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1542.25

Acia 9513.3

1850, OZ. 27. Gray Fund. 183.61

INTRODUCTION.

I.

L'église du Saint-Sépulcre, nommée aussi église de la Résurrection de Notre-Seigneur, a toujours été une des plus célèbres et des plus vénérées du monde chrétien. Bâtie par sainte Hélène et Constantin, elle devint le siége du patriarche de Jérusalem et la métropole de toutes les églises soumises à la juridiction de ce pontife. Les conquêtes des Croisés, armés pour délivrer le tombeau de Jésus-Christ, la rendirent plus que jamais l'objet d'un culte particulier. Les rois, les princes, les seigneurs et les évêques des nouveaux états fondés en Orient s'empressèrent à l'envi de l'orner et de l'enrichir; les souverains et les prélats d'Europe, qui n'avaient pu la visiter, voulurent au moins lui prouver leur respect par leurs largesses; les papes veillèrent avec un soin jaloux à la conservation de ses biens et au maintien de ses priviléges. Ce sont les témoignages de cette vénération universelle, et la série de ces pieuses libéralités, pendant la durée de la domination latine en Syrie, que renferme le cartulaire du Saint-Sépulcre. Le nombre des actes dont il est composé, les noms célèbres qu'on y rencontre à chaque page, les notions qu'on peut y puiser sur la géographie politique, la condition des personnes et des terres, l'organisation religieuse du royaume de Jérusalem, en font un des monuments les plus curieux et les plus complets de l'histoire des Croisades.

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II.

On connaît les accusations dirigées contre les cartulaires par le P. Hardouin', et par les écrivains qui dans le siècle dernier s'étaient constitués les ennemis systématiques des communautés religieuses. Les auteurs du Nouveau Traité de diplomatique y ont répondu victorieusement, et leurs conclusions sont admises par tous les bons esprits. Aujourd'hui surtout qu'il ne s'agit plus d'attribuer aux cartulaires un caractère authentique, et de les admettre comme moyens de preuve en justice, personne ne fait difficulté de reconnaître que l'historien trouve dans ces recueils une foule de renseignements qu'il chercherait vainement ailleurs. Plusieurs savants les ont consultés avec beaucoup de fruit3; et l'impulsion nouvelle qu'ont reçue les études historiques a naturellement donné l'idée de réunir et de publier ceux que nous ont légués nos anciennes abbayes". Aussi n'ai-je pas l'intention de ranimer une guerre éteinte, ou d'entreprendre une réfutation désormais inutile. Je veux montrer seulement que les circonstances particulières dans lesquelles le cartulaire du Saint-Sépulcre a été rédigé, doivent lui faire accorder une foi complète, et qu'elles le mettraient à l'abri de toute suspicion, alors même que les reproches adressés aux cartulaires en général trouveraient encore quelque crédit. J'avoue qu'en l'absence de toute preuve positive il est im

'L'ouvrage manuscrit du P. Hardouin est conservé à la Bibliothèque nationale.

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2 Simon, Histoire de l'origine des revenus ecclésiastiques, t. I. — Mémoires du clergé, t. VI.

3 Voyez notamment l'usage que Brussel et Chantereau-Lefebvre ont fait du cartulaire de Champagne.

* Le soin de cette collection est confié à M. Guérard; les sept premiers volumes ont déjà paru.

possible de préciser l'époque de cette rédaction; l'âge des manuscrits, que j'essayerai plus loin de déterminer, ne saurait nous servir de guide, parce que ces manuscrits ne sont probablement que des copies de transcriptions antérieures. On peut cependant affirmer que la réunion des pièces contenues dans le cartulaire du Saint-Sépulcre n'a pas été achevée avant la seconde moitié du XIe siècle, puisqu'on y trouve le serment de fidélité prêté vers 1240 par l'abbé de Sainte-Marie Latine au patriarche Robert. Or Jérusalem et toutes les villes de l'intérieur étaient déjà tombées au pouvoir des Sarrasins, et les Chrétiens ne possédaient plus que les villes du littoral. Est-il probable que les chanoines du Saint-Sépulcre aient fabriqué de faux actes pour se créer des titres de propriété dans les pays occupés par l'ennemi? Cest là cependant ce qu'il faudrait supposer, si l'on attaquait l'autorité de leur cartulaire, où l'on voit que la plus grande partie de leurs domaines étaient situés dans la ville ou aux environs de Jérusalem.

III.

Ce fut un manuscrit apporté d'Orient par Philippe de Maizières, chancelier du roi de Chypre, qui fit connaître en Europe le cartulaire du Saint-Sépulcre. Ce manuscrit, devenu la propriété de Paul Petau, passa dans la bibliothèque de la reine Christine, et de là dans celle du Vatican1. Pendant qu'il

'La célèbre bibliothèque de la reine de Suède avait été composée, en grande partie, des manuscrits de la famille Petau. Cette bibliothèque, après la mort de la reine, fut achetée par le pape Alexandre. VIII, qui donna quelques centaines de manuscrits à son neveu, le cardinal Ottoboni, et réunit les autres à la bibliothèque Vaticane, dont ils forment encore aujourd'hui un fonds particulier. (Arckenholtz, Mémoires concernant Christine, reine de Suède, t. I et II passim. — Blume, Iter Italicum, t. III. — Paulin Pâris, Catalogue des manuscrits français, t. IV.)

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était encore en France, André Duchesne en fit quelques extraits pour ses propres travaux. Ce sont ces extraits, conservés à la Bibliothèque nationale', qui ont servi successivement à du Cange pour son Histoire, encore inédite, des Familles d'Outremer, au P. Helyot pour son Histoire des Ordres monastiques, et à M. le comte Beugnot pour son édition des Assises de Jérusalem.

usage

IV.

Ces quatre savants sont jusqu'ici les seuls qui aient fait du cartulaire du Saint-Sépulcre; mais s'il n'a pas été plus souvent consulté, cela tient surtout à ce qu'on ignorait assez généralement son contenu, et même son existence. M. le comte Beugnot, conduit par la nature de ses travaux à l'étudier en détail, n'a pas tardé à reconnaître tout l'intérêt historique qu'il présente; il a publié la plus grande partie des extraits copiés par André Duchesne2, en y joignant les réflexions suivantes, que je suis heureux de pouvoir reproduire : « Si le P. Paoli a rendu un véritable service à la science «en imprimant le Code diplomatique des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, il est certain que la publication du Cartulaire du Saint-Sépulcre ne serait pas moins bien accueillie des savants qui s'occupent de l'histoire ou de la jurisprudence du moyen âge..... Nous n'avons pas songé à insérer dans notre Appendice un monument historique dont la «< publication exigerait beaucoup de travaux, de temps et d'espace..... Mais nous avons tiré de l'extrait de Duchesne cinquante-deux chartes inédites, qui toutes donnent sur

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'Fonds des cartulaires, n° 195. Collection Duchesne, t. 56

2 Assises de Jérusalem, t. II, dans l'Appendice.

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