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Par un pou que elle ne m'estaint,
Mais ce quant elle m'a empaint,
En la douleur où cheoit sui,

Vivre me fait en grant ennui.
Amis, pourquoy [me] clamiés
Bieneures? Ne savies

Que cil n'est pas bieneurés
Qui ne puet estre asseurés.
N'estoit pas certain mon estat,

Quant si bas fortune me abat.

2o Commencement du morceau en prose qui suit cette pièce de

vers:

Quand je me dementoie ainsi, et ma complainte plaine de pleur metoie en escript, il me fu avis que une dame estoit sur mon chief, de trop grant reverence, les iex ardans et cler voians sur touz hommes, la couleur vive et de trop grant vigueur.....

3o Commencement du livre V:

Quant elle ot ce dit, elle s'appareilloit de poursuivre sa parole et autre chose, je li dis: Ton amonestement est droiturier et de grant dignité pour l'auctorité que tu as...........

4o Fin du livre V :

Car grant neccessité vous est enjointe et chargie de proesce et de bien faire, se vous ne voulez dissimuler et faindre, o vous, mortelz, quant vous faites toutes voz euvres devant les iex de celui juge qui tout voit, lequel par sa benigne grace nous doint à l'encontre de toutes temptacions resister, que nous puissons aquerir le royaume du ciel. Amen.

Nous n'avons pas moins de dix-sept exemplaires manuscrits de cette traduction :

Français 1728, fol. 221. xive siècle. Cette copie est de la main de Henri du Trévou, et par conséquent contemporaine de Charles V ; c'est d'après elle que j'ai fait mes citations.

Français 1093. Copié à Grenoble en 1459 pour Jean Jopitre, secrétaire du roi et du dauphin.

Français 575. xve siècle. Exemplaire de Louis de Bruges.

Français 1092. XVe siècle.

Reims.

1099. XVe siècle.

1100 et 1101. xve siècle. Jadis de Béthune.

1541. xve siècle. Jadis de Colbert.

1652. xve siècle. Jadis de Colbert.

1947. xve siècle. Jadis de Colbert.

1948. XVe siècle.

1949. xve siècle. Jadis de Le Tellier, archevêque de

Français 12,238, seconde partie. xve siècle.

17,080. xve siècle. Jadis de Séguier et auparavant de

Ph. Desportes.

Français 17,272, fol. 47. xv° siècle. Jadis de Séguier.

24,231. xve siècle. Jadis de Saint-Victor.

25,417. xv siècle. Jadis de Saint-Victor. A appartenu à J. d'Argillière. A été vendu en 1478 par Denis Ravalle, moine de Froimont.

Latin 6643. Daté de l'année 1497.

III. TRADUCTION ANONYME, EN VERS ET EN PROSE.

Avec la traduction dont je viens de parter il est facile de confondre une traduction qui, comme la précédente, est partie en prose et partie en vers. La confusion est d'autant plus à craindre que, dans les deux traductions, quelques-unes des premières pièces de vers sont à peu près identiques. Je laisse à d'autres le soin de rechercher de quel côté est le plagiat, et je me contente de transcrire quelques lignes de cette troisième version.

40 Prologue:

Quar ceulx qui sont en grans tristeces
Conforte doucement Boëces,

C'on dit de Consolacion,

Propos ay et entencion

De lui translater en françois,

Si que chevaliers et bourgois
Y praingnent confort, et les dames,
S'ilz ont triboul de corps et d'ames.
Ou livre a vers, et si a prose;
Si vueil si ordonner la chose

Que li vers soient mis en rime,
Ou consonant ou leolime;
La prose est mise plainnement.

Or oez le commencement.

