1. Pendant l'impression de cet article, nous avons trouvé, aux Archives Nationales, dans les titres de Saint-Martin-des-Champs, sous le no S. 1445, un registre intitulé « Inventaire général des titres de la Procure générale de l'Ordre de Cluny, qui sont à Saint-Martin-des-Champs. » Parmi ces titres figurait une série de copies, quelques-unes collationnées, des Chapitres Généraux de l'ordre depuis 1259 jusqu'en 1768. On y remarque aussi quelques originaux, notamment celui du chapitre de 1454. La date de ces copies n'étant point indiquée, il est fort difficile de dire si ce sont celles-là qui se trouvent maintenant au Corps législatif. Quoi qu'il en soit, elles nous fournissent un chapitre nouveau, celui de 1503, et cinq diètes, celles de 1635, 1637, 1646, 1650 et enfin 1756.

A. B.

ZACHARIE LE CHRYSOPOLITAIN.

Tous les écrivains, qui se sont occupés de Zacharie, l'auteur du commentaire intitulé: In unum ex quatuor, sive de concordia evangelistarum, ont cherché à expliquer le surnom sous lequel il est généralement connu. Les continuateurs de l'Histoire littéraire1 disent que Zacharie naquit à Besançon, appelée souvent Chrysopolis pendant le moyen-âge, surtout au commencement du xII° siècle. Selon Oudin? et Charles Weiss3, il était originaire de Goldsborough (Chrysopolis ou Ville d'or), dans l'Yorkshire. Ce qui a donné lieu à l'assertion de ces deux savants, c'est la note suivante que l'on voit au commencement d'un manuscrit de la Bibliothèque bodleïenne, à Oxford: Zacharia Chrysopolitani sive Goldsboroug Explanationes in unum ex quatuor. A la rigueur, cette explication serait admissible, si la note citée par Oudin se rapportait à un manuscrit relativement rapproché de l'époque où vivait Zacharie et si cette note elle-même avait une certaine antiquité. Mais, comme le font très-bien remarquer les continuateurs de l'Histoire littéraire, l'autorité d'un seul manuscrit ne peut pas prévaloir sur celle d'un grand nombre d'autres plus anciens, qui le contredisent, au moins par l'absence d'indications de ce genre. De la part d'un

1. T. XII, p. 484.

2. Comment. de script. ecclesix antiquis, II, p. 1442.

3. Biographie universelle, t. LII, p. 27.

Anglais, qui avait d'ailleurs le droit d'ignorer que la dénomination de Chrysopolis ne convenait pas uniquement à Goldsborough, cette interprétation était assez naturelle.

Il a été donné d'autres raisons, qui ne sont pas même sérieuses. Ainsi, c'est à tort que plusieurs ont pris Zacharie pour un archevêque de Besançon, car il ne figure dans aucune liste des prélats de cette ville. Quant à l'opinion de l'abbé Rive1, qui le regarde comme évêque de Chrysople en Arabie, et à celle de Croweus, qui a fait de Zacharie un évêque grec, sans doute de Chrysopolis en Macédoine, elles ne reposent sur aucune preuve. De ces différentes explications, la première seule a quelque valeur. Je n'ai pas la prétention de vouloir résoudre la question; je me contenterai d'émettre à ce sujet une nouvelle opinion, qui a au moins le mérite de la vraisemblance. A mon avis, Zacharie le Chrysopolitain était un chanoine chargé de la direction de l'école de l'église Saint-Jean de Besançon. Il souscrivait, le 25 juillet 1131, une charte de l'archevêque Anséric, avec Gerland, le célèbre écolâtre de Saint-Paul3. Dans une autre charte de l'année 1134, il prend le titre de doctor scholarum1; enfin, il figure de nouveau comme témoin dans un troisième acte non daté, mais qui doit être placé entre 1134 et 11615. Or, d'après les auteurs cités plus haut, Zacharie le Chrysopolitain vivait encore en 1157. Il y a donc une coïncidence de dates, qui n'est pas absolue, il est vrai; mais elle mérite d'être signalée.

Un exemple entièrement semblable se présente dans le même temps et dans la même ville de Besançon. Gerland, dans la préface de son ouvrage intitulé Candela, prend la

1. La Chasse aux bibliographes, p. 385.

2. De sacr. script., p. 343.

3. Voici la date de cet acte: « Actum Bisuntii, anno ab incarnatione Domini M° C XXXI, indictione IXa, VIII kalendas augusti, in domo episcopali, solempniter.

« Testes Vuillelmus de Arguel, Garlandus, prior canonicorum Sancti Pauli, et Galannus, canonicus ejus, Wolbertus et Hugo, fratres atque archidiaconi, et Zacharias, magister scholarum Sancti Johannis Evangeliste, etc. »> Collection Moreau, 870, f. 680.

4. .....Hujus rei testes sunt, . Petrus, decanus Sancti Stephani, Hugo el Wolbertus, archidiaconi, Zacharias, doctor scholarum. »- Gallia Christiana, XV, instr. xxv, col. 29, et Collection Moreau, 875, f. 414.

5. Archives du Jura, I, 2. Acey.

6. « Omnibus in Christo degentibus Jarlandus Crysopolitanus, etc.»- D. Martène, Thesaurus novus anecdotorum, I, p. 372.