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INTRODUCTION

Les Registres de la Chancellerie pontificale représentent un des fonds les plus importants des Archives du Vatican; cette collection, qui va du pontificat d'Innocent III (1198-1216) à celui de Pie V (1566-1572) (1), comprend plus de deux mille volumes (2) et renferme la copie authentique d'un nombre incalculable de lettres pontificales envoyées dans tous les pays de la chrétienté. Inutile d'insister sur la valeur historique de ces documents vers lesquels s'est portée, dès l'ouverture des Archives du Vatican, l'activité des historiens de toutes les nations (3), soit pour étudier de près la diplomatique pontificale, soit pour mettre à la disposition des érudits de nouveaux instruments de travail.

Le dépouillement d'une partie de ces registres en vue de recueillir les actes concernant un territoire plutôt restreint, comme l'était celui des quatre anciens diocèses belges, ne permet pas d'entreprendre une étude complète et détaillée de l'origine, du développement et de l'organisation de la Chancellerie apostolique; il est indispensable cependant que le lecteur possède sur le fonds qui a fait l'objet de nos recherches certaines notions qui lui permettent de se rendre compte de la valeur des documents qu'il a sous les yeux.

I. Les Registres des Papes du XIVe siècle. On sait que pour la période des papes d'Avignon, la série des registres est double : à côté des registres de parchemin, qui forment la série des registres

1. Cf. dom Gregorio PALMIERI, Ad Vaticani Archivi Romanorum Pontificum regesta manuductio Rome, 1884). En réalité, avant Innocent III (1198-1216), il y a trois volumes, l'un contenant les lettres de Jean VIII (872-882), les deux suivants, celles de Grégoire VII (1073-1085); de même, après Pie V (1566-1572), deux registres nous sont parvenus: le registre 2018 renferme les lettres de Sixte-Quint (1585-1590) et le registre 2019 des bulles de Grégoire XIII (1572-1585), Sixte-Quint et Clément VIII (1592-1605).

2. La série des registres du Vatican porte une numérotation continue de 1 à 2019 (cf. PALMIERI, Manuductio). Toutefois un certain nombre de volumes ont une numérotation double ou multiple: ce sont les reg. 21 A, 25 A, 29 A, 244 A à 241 N, 990 A, 1214 A et 1607 A, ce qui donne 19 volumes de plus. Après la publication de la Manuductio, deux volumes ont encore elé ajoutés à la collection: le reg. 8 A, qui contient des lettres d'Innocent III (années 10 et I et le reg. 46 A comprenant des lettres des papes Célestin V, Nicolas IV et Boniface VIII; par contre le reg. 740 (lettres d'Innocent VIII) ne se retrouve plus. Dans leur état actuel, les registres du Vatican sont au nombre de 2039.

3. Cf. GIRY, Manuel de diplomatique (Paris, 1894), p. 683.

dits du Vatican, il existe une série de registres de papier, dits regis tres d'Avignon. Cette dernière collection comprend aujourd'hui 349 volumes (), contenant les lettres des papes d'Avignon depuis Clément V (représenté par un seul volume) jusqu'à Benoît XIII (13941417).

Ces registres de papier sont les originaux dont les registres de parchemin ne sont que des copies. Dans leur état actuel, ils sont formés en général de cahiers de cinquante folios réunis dans une reliure du commencement du XVIII° siècle (2). Mais ceux qui furent chargés de ce travail y mirent une certaine négligence, de sorte que beaucoup de cahiers ne se trouvent pas à leur place, surtout pour les premiers papes de cette époque, dont on retrouve des fragments de registres dans les registres des années correspondantes de leurs successeurs. Toutefois, à la suite d'une elude minutieuse de ces volumes, ces lacunes ont pu être comblées en très grande partie : le Dr Göller est parvenu à dresser la liste des fragments de registres de Clément V, Jean XXII et Benoît XII disperses dans les volumes des papes suivants (3).

Mais les registres d'Avignon presentent un autre défaut plus grave et auquel il n'est pas possible de remédier. Après leur transcription sur parchemin, ils ont été considérés comme de peu d'importance et les archivistes pontificaux ne se sont plus guère souciés de leur con

