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mille chevaux (始畢遣特勤康利獻馬千疋).Ce même Cibir envoya encore le Tägin Kutlug (Prince Heureux) à la cour de Chine (始畢使骨咄祿特勤來朝). Folio 18 verso nous lisons qu'en l'an 647, le Khan Ilču Čäpär (?) envoya son fils Šapura Tügin à la cour de Chine (乙注車鼻可汗遣其子沙 *****). Fol. 24 verso nous lisons qu'en l'an 714, le vieux Khan Bikčür envoya son fils Itsü Kagan ainsi que le Tägin Tonga(默啜旣老....遣其子移沮可汗及同俄 ). Fol. 25 verso, le nom de Kül Tägin, fils de Kutlug (†

7), est deux fois mentionné. Il est encore mentionné fol. 28 recto et verso pendant les années 725 et 732 (闕特勤)

Nous savons par l'histoire chinoise que la puissance des Turcs orientaux s'éteigna vers les années 744-745.

Le Khan Ozmiš s'étant enfui, les Basmil le poursuivaient et lui coupaient la tête qu'ils envoyaient à la capitale, quand les Turcs choisirent son frère cadet, le Töre à sourcils blancs, Kütrüng beg comme Khan(拔悉蜜等殺烏蘇米施、傳首京師。其弟 白眉持勒鶻隴匐立,是為白眉可汗。Ibid, fol. 29 recto), C'est ici que Ma Toan-lin parle pour la première fois d'un Töre, ou prince du sang.

Dans son chapitre 344, où il traite des Turcs occidentaux, Ma Toan-lin ne parle que des Töre (fol. 1 verso, 2 verso). Fol. 4 verso il mentionne le Töre Hilik (). Fol. 20 recto, il mentionne le Töre Bagadul, fils cadet du Khan Karang des Kibyi (契苾羽哥楞可汗之弟莫賀咄特勒)

Dans le chapitre 347, Ma Toan-lin traite de l'histoire des Ouïgoures. Fol. 10 recto, An 758, il mentionne le fils du roi Kutčür Töre (E); fol. 15 verso, an 839, il mentionne le Töre Kapsap(); fol. 16 recto, an 841, le Töre

Ogai (烏介特勒) et le fils du roi Urmute(?) Töre(王子嗢 ; fol. 17 verso nous lisons que le frère cadet du

);

Khan, Kalin töre, fut élu comme successeur en l'an 846. (

奉其弟遏捻特勒為可汗). Ensuite il nomme encore le töre Mang), qui fut installé comme Khan en 856 avec le titre Urlug tängridä kut bulmiš Alp Külüg bilgä Hoai-kien Kagan(嗢祿登里邏汨沒蜜施合俱錄毗伽懐建 ). L'objection que l'expression Tägin ne se trouve

pas dans le Pei-wen-yun-fou de l'empereur K'ang-hi, tandis qu'on

y trouve bien le terme

bien plus commun de

Töre, ne prouve rien, car le titre

Kagan ne s'y trouve pas non plus. Du

reste la falsification de tägin en töre avait déjà eu lieu lors de la rédaction de ce dictionnaire, et c'est cette falsification qui a été la cause des dissensions entre les savants d'Europe sur l'emploi des termes tagin et töre.

VARIÉTÉS.

FORMOSE.

L'ile chinoise de Formose, dont les Japonais vont devenir selon toute probabilité les possesseurs, ne nous est connue que par la pénible croisière que nos vaisseaux s'imposèrent le long de ses côtes lors de notre différent avec la Chine. Le court séjour que nous fimes dans l'une de ses baies séjour mortel pour beaucoup des nôtres ne laissa à l'amiral Courbet et à ses marins que de lugubres souvenirs.

