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rées, force est de s'abandonner le lendemain aux douceurs de la sieste. Bref, l'existence, ainsi hachée, n'est pas des plus saines; elle n'est point de nature à stimuler les énergies et à favoriser la prompte expédition des affaires.

Les affaires! Il faut avouer qu'elles ne sont guère brillantes, ce qui suffirait à expliquer ces apparences de vie oisive. D'abord le colon constitue ici une minorité infime. A cela rien d'étonnant, pour peu que le terme soit pris dans son sens étroit. Ce n'est point évidemment dans la capitale qu'il faut chercher le véritable colon, l'homme qui s'adonne à la culture ou à l'élevage. J'ai remarqué pourtant, sur la promenade de l'Inspection, une sorte de ferme modèle, un petit haras subventionné par le budget local et, dans la ville même, un domaine assez étendu, concession accordée, immédiatemeut après la conquête, à un de nos troupiers qui, son congé terminé, préféra rester dans le pays. Le père Colombier, comme l'appellent familièrement les Saïgonnais, n'est jamais retourné en France; il vit à l'annamite, dans une paillotte, et ne se montre guère dans les rues, tout entier à son jardinage et à ses greffes. Il a tenté avec succès l'acclimatation des diverses espèces de caféiers, de cacaoyers, de cotonniers, et il récolte dans

son clos les meilleures bananes et les mangues les plus savoureuses. C'est un type intéressant et point banal, à coup sûr. Le bonhomme, à ses heures, fait largesse et joue les petits manteaux bleus. La ville ayant récemment décidé d'acquérir une partie de la propriété pour exécuter je ne sais quels travaux d'utilité publique, il lui offrit le lot purement et simplement, à titre gracieux. Le terrain, naguère banlieue, enclavé aujourd'hui dans l'un des plus beaux quartiers, avait singulièrement augmenté de valeur depuis trente ans; c'était là un cadeau. de quinze à vingt mille piastres. Saïgon serait heureux de compter beaucoup de colons tels que · le père Colombier.

Quant au commerce, le centre des transactions n'est point ici, mais chez les Chinois, à Cholon. Les maisons européennes de réelle importance sont en très petit nombre: quatre ou cinq, pas davantage. La plus ancienne et la plus puissante est une maison allemande. Le reste se compose de négociants au détail : papetiers, libraires, modistes, coiffeurs auxquels il convient d'adjoindre l'inposante corporation des débitants de boissons plus ou moins apéritives: restaurateurs, cafetiers et maîtres d'hôtel.

MARCEL MONNIER. (Le Temps).

YAMATO-DAMASHI. (L'âme japonaise).

Une dépêche de Yokohama nous apprend qu'un attentat a été comploté contre le marquis Ito, premier ministre de l'empereur du Japon. La nouvelle n'a surpris aucun de ceux qui connaissent un peu ce pays, et était attendue avec certitude par ceux qui l'ont visité au cours de la dernière guerre et après la ratification du traité de Simono-Seki (17 avril-8 mai 1895.

Depuis ce moment le ministre Ito ne dormait pas sur des roses et a dû penser souvent au gril de feu Guatimozin. Les Chinois lui ont bien moins donné de

mal que ses compatriotes, et jamais il n'a été aussi tranquille que pendant la guerre.

Comme leurs modèles préférés, les Américains des Etats-Unis, les Japonais ont vécu plusieurs siècles en quelques lustres. Aux lampes à pétrole ils ont substitué les petites poires électriques, sans se commettre avec le gaz, comme en vingt-deux ans la monarchie constitutionnelle à la plus moyenâgeuse féodalité.

On ne leur a pas donné la liberté de la presse. C'eût été, probablement,

mettre un pistolet chargé et armé aux mains d'un enfant dans une foule. Mais ils y ont suppléé, à l'aveuglette, essoufflés, étourdis qu'ils étaient par cette marche de chasseurs à pied. Leurs universités, auxquelles on n'a pas assuré des débouchés du même calibre que les canaux adducteurs, produisent par centaines des déclassés ou «soshi», qui ne peuvent vivre que de la politique. Ils forment l'armée de chacun des partis qui se disputent le pouvoir; chaque politician», chaque «club », chaque chef de groupe, chaque ministre, le comte Ito lui-même, a les siens. Ils ont pris le nom que portaient autrefois les << samouraïs» et remplissent, dans la vie civile, le même rôle que ces soldats de «l'host», ou de «goum».

