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citons présentent sur la panse et sur les bords des filets saillants et décoratifs qui manquent à celle-ci. Toutefois, nous n'oserions affirmer que la coupe de Martot en ait été complétement dépourvue, attendu qu'elle ne nous paraît pas entière.

Comme dernier rapprochement, nous citerons une autre coupe de verre trouvée par M. Lindenschmit, dans ses fouilles des Selzen, sur les bords du Rhin (1).

Nous n'avons vu qu'une seule hache en fer, mais c'est bien là cette francisque recourbée en forme de croissant et partout connue pour avoir été l'arme de nos pères sous la première et peut-être aussi la seconde race de nos rois. Nous en donnons ici le type

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général, et nous ajoutons que M. Lalun, architecte à Louviers, possède une hache pareille provenant aussi du cimetière de Martot, où il l'a recueillie.

(4) Das Germanische todtenlager, bei Selzen, p. 27.

Des couteaux, entiers ou en morceaux, j'en ai compté trois, dont un grand et deux ordinaires. Le plus grand tient le milieu entre le couteau domestique et le sabre. C'est le poignard, comme l'appelle à bon droit M. Troyon, de Lausanne; il est beaucoup plus rare que le couteau domestique. Toutefois on en trouve ordinairement dans chaque fouille. Cette année encore (1855) à Envermeu j'en ai trouvé un sur seize couteaux.

Les sabres sont ici plus abondants qu'ailleurs, probablement parce qu'ils se seront mieux conservés sous la pioche d'ouvriers insouciants. J'en ai compté cinq bien conservés ; deux d'entre eux nous ont présenté une particularité que nous n'avons pas remarquée ailleurs. Au bas de la poignée, afin de la rendre plus solide, se trouvait une virole en fer destinée à maintenir à sa place le bois du manche. Cette virole que nous avons observée sur deux de ces scramasaxes n'a jamais été rencontrée par nous dans aucune de nos nombreuses fouilles. Nous croyons également l'avoir rarement reconnue sur les différents sabres publiés par les Anglais, les Allemands, les Belges, les Suisses et même les Français. Cependant c'est là une garniture bien naturelle. Parfois, à Envermeu, j'ai remarqué une virole de cuivre, mais je l'ai toujours crue destinée à garnir l'entrée du fourreau de cuir. Ici on ne saurait douter que la virole de fer ne soit entièrement faite pour le manche en bois, car la lame du sabre ne saurait passer dedans.

J'ai observé aussi que sur cinq lames de scramasaxes, deux étaient entaillées vers le milieu, dans le but selon moi, d'enlever aux voleurs l'idée de pou

voir jamais s'en servir. Enfin, tous m'ont présenté de chaque côté la double rainure destinée à loger du poison, selon quelques-uns, ou à recevoir un ornement de cuivre, suivant M. Roach Smith et quelques archéologues anglais.

Nous donnons ici le dessin du scramasaxe des Francs, tel qu'on le trouve le plus communément.

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Il y avait aussi des boucles propres à soutenir et à fermer le ceinturon. Une seule était en bronze, nous en donnons ici l'analogue.

et

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Cette circonstance indiquerait peut-être la pauvreté des Francs de Martot. Les autres agrafes étaient en fer, et toutes étaient munies d'une plaque, parfois même accompagnées d'une contre-plaque. J'ai remarqué surtout deux paires de plaques et de contre-plaques, grandes et recouvertes d'incrustations d'argent sur toute leur surface. Plusieurs de ces damasquinures sont légèrement soulevées par la rouille, mais la majeure partie subsiste encore, et ce travail

pourrait revivre pour l'œil de l'antiquaire au moyen d'un nettoyage patient et entendu. — Je donne ici un analogue de ces plaques de ceinturon: il provient d'Ouville-la-Rivière.

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Une petite plaque m'a présenté des boursouflures semblables à celles que j'avais déjà observées à Etretat et à Moulineaux et dont les analogues ont été signalées par M. Gosse, de Genève, dans les anciens cimetières de la Suisse et de la Savoie. Le jeune archéologue génevois en attribue la cause à des coquilles ou espèces d'huîtres provenant du sol. Mon confrère, du reste, a lu à ce sujet au Congrès des délégués des Sociétés savantes de France, réuni à Paris en 1855, une note qui avait obtenu l'assentiment de MM. Dumas, Moquin-Tandon, Valenciennes, Rousseau, de Sénarmont, Bayle, Gervais et Dufresnoy. Ces savants, à ce qu'il assure, auraient émis l'opinion que ces boursouflures étaient des coquilles marines. Pour nous, qui sommes moins heureusement placé que nos confrères de la capitale, nous avons soumis nos découvertes à notre ami M. Girardin, de Rouen, qui, après les avoir analysées, n'y a reconnu la présence d'aucun corps étranger.

Pourtant nos pièces normandes ont paru à M. Gosse

si semblables à ses objets helvétiques, qu'il nous a écrit que « si ce n'était nous qui les lui eussions envoyées, il penserait qu'elles proviennent des tombeaux de son pays (1) ».

En général, on peut dire que les objets découverts à Martot ont la plus grande analogie avec ceux qui ont été rencontrés à Etretat. Ce serait donc une population de pêcheurs et de marins de la Seine qui dormirait ici, tandis que chez nous ce sont les pêcheurs et les marins de la Manche. Du reste, tout à Martot indique une population pauvre, rude, grossière et dont les chefs vivaient militairement comme sur toute la surface du pays. Sauf les plaques damasquinées, je n'y trouve aucun de ces indices de richesse et de luxe que l'on rencontre ailleurs jusque dans les plus petites localités, comme à Parfondeval (2) et à Tous-les-Mesnils (3).

Le 28 septembre 1855, M. Grandin voulut bien mettre pendant quelques heures trois ou quatre ouvriers à ma disposition. Je me convainquis par moimême que dans ce champ les sépultures étaient nombreuses, qu'elles n'y étaient guère qu'à 50 centimètres de profondeur et que les morts avaient comme partout les pieds à l'orient et la tête à l'occident.

(4) Annuaire de l'Instit. des provinces et des congrès, pour 1856, P. 73-74. Dans une nouvelle brochure qu'il vient de faire paraître, intitulée Suite à la Notice sur d'anciens Cimetières trouvés soit en Savoie, soit dans le canton de Genève, M. Gosse soutient toujours son opinion sur l'origine coquillère de ces boursouflures, qui, du reste, se trouvent partout sur le fer de cette époque ; — p. 16-20, in-8° de 20 pages, Genève, Ramboz, 1857. (2) Canton de Londinières (Seine-Inférieure). souterraine, Are édit., p. 253-58; 2e édit., p. 305-12.

La Normandie

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(3) Commune d'Ouville-la-Rivière, près Dieppe. — Voir la Normandie souterraine, 2e édit., p. 436-40.

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