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tom. I.

P. 352. et

S.

provinciaux, et plus immédiatement encore, des commandeurs des maisons où ils habitoient. Il est probable que dans les maisons, où il n'y avoit que des prêtres, le supérieur avoit communément le titre de prieur. On a vu dans la bulle d'Innocent IV. de l'an 1246 qu'il qualifie de prieur, le premier ou le supérieur des prêtres de l'Ordre. Lorsque la commanderie de Venise cessa d'être habitée par des chevaliers, elle porta le nom de prieuré. Le titre de prieur se donnoit aussi quelquefois, au premier des prêtres, dans les maisons où il y avoit des chevaliers; outre que nous avons déja fait connoître Jean Baptiste de Basle prieur de la maison de Brindes, où il y avoit un précepteur ou commandeur, on lit dans le nécrologe de la commanderie de Maestricht, que frere Thomas prêtre et prieur à Acre qui étoit la maison chefd'Ordre, étoit mort le premier de Février: on voit aussi dans l'histoire de l'Ordre, que le Pape Innocent IV. avoit permis au prieur de la commanderie de Marbourg, de porter la mitre lorsqu'il célébroit la messe à l'autel qui étoit spécialement dédié à Ste. Elisabeth.

Il n'y a que peu d'années qu'on voyoit encore à la commanderie de Maestricht, un précieux reste de l'ancien régime de l'Ordre; c'étoit le couvent de prêtres; dont nous avons parlé et dont le supérieur portoit le nom de sacriste (Sacrista) c'est-à-dire qui sacris praeest ce nom pourroit être regardé comme le synonyme de prieur; car on lit dans le nécrologe de cette Commanderie qui portoit vulgairement le nom des Joncs: obiit Fr. Joannes

quondam Prior in juncis. Ce couvent dépendoit du commandeur provincial de la Germanie inférieure, ou des Vieux-Joncs, qui étoit en mêmetems commandeur à Maestricht: c'étoit lui qui en nommoit le sacriste ou supérieur, qu'il déplaçoit à volonté, et qui admettoit les jeunes prêtres qui désiroient d'y entrer. Les prêtres du couvent faisoient l'office canonial dans l'église de la commanderie: cette maison que l'on pouvoit regarder comme une espece de séminaire, d'où le commandeur provincial tiroit les sujets pour leur donner les cures qui étoient à sa collation, servoit aussi de retraite aux infirmes et aux vieillards. La Commanderie ayant été détruite, lors du dernier siege qui fit passer Maestricht entre les mains des François, les prêtres sont actuellement dispersés.

Pour ne rien omettre de ce qui regarde les prêtres, nous remarquerons que celui qui étoit pourvu du personat de St. André et de St. Gangulphe à Liege, étoit en cette qualité, capitulaire du Baillage des Vieux-Joncs : il y a encore actuellement des prêtres qui sont capitulaires du Baillage de l'Adige ou du Tyrol. Nous observerons encore, que l'on a quelquefois donné à des prêtres de l'Ordre la qualité de Dom que l'on donne encore aujourd'hui aux moins. Entre quelques extraits que j'ai, concernant la commanderie de Bologne en Italie, il y a une liste des freres qui ont été convoqués au chapitre du 4. d'Avril de l'an 1345, où l'on voit Dompnus Nicolaus sacerdos et Dompnus Enricus de Midemberg sacerdos. On a déja remarqué que la qualité de Dom avoit aussi été

donnée au précepteur de la Lombardie commandeur à Padoue. Voici encore un exemple de cette dénomination donnée à un frere qui ne paroît pas avoir été prêtre', n'étant pas désigné en cette qualité; cet exemple se trouve dans une chartre de l'an 1376, où on lit Dominus E Sched. Dompnus Frater Conradus Monasteri S. M. Abb. Gen Allemanorum de Padua sindicario nomine ....

nari.

Evêques et

clergé sou

Fratris Andreae Generalis provincialis etc. Il est remarquable que l'on a employé en mêmetems, les dénominations de Monsieur, de Dom, et de frere.