1. La Manuductio de PALMIERI n'indique pas le nombre total des volumes de cette série, mais seulement le nombre des registres de chaque pontifical, comme suit: Jean XXII, 46 vol. ; Benoît XII, 8 vol.; Clément VI, 66 vol.; Innocent VI, 29 vol.; Urbain V, 23 vol.; Grégoire Xl, 32 vol.; Clément VII, 70 vol.; Benoit XIII, 72 vol. Le total serait 316 volumes. A. CAUCHIE, De la création d'une Ecole belge à Rome (dans le Compte-rendu des travaux du dixième Congrès de la Fédération archéologique et historique de Belgique, (Tournai, 1896), p. 743, donne le nombre de 347; E. GOLLER, Mitteilungen und Untersuchungen über das päpstliche Register-und Kanzleiwezen in 14. Jahrhundert, besonders unter Johann XXII, und Benedikt XII, dans Quellen und Forschungen aus Italienischen Archiven und Bibliotheken herausgegeben vom Königl. Preussischen historischen Institut in Rome, t. VI (1904), p. 277, indique un total de 348 volumes; enfin dom Ursmer BERLIÈRE, Aux Archives Valicanes, (dans la Revue bene dictine, t. XX (1903), p. 141), mentionne 349 registres. El c'est ce dernier chiffre qui est exact. Pour expliquer l'erreur, il faut remarquer que PALMIERI ne mentionne pas le volume unique de Clément V; que le dernier registre (t. 66) de Clément VI n'existe plus; enfin que l'on a ajouté aux 70 vol. de Clément VII trois volumes supplémentaires.

2. Cf. Reg. Av. 7, fol. 559: Ego Petrus Montroy, Claromontensis, eques levis armature et hujus archivii custos, omnia ista volumina vetustate fere consumpta restaurari et decorarı curavi, sumptibus tamen Camere apostolice de anno 1716.

3. E. GÖLLER, op. cit., dans Quellen und Forschungen, t. VII (1991), pp. 81 et suiv. Il faut ajouter à cette liste pour la dix-huitieme année de Jean XXII, le reg. Av. 339, fol. 431-524. Comme pour compenser ces lacunes, les relieurs ont ajouté dans certains volumes aux leitres pontificales, des documents d'ordre économique, surtout des Introitus et exitus; cf. J. LOYE, les Archives de la Chambre apostolique au XIV siècle, 1 partie, Inventaire (Paris, 1899), pp. 197-250.

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servation ('). Aujourd'hui la plupart d'entre eux sont plus ou moins endommagés par l'humidité et quelques-uns complètement hors d'usage.

C'est ce qui explique que pour les recherches et les transcriptions l'on ait préféré les registres dits du Vatican, qui sont de superbes volumes de parchemin, d'une écriture soignée et d'une conservation parfaite, dont la transcription est d'ailleurs de peu postérieure (2). En outre, chacun de ces volumes est pourvu d'un index par ordre de numéros, qui correspond à l'ordre des lettres dans le volume, ce qui n'est pas le cas pour la série d'Avignon.

Il ne faut pas oublier cependant que les registres du Vatican ne sont qu'une copie des registres d'Avignon et que, malgré la surveillance du correcteur officiel, leur transcription n'est pas toujours correcte. Les noms propres surtout ont été très maltraités; il n'est pas rare que des mots et même des phrases entières aient été omises enfin certains actes se rencontrent dans les registres d'Avignon qui n'ont pas été recopiés dans l'autre série.

De ce qui précède découle la nécessité absolue de contrôler et de compléter l'une par l'autre chacune de ces deux séries les registres de parchemin, mieux conservés, donneront plus de documents, mais les registres de papier fourniront un texte plus complet et plus sùr (3).

II. Les Registres de Jean XXII. Pour le pontificat de Jean XXII, la série d'Avignon comprend 46 volumes, numérotés de 2 à 47; la série du Vatican, 56 volumes, numérotés de 62 à 117 (4). Voici, pour chaque année du pontificat, une description sommaire des registres ou fragments de registres qui ont été dépouillés pour former le présent recueil :

1. Lors du retour des papes à Rome, ils furent abandonnés à Avignon et c'est seulement en 7 qu'ils entrèrent aux Archives du Vatican. Cf. II. BRESSLAU, Handbuch der Urkundenlehre fur Deutschland und Italien (Leipzig, 1889), p. 129.

2. Voy. sur ce point, E. GÖLLER, op. cit., dans Quellen und Forschungen, t. VI, pp. 294 et suiv., où l'auteur montre au moyen des livres des Introitus et Exitus de Benoît XII, que les lettres secrèles de Jean XXII ont été recopiées dans les registres de parchemin dès les pre mières années de son successeur.

3 Cf. Paul KEHR, Aeltere Papsturkunden in den pápstlichen Registern ron Innocent III bis Paul III, dans Nachrichten der Königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen, Philologisch-historische Classe, 1902, p. 398; et aussi RIEZLER, Vatikanische Akten, Introduclion, p. XI.

4. Le reg. Vat. 62 est consacré aux affaires des pays d'Orient et renferme des lettres des papes Clément V, Jean XXII, Benoit XII et Clément VI.