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En exécution de la loi qui a ouvert des crédits spéciaux, le ministre des affaires étrangères vient de créer en Chine un certain nombre de consulats nouveaux. Voici le mouvement auquel cette création a donné lieu:

M. Haas, consul de 1re classe, chargé du vice-consulat de Han-Kéou, est nommé consul à Tchoung-King (poste créé).

M. Dautremer, interprète de 1re classe à Tokio, est nommé vice-consul de France à Han-Kéou.

M. Bons, consul de 2e classe à Long-Tchéou, est nommé consul à Sse-Mao (poste créé).

M. François, consul de 2e classe à l'Assomption (poste supprimé), est nommé consul à Long-Tchéou.

M. de Pommeyrac, vice-consul à Sassari (poste supprimé), est nommé viceconsul à Tché-Fou (poste créé).

Le vicomte de Bondy-Riario, secrétaire d'ambassade de 2o classe, est nommé consul de 2e classe et chargé du vice-consulat de France à Formose (poste créé). M. Gauthier, vice-consul à Pakhoï, est nommé consul de 2o classe, chargé du vice-consulat de France à Suez.

M. Dejoux, vice-consul à Suez, est nommé consul de 2o classe et chargé du vice-consulat de Pakhoï.

M. Guillien, interprète de 1re classe à Shanghai, est nommé vice-consul à Ho Kéou 河口(poste créé).

M. Kahn, interprète de 2e classe à Canton est nommé vice-consul à Tong

Hing 東興(poste créé).

Sont nommés interprètes de 2e classe;

M. Beauvais, élève interprète à Long-Tchéou.

M. Sainson, élève interprète à Péking.

M. Guibert, élève interprète à Tokio.

Par un autre décret:

M. Frandin, consul à Séoul, est nommé consul général à Bogota.

M. Colin de Plancy, secrétaire d'ambassade de 1re classe à Tanger, est nommé consul général et chargé d'affaires à Séoul.

M. Bourgarel, consul général à Bogota, est nommé ministre de France à Port au-Prince.

On a distribué le 23 novembre 1895, à Paris, à la Chambre des Deputés, la texte des conventions de délimitation et de commerce signées à Pékin le 20 juin dernier entre la France et la Chine, conventions qui dès à présent sont ratifiées par l'empereur de Chine et qui sont soumises à l'approbation du Parlement français.

La convention de délimitation de la frontière entre le Tonkin et la Chine complète la convention signée le 26 juin 1887, qui avait délimité la frontière sur la rive droite du fleuve Rouge jusqu'à Mon-Ka.

C'est au delà de ce point seulement que la séparation de l'Annam et de la Chine restait à déterminer. On a considéré toutefois qu'il y avait lieu de revenir quelque peu en arrière et de reprendre le travail de démarcation à Long-Po, c'est-à-dire à 180 kilomètres environ vers l'est, une connaissance plus précise du bassin de la rivière Noire ayant permis au gouvernement de la République de réclamer utilement, au profit de l'Annam, un territoire qui en avait étê indûment détaché.

Désormais, partant de la rivière Noire, la ligne séparative de l'Annam et de la Chine remonte le cours du Nam-Nap, se dirige vers l'ouest en suivant la crête de partage des eaux jusqu'aux sources du Nam-Hou, passe au nord de ces sources qu'elle laisse à l'Annam, descend vers le sud entre les bassins du Nam-Hou et du Nam-La, contourne les vallées du Nam-Ouo-Ho et du Nam-Go, enfin, tournant brusquement à l'ouest, elle se dirige vers le Mékong, qu'elle atteint au confluent de ce fleuve et du Nam-La.

Par ce tracé, la souveraineté de l'Annam est maintenue sur quatre territoires d'un intérêt particulier pour nos établissements d'Indo-Chine: 1o la principauté de Deo-Van-Tri, dont Laï-Chau est la capitale; 2o le district de Pou-Fang; 39 la région des Muong-Hou, qui commande la grande route fluviale du Nam-Hou; 4o enfin le pays des Pa-Fat-Saï, dont les gisements de sel approvisionnent toute la contrée environnante.

En outre, une clause spéciale de la convention rectifie sur un point de la frontière situé à l'ouest de la rivière Claire l'accord de 1887; le traité nouveau détermine d'une façon précise les droits respectifs de l'Annam et de la Chine sur ces localités.

