,,dans le sien après avoir rendu l'habit aux fre,,res qu'il a abandonnés, il doit sortir de celui ,,dans lequel il s'est réfugié pour entrer dans un ,,autre Ordre (c'est-à-dire, dans un Ordre re,,ligieux, autre que ceux des Templiers, des ,,Hospitaliers et des Teutoniques) 6). Cepen,,dant, malgré que, pour la paix et la tranquil,,lité de votre Ordre, qui auroit pu être grave. „ment troublé par frere Gérard de Malberch ja,,dis votre Maître, s'il y étoit demeuré, nous ,,ayons bien voulu souffrir qu'il passât chés les ,,Templiers et qu'il prit leur habit; afin pour„tant qu'il n'en puisse résulter aucun préjudice „par la suite, pour votre Ordre, nous défen,,dons sérieusement par l'autorité des présentes, "qu'aucun de vos freres ne présume dorénavant ,,de passer chés les Templiers; ni qn'aucun ,,d'eux y passe avec le frere susdit (Gérard de ,,Malberch) excepté ceux qui lui ont encore ad„héré après qu'il vous à eu résigné son magis,,tere, et qui vous présenteront des lettres de ,,notre part, contenant la permission d'y pas

6) Cet article est très- obscur; je crois pourtant d'en avoir saisi le sens. Le passage: après avoir ren„du son habit aux freres qu'il a abandonnés“ s'explique par les statuts des Templiers. C'étoit un crime d'abandonner l'Ordre pour entrer dans un autre, à moins d'en avoir obtenu la permission du chapitre; mais le crime étoit encore bien plus grand, si celui qui abandonnoit l'Ordre emportoit son habit, et ne le renvoyoit pas immédiatement après sa sortie. On peut juger par les expressions de cette bulle, qu'il en étoit de même chés les Hospitaliers et chés los Teutoniques.

,,ser Cet bulle est terminée par la formule inhibitoire et comminatoire ordinaire 7).

7) On trouvera les copies de ces cinq bulles à la fin du volume num, XI. où elles sont rangées dans le même ordre que je les ai employées: c'est au zelə de Mr. le conseiller intime et intendant des archives Polzer, pour tout ce qui regarde l'Ordre et nommément pour la perfection de son histoire, que j'en dois la connoissance : ne trouvant dans les archives, qu'une seule piece qui prouve l'existence de Gérard de Malberg, et désirant de me procurer des connoissances plus amples à son sujet, il s'est adressé à Rome à mon insu, pour y faire faire des recherches dans les archives: il en a fait venir à ses propres frais, les copies authentiques des cinq bulles susdites, ainsi que la copie de la lettre de l'Empereur Frédéric II. au Pape Innocent IV. et celle de l'investiture de la Prusse, que celui-ci a donnée au Grand - Maître Gérard; il m'a d'abord communiqué ces précieux documents pour être employés dans le présent mémoire, et les a ensuite déposés aux archives de l'Ordre. Ceux qui savent combien il est heureux pour un auteur qui cherche la vérité, de trouver le moyen de l'établir solidement, jugeront facilement de l'étendue de ma reconnoissance pour un procédé aussi noble, et pour les connoissances importantes dont Mr. Polzer a enrichi l'histoire de l'Ordre. C'est ici le lieu d'observer que Jacques Bosio, frere servant de l'Ordre de St. Jean de Jérusalem, et qui en a écrit l'histoire, fait mention de Gérard de Malberg qui ayant quitté la GrandeMaîtrise de l'Ordre Teutonique, entra, dit-il dans celui des Templiers (premiere partie liv. 10.). Il parle de la bulle que nous avons rapportée num. 4. relativement au nouveau sceau que Malberg avoit fait faire et il en rapporte la date; on peut