Tous ces chasseurs de dollars houspillent le comte Ito et ses collègues de la belle manière. Ils s'étaient tu tant qu'ils avaient espéré une abondante part de la curée chinoise. Mais, quand ce mirage de milliards s'évanouit, ils n'en accusèrent pas une loi aussi inexorable que celle de la pesanteur; ils trouvèrent «le pelé, le galeux d'où venait tout le mal» au lieu du bien qu'on attendait.

Avec ensemble, on accusa le comte Ito (depuis marquis) d'avoir engagé la guerre contre la Chine ponr sortir de l'impasse où l'avaient enfermé les trois dissolutions successives de la Chambre ingouvernable en 1893 en 1894; d'avoir compromis, avec un aveugle égoïsme, le prestige de l'empereur, en le faisant descendre de l'empyrée où la Constitution le place au milieu des dieux ses ancêtres, dans l'arène des lutteurs parlementaires.

Mais le comte Ito (Ito en japonais signifie ficelle) sait à merveille comment se défend un cabinet qui veut garder le pouvoir et comment il se concilie ceux dont il désire l'amitié et le concours. Il le fit bien voir. Il n'ignore pas non plus l'usage de la muselière, et le fit voir également, en suspendant des journaux, en faisant condamner par sa magistrature les promoteurs de « meetings d'indignation». Le domicile japonais étant ouvert à la police jour et nuit, il faisait assister des agents à des soirées intimes où quatre ou cinq députés et hommes politiques jouaient au go en buvant du saké. Cela ne suffit

pas. Alors à toutes les réunions autorisées dont l'esprit inquisiteur, la manie tâtillonne, le besoin, bien japonais, de tracasseries policières s'attelaient au criblage et à l'examen microscopique de ce qui ne les regardait pas, il opposa une fois de plus l'empereur. Celui-ci appuya la promulgation du traité de Simono-Seki du curieux rescrit suivant, le 10 mai 1895:

« Nous avons récemment condescendu à la requête de la Chine, et, en conséquence, constitué des plénipotentiaires que nous avons envoyés conférer avec les plénipotentiaires investis par la Chine et conclure un traité de paix entre les deux empires.

«Depuis lors, les gouvernements de Leurs Majestés l'empereur de Russie et l'empereur allemand et de la République française se sont associés pour recommander à notre gouvernement de ne pas prendre possession permanente de la presqu'île de Feng-Sien, notre territoire récemment conquis, en établissant qu'une telle position permanente serait préjudiciable au maintain de la paix en Orient. « Dévoué, comme nous le sommes inaltérablement, et l'avons toujours été aux principes de la paix, nous n'avons été contraints de prendre les armes contre les Chinois pour aucune autre raison que notre désir d'assurer à l'Orient une paix durable.

<< Actuellement, la recommandation amicale des trois puissances a été également inspirée par le même désir. Consultant, en conséquence, les intérêts les mieux entendus de la paix, et animé par un désir de ne pas attirer sur notre peuple un surcroît de souffrances ou d'entraver les progrès de la destinée nationale en créant de nouvelles complications et, par là même, rendant la situation difficile et retardant la restauration de la paix, nous n'hésitons pas à accueillir une telle recommandation.

«En concluant le traité de paix, la Chine a déjà montré la sincérité de son regret pour la violation de ses engagements, et, par là même, la justice de notre cause a été proclamée devant le monde.

« Dans ces circonstances, nous ne pouvons rien trouver qui diminue l'honneur et la dignité de notre empire si nous acquiesçons aujourd'hui à ce que nous dicte la magnanimité, et, prenant en

considération la situation générale, acceptons l'avis des trois puissances amies.

<< Conséquemment, nous ordonnons à nos sujets de respecter notre volonté, de prendre en soigneuse considération la situation générale, d'être circonspects en toutes choses, d'éviter des tendances fallacieuses et de ne pas affaiblir ou mettre en échec les hautes aspirations de notre empire».

