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chapitre tenu à Marienbourg en 1442 par le Grand-Maître Conrad d'Erlichshausen, on régla la maniere dont les prêtres devoient faire les obseques et autres services, à la mort du GrandMaître; et on ajouta que chaque chevalier (Ritter-Bruder) et chaque Gromentler (c'està-dire chaque porteur de manteau gris) réciteroient 100 Pater et Ave les jours que l'on feroit un service pour le Grand-Maître 7). Le passage rapporté par Lucas David et par Léon, est vraiment précieux; sans ce passage, quelle que soit la valeur du statut dont il est tiré, on

chaque membre de l'Ordre, si un pareil réglement a jamais pu avoir lieu, et celle de l'habillement de la plus nombreuse classe des freres, sont des objets plus essentiels que beaucoup d'autres dont parlent les statuts de ce Grand- Maître, qui ont été reconnus et avoués par l'Ordre.

7) Und itzlicher Ritter-Bruder und Gromentler vor itzliche vorgenante tzeite hundert pater noster und Ave Maria sal sprecheu, also weit als unser Orden ist. Ceux qui connoissent la maniete d'écrire des anciens, qui modifioient l'ortographe suivant la prononciation vicieuse du tems, ne seront pas plus surpris de voir gro pour grau, que de voir sal pour soll. On appelloit les freres servants, les manteaux gris, parcequ'ils en portoient effectivement, comme on avoit appellés à Paris les religieux serfs de Ste. Maria, les Blancs-manteaux, parcequ'ils portoient des manteaux des cette conleur: nom qui est resté à leur maison quoiqu'elle ait été habitée successivement par des Guillelmites et des Bénédictins qui en portoient de noirs.

auroit eu peine à expliquer ce que cétoient que les Gromentler, dénomination sous laquelle les freres servants ont été oommunément désignés.

On conserve aux archives de Mergentheim, le fragment d'un état du Eaillage d'Alsace, contenant, non seulement l'énumération des biens et des rentes qui lui appartenoient, mais encore la liste des personnes qui le composoient: cet état fait sous le commandeur provincial Jean de Ketz, est de la fin du quatorzieme siecle. On voit dans le fragment qui en reste, qu'il y avoit à la Commanderie de Buykem (aujourd'hui Beuggen) quatorze freres; à savoir six chevaliers, sept prêtres et un Gromentler. Le Commandeur provincial habitoit alors la Commanderie de Freybourg; il s'y trouvoit en outre, un chevalier, trois prêtres, et un frere Gromentler. A Suntheim, il y avoit quatre freres, dont trois prêtres et un Gromentler. Ils sont tous désignés par leurs noms et surnoms.

On nommoit encore les freres servants Graumentler du tems du Grand - Maître Walther de Cronberg, Le chancelier de la ville de Cologne demanda qu'on reçût son neveu dans l'Ordre, dans la classe des prêtres du Baillage de Coblence, sans qu'il fût obligé de prendre les ordres sacrés, et par conséquent, comme simple clerc; et le pere du jeune homme offrit 1202 florins d'or pour sa réception. Le Commandeur Provincial Walther de Heusenstein envoya la proposition au Grand-Maître qui lui répondit par un rescrit du 28. d'Octobre 1534. Le sage Cronberg rejette d'abord l'offre des 1200 florine

Arch. de

Merg.

d'or, comme simoniaque et contraire aux statuts: il témoigne ensuite, que la demande de recevoir ce jeune homme dans la classe des ecclésiastiques à l'instar des Gra umentler, c'est-àdire sans être ni chevalier ni prêtre, lui est très-suspecte 8): il craint que cette démarche ne couvre quelque dessin contraire à l'Ordre, et que le jeune homme aidé de la protection que son oncle et son pere pouvoient avoir, ne cherche à s'emparer d'une Commanderie, telle que celle de Malines ou de Berg, comme cela est arrivé, dit-il, avec le Commandeur actuel qui est un Graumentler. Cependant comme le Grand- Maître avoit des raisons, de ne point se brouiller avec le chancelier de Cologne, il se propose, dit-il, de lui mander, que ne pouvant recevoir son neveu dans le Baillage de Coblence, où il y avoit déja un assés grand nombre des freres, il le recevroit en qualité de Graumentler dans celui de la Franconie: à cause, ajoute-t-il au Grand-Commandeur, qu'il n'y avoit pas les mêmes inconvénients à craindre 9).

