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Qui même, s'il ne meurt,' ne me verra jamais,
Dont j'épouse la rage: et quand je l'ai servie,
Elle me redemande et son sang et sa vie !
Elle l'aime! et je suis un monstre furieux!

Je la vois pour jamais s'éloigner de mes yeux!
Et l'ingrate en fuyant me laisse pour salaire

Tous les noms odieux que j'ai pris pour lui plaire!

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NOTES AND REFERENCES..—1 M. L. 26, R. 2.-2 Ceux même, even those.-3 S'il ne meurt, (who threatens) if he does not die.

SCÈNE V.

ORESTE, PYLADE, SOLDATS D'ORESTE.

PYLADE.

Il faut partir, seigneur. Sortons de ce palais,
Ou bien résolvons-nous de n'en sortir jamais.
Nos Grecs pour un moment en défendent la porte;
Tout le peuple assemblé nous poursuit à main forte.'
Aux ordres d'Andromaque ici tout est soumis;
Ils la traitent en reine, et nous comme ennemis.
Andromaque elle-même, à Pyrrhus si rebelle,
Lui rend tous les devoirs d'une veuve fidèle,
Commande qu'on le venge, et peut-être sur nous
Veut venger Troie encore et son premier époux.
Allons, n'attendons pas que l'on nous environne:
Nos Grecs nous rejoindront; et, tandis qu'Hermione
Tient' encore le peuple autour d'elle arrêté,
Voilà notre chemin, sortons en sûreté.

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ORESTE.

Non, non, c'est Hermione, amis, que je veux suivre!
A sou dernier arrêt' je ne puis plus survivre;
Partez: j'ai fait le crime, et je vais l'expier.

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PYLADE.

Hermione, seigneur? il la faut oublier.

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Quoi! toujours l'instrument et l'objet de sa rage,
Cherchez-vous chez les morts quelque nouvel outrage?
Et parce qu'elle meurt, faut-il que vous mourriez ?*

ORESTE.

Elle meurt! dieux ! qu'entends-je ?

PYLADE.

Hé quoi! vous l'ignoriez ?

En rentrant dans ces lieux, nous l'avons rencontrée
Qui courait vers le temple, inquiète, égarée.
Elle a trouvé Pyrrhus porté sur des soldats
Que son sang excitait à venger son trépas.
Sans doute à cet objet sa rage s'est émue.
Mais du haut de la porte enfin nous l'avons vue,
Un poignard à la main, sur Pyrrhus se courber,*
Lever les yeux au ciel, se frapper et tomber.

ORESTE.

Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance!
Cui, je te loue, ô ciel, de ta persévérance!
Appliqué sans relâche au soin de me punir,
Au comble des douleurs tu m'as fait parvenir;
Ta haine a pris plaisir à former ma misère;
J'étais né pour servir d'exemple à ta colère,
Pour être du malheur un modèle accompli:

Eh bien! je meurs content, et mon sort est rempli.
Où sont ces deux amants? Pour couronner ma joie,
Dans leur sang, dans le mien, il faut que je me noie;
L'un et l'autre en mourant je les veux regarder:
Réunissons trois cœurs qui n'ont pu
s'accorder.
Mais quelle épaisse nuit tout à coup m'environn、?
De quel côté sortir? d'où vient que je frissonne?
Quelle horreur me saisit! Grâce au ciel, j'entrevoi...
Dieux! quels ruisseaux de sang coulent autour de moi !

Ah seigneur !

PYLADE.

ORESTE.

Quoi! Pyrrhus, je te rencontre encore! Trouverai-je partout un rival que j'abhorre?

