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NOTES

DU SECOND TOME.

NUM. I.

Le renvoi est à la note 2. du chap. XIII,

Simon Grunau a fait l'énumération des emplois

de la Prusse, du tems du Grand-Maître Conrad de Jungingen; c'est-à-dire, dans le tems de la plus grande splendeur de l'Ordre: il a été suivi par la plupart des historiens de ce pays. Cet écrivain et ceux qui l'ont copié ne comptent que vingt-huit Commandeurs de villes et quarantesix Commandeurs de forteresses (Hauskom pthur) dans la Prusse et la Poméranie de Dantzig qui est presque toujours comprise sous le nom général de Prusse; ce calcul est évidemment fautif. Après avoir omis deux des Grand-Officiers de l'Ordre, et le Commandeur du pays de Culm, Grunau donne une liste des emplois subalternes, dans laquelle il désigne le nombre de personnes qui les occupoient : c'étoient des Hospitaliers, des proviseurs, des Baillis, des maîtres des cuisines et des caves, des maîtres de la pêche et des moulins etc. On pourra juger par ce qui suit, qu'il

n'y a aucune foi à ajouter à un écrivain qui a fait de si grandes fautes: cependant nous serons obligés de parler en détail de ces différents emplois, parceque c'est la seule base, toute fautive qu'elle soit, sur laquelle nous pussions tabler.

Grunau donne aussi une liste des couvents de la Prusse; nous ne la rapportons que pour faire voir que cet auteur, qui a été presque généralement suivi, étoit si ignorant sur ce qui regardoit l'Ordre, qu'il ne mérite aucune croyance. Il fait la distinction des couvents complets et des demi-couvents; c'est-à-dire, de ceux qui avoient douze freres laycs et de ceux qui n'en avoient que six. Je crois qu'il a été trompé par d'anciennes dénominations, qui s'étoient perpétuées, et qu'il faut entendre par-là, des couvents plus nombreux les uns que les autres, sans chercher à connoître le nombre précis des personnes qui les composoient : il est probable que dans le tems où l'Ordre a eu le plus besoin de sujets, les couvents ont été extrêmement nombreux. Suivant cet écrivain (v. Hartknoch A. und N. Preuss. pag. 615.) il y avoit quatre couvents à Marienbourg, deux à Königsberg et deux à Thorn. Les villes d' Elbing et de Dantzig avoient chacune deux couvents complets et un demi-couvent: il n'y avoit qu'un demi- couvent à Pauzig et l'on voyoit un couvent complet dans chacune des villes suivantes; savoir: à Schaken, à Labiau, à Tapiau, à Brandenbourg, à Balga, à Ragnit, à Barten, à Mewe, à Schlockaw, à Schwetz, à Althaus, à Birgelau, à Golub, à Strasbourg, à Bretchen, à Reden, à Christbourg, à Holland, à Morungen, et à Osterode, ce qui, en y comprenant

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les demi-couvents c'est-à-dire, ceux qui étoient moins nombreux, faisoit un total de trentecinq; le même Grunau (ibid. p. 612.) donne une liste des Commandeurs de la Prusse, qui n'en contient que vingt-deux. Cette liste est évidemment fautive: il ne nomme pas de Commandeur à Marienbourg où, selon lui il y avoit quatre couvents: en supposant que deux de ces couvents aient eu pour supérieurs le Grand-Commandeur et le Trésorier, il en restoit encore deux qui, selon toute apparence, auroient dû être présidés par des Commandeurs; à moins qu'on ne suppose que l'un deux n'étoit habité que par des prêtres et gouverné par un prieur. Il faut encore remarquer qu'il met dans sa liste, six Commandeurs : ceux de Graudentz, d'Ortelsbourg, de Licke, de Papau, de Rein, et de Memel dans des villes où il ne comptoit pas de couvents; tandis qu'il omet les Commandeurs de Schacken, de Tapiau, de Barten, d'Althaus, de Birgelau, de Golup, de Bretchen, et de Morungen où, selon lui: il y avoit des couvents. a déja dit que cet écrivain ne parle pas du Commandeur du pays de Culm, et l'on voit qu'il ne place pas de couvent dans la ville de ce nom: cependant Hartknoch (ibid. p. 616.) nous apprend qu'il s'y trouvoit beaucoup de freres de l'Ordre.

