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seullement faire pardonner audit Sr. roy de Dennemarche toutes choses passez, mais dauantaige luy faire couriger les fauttes commises par luy ou ses officiers, au temps passez, à l'encontre de sesd' subgectz. Semble au Sr. roy d'Angleterre que lad® manière de procéder est meilleure que la voye de force, d'au

que ledict royaulme de Dennemarche ne se acquiert par héritaige, ains par élection, et à cest fin, il escript présentement à V⚫ Majesté, comme verrez, Sire, plus au long par ses lettres et ses instructions, qu'il enuoye à ses ambassadeurs estans deuers vous, et la mesme conformité escript ledict roy de Dennemarche, envoyant par-deuers vous son hérault son hérault pour solliciter ses dictes affaires.

» A mon petit aduis, Sire, ladessus dicte response est de nul effect, et rien à propos à la nécessité présente dudict roy de Dennemarche, et ne voy moyen qu'il puisse estre restitué, si Vostre Majesté n'a pitié de la royne, prenant cette affaire au cueur pour l'amour d'elle.

» Et quant à la paix d'Escosse, lesdits srs. rois d'Angleterre et de Dennemarche ont conceuz par ensemble aulcuns articles et iceulx enuoyé en Éscosse par vng des gens duroy de Dennemarche estans Écossois natif, lequel espère de faire consentir lesdits Ecossois en iceulx articles et amener leurs ambassadeurs de bref auec luy par-deçà pour traicter et conclurre ceste matière; mais pour ce que cependant est force audict roy de Dennemarche partir d'icy et aller en aultres ses affaires, il m'a requis de vouloir estre son procureur principal pour conclusion d'icelle, laquelle charge n'ay voulu accepter, synon soubz le bon plaisir de

Vostre Majesté et aussy du roy et de monseigneur le légat, sur quoy il m'a promis tant faire vers vous que en serez content. Et touchant le roy et le cardinal, tous deux m'en ont parlé et désirent que j'accepte sadicte procuracion. Quoy voyant, Sire, et considérant qu'elle ne vous peult tourner synon à honneur et aussy prouffit de voz subgectz, veu que, par ce moyen, lesAnglois ne pourront rien traicter avec lesdicts Écossois, sinon avec vous; et que si quelque chose s'en fait, en aurez vostre part de l'honneur et bon gré, ne l'ay osé refuser, à la condition toutesfois que dessus; ensuivant laquelle il m'a donné son pouoir et instructions, dont je vous enuoye présentement la copie, suppliant en toute humilité me mander sur ce vostre bon bon plaisir, m'enuoyant semblablement vostre pouoir sur ceste matière. Et cependant, je besoigneray, en ceste affaire, moins mal que pourrai, de sorte que rien ne se fera synon soubz vostre bon plaisir et adueu, si avant qu'en moy sera. Et vecy, Sire, l'effect de ce que ledict Sr. roy de Dennemarche a besoingné par-deçà, si auant que l'ai peu scavoir; car je ne suis esté appellé en nulz de leurs communications. Vray est que, pour aucunes conjectures, je me doubte qu'il ait promis au roy d'Angleterre aucunes choses qui ne redonderont par cy-après guères à son aduantaige; et pour icelles enfonser, en ay parlé à la royne, vostre seur, mais elle sect beaucoup moins des affaires de son mary que moy. Toutesfois, Sire, s'il en est quelque chose, croy que son dict hérault vous en déclarera la vérité ; tant y a que j'ai vue donner tant d'vng costé que d'autre certaines lettres scellées. Ne scay leur contenu. Et d'autre part, aux instructions que le roy d'Angleterre

je

enuoye à ses ambassadeurs par-delà, comme dessus est dict, lesquelles le Sr. Légat m'a monstrés et sont en latin, y a entre autres quelques mots, par lesquels semble que aucune nouuelle alliance soit esté feite entre luy et le roy de Dennemarche.... » (1).

Cependant, la régente Marguerite eut bientôt tous les embarras de la triste situation de Christiern et de sa famille, et de leurs courtisans et de leurs courtisanes, et de leurs favoris et de leurs favorites, et de leurs nains et de leurs naines (2). Elle ne savait pas où prendre l'argent pour payer leurs « appoticaires, médecins, chaussetiers, auoine et fouraiges, draps de layne, de soye, orphèures, serruriers, hostellains, selliers, marissaulx, cyrurgiens, cordewanniers, cousturiers, cuvelliers, massons, carpentiers, escriniers, serruriers, marchans de bois et d'asselles, verrières et couvreurs de thieulles, boullengiers, patissiers, brasseurs, bouchers, poullaillers, poissonniers, grassiers, marchans de bois, vieuwariers, taverniers, lavendiers, marchans de linge, de fringes, etc. » (3).