Voilà les titres; voici les conséquences qu'il semble qu'on peut en tirer. Il paroît certain que l'abdication de Malberg n'a point été volontaire: elle a eu lieu, non à Acre, dans la maison chef-d'Ordre, mais dans la forteresse de Monfort: après avoir abdiqué, il s'est réfugié chés les Templiers, et s'est fait faire un nouveau sceau de la Maîtrise de l'Ordre Teutonique, preuve certaine qu'il n'avoit rendu que malgre lui, celui qu'il avoit eu légitimement auparavant. En rapprochant les circonstances contenues dans les différentes pieces que l'on vient de voir, il semble que l'on peut dire, que Gérard de Malberg que nous regardons pour avoir été le successeur de Conrad de Thuringe, s'est d'abord très-bien conduit, et a mérité la bienveillance de l'Empereur et du Pape: on connoît les démêlés que l'Empéreur Frédéric II., a eus avec le Pape Grégoire IX.: celui-ci étant mort, Célestin IV. ne parut que quelques jours sur le trône Pontifical, qui fut occupé par Sinibald de Fiesque sous le nom d'Innocent IV. Sinibald étoit l'ami de Frédéric qui, apprenant son élection, en témoigna du chagrin en disant que d'un Cardinal ami, il deviendroit à son égard un Pape ennemi. Dès que l'Empereur fut instruit de l'élevation d'Innocent IV., il lui envoya une ambassade solemnelle dont Marprurc que nous croyons être le même que Malberg étoit le chef; Frédéric étoit

présumer que cet écrivain avoit également vu les autres dont nous avons parlé, qu'il aura trouvé aux archives Romaines, en faisant des recherches pour son ouvrage.

trop bon politique pour ignorer le principe qui est passé en proverbe: si vis mittere mitte gratum: c'étoit une mission importante, car on voit par la lettre dont les ambassadeurs furent chargés, qu'il s'agissoit moins de féliciter le Pape, que de l'engager à être favorable à l'Empereur. Malberg sut en effet mériter les bonnes graces du Pape, si l'on en juge par les faveurs qu'il en obtint pour son Ordre: ce fut le premier d'Octobre de la même année que le souverain Pontife lui donna l'investiture de la Prusse: cet

à la vérité, étoit encore plus favorable aux intérêts de la cour de Rome, qu'il ne l'étoit à ceux de l'Ordre: mais le 9. de Février de l'année suivante, Innocent donna cette bulle que nous avons rapportée plus haut, par laquelle il permettoit au Grand-Maître et au chapitre, de faire à la regle tous les changements qu'ils croiroient utiles; et c'étoit une véritable faveur, et même très-précieuse pour l'Ordre.

Après avoir si bien débuté, Malberg passa en Palestine, où il tint une conduite toute opposée: nous ne savons point à la vérité, quelles fautes il peut avoir commises, mais on peut les juger d'après les suites qu'elles ont eues. Nous disons qu'il passa en Palestine, parcequ'elle fut le théatre des désordres qu'il occasionna: la bulle num. 2 où le Pape parle de la justification du Maître et des freres qui étoient outre-mer, prouve que c'est avec eux que Malberg a eu des difficultés; et son abdication dans le château de Monfort qui étoit une forteresse des Teutoniques dans la Terre - Sainte, en est une autre preuve.

v. la note 2. du cha

pitre 1.

et

En examinant les bulles que l'on vient de voir, il semble que Malberg a été déposé par le chapitre qui lui a donné un successeur, que Malberg et ses partisans, ont calomnié non seulement les freres qui leur étoient opposés, c'est-à-dire, la saine et la majeure partie des freres, mais le Grand-Maître même, qu'on avoit élu à sa place: c'est ce que paroît indiquer particuliérement, la bulle num. 2. adressée aux Précepteurs et à tous les freres, ainsi que celle num. 3. adressée aux Archevêques, Evêques etc. Dans lesquelles le Pape dit: audita innocentia dilectorum filiorum Magistri et Fratrum etc. s'il n'y avoit point eu un Grand - Maître élu avant l'abdication de Malberg, le Pape n'auroit dù parler que des freres en général. Il est donc vraisemblable que le chapitre de l'Ordre a déposé Malberg et lui a donné un successeur, que Malberg n'a pas voulu se soumettre, et que cette affaire a été portée devant le St. Siege, où Malberg et ses partisans n'auront pas manqué de calomnier le nouveau Grand - Maître ainsi que les freres qui l'avoient élu: c'est au moins, ce qui arrive ordinairement dans les schismes où l'animosité et par conséquent l'injustice sont toujours portées au plus haut point 8). Le Pape jugea que Malberg étoit cou

8) Les Comtes de Reuss - Plauen se plaignirent vivement des Teutoniques à cause de la déposition da Grand - Maître de ce nom, arrivée en 1413: ils avancerent entre autres choses, que jamais GrandMaître n'avoit été déposé. Les ambassadeurs de l'Ordre au Concile de Constance adresserent un