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De l'Amérique du Nord, Pavie passe dans le Sud, et visite le Chili et le Pérou. La Mecque ne suffit pas à l'activité de notre voyageur, et se rendant aux Indes par l'Egypte, la Mer Rouge et le Golfe Persique, il descend jusqu'à l'île Bourbon; enfin le Portugal, l'Espagne et les iles de la Manche, et même l'Ouest de son propre pays lui permettent de compléter un bagage de renseignements qu'envierait plus d'un explorateur 1).

Il lui fut possible de publier de bonne heure des Observations sur le Gouze rati et le Maharatti 2) un mémoire sur les Parsis 3), de donner des Fragments du Mahabharata1) le Récit de l'Expédition de Mir Djumlah au pays d'Assam dédié à M. Garcin de Tassy, son maître 5) enfin, sous le tître de Krichna et sa doctrine la traduction du Dixième livre du Bhagavat Pourana 6).

L'étude des langues de l'Inde n'empêchait pas Théodore Pavie d'apprendre le chinois à l'aide du mandchou, et c'est à ce titre qu'il appartient à notre recueil. En 1839, il donna la traduction de différents Contes et Nouvelles '), comprenant les Pivoines; le Bonze Kai-Tsang, sauvé des eaux, histoire bouddhique; le Poete Ly Tai-pe, nouvelle; Le Lion de Pierre, légende; la Légende du Roi des Dragons, histoire bouddhique; les Renards-Fées, conte Tao-sse; le Luth brisé, nouvelle historique; tirés pour la plupart du Recueil bien connu

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voyage, 1 avril 1853. Les Makouas, récit de la côte de Madras, 15 janvier 1855. Miss Nella, souvenir des mers de l'Inde, 15 janvier 1863. vie hindoue, 1 avril 1864.

Portugal et Espagne.

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Devadatta, scènes de la

Joaquim, récit des Algarves, 15 mai 1855,

des Açores, 15 février 1858. 15 mai 1858.

Les iles de la Manche. de février, 15 décembre 1849. France.

Manoela, récit El Niño de la Rollona, récit des bords du Guadalquivir

Jersey et Guernesey en 1848 et 1849: Souvenirs d'un exilé

Le Caboteur du cap Frehel, 15 avril 1859. Bocage, 15 décembre 1859. Les deux Coups de feu, 1860.

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La Lande-aux-Jagueliers, Bas-Anjou, 15 décembre 1860. La Fauvette bleue
Valentin, récit du Bas-Maine, 1 avril

récit des bords de la Loire, 1 février 1861.

1862.

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Les Pêcheurs de Cancale, récit des côtes de la Manche, 15 juin 1863. 1) Nous en avons donné la liste au bas de la page précédente d'après la Table générale (1831-1874) de la Revue des Deux Mondes.

2) Quelques Observations sur le Gouzerati et le Maharatti, par M. Théodore Pavie. (Journal Asiatique, Extrait n°. 4, 1841), in-8, pp. 24.

3) Mémoire sur les Parsis, par Théodore Pavie, membre correspondant de la Société ethnologique. (Extrait des Mémoires de la Société ethnologique). Paris. Vve Dondey-Dupré, 1841, broch. in-8, pp. 18.

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Récit de l'expédition de Mir Djumlah au pays d'Assam, traduit sur la version hindoustani de Mir-Huçaini par Théodore Pavie. Paris, Benjamin Duprat. — MDCCCXLV, in-8, pp. XXXI–316.

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Bhagavat Dasam As Kand, Dixième livre du Bhagavat Pourana traduit sur le manuscrit hindoui de Lalatch Kab par Théodore Pavie. Paris, Ben

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7) Choix de Contes et Nouvelles traduits du chinois par Théodore Pavie. Paris, B. Duprat, 1839, in-8, pp. VIII-299.

intitulé Kin Kou Ki Kouan, (4). Il commence la traduction ')

du premier des Tsai tseu (†), le San Kouo tchi (=), histoire 三國志),

des Trois Royaumes, qui comprend sept livres de cet ouvrage bien connu. Signalons encore quelques articles dans la Revue des Deux-Mondes 2) et dans le Journal Asiatique 3) et la traduction du deuxième conte du Loungtou Koung-ngan 4).