2o Pièce de vers qui est en tête du premier livre :

Je qui sueil diter et escrire
Les livres de haute matire,
Et d'estude avoie la fleur,
Fais or diz de duel et de pleur.
Les muses qui aux premiers anz,
Ensaignent rimer les enfans,
Que j'amay mout en ma jounece,
Me confortent en ma vieillece.
Tant ay au mains de compaingnie
En ceste douloureuse vie,
De vieillece qui s'est hastée,
Quar douleur l'a tost amenée.
Je suis ja fronciez et chenuz,
Ainçois que temps en soit venuz.
L'en devroit moult priser la mort,
Qui homme qui a son confort
Ne sourprant ne tolst sa leesce,
Mais quant il chiet en tel tristesce
Qu'il est annuyez de sa vie,
Tantost le prant que il l'en prie.
Mais à moy fait tout le contraire :
Quant fortune m'est debonnaire,
Par un pou qu'elle ne m'estaint,
Mes or quant elle m'a empraint,
En la grant douleur où je suy,
Vivre me fait à grant anuy.
Amy, pourquoy me clamiez
Bieneuré? Ne saviez

Que cil n'est pas bieneurez
Qui ne puet estre asseurez.
N'estoit pas certain mon estat,
Quant si bas fortune m'abat.

3o Commencement du morceau en prose qui suit cette pièce de

vers:

Quant je pourpensoie à ce et escrivoie ma doulereuse complainte, il me fu avis que une dame s'estut devant moi, à chyere de trop grant reverence, les yeulz ardanz et cler veanz plus que nuls hons ne puet avoir, la couleur vive et de très grant vigour.....

4o Commencement du livre V:

Quant philosophie ot ce dit, elle ordonnoit le cours de sa narracion à autre propos despecher. Lors li dis je: Ta monicion est droituriere et très digne par l'auctorité de toi.....

5o Fin du livre V:

Quar grant neccessité de bien faire, se dissimuler ne voulez, est enjointe à vous mortels, quant vous ouvrez devant les yeulz de celui qui tout voit.

Je n'ai reconnu à la Bibliothèque nationale qu'un exemplaire de cette traduction; c'est le ms. français 1,096, qui se termine par cette souscription:

<< Explicit Boecius de consolacione in gallico, scriptus per Gm Guidomari, Venetensis diocesis, anno ab incarnatione Domini M° CCCmo nonagesimo VII°, in vigilia Natalis ejusdem. »

Dextram scriptoris benedicat mater honoris

Duc pennam, rege cor, sancta Maria, precor.

IV. TRADUCTION EN VERS PAR UN AUTEUR ORIGINAIRE DE MEUNG.

Une quatrième traduction de la Consolation, toute en vers, nous est offerte par le ms. fr. 576. Les citations suivantes montreront combien elle diffère de toutes les autres.

1° Prologue:

Silgibertus, uns clers moult sages,
Recorde d'unes gens sauvages,
Qui furent ja es temps anchiiens,
Et les appelle Gotiiens.

Car li sourdons de leur lignie
Fu de la terre de Gocie,
Qui aultrement a en nom Gete,
Par où Muritaigne se gette,
De là par devers Oriant,
Mais de cha les va costiant.

Voel que cascun lise mon livre,
Où as desconfortés confort livre
Boëces que j'ay commenchiet,
Et pour confort encommenchiet,
Car c'est de consolation
Encontre desolation;

Et l'ay tout rommanchiet en mettre,
Car c'est plus bel qu'en prose mettre,
Combien que c'en soit l'ordenanche,
Ou latin où il adevance

Le mettre par devant la prose,
Si com il apert en sa glose.
Et pour tant que parole dite,
Com soutilment que on l'ait ditte,
Vaut autretant comme perdue,

S'elle n'est clere et entendue,
Pour tant en ma translation
Fais une protestation

Dou romanchier ouvertement
Boëce et son entendement

En ce livre, en qui il suppose

Pluseurs biens que il point n'expose,
Ains adreche à chiaus sa parole
Qui ja les ont apris d'escole;
Dont qui s'en voelt cler entroduire
Ne doit pas mot à mot construire,
Et s'il est qu'ensi le construie,
Ja ne saura ne seil ne suye;
Pour ce m'ahert à la sentance,
Qui de tous mauls deffent et tensse.
Après, en rimant ce Boëce,

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