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nois considère comme l'étude la plus importante, celle des langues étrangères, qui sera spécialement recommandée à ces jeunes gens. Car elle est la base qui rendra possible l'acquisition entière des sciences européennes. Nos lecteurs se rappelleront que j'ai proposé la même méthode dans ce Journal même, il y a deux ans, dans mon article «Scientific confectionary» (Toung-pao, Vol. V, p. 150).

Quant aux démonstrations hostiles contre les missionnaires chrétiens, le ministre chinois disait qu'elles étaient mainte fois provoquées par ces missionnaires mêmes. Les Chinois, dit-il, ne veulent pas devenir chrétiens, et si vous considérez le peu de succès que les missions chrétiennes ont eu jusqu'ici, vous m'accorderez que j'ai raison de croire ces efforts parfaitement inutiles. En général nos Chinois se laissent baptiser pour des considérations extérieures et justement pour cette raison, nos con

vertis sont les plus mauvais éléments et qui jouent généralement un rôle prédominant dans les attaques sur les missions. Selon mon idée, continuait-il, jamais un Chinois s'est converti au Christianisme par conviction intérieure.

J'étais moi-même un jour près de m'y convertir; à cet effet j'ai fait consciencieusement tous mes préparatifs, j'ai étudié la Bible l'ancien et le nouveau testament, etc., mais à la fin, au jour où la décision devait être prise, je suis resté ce que j'étais.

Que diriez-vous, si un jour un grand nombre de prêtres bouddhistes viendrait ici en Europe, pour y ériger des temples et essayer de vous convertir?

C'est l'outrage fait aux convictions religieuses qui amène, dans la plupart des cas, les fureurs du fanatisme de la populace, et aucune puissance de l'état, aucun vice-roi, ne seront capables d'empêcher les désordres provenant de pareils motifs.

LES CHEMINS DE FER CHINOIS

PAR

ALPHONSE HUMBERT.

le petit peuple japonais a pu leur faire sentir la nécessité d'un effort en vue de pourvoir plus efficacement à la défense côtière de l'Empire; la leçon n'ira pas au-delà; pour que la race chinoise devînt guerrière, il faudrait qu'elle fût renouvelée totalement dans sa native idiosyncrasie.

Dernièrement, à l'occasion d'impor- | L'humiliation que vient de leur infliger tantes commandes de canons et de navires que le gouvernement chinois vient de faire en Europe, plusieurs journaux français, évoquant, avec une imagination un peu hâtive, une Chine militaire et conquérante que les récents événements n'avaient guère fait prévoir, se demandaient ce qu'il adviendrait du vieux monde, quand les 400 millions d'hommes que range sous sa loi le Fils du Ciel seraient pourvus des moyens de destruction perfectionnés que la science a mis à la disposition des nations d'Occident. Certes, l'éventualité est grave, mais elle est bien lointaine, et se présentera-t-elle jamais? Les Célestes sont industrieux, travailleurs, patients, économes; ils sont aptes à tous les arts de la paix : ils n'ont ni goût, ni aptitude pour la guerre.

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Mais la Chine ne demande pas seu lement à l'Europe des armes; elle se décide enfin à lui emprunter son outillage industriel. Notre gouvernement est actuellement saisi d'une demande de la cour de Pékin tendant à prolonger sur le territoire chinois, dans la province de Kouang-Tong, le chemin de fer de Hanoï à Langson. C'est la première application du fameux article 7 du traité de 1885, établissant en faveur de l'in

dustrie française une sorte de droit de préférence pour la construction des futures voies ferrées dans l'Empire du Milieu. On avait longtemps cru que cette clause, libellée en termes assez peu précis, était de pure courtoisie et demeurerait lettre morte. La convention franco-chinoise signée à l'issue de la dernière guerre, et après l'heureuse modification du traité de Simonoseki, a donné à ce vague engagement une portée pratique dont nous sentons aujourd'hui les effets. Il est à croire qu'ils ne s'arrêteront pas là. Une autre voie de pénétration en Chine, dont la création importe grandement à la prospérité de notre colonie indo-chinoise et au développement de notre influence dans l'Asie centrale, est celle qui, partant d'Hanoï, passant à Laokaï, nous ouvrira le Yun-nan et devra se continuer un jour vers Tchoung-king et la vallée du Yang-Tsé-Kiang. Quelques années ne se passeront pas sans que cette grosse affaire soit amorcée. En même temps, les Russes, d'ores et déjà pourvus, croyonsnous, d'un traité qui les y autorise, détacheront de leur admirable TransSibérien un embranchement vers la Chine du Nord et Pékin. Enfin les Anglais, depuis un très long temps, poursuivent le rêve, que nos progrès sur le Mékong ont dû troubler un peu, de relier, par un chemin de fer à travers les Etats Chans, leur Birmanie au territoire chinois. En dépit des obstacles que leur oppose, depuis quelques années, notre concurrence de plus en plus hardie, ils trouveront bien moyen de pousser aussi leur pointe et de venir nous disputer les riches marchés de la Chine du Sud. C'est, en un mot, à relativement bref délai, l'envahissement du monde chinois par la locomotive messagère de progrès, semeuse d'idées, tueuse de traditions, génératrice de bouleversements. Une Chine industrielle va-t-elle se lever? Toute une révolution, une immense révolution économique!