Quant à la convention commerciale, elle ne concerne pas seulement la partie occidentale de la frontière sino-annamite. Elle introduit des modifications importantes dans le régime commercial qui date de 1886 et 1887.

L'article 1er de cette convention reconnaît au gouvernement français le droit d'entretenir un agent consulaire à Tong-Hing, vis-à-vis de Mon-Cay, en vue d'assurer l'ordre et la police aux confins du Kouang-Toung, et prévoit l'adoption d'un règlement concerté entre les autorités françaises et chinoises, pour déterminer les mesures communes de police qu'il conviendra d'appliquer dans les zones limitrophes.

L'article 2 porte que la ville de Ho-Keou est substituée à celle de Man-Hao, comme point ouvert au commerce, sur la route fluviale de Lao-Kaï à Mongtze, et comme résidence d'un agent relevant du consulat de France à Mongtze. Cette disposition est motivée par le fait que les opérations de la douane chinoise s'effectuent à Ho-Keou et non à Man-Hao, et que, d'autre part, cette dernière

localité a été reconnue malsaine et presque inhabitable pour les Européens. Par l'article 3, la ville de Sse-Mao est déclarée ouverte au commerce francoannamite. Il est en outre convenu que le gouvernement de la République y établira un consulat et que le gouvernement chinois y entretiendra une agence des douanes. Le même article décide que les marchandises à destination de la Chine pourront être transportées par le Mékhong et le Loso, ainsi que par la route mandarinale qui, de Mong-Lé et de I-Pang, se dirige vers Sse-Mao et Pou-Eul.

L'article 4 modifie le régime du transit de façon à faire de l'Annam et en particulier du fleuve Rouge la route la plus rapide et la plus économique du commerce international avec le sud de la Chine. Il met fin aux exigences de la douane chinoise qui, en faisant refluer sur les routes de Canton et du Ssetchouan les marchandises chinoises, avait privé le Tonkin d'un commerce de transit évalué à 18 millions.

L'article 5 décide que la Chine, pour l'exploitation de ses mines dans les provinces du Yun-nan, du Kouang-Si et du Kouang-Toung, pourra s'adresser d'abord à des industriels et ingénieurs français; et que les voies ferrées existantes ou projetées en Annam pourront être prolongées sur le territoire chinois.

L'article 6 assure le raccordement des réseaux télégraphiques français et chinois entre Sse-Mao, Louang-Prabang et Laï-Chau.

Par édit impérial du 6 décembre, la construction est ordonnée d'une double voie ferrée reliant Péking à Tien-Tsin (longueur: 115 kilomètres); elle coûtera environ 3 millions de taëls. Par suite du décret impérial autorisant la construction d'une double voie ferrée entre Tien-Tsin et Péking, ces travaux seront exécutés par les soins de l'ingénieur anglais C.-W. Kinder, directeur du chemin de fer de Tien-Tsin, sous la surveillance du taotaï Li.

Les bruits (12 déc. 1895) d'un emprunt chinois émis en Allemagne et en Angleterre vont leur train. On mande de Péking, source anglaise, que des négociations ont lieu actuellement, par l'intermédiaire des consuls britannique et germauique, entre le gouvernement impérial, d'une part, les banques de Hong-Kong et de Shanghaï et la Banque néerlandaise asiatique, d'autre part. L'emprunt serait de 130 millions de taels.

L'agence Havas reçoit (Oct. 1895) de Péking une dépêche ainsi rédigée et qui est un peu surprenante:

On dit que le ministre de France essaye d'obtenir du gouvernement chinois que les missionnaires catholiques soient considérés comme ayant le rang de certains mandarins.

On se souvient que les pères jésuites, à la fin du dix-septième et au dixhuitième siècle, avant les controverses du cardinal de Tournon, étaient mandarins.

Le Times tient de son correspondant de Pétersbourg que le ministère russe des finances est occupé à organiser une banque russo-franco-chinoise ayant pour principal objet de développer et d'assurer les intérêts commerciaux de la France et de la Russie en Extrême-Orient. Cette nouvelle est pleinement confirmée.