Nettement, la France, la Russie, l'Allemagne étaient signalées à l'animadversion japonaise dans ces phrases dont la confiserie diplomatique n'a pas adouci l'âpreté.

vice militaire dans la maison des chefs («< daïmios » ou «shogoun »). Ce n'est pas un corps de doctrines, comme le Confucianisme, mais l'ensemble des obligations qui constituaient l'honneur et le patriotisme japonais. Un «samouraï » (la plèbe des «nidzokou» ne comptait pas) était tenu de venger son suzerain, son pays, au risque de ses biens et de sa vie, même d'expier de son sang (« harakiri») toute humiliation, toute tache qui leur étaient infligées. C'est pour cela qu'une jeune fille se coupa la gorge à Tokio, après l'attentat d'Otsou contre le tsarevitch. Le rasoir qu'elle employa est exhibé au musée.

Depuis que les « samouraïs» sont devenus les << soshi», seconde manière, Yamato Damashi, passé sous le niveau égalitaire s'est... transformé. Beaucoup de ceux qui l'affirment par de beaux gestes » ne sont pas «samouraïs » et couvrent du nom de passions qui avaient quelque noblesse des intérêts privés ou électoraux qui ne sauraient être traités avec les mêmes égards que le farouche idéal moral des anciens <<< soshi».

Le meurtrier de Li Hung-Chang, «Koyama Toyotaro », a essayé de donner le change et de mettre son lâche attentat sur un vieillard, garanti par la foi publique, sous le couvert d'un patriotisme intransigeant. Voici ce qu'il disait:

On voulait créer une diversion et détourner sur d'autres têtes un danger si réel que, depuis le 8 mai, à Kioto, tous les ministres, tous les dignitaires japonais du conseil privé, convoqués expressément pour l'abandon exigé de PortArthur, etc., étaient gardés nuit et jour chez eux et au dehors par des policemen spéciaux qui les précédaient et les suivaient à la distance de leur ombre. Le mécontentement était général et profond. Devant moi, à Kioto, aucune manifestation n'a accueilli le retour du plénipotentiaire japonais de Che-Fou le 13 mai. Il a fallu un ordre officiel pour que l'on pavoisât et illuminât le 14. A Yokohama, certains Japonais arborèrent des torchons et n'esquivèrent l'amende qu'en les retirant après avoir expliqué Pour rétablir la paix de l'Orient à la police que c'étaient les « fondoshi >> et pour mettre fin à ses malheurs, il (pagnes) de leurs femmes qu'ils faisaient fallait nécessairement prendre la vie de sécher. Pourtant, Dieu sait combien les Li Hung-Chang... Tout a résulté de Nippons aiment les panaches, les cocar-l'orgueil et de la déraison de la Chine. des et les lampions! J'ai vu à Kioto des portraits de l'empereur et de l'impératrice voilés jusqu'aux épaules dans des boutiques. Le général Yamagi déclara qu'il allait démissionner et se faire bonze pour expier cette honte. Et tout le monde, Européens comme Japonais, prévoyait que Yamato Damashi allait enrichir ses annales d'un nouveau crime par l'assassinat du comte Ito.

<< Yamato Damashi» signifie l'âme ja- | ponaise, et par extension les passions qui l'agitent et même les actes qu'elles déterminent. La formule a été trouvée il y a une centaine d'années par un poète «samouraï » pour rendre l'état d'âme des «< samouraï» (qui s'appelaient aussi « soshi »), petite noblesse qui, dans chaque clan, vivait uniquement du ser

«...

Ainsi Li est notre ennemi. Il a embarrassé Sa Majesté et nous ne pourrions pas vivre sous le même ciel. J'ai pensé exercer la vengeance au nom de tous les Japonais ».

Ce gaillard-là, qui parle comme un rescrit impérial, avait vingt et un ans l'an dernier; son patriotisme ardent ne l'a pas conduit à s'engager dans l'armée; il n'a combattu qu'avec son pistolet, en embuscade contre un vieillard désarmé. Il a été condamné aux galères perpétuelles; soyez sûr qu'il n'y mourra pas; qu'il y est traité eomme un coq en pâte s'il y est toujours, et qu'à la prochaine dissolution de la Chambre il sera élu député.