Une révolution certes, et qui, par l'effort d'un homme de remarquable intelligence, se sera accomplie en somme dans un délai assez court. A l'heure qu'il est, il existe déjà en Chine un chemin de fer. C'est celui dont la création a été autorisée par le vice-roi du Pe-Tchili, et qui, par Tien-Tsin, transporte à la mer le charbon provenant des mines de Kaïping. Plusieurs années

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avant ce premier essai, aux environs de 1875, une Compagnie anglaise avait essayé d'établir par une surprise et pour les besoins de son exploitation, un petit chemin de fer entre Shanghaï et WouSoung. Le gouvernement chinois se fâcha tout rouge, défendit à la Compagnie de poursuivre son dessein, fit niveler la voie et déporta le matériel à Formose. Quand Li Houng-Tchang, l'homme le plus puissant de l'Empire, voulut réaliser sa tentative de Petchili, il ne le fit qu'avec d'extrêmes précautions. Le moyen dont il usa pour s'assurer la faveur impériale est assez ingénieux. Il fit construire aux Etats-Unis un modèle complet de chemin de fer en miniature composé de cent pieds de rail, avec frein et plaques tournantes, locomotive, tender, wagon de voyageurs, wagon-salon, wagon de bagages, etc., le tout admirablement agencé et mû par un mouvement d'horlogerie. Expédié à Pékin, ce joujou fut montré au prince Tchoun d'abord, puis au jeune empereur, qui prit un vif plaisir à voir marcher l'appareil, et donna toutes les approbations qu'on voulut.

De ce jour, la question avait fait un grand pas; mais en Chine, il y a quelquefois loin d'une bonne intention, même impériale, à l'exécution. Tous les ans, quelque projet de chemin de fer de Pékin sur l'intérieur est lancé; un édit impérial ordonne la mise à l'étude des premières opérations; un comité des chemins de fer a même été créé; ses membres ont travaillé, dressé des quantités de rapports; au bout du compte, rien jusqu'ici n'a abouti. Quelles raisons ont ajourné d'année en année la mise en train de la grande œuvre conçue par Li Houng-Tchang. On en a donné d'assez douteuses. D'abord, a-ton dit, les préjugés religieux du peuple. Déplacer les bornes des champs, violer la sépulture des aïeux, n'est-ce pas commettre un sacrilège, irriter les dieux, s'exposer à la vengeance des génies? Mais les dieux et les génies chinois sont de bons diables avec qui on s'accommode aisément moyennant quelques exorcismes. En Chine, comme ailleurs, l'argent a son rôle, même dans les tractations de la conscience, et de bonnes indemnités apaisent bien des scrupules. D'ailleurs, ni l'expérience de

Wou-Soung, ni celle de Kaï-ping n'ont confirmé cette prétendue hostilité des populations rurales contre le chemin de fer. Bien au contraire, les paysans, accourus en foule, se sont montrés ravis du merveilleux engin de transport éclos sous leurs yeux. L'obstacle viendrait plutôt des hauts fonctionnaires et des gouverneurs de province qui ne tiennent pas à se mettre sous la main de l'Empereur et par là à diminuer l'autorité aujourd'hui à peu près sans contrôle dont ils jouissent. Quoi qu'il en soit, la raison qui a été jusqu'ici mise en avant par le parti de la résistance, c'est que la Chine ae doit songer à se doter d'un réseau de chemin de fer que quand elle sera en état de pourvoir par ses propres ressources à cette vaste entreprise Or, voici que la réalisation de cette condition peut être entrevue dans un très prochain avenir. Que faut-il? Du fer et de la houille. La Chine a l'un et l'autre.

Actuellement il n'existe en Chine qu'un seul établissement métallurgique. Il est à Han-iang, près de Han-Keou, dans la province de Hou-peh et appartient à M. Krupp. Mais on connaît nombre de gisements exploitables, à Tchoung-king sur le Yang-Tsé, à San-gan sur le fleuve Jaune, à Kaï-ping, aux portes de la Mandchourie. Plusieurs centaines de localités plus ou moins importantes sont déjà notées comme susceptibles de devenir des centres de fabrication et peuvent en quelques années se transformer en autant de petits Creusot. Quant à la houille, elle ne manquera pas. Un géologue américain qui l'a recherchée, a constaté que les dix-huit provinces de la Chine en sont abondamment pourvues, quelques-unes dans des proportions extraordinaires. Dans le sud-est de la province de Chan-si se trouve un gisement d'une contenance d'environ 130 milliards de tonnes métriques; c'est de quoi alimenter la consommation du monde entier pendant vingt siècles.

