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DOCUMENTS POUR SERVIR A L'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE DE QUELQUES PAROISSES BELGES, AYANT APPARTENU A L'ANCIEN ÉVÊCHÉ DE BOIS-LE-DUC, PAR P. D. KUYL.

I.

ZOERLE-PARWYS.

On lit dans l'excellente Histoire de l'évéché de Boisle-Duc de l'abbé Coppens: Pendant que le vicaire apostolique, Pierre Govarts, administrait le diocèse de Bois-le-Duc, on avait fait quelques tentatives pour séparer la chapelle de Zoerle de l'église-mère de Westerloo afin de l'ériger en paroisse. Et, quoiqu'en 1703 le chef du diocèse eût nommé un desservant pour Zoerle, cet état de choses vint à cesser en 1705. La séparation totale n'eut lieu qu'en 1734, lorsque le cardinal archevêque de Malines, Thomas Philippe de Boussu, était vicaire apostolique du doyenné de Gheel'. Coppens donne ensuite en note la liste des curés de Zoerle qui ont desservi la paroisse depuis 1734, et semble insinuer par là que la paroisse de Zoerle ne date que de cette année. Le savant auteur se trompe; car la paroisse fut érigée en 1703. Il a été sans doute induit en erreur parce que des difficultés qui surgirent en 1703, au moment de l'organisation de la paroisse de Zoerle, ne furent aplanies qu'en 1734, lorsque l'administration de la paroisse fut définitivement confiée aux religieux prémontrés de Tongerloo.

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Zoerle, qui n'a plus l'étendue qu'il avait avant le concordat de 1801, était formé autrefois de deux sec

1) Nieuwe beschrijving van het bisdom van 's Hertogenbosch, IV, p. 291.*

tions de territoire bien distinctes. La partie appelée Zoerle-Perwez, comprenant le village actuel avec son église, dépendait des seigneurs de Gheel, tandis que Zoerle-Westerloo était l'apanage des seigneurs de Westerloo. Chacune de ces divisions avait son mayeur, ses échevins et jurés, qui assistaient le curé dans la vérification des comptes, l'élection des nouveaux marguilliers et la nomination du clerc de l'église. Les dimes étaient partagées entre l'abbé de Tongerloo et le seigneur de Westerloo; le curé de ce dernier endroit y percevait également une portion minime des dimes.

Au spirituel, Zoerle dépendait de la paroisse de Westerloo, qui anciennement faisait partie de l'évêché de Cambrai, et ressortissait à l'archidiaconé et au doyenné d'Anvers. Au xvre siècle Zoerle fut incorporé au diocèse de Bois-le-Duc. Depuis cette époque, et encore aujourd'hui que cette paroisse appartient au diocèse de Malines, elle fait partie du doyenné de Gheel.

De temps immémorial l'abbé de Tongerloo possédait le droit de patronage sur la chapelle de Saint-Nicolas à Zoerle. Les religieux de l'abbaye y célébraient la messe les dimanches et les jours de fête, ainsi que les mercredis et les vendredis de chaque semaine, et le mardi tous les quinze jours. Outre la chapelle de Saint-Nicolas il y avait encore à Zoerle un oratoire nommé Voort-Kapel. Les chanoines de Tongerloo y faisaient également le service divin les dimanches et jours fériés, à l'exception des quatre grandes fêtes de l'année. Ils se sont acquittés de cette fonction jusqu'à la suppression de leur abbaye. Les vendredis un vicaire de Westerloo y disait égale

ment la messe1. La chapelle de Voort-Kapel, dédiée à la sainte Vierge, a été élevée au rang d'église succursale le 20 décembre 1842.

Déjà avant la fin du XVIIe siècle les habitants de Zoerle avaient sollicité l'érection d'une église paroissiale, ou du moins la faveur d'avoir deux messes les dimanches, afin de ne pas se trouver dans la dure nécessité d'aller entendre la messe à Westerloo, éloigné, pour une grande partie des paroissiens, de plus d'une lieue. Mais ils n'avaient pu rien obtenir. Le zèle du nouveau vicaire apostolique, Pierre Govarts, nommé en 1701 pour administrer l'évêché de Bois-le-Duc, leur donnait l'espoir de voir combler leurs désirs. Ils lui adressèrent une requête en 17022. A la suite de cette requête, le vicaire apostolique, après s'être assuré du consentement des deux grands décimateurs à Zoerle, sépara le 7 avril 1703, Zoerle-Perwez, Zoerle-Westerloo, Gelindel, Daeniseynde, Straeteneynde et Hultje de la juridiction ecclésiastique de Westerloo, et érigea la chapelle de Saint-Nicolas en église paroissiale3. L'abbé de Tongerloo désigna un de ses religieux, nommé Gaspar De Bie, pour être le premier curé de la nouvelle paroisse.

