Imágenes de páginas
PDF
EPUB

De l'abdi.

cation an

emplois.

Stat. chap, 18.

́A la réserve de la dignité du Maître d'Allenuelle des magne, et de celle du Maître de Livonie, qui devinrent en quelque sorte, permanentes dans les derniers tems, tous les emplois dont nous avons parlé, étoient non seulement amovibles, mais ceux qui en étoient revêtus, étoient obligés de s'en démettre tous les ans, entre les mains de leurs supérieurs respectifs: après ce tems révolu, personne ne pouvoit plus gérer l'emploi qui lui avoit été confié, qu'en vertu d'une nouvelle nomination, dont l'effet ne s'étendoit jamais au de-là d'une année. Il arrivoit de-là, que quelqu'un qui avoit rempli une charge importante, pouvoit être réduit à l'état de simple frere conventuel, ou qu'il passoit quelquefois d'un emploi considérable, à un autre qui étoit moindre. Des changements de cette nature avoient certainement lieu quand quelqu'un se conduisoit mal, ou qu'il ne remplissoit pas sa charge au gré de son supérieur. On voit aussi, que les personnages les plus méritants passoient quelquefois, d'un emploi trèsélevé, à un moindre, quand le supérieur jugeoit qu'un pareil changement pouvoit être utile à l'Ordre: l'histoire en fournit plusieurs exemples, nous n'en citerons que deux qui sont très - remarquables. Conrad de Thierberg qui s'étoit conduit avec une grande distinction comme Maréchal, fut nommé Maître provincial de la Prusse: il acheva avec beaucoup de gloire la conquête de ce pays en cette qualité

sultoit que ceux-ci de celles pour les quelles on assembloit les Rathegebietiger.

qu'on lui ôta cependant, pour lui rendre celle de Maréchal; on crut apparemment, qu'il pourroit rendre encore, de plus grands services à l'Ordre', lorsqu'il ne seroit plus occupé que du commandement de l'armée. Conrad de Feuchtwangen après avoir été Maître de Prusse et de Livonie, devint commandeur provincial de Franconie, et fut ensuite élevé à l'éminente dignité de Grand - Maître. Personne ne murmuroit de ces changements, parceque l'abdication annuelle rappelloit sans cesse aux freres, qu'en vertu de leur voeu de désappropriation, ils n'avoient aucun droit à la chose, et que celui de l'obéissance étoit pour eux une loi sacrée qui les obligeoit de se soumettre à la volonté de leurs supérieurs.

Il ne suit pas de ce que les emplois étoient amovibles, qu'on les changeât tous les ans; nous voyons au contraire que les emplois ont été souvent, pendant longues années, dans les mêmes mains: il y a même apparence qu'on les changeoit rarement, à moins que ce ne fût pour faire passer un bon sujet d'un emploi in- férieur à un plus considérable. Quand un Maréchal commandoit les armées avec gloire et avec succés; quand un commandeur gouvernoit avec sagesse la ville, qui lui étoit confiée, et qu'il la défendoit courageusement dans l'occasion; quand enfin celui qui étoit à la tète d'un hôpital, y faisoit servir les pauvres et les malades avec zele et avec charité, que pouvoit on faire mieux que de les laisser en place, d'ailleurs leur conduite n'avoit rien de repré hensible? Cette abdication annuelle n'en étoit

si

32

pas moins une institution d'une grande sagesse, qui ne pouvoit manquer de produire les meilleurs effets. Le frere naturellement desireux de conserver sa place s'efforçoit de la remplir au gré de ses supérieurs, et d'avoir une conduite qui le mit à l'abri de tout reproche: c'étoit le seul moyen de garder son emploi, ou d'en obtenir un plus considérable. L'abdication annuelle, étoit donc un frein puissant pour contenir les Commandeurs et autres employés dans le devoir.