Au Japon, «ennemi » et «étranger" sont équivalents. Tous les Japonais se

croient le droit et le devoir de procurer coûte que coûte, par leur effort individuel, parfaitement indépendant de tout contrôle moral ou matériel, le plus grand bien et la plus grande gloire du Japon. C'est l'individualisme poussé à ses plus dangereuses conséquences par ces Malais encore sauvages, et nullement outillés pour juger la valeur morale d'un acte. Une pareille théorie serait encore un danger terrible dans des milieux bien supérieurs.

Son histoire est écrite avec du sang! C'est à cause d'elle que l'assassin du vicomte Nori l'a haché, en plein parc d'Ujeno, avec un couperet de boucher, comme indigne de coups de sabre; qu'en autre a lancé dans la voiture du comte Okuma une bombe qui lui a emporté les deux jambes. Ces deux ministres voulaient reviser les traités en faisant des concessions aux étrangers maudits qui «< volent le Japon »>!

Et le gouvernement doit compter avec cet état d'âme, où se combine bien drôlement une espèce d'esprit chavaleresque avec une avidité d'épicier, à tel point que l'ennemi des étrangers, Saïgo,

bien qu'il ait désolé le pays par la révolte de Satzuma, en 1877, pour forcer le ministère à chasser les étrangers, a une statue devant le «Shogounsha (Panthéon) à Tokio. Et ce monument lui-même, où on a rassemblé, avec un éclectisme stupéfiant, les rebelles et les fidèles, les adversaires les plus violents, morts de la main les uns des autres, en les considérant comme égaux devant l'amour de la patrie à qui ils ont sacrifié leur existence, est le monument du << Yamato Damashi».

«

Cela prouve qu'on peut remplacer les kimonos » par des pantalons et des vestons, les «getas» et les «tabi» par des bottines et des chaussettes, l'arc par le fusil Mourata à répétition et la flèche par la balle de petit calibre, déplacer le commencement de l'année et substituer l'ère de «Meidjio » à l'ère de «Kewo», mais que l'âme d'un peuple est une cristallisation séculaire dont les éléments son très lentement élaborés et très lentement unis, et que le temps se venge toujours des fondations sommaires auxquelles il n'a pas collaboré. R. Villetard de Laguérie.

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UN HOMME D'ÉTAT CHINOIS.
LI HONG-TCHANG 1).

La question du Tonkin se présente sous des aspects multiples, dont le plus intéressant et le plus important, à coup sûr, est l'aspect chinois. Il est certain que le Tonkin, ou plutôt l'empire d'Annam, réduit à ses propres forces, n'ayant aucun rapport soit avec les pays limitrophes, soit avec les pays d'Europe, serait, pour la France, une proie facile à saisir. Malheureusement pour nous, l'Annam n'est pas seul en jeu, et, quoique nous ne soyons pas de ceux qui croient notre tâche impossible, il nous faut tenir compte ne serait-ce que pour les combattre des prétentions de diverses puissances et notamment de la Chine.

Jusqu'à présent, l'attitude de la Chine, quoique défavorable à nos projets d'éta

blissement dans l'Indo-Chine, n'était pas encore exactement définie: protestations peu écoutées d'ailleurs, du marquis Tseng, ministre de Chine à Paris et à Londres; négociations désapprouvées de notre envoyé extraordinaire à Pékin, M. Bourée; articles inspirés dans la presse étrangère; en somme rien de tangible, rien de pratique.

Mais les choses sont changées.

Presque en même temps que nous apprenions la mort du commandant Rivière, les journaux nous annonçaient que Li Hong-tchang était chargé du commandement des troupes chinoises dans les provinces limitrophes du Tonkin. Quel est le fonctionnaire chargé de cette mission importante?

1) Au moment que ce ministre visite l'Europe, il nous a semblé opportun de reproduire une esquisse de ce diplomate chinois, parue dans « Le Gaulois » du 8 Juin, 1883.

Officiellement, Li est haut commissaire impérial, directeur général de la défense des frontières maritimes du Nord, surintendant du commerce, gouverneur du Prince impérial, membre du conseil privé, gouverneur général de la province de Pe Tche-li, comte de l'empire avec l'appellation Sou y; en pratique, c'est l'homme le plus important de l'empire chinois.

