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ou d'anciens vidimus, bien des documents nous auraient complètement échappé sans le recueil intitulé Regla o Becerro de Silos, et sans les divers inventaires des archives de l'abbaye.

Le Becerro ou Cartulaire est un manuscrit formé de six cahiers de parchemin et comprenant un ensemble de 53 folios de 340 millimètres de haut sur 220 de large. Ce volume a gardé sa reliure primitive en cuir très épais, doublé d'une toile grossière dont il ne reste plus que quelques débris. Son titre promet malheureusement beaucoup trop. Le manuscrit ne renferme guère, en effet, que des privilèges accordés ou confirmés par Alphonse le Savant de 1255 à 1277. Deux copistes y ont travaillé successivement. L'œuvre du premier s'étend jusqu'au folio 43 et a dû vraisemblablement être écrite en 1256. Elle comprend vingt-neuf documents royaux et se termine par la transcription d'une bulle du pape Urbain III. L'écriture en est très belle et presque partout fort bien conservée. Le travail du second copiste, d'une écriture moins soignée, remplit les dix derniers folios. Il ne contient que quatorze chartes, dont douze d'Alphonse le Savant et deux de son fils l'infant D. Sanche. Il fut écrit peu après 1283, date du dernier document.

On peut croire que l'abbaye de Silos possédait autrefois, comme presque tous les monastères de quelque importance, un cartulaire plus ancien et plus complet; mais il aura disparu de bonne heure dans l'un des incendies que nous avons mentionnés plus haut, et il n'en reste plus la moindre trace (1).

(1) Sahagun avait deux cartulaires, l'un de 1100, appelé Becerro gótico (écrit en lettres wisigothiques), et l'autre du xi et du xiv siècle. Ils sont aujourd'hui aux archives nationales de Madrid, qui renferment en outre ceux de Celanova, de Rioseco et d'autres encore. Parmi ceux que nous avons vu ailleurs, mentionnons ceux de San Millan de la Cogolla (du x1° siècle, dans l'abbaye de ce nom), de Valvanera (x1° siècle, à Valvanera), de San Andres

d'Espinareda (parmi les manuscrits de D. Pascual de Gayangos). Comme Sahagun, les monastères d'Oña et de Cardeña possédaient chacun deux cartulaires, l'un gothique et l'autre moins ancien. (Cf. Berganza, Antigüedades de España, t. I, p. 185, 193, 214; t. II, p. 181 et 371.) Ces cartulaires ont disparu; les derniers vieux moines d'Oña et de Cardeña que nous avons pu interroger n'ont pas su nous dire ce qu'ils étaient devenus.

Les archives de Silos renfermaient au commencement de ce siècle cinq volumes in-folio manuscrits, qui eussent suppléé, en partie du moins, à la perte d'un grand nombre de chartes égarées ou détruites. Ils étaient intitulés Compendio del archivo del monasterio de Silos, et contenaient, avec un bon résumé de tous les documents, une copie à peu près intégrale des donations les plus importantes. Le savant P. Liciniano Saez, auquel nous avons consacré ailleurs une petite notice littéraire (1), les avait composés vers 1770, alors qu'il était archiviste de l'abbaye de Silos. Nous avons multiplié les recherches et les démarches pour retrouver ce précieux recueil, mais elles n'ont pas eu tout le succès qu'il était permis d'en espérer. Nous sommes parvenu toutefois à découvrir le cinquième volume parmi les papiers légués en 1875 à Mgr Infante par Mgr Rodrigo Echevarría (2). Il nous a été généreusement cédé par ce prélat et fait aujourd'hui partie de la collection des manuscrits du monastère (3). Nous devons aussi à Mgr Infante l'histoire inédite de Silos composée en 1615 par le P. Gaspar Ruiz, et qui se termine par dix-huit pages de pièces justificatives (4).

La notice, également inédite, écrite vers 1578 par le P. Gerónimo de Nebreda, provient de la même source. Bien qu'elle ne renferme que des indications très sommaires, elle nous a fourni cependant plus d'un détail digne d'intérêt (5).

(1) Voy. notre Histoire de l'abbaye de Silos, sixième partie.

(2) Ce manuscrit a été retrouvé dans les archives du palais épiscopal de Ségovie. Voy. ci-dessus p. xi, note 1.

(3) Ce volume porte aux archives de Silos la cote ms. n° 20.

() Historia milagrosa de santo Domingo de Silos, abad de la orden de San Benito, que contiene no solo las maravillas deste santo en vida y muerte, sino los antiguos sucesos de su real monasterio y de sus prioratos y filiaciones. Ordenada por fray

Gaspar Ruiz Montiano. Un volume petit in-folio de 400 pages (n° 21 des manuscrits de Silos).

(5) Elle est intitulée : De el monasterio de Santo Domingo de Silos, sus principios y sucesos. L'original de cette notice est perdu; mais nous en avons trouvé une copie dans le recueil des notes historiques écrites en 1648 par le P. Juan de Cisneros, archiviste de la Congrégation de Saint-Benoît de Valladolid, qui a pour titre: Registro de archivos, fundaciones de monasterios y otras noticias. Ce recueil,

Quant aux inventaires proprement dits des archives de l'abbaye, voici la liste de ceux qui ont pu être retrouvés et qui nous ont été parfois très utiles :

Le catalogue A fut écrit en 1554 par le P. Domingo de Villegas, par ordre de Gregorio de Nebreda, dit plus communément de Santo Domingo, abbé de Silos. C'est un petit volume relié en parchemin et qui comprend 100 folios d'une écriture très soignée. Il porte le titre suivant : Indice y libro de las scripturas y privilegios, apeos, bulas y otras scripturas y essenciones que esta casa tiene.