On voit que le jeune homme auroit voulu être reçu dans la classe des ecclésiastiques du Baillage de Coblence, sans être obligé de re

-ce

8) Das er gleich einem Graumentler weder zu Ritter noch Priester Bruder solt auffgenome.

9) So wollen wir in als ein Graumentler zu uns, in die baley Frangken nome,

cevoir les ordres sacrés, à l'instar des freres servants qui n'étoient ni chevaliers ni prêtres, et que le Grand - Maître ne vouloit le recevoir que comme un véritable Gr a umentler, c'està-dire, frere servant dans le Baillage de Fran conie. Le chancelier persistant à demander que son neveu fût reçu dans la classe des ecclésiastiques du Baillage de Coblence et qu'il fût dispensé de recevoir les ordres sacrés, le GrandMaître lui répondit le 28. de Février 1535: Arch. de qu'il ne pouvoit acquiescer à sa demande qui Merg. étoit contraire aux regles de l'Ordre: mais que, si son neveu vouloit y entrer comme prêtre, ou pour être prêtre, il pouvoit s'adresser selon l'uge, au Commandeur Provincial, à qui il avoit donné l'ordre de le recevoir.

Ce rescrit du Grand-Maître, dont je n'ai tiré que ce qui a rapport aux freres servants, fait voir jusqu'à quel point le désordre s'étoit introduit dans les corps religieux, à l'époque de l'établissement de la nouvelle doctrine en Allemagne. On peut aussi juger par ce rescrit, que le Baillage de Coblence étoit en quelque sorte, dans un état de désorganisation, puisque tout y étoit confondu; mais qu'en revanche, celui de la Franconie étoit resté intact. Il a certaine ment fallu bien du zele et de la constance au Grand - Maître de Cronberg et à ses successeurs, pour raffermir l'Ordre après de pareilles se

cousses.

Après ce que l'on vient de voir, il ne peut pas rester de doute sur l'existence d'une classe de freres servants d'armes dans l'Ordre Teutonique, semblable à celle qu'il y avoit dans l'Or Tome II.

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tom. 2. P. 419.

des Templiers, de même qu'à celle qui existe encore aujourd'hui, dans celui de St. Jean de Jérusalem, ou de Malte. Cette derniere remarque peut même servir de preuve; car, si l'on confrontoit la regle de ces trois Ordres, on verroit qu'ils ont été essentiellement constitués de la même maniere. On ne doit donc plus être surpris de ce que, selon Waissel, le Grand-Maître Sigefroi de Feuchtwangen, ait donné l'habit, dans un chapitre qu'il tint à Christbourg, à soixante- une personnes qui n'étoient pas toutes nobles, mais de bonne conduite et réputation: il est même vraisemblable que le nombre de ces derniers qu'on reçut, étoit beaucoup plus considérable que celui des chevaliers, puisque nous verrons que leur classe étoit extrêmement nombreuse. Ce passage de Waissel rapporté par Baczko, est remarquable en ce qu'il fait voir que, c'est mal-à-propos, que l'on a qualifié les freres servants de basse noblesse, puisqu'il dit qu'ils n'étoient point nobles. Léon rapporte aussi, que le Grand-Maitre Winrich de Kniprode reçut, non seulement Pruss. p. des nobles, mais encore des plébeïens, c'est le terme dont il se sert; qui étoient des hommes vertueux et pour lesquels il avoit la plus grande considération: ce récit fait honneur au GrandMaître; car c'est un devoir d'honorer le mérite dans quelque classe de personnes qu'il se trouve: on voit encore par ce passage, que ces sujets qui méritoient la considération du Grand-Maitre, et qui étoient probablement très - utiles à l'Ordre, étoient des freres servants qui n'étoient point nobles. Il en est de même de ce que

hist.

168.

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