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Percé de tant de coups, comment t'es-tu sauvé ?”
Tiens, tiens, voilà le coup que je t'ai réservé.
Mais que vois-je? A mes yeux Hermione l'embrasse!
Elle vient l'arracher au coup qui le menace!
Dieux! quels affreux regards elle jette sur moi!
Quels démons, quels serpents traîne-t-elle après soi!
Eh bien! filles d'enfer,' vos mains sont-elles prêtes ?
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes?
A qui destinez-vous l'appareil qui vous suit?
Venez-vous m'enlever10 dans l'éternelle nuit ?
Venez, à vos fureurs Oreste s'abandonne.
Mais non, retirez-vous, laissez faire Hermione:
L'ingrate mieux que vous saura me déchirer;"
Et je lui porte enfin mon cœur à dévorer.

PYLADE.

Il perd le sentiment. Amis, le temps nous presse ;
Ménageons les moments que ce transport nous laisse.
Sauvons-le. Nos efforts deviendraient impuissants.
S'il reprenait ici sa rage avec ses sens.

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NOTES AND REFERENCES.—1 A main-forte, in large numbers.-22 Tient, keeps, detains.—3 Arrêt, sentence, resolution.—4 M. L. 73, R. 1.—5 Se courter, bend over.-6 Parvenir, reach.-7 Comment t'es-tu sauvé, how hast thou escaped?—8 Tiens, tiens, here!— Filles d'enfer, Eumenides, turies.—10 M'enlever, to carry me. Me déchirer, torture me.

FIN D'ANDROMAQUE,

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LA SCÈNE EST EN AULIDE, DANS LA TENTE D'AGAMEMNON.

ACTE PREMIER.

SCÈNE I.

AGAMEMNON, ARCAS.

AGAMEMNON.

Oui, c'est Agamemnon, c'est ton roi qui t'éveille.

Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille.

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ARCAS.

C'est vous-même, seigneur! Quel important besoin
Vous a fait devancer l'aurore de si loin ?8

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A peine un faible jour' vous éclaire et me guide,
Vos yeux seuls et les miens sont ouverts dans l'Aulide.
Avez-vous dans les airs entendu quelque bruit?
Les vents nous auraient-ils exaucés cette nuit?

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Mais tout dort, et l'armée, et les vents, et Neptune.

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AGAMEMNON.

Heureux qui, satisfait de son humble fortune,
Libre du joug superbe où je suis attaché,

Vit1 dans l'état obscur où les dieux l'ont caché!

ARCAS.

Et depuis quand, seigneur, tenez-vous ce langage?11
Comblé de tant d'honneurs, par quel secret outrage
Les dieux, à vos désirs toujours si complaisants,
Vous font-ils méconnaître et haïr leurs présents?
Roi, père, époux heureux, fils du puissant Atrée,"
Vous possédez des Grecs la plus riche contrée :
Du sang
de Jupiter issu" de tous côtés,

L'hymen vous lie encore aux dieux dont vous sortez ;“
Le jeune Achille enfin, vanté par tant d'oracles,
Achille, à qui le ciel promet tant de miracles,
Recherche votre fille, et d'un hymen si beau
Veut dans Troie embrasée allumer le flambeau.
Quelle gloire, seigneur, quels triomphes égalent
Le spectacle pompeux que ces bords vous étalent,
Tous ces mille vaisseaux qui, chargés de vingt rois,
N'attendent que les vents pour partir sous vos lois ?
Ce long calme, il est vrai, retarde vos conquêtes;
Ces vents, depuis trois mois enchaînés sur nos têtes,
D'llion" trop longtemps vous ferment le chemin :
Mais, parmi tant d'honneurs, vous êtes homme enfin ;
Tandis que vous vivrez, le sort, qui toujours change,
Ne vous a point promis un bonheur sans mélange.
Bientôt... Mais quels malheurs dans ce billet tracés
Vous arrachent, seigneur, les pleurs que vous versez?
Votre Oreste au berceau va-t-il finir sa vie?
Pleurez-vous Clytemnestre, ou bien Iphigénie?
Qu'est-ce qu'on vous écrit? daignez m'en avertir."

AGAMEMNON.

Non, tu ne mourras point, je n'y puis cor sentir.

Seigneur...

ARCAS.

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