Marguerite ne cacha pas ses embarras à Charles

(1) Lettre du sieur de Praet, ambassadeur de l'empereur en Angleterre, écrite à Sa Majesté, de Londres, le 23 juillet 1523. Archives du conseil d'État et de l'Audience, Armaris, C, n° 160.

(2) . XII aulnes demie de camelot tanney pour faire vne robe à un petit neyn audict prince (Jean, fils de Christiern).» Archives du Royaume, reg. des chambres des comptes, no 1799, f. VII XIII verso.—« A deux seruiteurs du roy de Dannemarche, la somme de trois carolus d'or, de XXII solz, pièce,ausquelz made dame en a faict done en faveur de ce qu'ilz luy ont présenté de la part dudict sgr. roy, leur maistre, vne paincture sur toile faicte au vif, à la semblance des neyn et neyne dudict roy. Ibidem, n° 1802, f. **.

(3) Voir Arch, du Conseil d'État de l'Aud., Reg 69, f. 532-543.

Quint; elle lui écrivit le 18 octobre 1524 : « Voz députez et ceux du roy d'Angleterre pour le fait du roy et de la royne de Dennemarche, sont puis retournez.Je leur ay ordonné mettre leur rapport par escript, et le

vous enuoye.

» Ledit S roy, comme je le vous auois escript, considérant que son affaire dépend de vous, et que autres ne luy puissent ayder, auoit proposé aller vers vous et y mener la royne, et, en ce proposant, estre quelque temps en Zélande; mais à faute d'auoir trouué esquipage à leur seureté, et jà estoit la flote partie et la saison bien auant, m'ont-ils escript qu'ils désirassent aller aux bains d'Aix, en espoir d'y trouuer remède à la royne, qui n'est du tont bien disposée ; qui procède des mauvais traitemens qu'elle a par cy-deuant eu; et, à leur seureté en chemin, m'ont requis d'escrire à Mons. de Jullers pour son saulf-conduit, et conduite de gens s'ils en ont besoin, et leur enuoyer argent, que j'ay fait. J'auois conclu leur estat de cincq cens florins par mois et de deux mille par an, pour l'habillement de la royne; ils en despensent plus de huict cens par mois. Je leur auois baillié mon maître d'hostel Sonastre, pour dresser quelque ordre en leur maison, qui est chose impossible.

» Ils m'ont requis que, à leur retour dudict Aix, je leur ordonne quelque lieu pour se tenir, et m'a esté dit que le roy désireroit bien demeurer à Gand, ce que peu de gens me conseillent ; et par l'aduis de la plus part de vostre conseil, suis d'advis de leur bailler demeure au castel de Geneppe. Je m'en trouue grandement chargée, et aussi empeschée à cause de leur grande despense, laquelle je ne scay où prendre, et

de ce qu'il, ne leurs gens ne soyent conduisables (1). »

L'empereur répondit le 20 décembre 1524. « Je trouue que les affaires desdites roy et royne de Dannemarche sont en estranges termes, et n'y scauoir donner meilleur addresse durant ceste présente guerre, que de la voye amicable, comme par cy-deuant vous ay escrit.

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Quant à la demeure desdites roy et royne en mes pays de par-delà, je trouue vostre adnis bon, que leur résidence à Geneppe soit beaucoup plus propice que celle de Gand; mais je fais doubte que ledict Sr roy me gastera toute ma chasse, et si entends si bien que luy ny ses gens ne soyent fort conduisables, ny pour souffrir ordre en leur maison, ny dehors d'ycelle.

» Il me semble que nulle que Bruges seroit plus propice, et quant à leur traitement, j'ay veu la somme qu'avez escrit à la Chaulx, je prie que s'il est possible, que vous en faites dauantage en regard que ladicte royne est ma seur, et que j'ai assez dessus qui ont X et XII f. d'estat de moy par an.

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Quant à la submission du duc de Holstein à ceux de Lubèke, vous ferez bien d'en vser par aduis de ceux de mes payz, ausquelz la chose touche, en ayant toutefois pour recommandé le bon droit desdites roy et royne, et aussi le fait du cours de la marchandise (2). »

Enfin il fut convenu que Christiern II aurait sa résidence à Lierre, et que ses enfants seraient élevés à

(1) Manuscrits de la bibliotheque de Bourgogne, no (2) Ms. de la bibliothèque de Bourgogne.

19071

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