nous dirons que d'après l'opinion la plus généralement admise, la race des comtes d'Anjou serait sortie des colonies du Littus saxonicum 3.

CHAPITRE IV.

LES KERLES, LES FLAMANDS.

§ 1. LES KERLES.

Parmi les peuplades que nous avons citées jusqu'ici, il en est une qui nous intéresse plus que les autres, parce qu'ayant habité notre territoire, elle est plus que toutes les précédentes la vraie souche des Flamands de France.

Nous voulons parler des Kerles.

Dans les langues du Nord, on désignait les nobles par Jarl; la classe inférieure (la plèbe, comme on s'exprimerait aujourd'hui), les serfs et esclaves, par Træelle.

La classe intermédiaire vouée au travail, mais libre, par Ceorl; d'où dérivèrent: Keerl, Kaerl; Kerel, Karling ;... enfin Kerle.

1 Acte de donation de Ballinberg à ceux de Watten par la comtesse Adèle.

2 ANNALES du Comité flamand, t. v, p. 315.

3 Kervyn de Lettenhove, t. I, p. 72.

4 Earl signifie encore Noble, en anglais; Karlin descendant des Karles, ou Kerles.

Ce mot figure dans les livres sacrés de l'Edda.

Après leur mélange et leur fusion avec des compatriotes arrivés postérieurement et indiqués comme Fledmen... ils formèrent les Flemings et finalement les Flamands Vlaminks...

Les Kerles occupaient une enclave qui comprenait le canton dont on forma, par la suite, la châtellenie de Furnes, celle de Bergues (d'où ressortissait Dunkerque); celle de Bourbourg, le territoire de Dunkerque et plusieurs parties de celui de Cassel, Bailleul, Lillers... Guines, Ardres, Hesdin, Térouane, etc.

L'hostilité des Kerles contre toute domination étrangère, se montre à toutes les époques de leur histoire et, pour ne citer que deux exemples à des époques extrêmes: si, du temps de César, ils ont massacré le consul Cotta, du temps de Louis XIV, ils ne se montraient guère plus bienveillants envers les Français qui étaient tout récemment devenus leurs maîtres 1

Entre les Romains conquérants de la contrée et les Saxons qui l'habitaient, il s'éleva une haine qui n'eut jamais de trève. L'épithète de Romain resta longtemps chez eux comme la plus cruelle injure. Au VIIe siècle, alors que la puissance romaine était pourtant bien effacée, ils jetaient encore à StEloi, cette qualification de Romain comme la plus haute expression de leur antipathie. Ne crois pas Romain, disaient

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1 En 1669, 1673, 1675, Arch. de Dunkerque, ordonnances de police, t. II. On lit: « menace de peine de mort sans aulcune considération pour ⚫ tous habitants et paysans qui pour griefver, blesser ou assaillir quelqu'un « aura tiré un couteau... sans autre formalité ni vérification que deux << témoins seulement et seront fait comme s'ils avaient tué quelqu'un... et ce « pour obvier aux journaliers malheurs qui en proviennent. Défense « d'aller en ville avec bâton ou canne sauf maçon, charpentier, maré « chaux... »

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