On

On est certain par le traité de 1466 qu'il y avoit alors cent six villes ou forteresses en Prusse: mais supposons, ce qui n'est pas vraisemblable que trois ont été bâties depuis le magistere de Conrad de Jungingen, il s'en trouvoit cent trois du tems de ce Grand-Maître, c'est ce que rapportent tous les historiens; et toutes ces villes

étoient fortifiées.

Or dans un gouvernement

militaire, et dans un pays où l'on couroit à tous moments, le risque d'être attaqué, on peut regarder comme un fait certain qu'il n'y avoit ni ville ni forteresse qui n'eût un commandeur ou un Haus-Compthur ce qui signifie proprement, commandeur de château, Chacun d'eux devoit avoir sous ses ordres, pour faire respecter son autorité et pour le besoin du service, si non toujours des chevaliers, au moins un certain nombre de freres servants d'armes, et un plus grand nombre de ceux de la derniere classe (Dienst-Knechte ou soldats) soit que ces derniers fussent des demi-freres, ou des familiers soldés, ou enfin qu'ils servissent in caritate, comme on l'expliquera ailleurs, ils devoient être entretenus et nourris par l'Ordre. On peut juger par différents passages de l'histoire, que chaque ville avoit un château, ou qu'il y avoit au moins, un quartier séparé, où les freres demeuroient ensemble: c'étoient donc autant de couvents dont le commandant de la place, étoit le supérieur tant militaire que religieux. La regle ayant encore toute sa force, les freres devoient vivre et être gouvernés d'après elle: on y faisoit par conséquent, l'office de l'église, pour que tous pussent y assister; ils recevoient leurs vêtements de la Traperie, et tous, mangeoient ensemble, suivant la classe dont ils étoient; cette maniere religieuse de vivre étoit autant commandée par l'économie que par les statuts: il y avoit donc autant d'économes ou de Maîtres d'hôtel, ainsi que d'autres employés nécessaires, qu'il y avoit de ces couvents,

Lucas David nous apprend que toutes les places de la Prusse étoient bien approvisionnées du tems du Grand-Maître Conrad de Jungingen; il y avoit donc des freres qui étoient employés tant à la formation des magazins, qu'à leur garde. Il n'y avoit pas de place qui ne dût avoir son arsenal: c'étoit l'époque où l'on faisoit en même tems usage des deux especes d'armes; des anciennes, et des armes à feu; ces dernieres n'étant pas encore assés multipliées ni perfectionnées pour que l'on ne fût pas obligé de se servir encore des anciennes. Dans chaque ville, outre l'artillerie qui étoit nombreuse pour le tems, et les anciennes machines qui servoient à l'attaque et à la défense des places, on devoit avoir de quoi armer au besoin, non seulement les habitants des villes, mais encore les milices de la campagne. Le Grand-Maitre Conrad de Jungingen avoit défendu le port des armes dans les voyages, à tous ceux qui n'étoient pas gentilshommes: cette défense fait présumer qu'on ne laissoit pas d'armes au peuple dont on avoit peut-être, des raisons de se défier. On peut juger par ces détails que l'on pourroit pousser beaucoup plus loin, qu'il devoit y avoir un assés grand nombre de freres dans chaque place; car il n'est pas présumable qu'on ait laissé les magazins et les arsenaux à la garde des habitants des villes; ainsi l'on peut assurer qu'il y avoit autant de couvents que de places fermées dans la

Prusse.

On a dit plus haut, que l'artillerie étoit nombreuse pour ce tems-là, ce qui demande une explication. Non seulement l'Ordre a été

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