Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Malines, à la cour de Marguerite. Le magistrat de Lierre fit aussitôt préparer un hôtel, situé sur le cimetière, et qui est maintenant la maison curiale. Mais cet hôtel, connu encore aujourd'hui sous le nom de cour de Danemark, n'existe plus qu'en partie. Du reste, cet édifice n'a jamais présenté le moindre caractère particulier et rien qui mérite la plus légère attention. Pendant le séjour de Christiern à Lierre, il fut nommé roi de différentes sociétés d'archers de l'époque on sait que les archers étaient très-célèbres et très-répandus dans notre pays avant l'invention de l'artillerie, et qu'ils avaient certains priviléges et franchises qui appartenaient à leurs enfants.

Toutefois, ce ne fut pas sans des peines inouïes que Marguerite parvint à déterminer Christiern d'habiter Lierre; il ne s'y décida qu'en 1525. Le magistrat de cette ville s'épuisa en efforts pour rendre au roi proscrit ce séjour aussi agréable que possible: fêtes, banquets, rien ne fut épargné pour charmer ses ennuis (1). D'ailleurs, au XVIe siècle, Lierre était une résidence assez agréable. Pour vray, dit Guichardin (2), c'est une bonne et plaisante petite ville, le peuple de laquelle est débonnaire, discret, courtoys et affable, et va de jour en jour ceste ville croissant en maisons et richesses, par les moyens que la cité d'Anvers luy offre et de gens et de proffit..

[ocr errors]

Nous donnerons ici un extrait d'une lettre de la régente, écrite à l'empereur le 6 mars 1526, de Ma

(1) Van Lom, Beschryving der stad Lier.

(2) Description générale du Pays-Bas, trad, de Belleforest.

lines: « Monsieur je vous ay continuellement auerty de l'estat et conduyte du roy de Dennemarcke, et dernièrement des propos que auant et puis le trespas de feue la royne, que Dieu pardoint, il a tenu à Gand et à l'enuiron; aussi des difficultez qu'il a fait de venir à Malines, mesmement d'y amener ses enfans, ne fuist qu'il eust saulf-conduit de venir, et retourner, et aller où bon lui sembleroit; que premiers il n'eust ratifié le testament de feue la royne, promis de le fournir, inesmement de payer leurs debtes; et qu'il entendist et dust seureté du traitement de luy et ses enfans, auec autres diuerses conditions, et entre autres que je luy fisse auoir saulf-conduit de France pour s'enaller, et passage vers vous; et estoient les principaux conseillers audite Gand, mre, Gilles van der Veke, Josse van der Veke, le Bailly d'Axelles et leurs consors. Finablement, Mons., après plusieurs remonstrances que je luy ay fait faire par les sieurs de Ravestein et de Gaure, qui estoient à Gand. et par vre. mre. d'hostel Mousqueron, mon mre. d'hostel Sonastre et autres, que j'ay enuoyé vers luy, et singulièrement par l'enhort dudict de Gaure, lequel luy a fait compagnie, ledict Sr. roy, sont enuiron passez huict jours, est venu en ceste ville de Malines et y amené ses enfans, Le lendemain de son arrivée audict Malines ledict Sr. de Gauvre vint vers moy en Anuers, et me dit que le matin enuiron les huit heures, il se fust trouué au logis du roy audt Malines en intention de le mener vers moy au dɩ Anuers, mais qu'il entendit que dès 4 heures le roy et ses enfans fussent partis dud Malines, et allez à Lierre.

» A cause de quoy, désirant entendre l'intention du

roy, et selon vre. ordonnance, recouurer ses enfans, j'ay enuoyé vers luy au d' Lierre à diuerses fois le comte de Bueren et autres ; et tant que le roy, auec son fils s'est trouué en Anvers, où nous auons eu plusieurs communications, et tant que après diuerses nouvellitez par luy mises en auant, les dessus touchées et autres, à scauoir que je m'obligeasse à son entretenement, et de ses enfans soubs sa main, selon qu'il disoit le testament de feue la royne les contenir, et outre, à l'accomplissement d'iceluy testament et au payement des debtes, que le d' S' pouist leuer gens en ces pays, en sortir et y auoir son retour à son plaisir comme autrefois requis l'auoit, et voulu faire. Finablement, après diuers allers et venirs, et par l'entreparler des Srs de Bueren, de Hornes, de Berghes, du président de vre. grand-conseil et autre vers le Roy, nous auons conçu et conclu un appointement soubs vre. plaisir, duquel le d' S' Roy se démonstra très-content, et luy en fis ma lettre, de laquelle, ne des articles du traitté, je ne vous veus empescher, pource que, à l'occasion des nouuellisez que le bon Sr après son parlement du dt Anvers et son retour à Lierre, remist en auant.

