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CHAPITRE IX.

mark.

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1537-1538

violences, ses débauches.

Réformes religieuses en Danemark. Trève de Bruxelles, 3 mai 1537. Retraite de l'archevêque Olaüs dans les Pays-Bas. Nouvelles réformes dans l'église de DaneRéclamations du comte d'Oldenbourg et du duc de Mecklembourg. Lettre très pressante de Hopfensteiner à la reine. Christophe, archevêque de Brême.-Ses Lettre de la reine Marie à ce prélat. L'aventurier Oubelacher. —Nouvelles réclamations du duc de Mecklembourg. Embarras de la reine Marie. Les Fugger impliqués dans les démélés du Danemark avec les Pays-Bas. Plaintes violentes du duc de Mecklembourg. Réclamations sur lesbiens de l'archevêque de Drontheim. Affaire de l'archevêque de Brême. Le pirate Christophe.

Ce fut une habile tactique de la part de Christian III que d'avoir soulevé le duc de Gueldre et créé des embarras à la reine Marie dans ses propres états; car c'est à ces troubles intérieurs des Pays-Bas qu'il faut attribuer le retard de cette flotte toujours promise et jamais expédiée (1).

(1) C'est ce qui résulte clairement d'une lettre de la gouvernante à Léonard Funck, 5 juillet 1536. Archives allemandes.

A peine Christian fut-il maître de Copenhague qu'il envoya des ambassadeurs à la cour de Bruxelles pour l'engager à renouveler le traité de Gand. Mais le conseil de la régente n'avait pas encore abandonné des projets fort opposés à cette paix (1). On se contenta de promettre aux ministres danois de conférer avec eux sur ce sujet à Hambourg.

Le roi travailla ensuite à l'exécution d'un dessein que Gustave lui avait suggéré pour détruire la puissance temporelle des évêques et du clergé, qui s'étaient si fortement opposés à son élection. Il se voyait appuyé, protégé par le sénat et la noblesse, qui lui avaient mis la couronne sur la tête, et les peuples espéraient que la confiscation des manses plantureuses et des grosses prébendes aurait pour résultat la diminution des impôts écrasants qui pesaient sur les classes productives. Le roi convoqua à Odensée une diète composée de nobles, de bourgeois et de paysans: un décret d'arrestation fut lancé contre tous les évêques. Bilde, ancien secrétaire de Christiern II et évêque d'Arhuus, prélat de vertu et de bon conseil (2), trouva moyen de s'évader. Quelques-uns subirent courageusement le martyre pour leurs croyances, particulièrement l'évêque de Roeskilde Joachim Ronnow, qui préféra mourir dans les fers plutôt que de se rétracter.

Ce prélat avait été accusé d'aspirer au trône et d'avoir demandé en mariage la reine Marie, à laquelle on assura même qu'il avait envoyé son portrait.

(1) Voir pièces justificatives, no xvi.

(2) « « Doctrina et excellenti virtute præditus, prudentia et consiliis pollens. Langebek, t. II, p. 588.

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La diète fit une ordonnance, par laquelle les terres, les villes, les forteresses et les villages de l'église étaient annexés à la couronne, et la puissance temporelle du clergé abolie pour toujours. Sa rigueur envers les prêtres catholiques fut si grande que Luther lui-même en fut touché. Il écrivit au roi pour l'exhorter à agir, sinon avec plus de douceur, au moins avec plus de circonspection. Il lui fit comprendre qu'il ne pouvait abolir entièrement le pouvoir de l'église, sans priver la couronne du plus ferme appui de ses prérogatives. En effet, Christian, en frappant si impitoyablement le clergé, ne fit pas assez attention aux effets du pouvoir extraordinaire qui retombait entre les mains de la noblesse. En brisant la puissance des évêques, il rompit l'équilibre du gouvernement danois; la grandeur et l'orgueil des nobles finirent par absorber les trois autres ordres de la nation, et les prérogatives de la couronne vinrent à dépendre de leur bon plaisir (1).

A mesure que l'autorité de Christian s'affermissait à l'intérieur, elle se faisait respecter au dehors. Le roi de France lui offrit son amitié, et l'invita à entrer dans l'alliance qu'il projetait avec l'Angleterre et l'Écosse, contre Charles-Quint. Christian n'eut pas grande confiance dans les offres de François Ier et de Henri VIII; il porta plus d'empressement dans les négociations entamées avec la régence des Pays-Bas. Les Hambourgeois n'en montraient pas moins dans les fonctions de médiateurs dont ils s'étaient chargés. Leur commerce souffrait horriblement de la mésintelligence des deux

(1) Hist. Univ., t. 63, p. 171.

cours; leurs instances auprès de l'une et de l'autre ne furent pas sans effet (1). Le roi consentit à joindre Melchior Rantzaw et le secrétaire Gaspard Fux aux députés qu'ils envoyaient à Bruxelles. Là, après bien des contestations et de vifs débats, on convint d'une journée que l'on tiendrait à Hambourg, et le 3 mai 1537, on traita sur les bases suivantes : « 1° Il y aura pour trois ans paix et amitié entre les états de Sa Majesté Christian III et les Pays-Bas héréditaires de l'empereur; 2o à dater du jour du présent traité, les vaisseaux des deux puissances contractantes navigueront librement dans leurs pays respectifs; 3° tous les navires arrêtés de part et d'autre depuis le 1er février seront relâchés; 4° les propriétaires de ceux dont l'équipage aura été lésé ou dépareillé, porteront leurs réclamations devant un tribunal qui sera établi, dans les trois mois, à Hambourg; 5° ce tribunal sera (composé de quatre juges impartiaux, qui seront pris, deux parmi les demandeurs, et deux parmi les défendeurs ; 6° en cas de dissentiment de ces arbitres, il sera pris un sur-arbitre dans le conseil de la ville de Hambourg; 7° sur sentence rendue par les arbitres, tous les dommages seront réparés de part et d'autre, dans l'espace de trois mois, soit en argent, soit en marchandises; 8° le roi de Danemark promet de n'assister en aucune façon les ennemis de l'empereur, excepté l'électeur de Saxe, le duc Ernest de Lunebourg, le grand-maître de Prusse, le landgrave de Hesse, le comte Wolfgang d'Anhalt, Albert et Évrard de Mansfeldt, dans le cas où ils scraient attaqués les premiers par Sa Majesté. Cette

(1) Mallet, t. VI, p. 339 et 340.

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