Li, ou Li Hong-tchang (avec son surnom), ou Li Tchong-tang (avec son titre de grand Secrétaire), dans un pays dont se sont emparés les Mandchous au dix-septième siècle, n'appartient pas à la race conquérante; c'est un Chinois de pur sang. Il est né la deuxième année du règne de l'empereur Tao Kouang, c'est-à-dire en 1823, à Senchou, dans le district de Ho-Fei, dans la province de Ngan-houei. C'est donc aujourd'hui un homme en pleine possession de ses facultés. Il est arrivé aux hautes fonctions qu'il occupe aujourd'hui par son intelligence et ses capacités militaires.

Ses débuts furent modestes. Son père, lettré pauvre et obscur, l'éleva honorablement, malgré ses ciuq enfants dont Li était le second. Le jeune homme passa ses examens avec succès et il eutra à l'Académie des Hanlin en 1848. Puis il retourna dans sa province natale, où il jouait un rôle assez effacé, lorsqu'une grande rébellion, qui ébranla les assises du trône des Mandchous, vint le tirer de la position médiocre dans laquelle il végétait.

C'est pendant la rébellion des TaiPing que Li devait montrer ces qualités d'énergie et de finesse qui ont été, dans des circonstances heureuses, la cause de sa fortune rapide. Les Tai-Ping, partis de la province méridionale du Kouangsi, étaient remontés jusqu'au Yang-tseuKiang, et après avoir pris Nankin en 1853 et avoir fait leur capitale de cette ville importante, envahissaient les provinces centrales et orientales de l'empire. Lorsqu'ils pénétrèrent dans le Nganhouei, Li se mit à la tête d'une petite force, et ne tarda pas à être employé comme secrétaire par le tout puissant Tseng Kouo-fan, gouverneur général des Deux-Kiang et commandant militaire des quatre provinces de Kiang-sou, Nganhouei, Kiang-si et Tche-kiang, le père du

ministre actuel de Chine en France. L'appui d'un semblable personnage promettait à Li un avancement rapide; en effet il devient juge provincial au Tche-kiang, tout en restant officier, et en 1861, sur une proposition de Tseng, il est nommé au poste important de gouverneur (Fou-tai) de la province de Kiang-Sou, qu'il s'agissait d'arracher aux rebelles, maîtres de la capitale Soutcheou et de plusieurs autres villes importantes.

Li, durant sa campagne contre les Tai-Ping, eut à deux reprises différentes l'occasion de faire preuve de vigueur. La première contre l'aventurier américain Henry Burgevine, qui avait succédé à son compatriote Ward dans le commandement de l'armée connue sous le nom de «Ever victorious Army», Tchang chang kiun, chargée d'opérer contre les rebelles. Burgevine réclamait un arriéré de solde pour ses troupes et, dans un moment de colère, frappa au visage le banquier chinois Taki, qui gardait les fonds. Li demanda au consul américain de faire arrêter Burgevine fut pas accordé d'ailleurs obtint que le trop bouillant citoyen des Etats-Unis fut remplacé par le capitaine Holland, de l'infanterie de marine anglaise.

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mais il

La seconde preuve d'énergie que donna Li n'est pas à son honneur.

Le 5 décembre 1863, la grande ville de Sou-tcheou, dans la province de KiangSou, se rendait au major Gordon, commandant des troupes anglo-chinoises. Le général anglais avait donné sa parole d'honneur que les chefs rebelles (wang) auraient la vie sauve; mais dès que Li les eut en son pouvoir, soit que leur attitude insolente l'eût irrité, soit qu'il craignît que, tant que des chefs aussi influents existeraient, l'anéantissement de lenr parti ne fût chose impossible, il les fit immédiatement exécuter.

La colère de Gordon ne connut pas de bornes lorsqu'il vit les cadavres décapités des huit chefs rebelles, et il se mit à la recherche du Fou-tai avec l'intention de mettre à mort, de sa main, l'homme qui n'avait pas respecté la parole donnée. Fort heureusement, Li Hong-tchang, prévenu à temps, évita pendant quelques jours de se rencontrer avec l'officier anglais, qui, dans son

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