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lables et corvéables à merci. Et le trône et le peuple se réunirent et déclarèrent la noblesse abolie comme corps politique, et la royauté absolue et héréditaire. Tant il est vrai que le peuple préfère l'égalité dans l'esclavage à la liberté dans le privilége. Cependant cette royauté devait être désormais une vérité, c'est-àdire qu'elle ne devait être que l'apanage des vertus, de la bravoure et des services du prince régnant. Frédéric IV alla plus loin, il organisa militairement 18,000 paysans; octroya, en 1702, le bienfait de la liberté à tous les laboureurs du royaume et établit 250 écoles pour leur instruction. Frédéric IV enleva les entraves qui gênaient le commerce, créa des justices de paix, abolit entièrement la servitude de la glėbe dans le royaume et la traite des nègres dans les colonies (1); et, révolutionnaire dans la pourpre, il refusa de conspirer avec les rois de l'Europe contre des révolutionnaires en guenilles (2).

Ainsi fut accomplie l'œuvre commencée par Christiern II (3); et cependant son nom, qui était adoré du

(1) Ce fut la première émancipation des temps modernes.

(2) Sous le ministère d'André Bernstorff, le Danemark conserva sa neutralité jusqu'en 1792; mais, à cette époque, sommé d'entrer dans la première coalition contre la France, il dut prendre une attitude hostiile ce fat bien à contre-cœur et forcément.

(3) J'ai la conviction que si le système de nivellement et d'émancipation conçu par Christiern II avait pu réussir au xvre siècle, depuis longtemps la liberté serait revenue en Danemark ; mais si elle n'est pas encore revenue,elle reviendra,et grande et belle,et elle retrouvera avec satisfac tion sa sœur aînée, l'égalité. Déjà le roi Frédéric VI a compris les nécestités de son époque; par ses ordonnances du 15 mai 1834, il a pris la glorieuse initiative d'une rénovation politique désormais inévitable.

peuple, est en exécration à la postérité. Dans les orages politiques, à des époques où les partis sont violemment aux prises, il n'y a pour certains hommes que le Panthéon ou les Gémonies. La mémoire de Christiern a été indignement traitée ; mais que fallait-il qu'il fit pour que sa statue d'or brillât au temple de tous les dieux? Qu'il réussit (1).

(1) Christophe d'Oldenbourg survécut seul à tous ces morts illustres; il ne décéda qu'en 1566.

FIN.

Pièces Justificatives. (1)

N' I.

Mémoire de ce que Henry d'Aymericourt, maistre d'hostel de madame Léonora, aura à dire de la part du Roy à madame de Savoye, vers laquelle il est présentement enuoyé.

Après les cordiales et affectueuses recommandacions faictes, et les Ires. de crédence sur lui présentées à made dame, lui dira que pour le grand amour que le Roy porte à ses pays de Brabant, Flandres, Hollande, Zellande et autre de par-delà, és quelz il a esté né, nourry et esleué, il a já pieçà cherchié moyens pour les mectre en seureté, en bonne paix et repos perpétuel.

Pour à ce paruenir n'a trouué meilleur moyen que de gaigner mess Charles de Gheldres et l'attraire à soy par mariage ou autrement.

A cas qu'il ne l'a pieçà fait, il a souffert et porté grans et innumerables fraiz, et ses subgectz ont eu dommages infinis.

(1) Il me reste à payer un tribut d'hommages et de reconnaissance à M. le docteur Coremans, qui a tiré du néant, et classé avec un talent admirable le magnifique dépôt des archives allemandes confié à ses soins. Sans lui, sans ses sages conseils, sans ses précieux renseignements, sans son obligeante bonté, jamais je n'aurais pu entreprendre ce travail, Encore une fois qu'il reçoive ici l'expression de ma gratitude.

Et encoires pour le présent, le Roy se troaue fort anuyé et troublé par led' messire Charles de Gheldres, à cause des nouuellitez qu'il lui fait continuellement et sans cesser, tant en Frise comme autre part; à quoy il a regret, de tant plas pour ce que, en son absence, il n'y peult bonnement pourueoir si prestement ni si tost qu'il vouldroit.

Le Roy auoit pieçà trauaillé et trouué moyen de gaigner led' messire Charles par mariage, ainsi que mad dame scet; mais Dieu ne l'a vollu, ou aucunes gens pour leurs passions, ou pour leur singulier prouffit l'ont empeschié jusques à présent.

Le Roy continuant en son bon désir de gaigner led' de Gheldres et l'attraire à son seruice, et tant faire qu'il abandonne les Franchois, congnoissant que ce seroit le plus grand bien et prouffit pour luy et ses pays de par-delà qui pourroit auenir, a fait tenir quelque parolle aud' de Gheldres de lui consentir à femme madame Caterine, sa sœur.

Au moyen de quoy, lesd" pays seroient en paix et seureté perpétuelle et n'auroient voisin qui les peust facilement nuyre, ne contre lequel ilz ne se deffendissent bien.

Toutesuoies, de faire présentement le mariage dud' messire Charles auec lad dame Caterine, seroit chose assez difficile, veu qu'elle est ancoires bien jeusne, et fait à doubler qu'il ne vouldroit attendre tant qu'elle feust en eage et preste à marier. Aussy il y aura bien à faire de l'oster d'auec la Royne, sa mère, et fait à craindre si l'en lui oste qu'elle n'en aura de pis, considéré l'estat en quoy elle est.

» Par quoy, il semble au Roy que si mad dame de Sauoye lui vouloit faire ce bien et à ses pays de consentir à se marier auec iceluy messire Charles, il seroit pourueu et remédié à tout, veu que prestement led' mariage se pourroit faire; en quoy faisant, madame feroit au Roy le plus grand plaisir et prouffit à ses pays de par-delà que jamais personne sauroit faire ne que jamais mère ne pourroit faire à filz.

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