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J'ay brief trait à moralité,
Et sur le quint livre desrain,
De matère et stille hautain,
Un petit prologue fait ay,
Pour moy excuser; car de vray
Nulz homs qui n'a engin divin
Ne puet comprendre le latin,
Dont encor se doit mains fier
De tel latin rommancier.

Pour miex apaisier mesdisans,

Qui par aventure diroient
Que la translacion est grans,
Car le latin plus brief verroient,
Sachent tous ce livre lisans
Que pou sont qui bien entendroient
Le latin, ainsi qu'est gisans,
S'en son precis françois l'ooient.
Boëce raconte souvent

Histoires assez convenables,
Mais il s'en passe trop briefment,
Pour ce ne sont tant agreables;
Aussy dit il courtoisement,
Aucunes ficcions et fables;
Quant ne les met plus clerement,
Elles en sont mains delitables.
Et pour ce j'ay voulu entendre
Et metre m'estude et ma cure
De clerement à tous aprendre,
Sans aucun voile ou couverture,
Histoire brief fort à comprendre,
Et la fable qui est obscure,
Au mains tant que se peut estendre
De mon petit sens l'aventure.

Gardé n'ay pas la difference,
Qui est moult desguisée chose :
Car le livre par vers commence,
Et puis tantost s'ensuit la prose;
Mais pour l'annuieuse influence

De plait qui contre moy s'oppose,
Laissie je l'ay de droite science;
La cause cy pas je n'expose.
Vous tous qui ce livre lirés,
S'ay failli veulliez m'excuser;
Le grain de la paille eslirés,
Et le prendrez pour vostre user.
Se ce livre bien remirés,
Vous ne devés pas refuser
D'amer Boëce, ains li dirés
Grans mercis, si voulės muser;
Qu'ay de cuer et corps apresté

En mectre translaté, affin
Que Charles roy qui a esté
Souef nourri nommé dalphin,
En sa nouvelle magesté,
Ne soit à courrous trop enclin
Quant voit son peuple molesté
De la baniere antecristin.

Pour ce que mon cuer si desire
Qu'il regne en santé et en joie,
Que se deduie et que respire
Son penser quant il lui ennoie,
Merancoliant, et suspire
Des nouvelles qu'estuet qu'il oie,
Dont point ne me vueille despire
De ce present que lui envoie.

Principalment ay fait pour ly, Et pour tous mes amis de France, Qui sont pris, robé et benny, Tout convertissant en penance, Et en leur purgatoire aussy Com Boëce, qu'en grant puissance Fortune mist et enrichy, Mais après li tolli chevance.

La fortune, quant fu muée, Le desconforta durement; Mais sa raison enluminée

Français 1092. xve siècle.

Reims.

1099. xve siècle.

1100 et 1101. xve siècle. Jadis de Béthune.

1544. xve siècle. Jadis de Colbert.

1652. xve siècle. Jadis de Colbert.

1947. xve siècle. Jadis de Colbert.

1948. XVe siècle.

1949. xv siècle. Jadis de Le Tellier, archevêque de

Français 12,238, seconde partie. xve siècle.

17,080. xve siècle. Jadis de Séguier et auparavant de

Ph. Desportes.

Français 17,272, fol. 47. xv° siècle. Jadis de Séguier.

24,234. xve siècle. Jadis de Saint-Victor.

25,447. xv siècle. Jadis de Saint-Victor. A appartenu à J. d'Argillière. A été vendu en 1478 par Denis Ravalle, moine de Froimont.

Latin 6643. Daté de l'année 1497.

III. TRADUCTION Anonyme, en vers et en prose.

Avec la traduction dont je viens de parler il est facile de confondre une traduction qui, comme la précédente, est partie en prose et partie en vers. La confusion est d'autant plus à craindre que, dans les deux traductions, quelques-unes des premières pièces de vers sont à peu près identiques. Je laisse à d'autres le soin de rechercher de quel côté est le plagiat, et je me contente de transcrire quelques lignes de cette troisième version.

10 Prologue :

Quar ceulx qui sont en grans tristeces
Conforte doucement Boëces,

C'on dit de Consolacion,

Propos ay et entencion

De lui translater en françois,

Si que chevaliers et bourgois
Y praingnent confort, et les dames,
S'ilz ont triboul de corps et d'ames.
Ou livre a vers, et si a prose;
Si vueil si ordonner la chose

Que li vers soient mis en rime,
Ou consonant ou leolime;

La prose est mise plainnement.

Or oez le commencement.

2o Pièce de vers qui est en tête du premier livre :

Je qui sueil diter et escrire
Les livres de haute matire,
Et d'estude avoie la fleur,
Fais or diz de duel et de pleur.
Les muses qui aux premiers anz,
Ensaignent rimer les enfans,
Que j'amay mout en ma jounece,
Me confortent en ma vieillece.
Tant ay au mains de compaingnie
En ceste douloureuse vie,
De vieillece qui s'est hastée,
Quar douleur l'a tost amenée.
Je suis ja fronciez et chenuz,
Ainçois que temps en soit venuz.
L'en devroit moult priser la mort,
Qui homme qui a son confort
Ne sourprant ne tolst sa leesce,
Mais quant il chiet en tel tristesce
Qu'il est annuyez de sa vie,
Tantost le prant que il l'en prie.
Mais à moy fait tout le contraire:
Quant fortune m'est debonnaire,
Par un pou qu'elle ne m'estaint,
Mes or quant elle m'a empraint,
En la grant douleur où je suy,
Vivre me fait à grant anuy.
Amy, pourquoy me clamiez
Bieneuré? Ne saviez
Que cil n'est pas bieneurez
Qui ne puet estre asseurez.
N'estoit pas certain mon estat,
Quant si bas fortune m'abat.

3o Commencement du morceau en prose qui suit cette pièce de

vers:

Quant je pourpensoie à ce et escrivoie ma doulereuse complainte, il me fu avis que une dame s'estut devant moi, à chyere de trop grant reverence, les yeulz ardanz et cler veanz plus que nuls hons ne puet avoir, la couleur vive et de très grant vigour.....

4o Commencement du livre V :

Quant philosophie ot ce dit, elle ordonnoit le cours de sa narracion à autre propos despecher. Lors li dis je Ta monicion est droituriere et très digne par l'auctorité de toi.....

5o Fin du livre V :

Quar grant neccessité de bien faire, se dissimuler ne voulez, est enjointe à vous mortels, quant vous ouvrez devant les yeulz de celui qui tout voit.

Je n'ai reconnu à la Bibliothèque nationale qu'un exemplaire de cette traduction; c'est le ms. français 1,096, qui se termine par cette souscription :

<< Explicit Boecius de consolacione in gallico, scriptus per Gm Guidomari, Venetensis diocesis, anno ab incarnatione Domini M° CCCmo nonagesimo VII, in vigilia Natalis ejusdem. »

Dextram scriptoris benedicat mater honoris

Duc pennam, rege cor, sancta Maria, precor.

IV. TRADUCTION EN VERS PAR UN AUTEUR ORIGINAIRE DE Meung.

Une quatrième traduction de la Consolation, toute en vers, nous est offerte par le ms. fr. 576. Les citations suivantes montreront combien elle diffère de toutes les autres.

1° Prologue :

Silgibertus, uns clers moult sages,
Recorde d'unes gens sauvages,
Qui furent ja es temps anchiiens,
Et les appelle Gotiiens.

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