Cependant les habitants de Westerloo, se croyant lésés dans leurs droits, intentèrent un procès au curé de Zoerle, et à l'administration du diocèse de Bois-leDuc. L'abbé de Tongerloo, sans doute pour ne pas être obligé de prendre part aux dissensions, révoqua, par lettre du 21 avril 1705, le curé récemment nommé.

1) Voyez ci-dessous le document no I.

2) Voyez ci-dessous le document n⚫ II.

3) Voyez l'acte d'érection ci-dessous au document n° III.

Cependant De Bie s'intitulait encore le 8 mai: Fr. Gaspar De Bie, canonicus Tongerloënsis, et de facto pastor in Zoerle1.

Le vicaire apostolique Govarts, que Coppens loue tout particulièrement à cause de sa sollicitude dans la bonne direction du diocèse, et du zèle qu'il a mis à établir partout des ecclésiastiques capables pour gouverner les paroisses2, ne se laissa pas intimider, et, à défaut de présentation faite par l'abbé de Tongerloo, il nomma comme curé de Zoerle, Corneille Hugues Nelst, prêtre séculier. Celui-ci mourut en 1708 et eut pour successeur un autre prêtre séculier, nommé Jean-Baptiste Clemens, natif de Gheel, qui remplit les fonctions pastorales à Zoerle pendant de longues années; car il y était encore curé en 1732.

Entretemps le procès touchant la prétendue nullité de l'érection de la paroisse de Zoerle n'avait pas encore reçu de solution. Les habitants du hameau de Dacmseynde continuaient toujours, quoiqu'illégalement, comme le dit l'arrêt impérial de Charles VI, à fréquenter l'église de Westerloo3. Le plus grand obstacle à la bonne entente était que ceux de Westerloo se fondaient sur ce que leur marquis n'avait pas donné son consentement à l'érection de la paroisse de Zoerle. En 1732, un habitant de Zoerle, marguillier de l'église, vint attester qu'il avait vu les lettres du seigneur de Wester

1) Archives de l'église de Notre-Dame, à Anvers, Capsa archipresbyteratus. Zoerle.

2) Beschrijving van het bisdom van 's Hertogenbosch, I, p. 287.

3) Le curé Nelst, dans une note qu'il a ajoutée à l'acte d'érection, dit que Govarts avait donué de vive voix aux habitants de Daemseynde la permission de continuer à faire partie de la paroisse de Westerloo.

loo. Le feldmaréchal aurait pu suppléer à cette lettre détournée, en renouvelant son consentement; mais quelques intéressés lui faisaient accroire que les habitants de Zoerle-Westerloo voulaient, par l'érection de la nouvelle paroisse, se soustraire à sa juridiction civile1.

Nonobstant le procès et les embarras qui en étaient la suite, le service paroissial de Zoerle se faisait régulièrement. Cependant le curé en souffrait beaucoup. Aussi longtemps que le procès fut pendant, les décimateurs ne pourvoyaient pas à sa portion compétente. Il n'y avait pas de presbytère, et, par suite, le curé était obligé de se loger chez un fermier2. Ensuite les pauvres de la nouvelle paroisse, qui restaient à charge de la commune de Westerloo, rencontraient de grandes difficultés lorsqu'ils avaient besoin d'être secourus3.

Quelque temps après la mort du vicaire apostolique Govarts, toute la partie de l'ancien évêché de Bois-le-Duc appartenant à la maison d'Autriche fut séparée du reste du diocèse et placée sous la juridiction d'un ecclésiastique particulier. Le cardinal archevêque de Malines, Thomas Philippe d'Alsace de Boussu fut le premier administrateur de cette partie, qui se

1) On trouve ces détails dans les pièces relatives à ce procès, conservées aux archives de Féglise de Notre-Dame, à Anvers.

2) Après que les difficultés furent aplanies, l'abbaye de Tongerloo fit bâtir un presbytère.

5) Archives de l'église Notre-Dame à Anvers. Capsa ar chipresbyteratus, Zoerle-Parwys.

4) Pierre Govarts, natif de Turnhout, mourut à Malines le 17 septembre 1726, et voulut être inhumé à l'hôpital de Gheel, où l'on trouve encore aujourd'hui sa pierre sépulcrale, placée devant l'autel.

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