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au roi le 20 denier de tous ses biens. Ce fut dans la même diète que le prince Frédéric, fils aîné du roi, fut désigné, du consentement de tous les ordres, à lui succéder après sa mort, quoiqu'il n'eût encore que huit ans.

C'était la mer qui devait être le principal théâtre des hostilités entre deux nations éloignées et livrées à la navigation. Les Belges s'y étaient préparés de bonne heure; et, sans avoir déclaré la guerre, ils la commencèrent sur les côtes de Norwége, en enlevant un vaisseau du roi chargé d'une partie du produit des impôts de ce royaume.

Quoique les dernières tentatives de l'empereur et du palatin eussent proprement été dirigées contre la Suède, plutôt que contre le Danemark, Christian III comprit très-bien que si on le laissait en repos, ce n'était que parce qu'on était dans l'impuissance de l'attaquer, tant que la France serait en guerre avec l'empire; et que sitôt que Charles-Quint serait libre, il ne manquerait pas de tourner ses armes contre lui. Il résolut de l'attaquer lui-même le premier (1543), Mais auparavant il publia un manifeste pour prouver la justice de sa cause, et il en envoya des copies dans toutes les cours de l'Europe. Il déclara qu'après avoir tant de fois demandé la paix à l'empereur, et désiré que ce long et sanglant débat fùt soumis à l'arbirage de quelques princes désintéressés; que pour se délivrer de la crainte continuelle où il était d'avoir à tout moment une guerre à soutenir, et de l'incertitude qui l'avait entraîné à des dépenses ruineuses, il avait été contraint d'arrêter dans le Sund

tous les vaisseaux des Pays-Bas avec leurs marchandises, afin de parvenir à une solution quelconque, et que cette démarche n'ayant pas eu plus de succès que les premières, il allait se servir de la puissance que Dieu lui avait mise en mains pour sa légitime défense (1).

En effet, il mit incontinent en mer une flotte, forte de 20 navires de guerre et de 20 autres bateaux, munis de pelles, de pieux, de mors de chevaux et de leviers de fer (2). On y comptait jusqu'à 10,000 hommes effectifs. Elle était commandée par Magnus Gyldenstierne, seigneur de haute naissance, d'un grand talent et d'une bravoure éclatante; elle devait croiser à la hauteur des ports de Hollande et de Zélande pour détruire, s'il était possible, le commerce maritime de ces provinces. Le vice-amiral, le fameux Christophe de Drontheim, qui avait renoncé à sa vie de pirate pour passer au service de Christian, et qui connaissait parfaitement les localités, était l'auteur d'un projet qui ne tendait à rien moins qu'à percer les digues de la mer et à se rendre maître de l'île de Walcheren, la principale de toutes les îles zélandaises par la force et la sûreté de son assiette, la qualité de son terroir, le nombre infini de peuples qui l'habitaient et les grandes richesses qu'elle possédait. Mais ce cruel projet ne fut heureusement pas exécuté. La flotte danoise fut mal accueillie sur les côtes de Zélande et par les habitants et par la tempête; et bientôt la mauvaise saison l'obligea à se retirer dans

(1) Des Roches, t. VI, p. 315 et 316.

(2) Reygersbergh, Chronycke van Zeelandt, p. 315.

ses ports après avoir causé plus d'effroi que de dommage à l'ennemi (1).

La ligue de Smalkalde ne rendit pas plus de services au roi. Lorsqu'il voulut en exiger les secours promis par les traités, la plupart des princes dont cette fédération était composée les lui refusèrent, sous prétexte que la guerre qu'il faisait à la régente des Pays-Bas n'avait rien de commun avec la religion protestante, dont le maintien était le but unique de cette alliance.

La flotte française fut encore plus malheureuse que celle de Danemark. Une violente tempête la jeta sur les côtes de Norwége; plusieurs vaisseaux s'y briserent et furent coulés à fond avec leurs équipages. A ces mauvais succès il s'en joignit d'autres. Le duc de Clèves, l'allié des deux rois et l'ennemi de CharlesQuint, qui avait hérité des prétentions toujours contestées de la maison d'Egmont sur la Gueldre, fut contraint de mettre bas les armes, d'abandonner ce duché et de faire sa paix particulière. Le roi d'Angleterre, réconcilié avec l'empereur depuis la mort de Catherine d'Aragon, s'était déclaré contre François Ier qui avait donné sa fille au roi d'Écosse, son ennemi. Il avait sommé Christian III de s'expliquer sur la cause des armements extraordinaires qu'il avait faits; le roi avait répondu que c'était pour châtier la régente des Pays

(1) « Maer Godt, dit le pieux chroniqueur de la Zélande, Godt, die in der eenwicheydt moet ghelooft zyn, die 't haestelyck kan veranderen en andersins schicken dan 't die menschen proponeren ende voorsetten, en heeft die quade voornemen niet laten voortgaen. » Reygersbergh, P. 315.

Bas, qui l'avait attaqué ouvertement, arrêté ses navires et fait écarteler quelques-uns de ses officiers.

Les revers de Christian étaient un peu compensés par l'alliance qu'il formait avec Henri de Mecklembourg, dont le fils aîné, Magnus, évêque de Schwérin, épousa Élisabeth, sœur du roi; par un traité qu'il conclut avec les ducs de Pomméranie, au moyen duquel on termina les anciens différends entre le Danemark et ces ducs au sujet de l'île de Rugen; enfin par une espèce d'alliance avec l'archevêque de Brême, qui, pour gage de son amitié, travailla à faire nommer un frère du roi son coadjuteur, et y eût réussi sans les oppositions de la cour impériale, trop intéressée à diminuer le crédit du roi dans l'empire pour laisser à un de ses frères un aussi riche bénéfice (1). Charles-Quint d'ailleurs gardait rancune à l'archevêque, parce qu'il n'avait pas encore satisfait aux réclamatious de Hopfensteiner, en dépit des promesses les plus formelles qu'il avait réitérées, sur ce point, à la reine Marie.

(1) Des Roches, Mallet, Holberg.

CHAPITRE XI.

1548 1559.

Représentations des Hanseates.-- Ordonnance de l'empereur en faveur des Lubeckois.-Intervention aimable du roi de Pologne. Conduite équivoque du roi d'Angleterre. Lassitude des parties belligerantes. - Congrés de Spire. -Publication de la paix dans les Pays-Bas. Récriminations du palatin. Diele de Worms. L'archevêque Christophe. Siége de Brême. Le comte Christophe d'Oldenbourg. Détails sur le siége de Brême. - Destitution de l'archevêque Christophe. - L'empereur déjoue les intrigues des princes d'Allemagne. Bataille de Muhlberg. Relations pacifiques de l'empereur et de Christian III. · Mise en liberté de Christiern II. Entrevue

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Séjour de Christiern à Kailondborg.

Abdication de Charles-Quint.

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Discours de la reine Marie.-Mort de l'électeur-palatin, du duc de Mecklembourg et de Christian III. Caractère de ce dernier. - Mort de Christiern II.

Réflexions sur ce prince.

Si toutes les nouvelles alliances que venait de contracter le roi Christian ne le dédommageaient point des pertes qu'il avait éprouvées, les événements, du moins ne lui causaient pas de grandes inquiétudes. Tout se bornait à des prises de vaisseaux marchands, ordinairement à l'avantage des Danois. Ses ennemis en souffraient même d'autant plus qu'il

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