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féconde la terre; mais vous connaissez cette sage et populaire maxime: Aide-toi le ciel t'aidera! Aidezvous donc et de tout ce que la vraie science peut vous enseigner et de tout ce que votre prudente expérience ou d'utiles exemples peuvent vous apprendre. Ne croyez pas qu'un peu plus ou moins de soin et de perfection dans votre culture soient indifférents. Un peu plus ou un peu moins de produit dans vos moissons, ce sont des souffrances de moins, c'est la vie peut-être pour quelques-uns de vos semblables. En fumant, en labourant, en ensemençant vos champs, dites-vous que vous ne faites pas seulement acte de bons cultivateurs, mais que vous faites acte de bons citoyens, et que mieux vous cultiverez, plus votre patrie, cette France qui a enfin relevé sa tête glorieuse en Europe, sera heureuse et puissante.

Un des plus célèbres mathématiciens, dont notre pays s'honore, disait qu'il ne passait jamais devant un moulin à vent sans se découvrir et sans saluer la mémoire du génie inconnu à qui l'on devait cette utile invention.

Souffrez que je vous dise, Messieurs, en déclinant toute comparaison, que toutes les fois qu'en parcourant nos belles et riches contrées, je passe devant un de ces champs dont le parfait labourage, le soigneux ensemencement ou l'abondante moisson annonce des travaux perfectionnés et se détache des champs voisins par un contraste heureux et fertile, je me sens entraîné, par un sentiment semblable à celui de Lahire, à me découvrir aussi devant le cultivateur, inconnu du monde, mais éminemment utile,

à qui nos campagnes doivent ces sortes d'oasis, dignes modèles offerts à l'émulation, sources fécondes de la prospérité nationale.

Puissé- je rencontrer, parmi les vainqueurs de cette solennité, quelques-uns des hommes honorables et laborieux dont j'aurai admiré les champs avant de proclamer leurs noms!

3e Série, TOME IV.

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RAPPORT GÉNÉRAL

SUR LA SITUATION ET LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ

Pendant l'année 1855,

Par M. ARNOUX, secrétaire de la section d'agriculture.

MESSIEURS,

Un événement bien douloureux retient éloigné de cette séance notre digne secrétaire perpétuel M. Colombel. Je viens ici à titre de suppléant, mais sans avoir le pouvoir ou la prétention de le remplacer ; son talent eût donné à ce rapport la valeur d'une œuvre littéraire. De ma part, au contraire, n'attendez qu'un simple compte rendu; et cependant, quoique réduite ainsi, ma tâche est bien difficile, car il s'agit de parler devant des maîtres de la science et de la parole... J'ai besoin de votre bienveillante indulgence.

La situation financière de la Société est assez bonne, mais nous avons à exprimer des regrets: autrefois, les subventions annuelles du gouvernement s'élevaient à 4 et 6,000 francs; depuis plusieurs années elles ont été réduites à 1,000 francs au plus ; la Société a donc été forcée de supprimer en partie ses récompenses, ses encouragements, ses concours et ses dépenses de toute nature; sous cette condition regrettable, on a pu obtenir une situation financière qui fût au niveau des ressources.

Qu'il nous soit permis de profiter de la présence de MM. les membres du conseil général et de M. le Préfet du département pour les prier d'intervenir auprès du gouvernement et de solliciter le retour de nos anciennes allocations. Le rôle de la Société n'a pas changé, ses services passés consistent dans les perfectionnements qui depuis vingt-cinq ans ont été introduits dans beaucoup de cantons agricoles de ce département, et qu'elle peut s'attribuer en grande partie; son but actuel n'est pas moins important : je vais vous en entretenir.

Mais auparavant, Messieurs, j'ai à acquitter en votre nom une dette de reconnaissance pour des dons généreux qui vous ont permis de créer des prix dont une partie va être décernée dans cette séance.

Il est un souvenir pénible que je dois vous rappeler, c'est la démission de M. Ange Petit comme viceprésident de la Société. Vous savez, Messieurs, quels ont été les services qu'il nous a rendus par son activité, par sa bienveillance et par ses connaissances encyclopédiques; pendant les plus mauvais jours que la Société ait passés, il en a été l'âme; nous le prions d'accepter ici l'expression bien faible des sentiments d'affection et de reconnaissance que nous lui avons voués.

Je commencerai l'examen des travaux de la Société par ceux qui ont été accomplis dans la section d'agriculture.

Depuis longtemps l'expérience du président de cette section a tracé le cercle dans lequel nous avions à circonscrire notre action et nos œuvres les plus importantes.

La part accordée à la recherche de l'inconnu et à

des tentatives nouvelles est nulle; notre temps n'y eût pas suffi quel qu'eût été notre zèle; nous nous sommes renfermés dans un rôle plus modeste, j'ajouterai plus utile: ainsi, il ne s'est point agi pour nous de chercher à bouleverser le système de culture établi dans ce pays, bien que l'assolement triennal fût considéré comme défectueux; il y avait plus de profit à perfectionner ce système en recommandant la culture des plantes fourragères et l'accroissement du nombre des bestiaux; ces recommandations répétées sous toutes les formes à nos agriculteurs et sanctionnées par les prix décernés dans nos concours, ont eu un heureux succès. Et maintenant, dans nos fermes les mieux cultivées la jachère pure existe à peine la sole jachère fournit abondamment des racines et des plantes fourragères. Le cinquième et même le quart des soles est affecté d'une manière permanente à la culture de la luzerne. Les troupeaux ont cru en nombre et en beauté.

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Des résultats semblables ont été obtenus pour le défrichement des terres incultes, le reboisement des coteaux arides, et enfin pour les charrues, dont la forme actuelle est bien supérieure à l'ancienne.

Indépendamment de cette œuvre dont on surveille et dont on poursuit l'entier accomplissement, le but que la Société se propose depuis plusieurs années est la propagation du drainage, l'introduction des machines à battre et enfin le perfectionnement des engrais.

Pour donner une idée de l'importance de ces trois objets, nous dirons que les plus - values annuelles estimées à l'hectare sont en moyenne de 30 à 40 fr. pour le drainage appliqué aux terres humides et ar

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