Il ne pouvait en être autrement: rien n'avait été organisé pour une longue station à terre. Jamais, non plus, il n'a été envoyé dans l'Extrême-Orient un matériel aussi complet, aussi sagement prévoyant, que celui qui accompagne à Madagascar notre corps expéditionnaire. Mieux préparé pour un débarquemeut fut le petit corps d'armée japonais qui, en 1874, commandé par l'amiral Ito, envahit Formose, malgré les protestations et les menaces terribles d'une Chine indignée, mais impuissante. Cette troupe, déjà à cette époque admirablement outillée pour une campagne, fut aisément victorieuse des tribus sauvages qu'elle était venue châtier; elle revint au Japon n'ayant eu que très peu de malades et d'hommes tués à l'ennemi; elle y revint aussi — à n'en point douter l'idée qu'on l'y reverrait un jour pour prendre possession définitive de l'île chinoise. Tout autre empire que l'empire du Miheu se fût tenu pour averti, mais son immense orgueil n'a pas cessé un seul instant de l'aveugler.

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avec

L'Espagne, qui, par ses archipels des Philippines, des Mariannes et des trop fameuses Carolines, se sent devenir par

| trop voisine des Japonais, a plus d'une raison d'être inquiète. Elle songe, dit-on, au moyen de renforcer son armée et son escadre de l'Extrême-Orient. On ne peut que l'en féliciter, mais ce ne seront ni ses soldats, ni ses vaisseaux de guerre qui empêcheront les naturels de ces possessions magnifigues de lui échapper. Il lui faut employer des moyens plus efficaces et ces moyens sont de se les attacher par la reconnaissance en leur donnant une liberté, une instruction, des droits civiques qui leur ont toujours été refusés. Comme au Paraguay, au temps des anciennes missions des jésuites, c'est l'obscurantisme monacal qui pèse sur ces peuples et qui met sous le boisseau toute lumière qui veut briller. On peut affirmer sans peur d'un démenti qu'il ne faudrait à un Tagale des Philippines pour être l'égal d'un Japonais en savoir et en bravoure, qu'un entraînement semblable à celui auquel ce dernier a été soumis pendant à peine un quart de siècle.

I.

On trouvera Formose Taïwan en Chinois entre 118 et 120 degrés de longitude est, 22 et 25 degrés de latitude nord. Ce territoire fait actuellement partie de la province du Fou-Kien, dont Foutcheou, sur le continent asiatique, est le chef-lieu. Un sous-gouverneur dépendant de cette vice-royauté, réside dans la capitale de Formose. On peut lire à Macao, dans des manuscrits rédigés par d'anciens missionaires et conservés intacts aujourd'hui par M. F. da Silva, que l'île de Taïwan fut découverte par des négo

ciants chinois du Fou-Kien, en 1430; si cette date est exacte, elle prouverait que les navigateurs du Céleste-Empire ont tardé bien longtemps à s'aventurer loin de chez eux 1). Un fait positif, c'est que les Portugais y firent leur apparition première en 1634; émerveillés par l'aspect des montagnes et des volcans qui, la nuit, servaient de phare à leurs vaisseaux, ces grands explorateurs lui donnèrent le nom de Formose (la Belle). Comme dans tant d'autres possessions d'Asie, le Portugal ne put s'y maintenir; l'Espagne et la Hollande vinrent l'y remplacer. La première, après y avoir fondé un établissement plutôt religieux que commercial, dut l'abandonner. Ce fut un malheur pour l'île splendide, car depuis lors, elle est restée, en premier lieu, aux mains de divers grands pirates, puis, au pouvoir du gouvernement de Pékin.

Les mandarins, une fois installés à Taïwan, firent de grands efforts pour en faire disparaître les indigènes; s'ils ne purent tous les exterminer, ils réussirent du moins à en refouler une partie au sud, sur le versant oriental, et au plus haut des montagnes.