Comme on a vu ailleurs, qu'il est hors de doute, que la plupart des Grands - Maîtres ont été des hommes de mérite et bien intentionnés pour le maintien de la discipline, on doit nécessairement en conclure, qu'il falloit que les employés de l'Ordre, fussent extrêmement réglés et circonspects dans leur conduite, pour ne point perdre les places qui leur étoient confiées: quand-même on supposeroit que les Grands - Maîtres, ou d'autres supérieurs n'ont pas toujours été eux-mêmes, tels qu'ils auroient dû l'être, on n'en seroit pas moins autorisé à tirer la même conséquence; car on n'ignore pas que les personnes les moins exactes, sont souvent les plus exigeantes à l'égard des autres. Enfin, si l'on fait attention que, depuis la confection des statuts de Werner d'Orselen en 1329, les Grands - Maîtres ont eu un surveillant dans la personne du Maître d'Allene se persuadera pas aisément, magne, on qu'ils aient été assés ennemis de leur repos et de leur gloire même, pour s'attirer de fàcheu

ses

ses affaires, en tolérant le désordre qu'il leur étoit si facile d'arrêter. Ces réflexions nous menent à une conclusion très - naturelle: c'est que, quand-même on n'admettroit pas que les commandeurs et autres employés, ont toujours été guidés, comme ils devoient l'être, par des principes religieux, on ne pourroit douter que l'intérêt personnel, dont les hommes ne se dépouillent jamais entiérement, leur auroit tenu lieu de vertu, pour les engager à se conduire d'une maniere irréprochable.

Si l'on est forcé d'admettre cette conséquence de quel oeil doit on voir les plaintes et les clameurs des Polonois, des rebelles de la Prusse, et de tant d'écrivains qui ont été intéressés à les propager? A les en croire, il n'y avoit pas de vexations ni de désordres, que les chevaliers ne commissent impunément: mais nous osons nous flatter d'avoir réfuté victorieusement toutes ces calomnies dans l'histoire de l'Ordre, en en dévoilant les principes et les motifs. Comme ceux qui liront ce présent ouvrage, ne connoîtront peut-être pas l'histoire, dont il est une suite, nous nous contenterons, pour ne pas sortir du sujet, d'en rappeller un seul trait qui prouve que nous ne nous sommes pas trompés en tirant les conséquences qui dérivent de la sage constitution de l'Ordre: ce trait est l'aveu même des députés de la Prusse, à la tête des quels se trouvoit Stybor de Baisen Gouver neur de la Prusse Royale pour la Pologne, et qui avoit été un des principaux chefs de la révolte des Prussiens contre l'Ordre Teutonique.

[blocks in formation]

Conséquence qni en dérive.

Les députés des provinces et des villes de la Prusse Royale s'étant assemblés en 1466 à Marienbourg, Baisen chef de ces députés, et portant la parole en leur nom, se plaignit amérement, aux commissaires du Roi de Pologne, de ce qu'il se commettoit, des actes de violence, dont on n'avoit jamais oui parler pendant que le pays étoit sous la domination de l'Ordre Teutonique. Les commissaires ayant demandé quels étoient les désordres dont on se plaignoit; Baisen qui, en qualité de l'un des chefs des rebelles, avoit dit cent fois au Rois de Pologne, que le peuple ne pouvoit plus souffrir les horribles vexations des Teutoniques, afin de l'engager à soutenir la révolte; Baisen cita aux commissaires du Roi la violence commise par un gentilhomme polonois qui avoit chassé un Prussien de sa maison; à quoi il ajouta; que c'étoit une chose inouie dans le pays; et que, si une des premieres personnes de l'Ordre (ein Gebietiger) en avoit fait autant pendant que toute la Prusse étoit soumise aux Teutoniques, le coupable auroit été dépouillé de son emploi, et puni rigoureusement. Ce témoignage ne peut être révoqué en doute 17). Si l'on joint ces réflexions à

[ocr errors]

17) Schutz (édit. Germ. fol. 332 vers et s.) j'ai déja parlé de cet aveu remarquable, nommément à la pag. 166 et s. du 7eme tom. de l'hist., où l'on trouve en note, le texte de Schutz qui passe avec raison, pour le premier des anciens historiens de la Prusse. Si les ennemis de l'Ordre se sont permis de répéter mille fois les mêmes calomnies, on ne doit pas être surpris que je répéte aussi les preuves incontestables qu'ils nous ont données eux mêmes de leur mauvaise foi.

« AnteriorContinuar »