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ni si général que l'année précédente. Cependant il causa beaucoup de dégâts dans le diocèse de Paris et dans le pays d'alentour.

CHAPITRE XXXIII.

Le roi envoie des ambassadeurs aux deux prétendus papes.

Le jour de la dédicace de l'église de Saint-Denys, le roi Charles se rendit, suivant sa coutume, à l'abbaye; mais il n'assista point à la messe ni à la procession en habit royal, comme le pratiquaient ses prédécesseurs; car il venait d'éprouver une nouvelle atteinte de sa maladie les accidents que nous avons déjà rapportés plus haut se reproduisirent, et durèrent jusqu'à la seconde semaine du mois de juillet.

Dans les dernières conférences qui avaient eu lieu avec le roi Richard au sujet de l'union, les deux rois étaient convenus d'envoyer des ambassadeurs aux deux prétendus papes. Le roi de France chargea de cette mission Gilles des Champs et Jean Courtecuisse, fameux docteurs en théologie, ainsi que plusieurs chevaliers. Les rois de Castille et d'Angleterre envoyèrent également des députés en leur nom. Les ambassadeurs s'adressèrent d'abord à monseigneur Benoît et le supplièrent humblement et instamment, de la part du roi de France, d'accepter la voie de cession, pour l'honneur de Dieu et pour l'extinction de l'exécrable schisme, et de daigner prendre en pitié les souffrances du troupeau du Seigneur. Mais quand ils virent que le pape éludait leur demande par toutes sortes de subterfuges, ils le sommèrent et le requirent une fois pour toutes de pourvoir, de concert avec son compétiteur, à ce que la sainte Église de Dieu jouît, dans un délai déterminé, d'une paix profonde sous l'obéissance d'un seul et véritable pape. Ils ajoutèrent que, au cas où ce qu'on leur demandait n'aurait pas été réglé et accompli, lesdits rois avaient l'intention d'aviser efficacement à l'extinction du schisme, de chercher et d'employer toutes les voies et tous les moyens propres à rétablir sans plus de retard l'union de l'Église, et de travailler de tout leur pouvoir à

providere, querere et procurare omnes vias et modos quod sine ampliori dispendio ipsa Ecclesia uniretur; iterum et quod procurarent toto posse, ut cessarent omnia quibus et per que presupponebatur et poterat verissimiliter presupponi induracionem ipsius pestilentis scismatis usque nunc fuisse protensam.

Ipse autem, in duricia solita perseverans, dixit non sibi satis sufficienter persuasum quod deberet acceptare viam illam cessionis, cum fratribus tamen suis iterum de materia ista lacius loqueretur, et inde regibus suum significaret intentum. Ambassiatores vero, adversarium adeuntes, cum, predicta intimantes, ab ore Anglicorum supplicatum fuisset ut viam cessionis acceptaret pro assequenda Ecclesie unitate, tandem rogatus ab aliis, quasi una lingua cum Benedicto respondens in substancia dixit: << Tam brevi tempore super tam gravi materia deliberare non « possem; quamprimum tamen potero, cum fratribus meis et aliquibus principibus tam presentibus quam absentibus super << hac deliberare intendo, et ipsis regibus meam intencionem << nunciare. >>

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Sic ambassiatores predicti redeuntes, et nichil utilitatis penitus referentes ad propositum unionis, in presencia regum constituti, id solum asseruerunt, quod ambo qui Petri cathedram occupabant, ambicione nimia excecati, in auctoritate sua intendebant pertinaciter permanere.

CAPITULUM XXXIV.

Ad honorem regni aliqua consiliarii regii decreverunt.

Qui regni disponendis arduis ex officio incumbebant, circumspectorum virorum attendentes sentenciam, quod propter

faire cesser les obstacles qu'on supposait ou qu'on pouvait vraisemblablement supposer avoir contribué jusqu'ici à la prolongation de ce déplorable schisme.

Benoît, persévérant dans son endurcissement, répondit qu'il n'était pas suffisamment convaincu qu'il dût accepter la voie de cession; que toutefois il en délibérerait plus à fond avec ses frères, et qu'il ferait connaître son intention aux rois. Les ambassadeurs allèrent ensuite trouver son compétiteur et lui firent les mêmes demandes. Les envoyés d'Angleterre, qui portèrent la parole, le supplièrent d'accepter la voie de cession dans l'intérêt de l'union de l'Église. Les autres se joignirent à eux pour le presser. Il leur tint le même langage que Benoît : « Je <«< ne pourrais, leur dit-il, prendre une décision en si peu de temps « dans une affaire si importante. Toutefois, dès que je le pourrai, j'en « conférerai avec mes frères et quelques princes de mon obédience, présents et absents, et je ferai connaître mon intention aux rois. »>

Les ambassadeurs partirent donc sans avoir réussi dan sleurs efforts en faveur de l'union. Lorsqu'ils furent de retour auprès de leurs maîtres, ils n'eurent rien autre chose à leur annoncer, sinon que les deux personnages qui occupaient la chaire de saint Pierre, aveuglés par leur excessive ambition, ne songeaient qu'à se maintenir obstinément en possession de leur autorité.