Le catalogue B commence par ces mots : « Suma deste Abçdario, año 1632 . Il se compose de 51 folios en très mauvais état et dont l'écriture est parfois illisible.

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Le catalogue C est un résumé assez complet de tous les documents de Silos relatifs au prieuré (plus tard abbaye) de San Martin de Madrid. Il fut écrit vers 1785 et le P. Domingo de Silos Moreno y fit plusieurs additions en 1810.

Le catalogue D date de la fin du XVIe siècle et donne l'indication des pièces d'après leur dernière classification par le P. Saez. Il comprend 72 folios de très grand format.

Divers fragments plus ou moins incomplets forment le catalogue désigné par la lettre E.

Le catalogue F n'est que la reproduction à peu près littérale du catalogue A, copie assez soignée et même élégante, qui forme un petit volume in-12 de 155 folios.

Le catalogue G renferme un résumé assez court, mais très précis, de la plupart des pièces relatives aux interminables procès entre le monastère et les clercs de l'église de San Pedro de Silos. Il est du commencement du xvine siècle.

qui forme un petit volume de 435 folios d'une écriture fine et serrée, appartient aujourd'hui à D. Bernardino Martin Min

guez, qui a bien voulu nous le communiquer. Ce qui a trait à Silos occupe les folios 73 à 96 du manuscrit.

Mentionnons enfin un dernier catalogue de la même époque que le précédent et qui est classé parmi les manuscrits de Silos, no 78. Il est cité dans ce travail sous le titre de manuscrit 78.

IV. Il nous semble parfaitement inutile de donner ici la liste des ouvrages imprimés que nous avons dû consulter. Ces indications, nécessairement très limitées, n'apprendraient rien au public spécial auquel s'adresse un livre de ce genre. On pourra du reste se faire sans beaucoup de peine une idée de la «littérature du sujet en jetant un rapide coup d'œil sur les notes qui accompagnent les pièces de ce volume.

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Nous nous bornerons donc à signaler les quelques auteurs, peu connus, qui ont écrit dans le monastère de Silos ou du moins consulté ses archives, et dont nous avons mis à profit les travaux, d'un mérite d'ailleurs très inégal.

Le premier en date est le P. Ambrosio Gomez, moine de San Millan de la Cogolla, qui publia en 1653 une vie de saint Dominique de Silos ("). Cette vie n'est guère qu'un long et fatigant panégyrique, à la mode du xvIe siècle. Aussi l'historien ne trouvet-il à glaner dans les 400 pages in-4° de cet ouvrage que des renseignements fort incomplets, souvent inexacts et toujours noyés dans une fastidieuse rhétorique.

El glorioso thaumaturgo español, autre vie de saint Dominique, fut écrit, trente ans après l'ouvrage du P. Gomez, par un moine de Silos, le P. Juan de Castro (2). Il est suivi de notices insuffisantes

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et parfois fabuleuses, mais presque toujours intéressantes, sur les antiquités de l'abbaye et de ses principaux prieurés.

Toutefois, le livre le plus important sorti des archives de Silos est sans contredit celui que publia en 1736 le P. Sebastian de Vergara (1). Outre un nouveau récit de la vie de l'abbé saint Dominique, il renferme un recueil de trois textes, jusqu'alors à peu près entièrement inédits: 1° Vita beati Dominici confessoris Christi et abbatis, vie écrite, peu après la mort du grand abbé de Silos (1073), par son disciple le moine Grimald; 2o Vida del glorioso confessor santo Domingo de Silos, qui n'est guère autre chose que la traduction en vers castillans de l'œuvre de Grimald, et dont l'auteur, Gonzalo de Berceo, vivait dans la première moitié du xe siècle (2); 3o Miraculos romanzados, como saco santo Domingo los cativos de catividad, récit d'un témoin oculaire, le moine Pero Marin, qui nous a transmis en son naïf langage le souvenir des merveilles opérées sur le tombeau du saint abbé pendant la seconde moitié du xe siècle.

Mentionnons aussi les Antigüedades de España (3) du P. Berganza, bénédictin de Cardeña, qui vint plus d'une fois visiter les archives de Silos. C'est un ouvrage considérable et l'un des meilleurs, au point de vue historique, qu'ait produits l'érudition espagnole au xvme siècle. Ses nombreux appendices sont encore

Silos. Noticia de el real monasterio de Silos y sus prioratos. Por el Padre Maestro Fr. Juan de Castro, hijo profeso de Santo Domingo de Silos (Madrid, 1688. Un volume petit in-8° de 422 pages).

(1) Vida y milagros de el thaumaturgo español Moyses secundo, redentor de cautivos, abogado de los felices partos, santo Domingo de Silos, abad benedictino, reparador de el real monasterio de Silos (Madrid, 1736. Un volume petit in-8° de VIII-460 pages).

(2) Les vers de Berceo ont été publiés depuis par Sanchez, Coleccion de poesías

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anteriores al siglo xv (ouvrage réédité à Paris par Ochoa en 1842), et en dernier lieu par D. Florencio Janer, dans le recueil analogue qui fait partie de la Biblioteca de Ribadeneira (1864, p. 3964). Disons ici que l'édition du texte latin de Grimald et du texte castillan de Berceo est faite avec beaucoup de soin. Le célèbre P. Sarmiento en corrigea luimême les épreuves, comme il nous l'apprend dans son mémoire intitulé: Origen de la poesía castellana (p. 255).

(3) Deux volumes grand in-4° (Madrid, 1719-1721).

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