Il est tout à fait impossible de fournir un total, même approximatif, de la population de Formose, composée au nord de Chinois immigrants, de Pei-po-wans, indigènes soumis, de Hakkas, descendants des premiers Chinois, conquérants de l'île, et, au sud, de tribus indépendantes et errantes. Les clans méridionaux se sont beaucoup mélangés avec les Célestes, mais ils ont gardé l'habitude de percer leurs oreilles et d'y introduire soit un morceau de bois sculpté, soit un coquillage aux couleurs vives.

Les hommes des tribus féroces des Boutans, des Couscous, des Kowarts vont à peu près nus. Chez celles qui entretiennent des rapports fréquents avec les Chinois, les indigènes sont vêtus d'une jaquette longue brodée et serrée au corps; la partie inférieure du vêtement se compose d'un morceau de drap également orné de broderies faisant le tour des reins et descendant jusqn'à moitié cuisse. La tenue des femmes est modeste, combinée de façon à montrer à leur avantage les formes élancées et gracieuses de leur corps. Dotées de chevelures abondantes,

on les voit les arranger avec beaucoup de coquetterie, non pas, comme on peut le supposer, à la chinoise, mais de manière à rappeler les plus élégants échafaudages des coiffures européennes. Malheureusement elles mâchent sans cesse le bétel, ce qui déchausse leurs gencives et rend rouge leur salive.

Tous les sauvages asiatiques attachent peu de prix à la vie. Ceux de Formose l'exposent tous les jours dans leurs querelles avec une tribu fort nombreuse, les Hakkas, dont la rapacité trahit surabondamment l'origine chinoise. Ces Hakkas possèdent des forces physiques dont leurs rivaux sont dépourvus. Vigoureux, bien formés, l'escalade des montagnes les plus escarpées est un jeu pour eux. Leurs compagnes sont gracieuses et d'une pureté de formes à faire croire aux sculpteurs modernes qu'ils retrouvent en elles la perfection dont la nature a dû doter la première femme Il n'y a, dans ces parages, ni médecins, ni médecines; aussi les enfants qui naissent grêles et chétifs s'étiolent et meurent; ceux qui parviennent à l'âge mûr sont superbes et pleins de vie. Sans les luttes intestines qui les déciment, les centenaires seraient fort communs; les Formosans assez fortunés pour atteindre l'âge de soixante ans combattent et chassent encore comme à la plus belle époque de leur jeunesse.

On comprendra que dans le voisinage de ces tribus guerrières tout le monde marche armé, depuis le laboureur à sa charrue jusque'au petit berger qui garde un troupeau de buffles. Dès qu'un voyageur isolé inspire aux sauvages quelque soupçon, ils l'attendent au coin d'un carrefour pour le percer d'une flèche tirée à longue distance. Indépendamment de leurs flèches, ces sauvages possèdent des épées ou plutôt des sabres aux longues et larges lames; ils ont aussi de vieux fusils à mèche dont ils n'usent que dans les embuscades et jamais à découvert.

Une chaîne de montagnes coupe Formose en deux, du nord au midi. Le point le plus élevé de cette arête volcanique est le mont Morrison, situé au centre de Formose, et s'élevant à 3,600 mètres au dessus du niveau de la mer. L'île offre, au dire des rares naturalistes qui l'ont visitée, toutes les apparences d'une récente

1) Formose fut découverte par les Chinois en 607 de notre ère, comme je l'ai démontré dans le Toung-pao, Vol. VI, pp. 168 et suivantes.

G. SCHLEGEL.

création. Quelques volcans y fument encore: ce n'est qu'aux approches de la mer que la pouzzolane s'est transformée en terre végétale et que disparaissent les roches d'éruption. Il y a de nombreux récifs de coraux enveloppant le littoral d'une ceinture de blanche écume, comme aux Maldives. Quand la marée est basse, ils se couvrent d'une multitude de petits crabes à couleur jonquille, dont beaucoup servent de nourriture aux singes, qui y sont légion.