La cession à la Russie de la baie de Kiao-Tchéou comme station navale d'hiver continue à scandaliser la presse britannique. Le Morning Post commente ainsi cette nouvelle:

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<<< Si nous devons continuer à marcher de pair avec la Russie en Extrême-Orient, il nous faut obtenir quelque station située plus au nord que notre port de Hong-Kong. I paraît que la Russie occupe actuellement la position que l'Angleterre occupait avant la guerre. Nous ne pouvons pas permettre à un rival aussi dangereux de nous supplanter dans les faveurs de la Chine. »

On sait qu'avec l'année finira l'occupation de la péninsule mandchoue du Liao-Toung par les troupes mikadonales. D'après une dépêche de Vladivostok au Nouveau Temps de Pétersbourg, il y aurait à ce sujet, entre la Chine et le Japon, une entente portant sur les points suivants:

1o Payement (déjà effectué) d'une indemnité de 30 millions de taëls au Japon; 20 la Chine s'engage à ne laisser ni la Russie, ni la France, ni l'Allemagne (qui ont approuvé cette clause) occuper le Liao-Toung après son évacuation, et renonce au droit de céder cette péninsule à aucune autre puissance; 3o Ta-LienWan est déclaré port libre; Ta-Kou-Chan est ouvert au commerce international, ainsi qu'un autre port mandchou.

Le général (au service chinois) W. MESNY, bien connu des anciens résidents dans le Céleste Empire, a fait paraître à Shanghaï, le 26 septembre 1895, let premier numéro d'un nouvelle publication in-4 intitulée: ÇI

Mesny's Chinese Miscellany

hebdomadaire; il comprend: Introduction. List of Authorities Consulted. Notes on China and Chinese

Progress in China, I.

Subjects.
Adventures of a British Pioneer in China,
I-II. Cette publication est imprimée au bureau de The China Gazette.

COCHIN CHINE.

L'organisation du Laos.

L'organisation de nos nouveaux établissements de la vallée du Mékong se poursuit méthodiquement sous la direction de M. Boulloche, résident supérieur du Laos.

La construction du réseau télégraphique continue avec activité. L'an dernier, on avait, dans le bas Laos, construit la ligne qui va de Saïgon à Bassac. On va, cette année, établir un fil télégraphique qui partira de Bassac, ou si l'on veut de Ban-Muong, point situé sur la rive gauche du Mékong en face de Bassac, pour aboutir à Attopeu, ce centre important de la région aurifère du Sékong. La distance de Bassac à Attopeu, en ligne droite, est d'environ 110 kilomètres. Enfin, des bureaux de poste vont être ouverts à Ban-Muong et à Kam-Tong-Giai; ce dernier point est situé à 75 kilomètres au nord de Bassac, sur le Sé-Don, affluent de gauche du Mékong.

Pour faire face à ces dépenses d'organisation il faut naturellement des ressources. A cet effet, le gouverneur général, M. Rousseau a, sur la demande de M. Boulloche, établi divers impôts sur les indigènes ou mieux, il a rétabli les anciennes taxes locales.

A côté de la taxe annuelle de 4 piastres, par permis de séjour ou passeport imposée à tout Asiatique étranger au Laos (nos protégés indo-chinois exceptés), il est établi une taxe personnelle frappant les indigènes du Laos inscrits sur les registres de capitation. Les Laotiens qui sont dans un état de civilisation relativement avancée payeront un impôt de 2 piastres 40. Par contre, les tribus de Khas ou sauvages (Muongs, Stieng, etc.) n'acquitteront qu'une taxe de 1 piastre 20 et cet impôt pourra être perçu, soit en numéraire, soit en riz, cire ou autres denrées dont la valeur sera calculée d'après le cours commercial du jour du payement.

Ce sont les autorités indigènes qui sont chargées sous leur responsabilité de percevoir l'impôt; elles auront droit, à titre de frais de recouvrement, à une somme égale au dixième du montant des recouvrements. Toutefois, le commandant supérieur du bas Laos pourra, lorsque les circonstances l'exigeront, accorder aux villages des dégrèvements partiels; seulement, ces dégrèvements ne pourront pas dépasser le cinquième du montant des rôles. En dehors de l'impôt personnel, chaque contribuable laotien ou kha sera astreint à dix jours de corvée, lesquels seront affectés à des travaux déterminés par un arrêté du résident supérieur, rendu sur la proposition du commandaut supérieur du bas Laos. Telles sont les règles générales fixées en matière d'impôts indigènes. Mais, pour ne pas porter atteinte aux habitudes des indigènes, des modérations provisoires de taxes sont accordées dans quelques régions. C'est ainsi que dans les commissariats de Song-Khône et de Cammoun, qui constituent en quelque sorte

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