Outre les prêtres dont nous venons de parmis à la re- ler, il y en avoit encore d'autres, mais qui n'égle de l'Ordre. toient pas subordonnés à l'Ordre, aussi immédiatement que les premiers; c'étoient les Evêques de Culm, de Pomésanie et de Sambie avec leurs chapitres et tout leur clergé, qui étoient soumis à la regle de l'Ordre Teutonique, dont ils portoient l'habit. Personne ne pouvoit être chanoine, ni être nommé à quelque dignité, ou à quelque bénéfice, soit à charge d'ames, ou non, sans avoir fait profession dans l'Ordre et en porter l'habit 8). Le Grand-Maître,

sans

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la

8) On lit dans les actes du procès commencé pour
canonisation de la bienheureuse Dorothée: Com-
paruit coram
commissariis.... in infirmaria
capituli et canonicorun. Ecclesiae Pomezaniensis,
pro tribunali sedentibus, Religiosus Vir Frater Ar-
noldus de Rosenburgk, professus Ordinis sanctae
Mariae de Domo Teutonica, Cantor Ecclesiae Po-
mezaniensis etc. On voit que quoique chanoines
et même dignitaires, ils portoient aussi le nom de
frere. Lilienthal pag. 128 et s..

qui avoit le droit de visiter ou de faire visiter ces églises par des commissaires, avoit égale ment le droit de postulation et de confirmation pour tous les sujets qui étoient nommés à un bénéfice ou à un emploi ecclésiastique quelconque 9).

Le nombreux clergé de la Livonie fut aussi pendant long-tems soumis à la regle de l'Ordre Teutonique, et en porta l'habit. Pour ne point rappeller ici les longs démêlés dont on peut voir les détails dans l'histoire de l'Ordre, nous dirons sommairement; que le Pape Boniface IX. soumit l'église de Riga à la regle de l'Ordre Teutonique, avec la même sujettion qu'avoient les trois dioceses de la Prusse, dont nous venons de parler; et que Martin V. annulla cette disposition en 1423, à la demande de l'Archevêque et du chapitre de Riga. Cependant le même Martin V., étant mieux informé, revint sur sa premiere décision, en ordonnant provisoirement en 1428, que le clergé de la Livonie fût soumis à la regle de l'Ordre. Cette décision fut suivie de l'assemblée de Walk, où l'Archevêque s'engagea à demander pardon au Maitre et aux chevaliers Teutoniques de la Livonie, pour avoir quitté l'habit de l'Ordre: mais on

9) Ces détails sur les droits de l'Ordre et du GrandMaître sont tirés d'une bulle du Pape Martin V. de l'an 1423, par laquelle il annulla les mêmes droits que Boniface IX. avoit donnés au Maître de Livonie sur l'Archevêché de Riga, et que Martin V. rendit lui-même peu après, comme on va le voir incessamment. V. Cod. dipl. Polon. tom. S.

num. 73.

L'an

convint en même-tems, que l'on continueroit le procès qui étoit commencé à Rome, sur cet objet. Après de nouvelles difficultés, le clergé de la Livonie, s'obligea en 1449 à suivre la regle, et à porter l'habit de l'Ordre: la même chose fut renouvellée à Wolmar en 1451. 1454 le Pape Sixte IV. reconnut que l'église de Riga étoit de l'Ordre Teutonique: et enfin l'an 1537, les ecclésiastiques de la Livonie reconnurent de nouveau l'obligation de porter l'habit de l'Ordre. Ce fut là le terme de ces difficultés toujours renaissantes: le luthéranisme avoit déja fait de grands progrès en Livonie à cette époque, et, comme ils furent toujours en croissant, il détruisit bientot après, et les chevaliers Teutoniques, et tout le clergé de la Livonie. Ce clergé étoit très- nombreux: outre l'Archevêché de Riga, il y avoit dans ce pays les Evêchés de Derpt, d'Oesel, de Reval et celui de Pilten ou de Courlande, qui étoit dans la même cathégorie que les autres, relativement à l'Ordre Teutonique. Indépendamment des Evêques de la Prusse et de la Livonie, les Teutoniques ont encore eu plusieurs Evêques, dont quelques-uns ont été suffragants dans différents dioceses de l'Allemagne. L'Ordre compte aussi au nombre de ses membres, les Cardinaux de Saxe-Zeitz et de Schönborn, morts le siecle dernier, ainsi que Simon Duc de Limbourg; mais il paroît que ce dernier qui fut élevé au cardinalat, à la fin du treizieme siecle, n'étoit que de la classe des oblats, ou des affiliés, quoiqu'il portât le nom de frere.

CHA

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