La faune, comme celle des îles du Japon et des Philippines, ne compte d'autres animaux dangereux pour l'homme que le caîman et le crocodile. Les cours d'eau en sont infestés au point qu'on ne peut y passer à dos de cheval ou dans des embarcations légères. Le buffle sauvage, le cerf, l'axis abondent sur les montagnes et dans toutes les parties couvertes de végétation arborescente. Cette absence de fauves, qui se remarque aussi aux Philippines, est une nouvelle preuve que Formose ne s'est jamais détachée à la suite de quelque bouleversement terrestre du continent asiatique, où les tigres et autres animaux féroces sont fort nombreux. On y voit quelques chevaux de petite taille, mais leur importation est récente; ils viennent de Chine et ne servent de monture qu'aux Européens et à d'obèses mandarins de Takou et de Taïwan Fou

Dans cette île, comme dans beaucoup d'autres îles de l'Océanie, c'est le buffle qui, patient comme nos boeufs, creuse péniblement, à l'époque des pluies torrentielles, le sillon des rizières fangeuses. Quand la récolte est par terre, c'est encore lui qui, sous un soleil ardent, attelé à un chariot grossier, la transporte avec lenteur, mais avec une persévérance admirable, dans les fermes presque toujours éloignées des lieux de culture, et par quelles voies! par des pistes rocailleuses ou traversées de marécages. Le bambou, ainsi que sur le continent occidental d'Asie, est très commun. Dans les rizières formant bouquets, au sommet des montagnes, on voit se dresser son panache flexible, ondoyant sous la brise. Quand un typhon éclate, les fourrés où ces roseaux géants se trouvent en grand nombre s'emplissent de voix graves, mystérieuses, produites par le frottement de leurs tiges creuses. Qu'on s'imagine des milliers de tuyaux d'orgue gonflés par un

vent d'orage, emplissant les profondeurs des forêts tropicales de leurs voix éoliennes. L'aréquier et le cocotier, moins élégants, sont aussi très répandus sur le versant des coteaux. Les fruits, parmi lesquels il faut citer l'orange, la banane, le goyave, sont délicieux et laissent à la bouche une saveur pleine de fraîcheur. Pour l'Européen qui peut se passer de pain et sait le remplacer par un riz étincelant de blancheur, pour celui qui n'a pas besoin de viandes fortes, comme celles du boeuf et du porc, la vie à Formose est facile et d'un bon marché inconnu dans nos régions.

II.

La production la plus importante de Formose est la canne à sucre; elle vient fort bien dans le nord, où les Chinois s'adonnent entièrement à sa culture. Il y a aussi des mines d'or, d'argent et de cuivre très mal exploitées. On y trouve de l'huile minérale à fleur de terre, une houille qui, sans être comme celle de Cardiff, donne néanmoins d'excellents résultats. Un des produits considérables de l'île est l'huile d'arachide; on en fait de nombreux tourteaux pour bonifier la terre; c'est par milliers de piculs que se fabriquent ces bons engrais et qu'ils s'expédient en Chine.

De Formose les jonques exportent aussi à Amoy des cornes de cerf et de buffle, des peaux, des bois parfumés, des huiles de coco renfermées dans de lourdes jarres de grès; il reste des montagnes entières à explorer, des forêts vierges où la hache n'a jamais pénétré.

En dépit de la barbarie dont les aborigènes de Formose ont donné de nombreuses preuves, une mission de dominicains espagnols, des Anglais, quelques Américains, des Allemands, ont osé s'établir sur divers points de l'île; il y a des comptoirs assez considérables à Taïwan, à Takao et à Tamsouï, trois villes importantes du littoral au point de vue commercial. Ce ne sont, en fait, que les succursales des maisons européennes du Fou-Kien dont les sièges principaux sont à Amoy; elles importent des cotonnades, de la mauvaises bimbeloterie et les produits empoisonnés de Bénarès et de Patna.

Il n'est pas inutile de mentionner, surtout en ce moment, qu'en 1872 l'Italie

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