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C'est donc à la bonne volonté des maîtres, à leur amour du bien public et de l'instruction, que fait appel la proposition de votre Société, et elle a tout lieu d'espérer qu'avec le temps elle arrivera à ses fins.

Déjà, l'année dernière, votre commission d'horticulture a pu reconnaître, dans ses visites aux candidats qui s'étaient mis sur les rangs pour ce concours, que plusieurs instituteurs avaient bien compris l'appel de la Société. Malgré les difficultés qui se présentaient sur leur chemin, ils s'étaient mis à la tâche sans se laisser décourager. Vous vous souvenez, Messieurs, du résultat du concours. Votre commission vous l'a dit : il y a eu du travail, de la bonne volonté, des progrès; cependant elle n'a pas pensé que les candidats fussent arrivés encore à la hauteur de ce qu'exige le programme, et elle n'a décerné que des mentions honorables, espérant que, cette année, les instituteurs auraient eu plus de temps pour réaliser les améliorations qu'on attend de leur zèle.

Cette année, comme l'année dernière, votre commission pense que les progrès obtenus ne remplissent pas encore les conditions du programme. Ce n'est pas qu'elle ait été peu satisfaite du travail et du zèle des instituteurs, c'est que les progrès en horticulture sont lents à se produire. Elle a trouvé partout les jardins légumiers bien tenus, la taille des arbres améliorée, des enfants de 10 à 12 ans connaissant les diverses sortes de greffes les plus usitées et les pratiquant, connaissant les divers moyens de multiplication des végétaux ; mais ces connaissances ne sont encore que dans l'enfance, et elle a pensé qu'il fallait attendre mieux de l'avenir pour la réalisation du pro

gramme. Elle a donc décerné des mentions honorables dans l'ordre suivant :

Première à M. LEROY, instituteur à Muids, ancien élève de l'Ecole normale d'Evreux.

:

Deuxième à M. DUVALET, instituteur à Ezy, ancien élève de l'Ecole normale d'Evreux.

Troisième à M. SAINT, instituteur au Fresne.

:

RAPPORT

SUR LES

PRIX DÉCERNÉS POUR LES EXPLOITATIONS RURALES LES PLUS PERFECTIONNÉES

DE L'ARRONDISSEMENT D'ÉVREUX,

Par M. ARNOUX, secrétaire de la section d'agriculture.

MESSIEURS,

Nous venons vous rendre compte du résultat du concours qui a été ouvert pour l'année 1855, entre les exploitations rurales les plus perfectionnées de l'arrondissement d'Evreux (1).

Nous devons d'abord vous rappeler que les prix dont nous pouvons disposer aujourd'hui sont dus à la munificence éclairée de M. le duc d'Albufera, l'un de nos derniers présidents. Grâce à lui, il nous est donné, cette année-ci, de faire revivre ces concours de culture qui constituent le mode le plus puissant pour håter le développement et les progrès de la pratique agricole. Vous sentez tous ici quelle est leur importance: maintes fois elle vous a été signalée et démontrée par nos prédécesseurs. Nos convictions profondes ne sauraient être, sur ce point, ni ébranlées, ni augmentées.

(4) M. Hébert, président de la commission; MM. Grivel, Guindey, Villain, membres; M. Arnoux, rapporteur.

Les concurrents étaient :

M. LÉPICOUCHÉ, cultivateur au Vieil-Evreux, et fermier de M. Grivel;

M. D'HOTEL, cultivateur au Bois-Giroult (Creton), et fermier de M. d'Hotel, son cousin ;

M. PELLERIN fils, cultivateur à Angerville-la-Rivière (Glisolles), et fermier de M. le duc de ClermontTonnerre ;

Et enfin M. CHATEL, cultivateur et propriétaire à Villegats.

Nous avons dû tout d'abord écarter du concours le dernier de ces Messieurs, car son exploitation est peu étendue, et nous n'y avons trouvé aucun de ces caractères saillants ou spéciaux qui auraient pu mettre M. Châtel à la tête des cultivateurs de son canton.

EXPLOITATION DE M. LÉPICOUCHÉ.

L'exploitation de M. Lépicouché embrasse une étendue de 100 hectares environ, non compris 10 à 12 hectares de bois. L'assolement est triennal, avec une sole en dehors consacrée à la culture de la luzerne d'une manière permanente, pour une superficie de 1/5. Les récoltes jachères consistent pour les 2/3 en pois, vesce et minette. Les racines occupent 1 à 3 hectares; la culture du colza prend 3 hectares; les betteraves sont plantées à la main; le colza est planté au piquet, ce qui paraît être avantageux.

M. Lépicouché a la plus grande attention dans le choix de sa semence de blé : pour cet objet, il achète, chaque année, d'assez grandes quantités de blé de la Nouvelle-Orléans, qu'il a payé jusqu'à 80 fr. par hectolitre. Le rendement est ordinairement de 17 fois la

semence, et il s'est élevé à 25 fois; le poids est de 83 kilogrammes à l'hectolitre; la récolte est de 600 gerbes à l'hectare. Enfin, une dernière cause de supériorité de ce blé sur celui qui provient des semences du Vexin, c'est que sa tige, plus forte, verse moins souvent.

M. Lépicouché a défriché, depuis peu d'années, 15 hectares de bois médiocres. Il a marné ces terres à la haute dose de 150 mètres cubes par hectare, il y a répandu de fortes proportions de guano, indépendamment des engrais ordinaires; enfin, il a multiplié les façons d'ameublissement du sol, et il a obtenu de bonnes terres de labour.

La commission a constaté avec plaisir que la cour de la ferme était remarquable par son ordre et ses bonnes dispositions; les chemins à voitures sont em. pierrés et bien entretenus, le sol est régulièrement nivelé. Ici il n'y a pas à craindre que les eaux pluviales s'écoulent dans les fosses à fumier, ou que les eaux du purin, grossies par l'égout de la cour, aillent infecter les mares.

Les fosses à fumier sont au nombre de deux : l'une se remplit, pendant que les fumiers à demi consommés de la seconde sont portés aux champs; nous n'avons vu que des réservoirs à purin insuffisants, il est vrai; mais la disposition des fosses rend leur emploi à peu près superflu, car le fond de la fosse est recouvert d'une couche de marne épaisse de 0m30; ce lit de marne absorbe le purin à mesure qu'il se produit, et il fixe une partie des gaz ammoniacaux qui tendent à se dégager. Au bout de quatre mois, le riche amendement qui se trouve au fond de la fosse est enlevé et remplacé par une couche sem

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