[ocr errors]

Le roy a voulu auoir sa pension de Ve florins où qu'il soit, est à ce que je puis auoir entendu de son intention, il a proposé aller vers Allemagne pour communiquer auec Séverin Norbi et autres ses seruiteurs, lesquels ont pris la ville et le port de Berghes en Norweghe, et ont certains nauires qu'ils ont pris où ils ont peu, et puis nagaires en ont-ils pris une portugaloise de iij ou iiij tonneaux. Le roy donne espoir de faire quelque gros dommage à ses ennemis et de

recouurer partie de son Royaume, mais je doubte que leur principale emprinse soit de piller tout ce qu'ils trouueront, et de se réfugier avec leurs prises aud Norweghe, et puis doubter que à la longue voz subiects et pays de par-deçà en pourront auoir à souffrir, et que ce Séverin et autres les pourront, piller ou que les Osterlins qu'ils pilleront pourroient pillier les nres., dont je me trouue bien perplexe, et si font ses Srs et autres de vre. conseil.

» Puis mon arrivée hier aud1 Malines, je fuis empeschée à faire l'estat des enfans de Dannemarcke; le roy, leur père, les est ce jourd'huy venu voir, et s'en retourne à Lierre et m'a fait dire que toutefois que je le voudrois auoir, il se trouuerait vers moy (1).

» Outre et par-dessus la despense des obsèques qui on a porté à vijm, laquelle, pour honesteté, j'ay fait payer, et si demande que son traittement, qui est de v florins par mois, luy soit accordé de ije florins, dont je ne scay que dire, fors que il peut sembler qu'il se deuurait bien contenter pour luy et ses seruiteurs de ce que luy et la royne auoient pour eux, leurs enfans et leurs seruiteurs.

[ocr errors]

Quant aux ijm florins deuz pour raison de leur despence de bouche en partie de feue la Royne, il semble à ces S, si fuit-il à moy, que elle se doibt payer et que autrement le peuple, ceux mesmement ausquels les deniers sont deuz, auraient grosse occasion de

murmurer.

[ocr errors]

Quant est du surplus de leurs debtes, montans à xiiijm florins, la somme est grande et nous n'auons de

(1) Ms. de la Bibliothèque de Bourgogne.

quoy, et si vous entendissiez et voulsissiez y estre fourny, il ne se pourroit faire qu'à longs termes, et aud cas, semble que le dernier faire en diminution du dot de feue la Royne, pour à ce moyen vous descharger le roy, dont il seroit content, et aussi n'ait grand occasion de ce débatre en tant que led' dot escheu aux enfans, ausquels il conuient que soyez père et mère et que en faites comme de vos propres enfans. Sur quoy, Monsr, je vous supplie me mander vre. bon plaisir.

» Venant au d' Lière, j'ay trouué que le Roy auoit jà fait pacquier ce qu'il auoit de vasselle et ses meilleurs meubles et bagues, et ne sceust oublier le calice duquel l'on se sert journellement à la chapelle, et le tout ennoyé en Anvers, et que led' Sr continuoit de pro. pos de s'en aller et mener ses enfans en Allemagne et soy réfugier vers le duc Eryc de Bruswyck, et qu'il eust quelque intelligence auec certains piétons, aussi auec quelques pirates qui sont en mer vers l'Oost, et qu'il eust proposé de faire quelque emprise sur ses ennemis. Or, où je pensois quele roy, après que je serois arriuée à Lière, qui fust le second jour de ce mois (1), me viendroit veoir, et que à ce moyen j'aurais occasion d'entrer en propos avec lui, je ne le vis jusques an V du mesme mois. Pourquoy je députay de ces Srs å se trouuer vers luy, puis les vns, puis les autres, et à la fin tous ensemble; et après plusieurs difficultez se sont conclus diuers traitez, ausquels le roy, après les auoir conclu, a tousiours fait quelque addition, et finablement s'en est conclu vn, lequel pour vn mieux;

(2) C'est-à-dire le mois de février 1525.

« AnteriorContinuar »