Ainsi, la Chine est en état d'accomplir la genèse industrielle par où se marque pour elle l'aurore de temps nouveaux. Non seulement elle peut se couvrir

de chemins de fer, mais elle peut poursuivre et mener a bien cette entreprise colossale sans autres ressources que les matériaux extraits de son popre sol. Il ne faut point dès lors envisager la Chine comme un débouché pour les produits de notre métallurgie Déjà le Japon, entre le premier, et avec l'ardeur que l'on sait, dans la fournaise du moderne industrialisme, fournit au Pe-Tchili des rails à quatre-vingt-cinq francs, soit au même prix que l'Angleterre à Liverpool et la Belgique à Anvers. Si nos métallurgistes fran.... çais, déjà battus en Europe, veulent faire quelque chose en Chine, il faudra qu'ils aillent fabriquer le fer sur place. Ils y songent: une société, où sont entrés nos premiers établissements, est déjà formée en vue de l'exploitation des richesses métallurgiques du Céleste-Empire. Mais le Chine ne fabriquera pas que du fer. Pourvue des deux facteurs essentiels de l'industrie, couvrant un immense territoire où se juxtaposent tous les climats, maîtresse d'un sol presque vierge qui regorge de richesses inexploitées, sillonnée de chemins de fer, disposant d'une main-d'œuvre incomparable pour l'abondance et pour les bas prix, que ne peutelle entreprendre? Sur quel champ de bataille industriel ne peut-elle pas nous battre? Uu beau jour, de France, d'Angleterre, de Belgique, d'Allemagne, de partout, partiront d'aventureux chercheurs de fortune qui s'en iront là-bas fabriquer avec la main-d'œuvre chinoise tout ce que consomme la vieille Europe et ils le lui vendront à des prix dérisoirement réduits. La Chine ne nous enverra plus seulement des bibelots d'étagère; elle nous enverra des étoffes, des chaussures, du papier, des faïences, des montres, de la bijouterie commune, des ustensiles de cuisine, des rasoirs, des petits couteaux.... comme l'Amérique nous envoie du blé Et l'on se demande alors à quoi s'emploiera la main-d'œuvre française, anglaise, belge, allemande.... Je ne sais si ces temps sont loin. En tout cas, la Chine industrielle me paraît soulever un problème autrement urgent et redoutable que la Chine militaire. (Eclair, 19 Janvier 1896).

LA POPULATION DE CANTON EN JUIN 1895

PAR

C. IMBAULT HUART.

Lorsqu'un nouveau vice-roi arrive à Canton, il est d'usage que, dès qu'il a

à ce devoir, consacré par les règlements aussi bien que par la tradition, au mo

pris le service, lement où S. E. Tan Tchoung-lin Pao-kia tsoung kiu (Po-kap tsong-kouk) a remplacé S.E. Li Han-tchang ou Bureau Général des chefs de quartier 1), lui remette la liste du recensement de la population et des constructions de la ville et des faubourgs. Le Bureau dont il s'agit n'a pas

failli

, et il a présenté au pre

mier la liste de recensement donc voici la traduction.

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1) Dix familles font un kia, dix kia, un pao: le pao-kia est l'équivalent du système du tithing, dizaine (division par dix familles), de l'histoire d'Angleterre; chaque pao forme un quartier à la tête duquel est un chef, investi d'une certaine autorité, qui répond de l'ordre public.

2)大小街巷.

5) 廟堂寺觀

3)正戶, 4)同居.

6) 吉屋. 7)男丁. 8婦女

nombreux bateaux de la rivière. En estimant le nombre des habitants de Ho-nam à 30,000 environ, celui de la population flottante à 20,000, et en portant à 500,000 le chiffre total donné plus haut, on aurait en tout 550,000 âmes.

Dans l'hypothèse où le recensement n'aurait pas l'exactitude mathématique et où les pancartes (affichées à la porte ne donneraient

des maisons (門牌)

pas toujours avec précision le nombre

des locataires, on pourrait forcer un peu ce total et admettre en chiffres ronds, sans craindre de se tromper beaucoup, que la population de Canton est de 600,000 habitants. On voit qu'on serait encore loin des Deux millions et du million d'âmes, que nombre d'auteurs attribuent à la capitale du Kouangtoung, et même de l'évaluation approximative (1,600,000) adoptée par les statistiques de la Douane Impériale chinoise. Canton, Juin 1895.

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