Tant de travaux méritaient une récompense et Pavie fut chargé en 1852 du Cours de Langue et de Littérature sanscrites au Collège de France. Il s'empressa aussitôt de prononcer l'éloge funèbre de l'illustre Eugène Burnouf3), puis de continuer la publication de ses intéressants mémoires ) dont un grand nombre dans la Revue des Deux-Mondes").

Pavie pouvait donc passer pour un homme parfaitement heureux; il était lié avec Victor Hugo, Louis Boulanger, les Devéria, avec Tony Johannot, qui dans une vignette l'avait surpris «dans le nonchaloir de son attitude pensive, appuyant son corps frêle, à l'aide de sa main crispée, sur l'épaule de son interlocuteur>> 8). Accueilli dans le monde savant comme dans le monde lit

1) San-Koué-Tchy Ilan Kouroun-i pithé. — Histoire des Trois Royaumes, Roman historique traduit sur les textes chinois et mandchou de la Bibliothèque royale par Théodore Pavie. Paris, Benjamin Duprat, MDCCCXLV-VI, 2 vol. in-8.

-

2) Les trois Religions de la Chine, leur antagonisme, leur développement et leur influence. (Revue des Deux-Mondes, 1er février 1845. Le Thibet et les études thibétaines, 1 juillet 1847. Yu-Ki le Magicien, légende chinoise, 15 mars 1851. La vision de Pao-Ly, légende chinoise, 15 décembre 1855. Moudouri le chasseur, légende tartare,

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15 Novembre 1862.

3) Etude sur le Sy-Yéou tchin-tsuen, roman bouddhique chinois, par M. Théodore Pavie. (J. As., 5e S., IX, pp. 357-392: Premier article; ibid., X. pp. 308/374: Second article).

4) Le Lion de Pierre, dans son Choix de Contes et Nouvelles.

5) Notice sur les Travaux de M. Eugène Burnouf, par M. Th. Pavie. Paris. Février 1853. Broch. in-8, pp. 28.

6) Bhodja-prabandha; Paris, 1855, in-4, texte sanscrit de l'histoire d'un roi de Malwa La légende de Padmânî, reine de Tchitor, d'après les textes hindis et hindouis, par M. Th. Pavie. Paris. Imprimerie impériale. MDCCCLVI, in-8, pp. 116.

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7) De la littérature musulmane de l'Inde, 15 Sept. 1843. La Marine des Arabes et des Hindous, 15 nov. 1843. Pertaab-Sing, procès du rajah de Sattara en Angleterre, 15 mars 1846. Les Religieux bouddhistes de l'île de Ceylan, 1 janv. 1854. Le RigVeda et les livres sacrés des Ilindous, 15 juill. 1854. L'Apologue dans la société hindoue, 15 août 1855. Etudes sur l'Inde ancienne et moderne: I. Les Brahmanes et les Rois, 1 mai 1856. Rama, 1 janv. 1857.

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III. Les Héros pieux; 15 avril et 1 juin 1857.

VII. Çakia-Mouni; la

II. Les Rois maudits, 1 juill. 1856. IV et V. Les Héros pieux; les Pandavas, VI. Krichna, ses aventures et ses adorateurs, 1 janv. 1858. société hindoue pendant la période bouddhique et l'invasion musulmane, 15 janv. 1858. Derniers temps de l'Empire mogol: I. Molhar-Rao-Holkar et Rano-Dji-Sindyah, 15 août 1858. II. Touka-Dji-Holkar et Madha-Dji-Sindyah, 1 nov. 1858. III. Les familles Holkar et Sindyah, Dowlat-Rao-Sindyah et Djeswant-Rao-Holkar, 15 janv. 1859. - IV. Fin de la Confédération mahratte, 1 févr. 1859.

8) Victor Pavie. Oeuvres choisies, II, Paris, 1887, pp. 102.

téraire et artistique, tout à coup, il brisa tous les liens qui l'attachaient à Paris.