CHAPITRE XXXIV.

Mesures prises par les conseillers du roi dans l'intérêt du royaume.

Ceux qui étaient à la tête du gouvernement pensèrent, conformément à l'avis des personnes sages, que c'était en raison des crimes

regnicolarum peccata sic permittebat summus dominancium dominus regem alternatis vicibus infirmari ; que et si innumerabilia dixerim, ad paucorum tamen reformacionem et correctionem que sequentur eos scio processisse. Per compita siquidem Parisiensis civitatis voce preconia, precinentibus lituis, auctoritate regia, circa finem februarii, extitit promulgatum, ne quis deinceps in regno turpia juramenta ad injuriam Creatoris proferret vel blaphemiam gloriosissime Virginis matris ejus; quod crimen inter aulicos nobiles et urbanos excercebatur absque erubescencie velo. Morem hunc pessimum predicatores ubique spiculo sancte doctrine eradicare temptaverant; sed quia tanto vicio irretiti, tanquam aspis surda, pertransibant, salutaria vilipendentes monita, ideo rex hoc inhibuit sub pena cauterii, vel emende arbitrarie, et amissionis bonorum temporalium. Ut hoc paucis expediam verbis, diu non obtemperatum est edicto; nam milites et armigeri, dominorum temporalium curias frequentantes, et qui majoris auctoritatis existebant, consuetudinem hanc nephandam iterum resumpserunt, et sic ceteris exemplum dederunt et audaciam malignandi sicut prius.

Iterum publice proclamatum est eadem auctoritate, ut porta Parisiensis, que porta Inferni dicebatur, quia antiquitus per illam ad vallem viridam, ubi demon in specie speciosissime meretricis habitabat, pergebatur, nominaretur deinceps porta sancti Michaelis; item et quod universis pro quocunque scelere condempnatis ad mortem concederetur copia confessoris, sicut et regnis ceteris; quod hucusque fuerat denegatum; et, ut publice ferebatur, hujus muneris regalis dominus Petrus de Crodonio extitit procurator precipuus. In hujus signum, vel in

commis dans le royaume, que le souverain maître du monde envoyait ainsi au roi Charles de fréquentes rechutes. Ils avisèrent donc à punir et à réprimer quelques uns de ces crimes, dont le nombre était fort considérable. En conséquence, vers la fin de février, ils firent publier au nom du roi dans les rues de Paris, par la voix du héraut et à son de trompe, une ordonnance qui avait pour but de mettre un frein à ces ignobles jurements, si offensants pour la majesté divine, à ces blasphèmes contre la très glorieuse Vierge Marie sa mère, que proféraient sans rougir les seigneurs de la cour, la noblesse et les gens du petit peuple. Les prédicateurs avaient essayé de détruire cette habitude détestable en la flétrissant dans leurs sermons. Mais, tels que l'aspic insensible, les coupables, endurcis dans ce vice, négligeaient ces avis salutaires. Il fut alors défendu par le roi de proférer des blasphèmes, sous peine d'être marqué d'un fer chaud, de payer une amende arbitraire ou de perdre ses biens temporels. A dire vrai, cette ordonnance ne fut pas long-temps observée. Les principaux chevaliers et écuyers, qui vivaient daus l'intimité des seigneurs de la cour, reprirent bientôt leur criminelle habitude, et leur exemple encouragea les autres à retomber dans leurs fautes passées.

Il fut aussi publié par ordre du roi que la porte de Paris qu'on appelait porte d'Enfer, parce qu'elle conduisait à une prairie où le démon habitait sous la figure d'une belle courtisane, prendrait désormais le nom de porte Saint-Michel'. Une autre ordonnance portait qu'un confesseur serait accordé à tous les condamnés à mort, quelque crime qu'ils eussent commis, ainsi que cela se pratiquait dans les autres états. Cette grâce leur avait été refusée jusqu'alors. On la dut principalement, dit-on, à l'intervention de messire Pierre de Craon. En témoignage de cette faveur royale, ce seigneur, soit par une inspira

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