«Brusquement, dit M. René Bazin 1) en 1857, après cinq ans de professorat, M. Pavie envoya sa démission au ministre de l'instruction publique. Ce fut une démission complète, une rupture violente avec tout. Il quitta l'enseignement; il quitta Paris, les amis, les relations qu'il y avait; il quitta aussi la Revue des Deux Mondes et vint s'ensevelir au milieu des arbres de sa Chaufournaie. «Que s'était-il passé? Presque rien. Cet esprit ombrageux avait senti le harnais et l'avait mis en pièces. De petits mécomptes, des froissements d'amourpropre, de vagues invitations à donner des gages à l'empire, la conscience que sa place, laborieusement conquise, était déjà enviée, demandée, et qu'il faudrait la défendre, lui parurent une insulte à son mérite et à son indépendance, quand ce n'était que l'épreuve de l'un et de l'autre. Il aima mieux briser. Et ce fut fini».

Pavie s'était retiré dans la retraite la plus profonde:

«Depuis qu'il avait quitté Paris et jusqu'aux dernières années qui ont précédé sa mort, il habitait sa terre de la Chaufournaie, dans le Haut-Anjou. Pour le voir, il fallait quitter les lignes de chemin de fer et voyager assez longtemps, en voiture ou à pied, dans un pays d'humus profond, boisé, coupé de haies énormes, où les collines ne sont ni très nombreuses, ni très élevées. Lui, justement, en possédait une, reconnaissable de loin à son moulin à vent, unique sur l'horizon, et, de près, à bien d'autres signes. Dès que le sol commençait à se relever, on devinait, sans même y songer, qu'on entrait dans le domaine d'un poète: les arbres n'étaient plus ni émondés, ni abattus; ils se levaient, tous de haute tige, autour des champs, chênes, aliziers, cerisiers, frênes, appuyés l'un sur l'autre, mêlant leurs branches vivantes et leurs branches mortes où perchaient des ramiers. Il y avait des jachères en pente où le thym abondait; des chemins creux qui servaient de cressonnière au cresson, d'abreuvoir aux perdrix, d'hôtellerie aux bécassines de passage, de miroir à cent mille tiges folles retombant des talus, quelquefois de route aux chars à boeufs; il y avait des échaliers, des sentes, des champs de choux, une petite châtaigneraie, et sur la crête, toute enveloppée dans des massifs qui la cachaient, une vieille maison étroite, avec une tour carrée où grimpait un rosier.

«On eût pu croire que l'homme qui vivait là était de ceux que le silence a totalement conquis, apaisés, enmurés, et qui, soit dédain, soit fatigue, dorment toute une vieillesse, parfois même tout un âge mûr avant de s'en aller. Pas du tout. M. Théodore Pavie était à peine un résigné de cette campagne ; il la comprenait; il la subissait comme un mariage de raison, mais il ne l'aimait pas pour elle-même: il aimait en elle, et dans leur pâle reflet d'autres

1) Daus un excellent feuilleton du Journal des Débats, du 31 mai 1896.

pays, aperçus ou rêvés, merveilleusement beaux, regrettés à jamais. On le rencontrait au tournant d'une haie: tout petit, alerte, voûté, la tête et les traits forts, avec des cheveux longs, une barbiche longue et blanche, une moustache courte, et, tout de suite, on était saisi par l'expression du regard. Les yeux, d'un bleu de mer, pétillaient d'esprit et d'inquiétude; ils disaient l'extrême vivacité de la parole et du geste, l'aptitude à passer d'un sujet à l'autre sans lassitude, et comme au vol, le don d'observation, mais aussi une souffrance, un désir ou un regret ancien, aussi fort que la vie, et que le sourire même de l'accueil ne voilait pas entièrement» 1).

Cependant, une faculté catholique des Lettres ayant été ouverte à Angers en décembre 1876, Pavie recommença à enseigner le même mois. La Revue des Facultés catholiques de l'Ouest a donné six de ses leçons sur le Râmâyana dans ses numéros d'Octobre et de Décembre 1894, d'Avril, d'Août et de Décembre 1895, et d'Avril 1896.

Pavie s'est éteint le 29 Avril de cette année. Aucun discours n'a été prononcé sur sa tombe, mais quelques jours après, Mgr. H. Pasquier, Recteur des Facultés Catholiques de l'Ouest, doyen de la Faculté des Lettres, prononçant l'éloge funèbre de Mgr. Sauvé, premier Recteur de l'Université, a associé à la mémoire de ce dernier, celle de M. Pavie, un des premiers professeurs de la Faculté des Lettres.

Les travaux de Pavie comme orientaliste seront toujours estimés; il possédait non-seulement les langues de l'Inde et de l'Extrême-Orient, mais aussi un grand nombre de celles d'Europe; la philologie pure l'attirait 2) et il n'était pas indifférent à l'histoire contemporaine 3).

«Son oeuvre littéraire 4), infiniment moins originale que celle de son aîné, le romantique Victor Pavie, intéressait par la variété des choses qu'il avait vues, par l'arrangement poétique du récit et par la nouveauté des paysages qu'il peignait. Elle formait déjà la matière de sept ou huit volumes, romans, traductions, voyages, les uns édités, les autres épars dans les Revues. Des livres qu'on ne lit plus, sans doute, mais c'est le cas de tant d'autres qui sont nés après ceux-là! Eux, du moins, ils ont ému ou amusé quelqu'un. Même aujourd'hui, si vous ouvriez les Récits des landes et des grèves 5) vous iriez de

1) René Bazin, l. c.

2 Les Origines et les transformations de la langue française à propos du dictionnaire de M. Littré. (Revue des Deux-Mondes, 15 juin 1864).

3) Lisbonne, la Cour de dona Maria et les derniers Evènemens de Portugal (Revue des Deux-Mondes, 15 mai 1847). Les Français du Canada (Histoire du Canada, par

M. F.-X. Garneau, de Québec), 15 juillet 1853.

4) Ajouter les Nouvelles: Gretchen, récit de la haute mer (Revue des Deux-Mondes.)

1 juill. 1857.

La Panthère noire, (Ibid.) 15 déc. 1865.

5) 1863, in-8.

de votre petite larme à l'histoire de la Fauvette bleue ou de la Lande-auxJagueliers» 1).

Nous croyons qu'il était de notre devoir de rendre justice à un savant de mérite et bienfaisant, oublié sans raison près de quarante ans avant sa mort. Henri CORDIER.

HENRI CERNUSCHI.

Tout le monde connaissait à Paris ce grand Italien, devenu Français, à la crinière de lion, que j'avais rencontré, il y a quelques vingt-cinq ans, en Extrême-Orient. Il était né à Milan en 1821. Malgré son âge, nul ne pouvait prévoir que ce géant succomberait si vite à l'anémie le lundi 4 Mai, à Menton, chez son frére Constantin Cernuschi, où il était installé depuis le 26 janvier. Je ne crois pouvoir mieux faire que d'extraire du Temps, du 13 Mai 1896, la notice suivante sur Cernuschi et sur la donation qu'il a faite à la Ville de Paris de ses Collections universellement connues:

«Il devait rentrer à Paris le mardi 5 mai et, se sentant moins bien, avait été obligé au dernier moment de remettre son départ. A son hôtel, avenue Velasquez, on n'a reçu que deux courtes dépêches: la première annonçant la mort et la seconde faisant connaître que le corps de M. Henri Cernuschi a été embaumé et arrivera à Paris samedi matin.

«M. Henri Cernuschi homme politique et économiste italien, s'était fait naturaliser en 1871; il était né à Milan en 1821. Issu d'une famille riche, il étudia d'abord le droit, se jetant avec ardeur dans le mouvement patriotique qui entraînait alors l'Italie. En 1849 il fut élu, au mois de février, membre de l'Assemblée nationale qui proclama la république à Rome après la fuite de Pie IX. Chaud républicain et patriote ardent, M. Cernuschi aida Garibaldi dans la défense de Rome lorsqu'un corps d'armée français fut envoyé, par Louis Bonaparte, sous les ordres d'Oudinot, pour renverser la République romaine.

«Dans l'impossibilité où Rome se trouva de résister, M. Cernuschi proposa à l'Assemblée, le 30 juin 1849, de déclarer que »toute résistance était impossible», mais en lui demandant en même temps de rester à son poste.

«En raison des circonstances, cette proposition fut adoptée, et la municipalité de Rome traita de la reddition de la ville avec le général français. La période qui suivit fut marquée par une violente réaction sous la dictature des cardinaux della Genga, Vanicelli et Altieri, et en 1850, M. Cernuschi était traduit devant un conseil de guerre; il ne dut son acquittement qu'à l'active intervention du général français. C'est alors qu'il quitta l'Italie pour venir s'in

1) René Bazin, 1. c.

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