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douzième jour dudit mois se trouvèrent ensemble devant la ville de Pont-Eau-de-Mer, le comte de Dunois, du costel devers Rouan; le comte d'Eu et le comte Saint-Pol, et toutes leurs compagnies, du costel devers Honfleur, oultre la rivière qui passe encontre icelle ville; lesquels meirent leurs gens en ordonnance, puis assaillirent la ville. Du costel du comte de Saint-Pol et des Picards fust combattu moult longuement et vigoureusement; car les Anglois qui estoient dedans feirent bien leur debvoir de la garder; et y eut moult de belles armes faictes d'un costé et d'aultre, tant que en la fin la ville fut prinse d'assaut, par le feu qui y fust mis des fusées ardentes qu'on y tiroit. Et se retirèrent les Anglois au long de la ville, en une forte maison, lesquels estoient quatre cents et vingt, dont estoient chiefs et capitaines, Monfort, thrésorier de Normandie, et Jacques Hoston, lesquels se rendirent tous prisonniers au comte de Dunois, comme lieutenant du roy. A celle besoingne feurent faits chevalliers, les sieurs de Roye, de Rambures, et le sieur Mourcourt, fils du sieur Contay, et plusieurs autres du pays de Picardie, jusques au nombre de vingt-deux.

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CHAPITRE IX.

Comment le roy de Franche arriva à Vendosme et à Chartres; et comment Saint-James de Buveron fust assailli et puis prins; et de ceux de la tour de Vernoeul qui se rendirent au roy.

Le douziesme jour d'aoust arriva Charles, roy de Franche, en la ville de Vendosme, grandement accompagnié; et là fust jusques au dixhuitiesme jour du mois dessusdit. Cependant le sieur de Loheac, le mareschal de Bretaigne, messire Geoffroy de Couvran et Joachim Rohault assaillirent Saint-James de Buveron sy durement, que l'assaut dura depuis neuf heures au matin jusques à la nuit. Et le lendemain s'en allèrent les Anglois qui dedans estoient, leurs corps et leurs vies sauves, et rendirent la place; et le douziesme jour d'aoust, le roy Charles entra en sa cité de Chartres; et le lendemain de sa venue, se rendirent ses prisonniers, ceux de la tour de Vernoeul qui n'estoient que trente; car ung peu paravant estoient eschappés plusieurs de dedans, atout l'avoir, par la faute du capitaine et de ceux qui faisoient le guet, et dont ils fuirent ; et feirent le traictié de la reddition de ladite place le sieur de Perigny (Précigny) et le sieur de Baugny (Baugy).

CHAPITRE X.

Comment la cité de Liseux, Neufchastel et ceux de la ville de Mante, se rendirent au roy; et de l'entrée du roy à Vernoeul; et comment le chastel de Loigny fust remis en l'obéissance du roy.

roy

Le comte de Dunois, lieutenant général du de Franche, le comte de Saint-Pol, et les autres qui avoient esté à Pont-Eau-de-Mer, se partirent et chevauchèrent ensemble devant la cité de Liseux pour y mectre le siége. Mais quand ceux de la ville apperceurent sy grande multitude de gens, ils considérèrent que la ville ne pouvoit longuement durer ne résister à sy grande puissance; et doubtèrent aussy qu'elle ne fust prinse d'assaut, et qu'elle ne fust pillée, périe et destruite; parils meirent la cité en l'obéissance du roy de Franche, par le conseil de leur évesque, qui s'y gouverna pour le roy très grandement, puisqu'il se rendit au roy plusieurs menues places allencontre dudit Liseulx.

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Après ces choses, se partist le roy de Franche de Chartres, le jour de Saint-Loys, à belle et grande compagnie; et alla au giste à ChasteauNeuf, qui, ce jour, se rendit aux comtes de Dunois, d'Eu et de Saint-Pol, et ceux de leurs compagnies, qui estoient de cinq à six mille combattants.

Et pareillement se rendit la ville de Mante sur Seine; et estoient dedans icelle ville de sept à huict vingts combattants, dont estoit chief et capitaine ung nommé Sainte-Barbe; lesquels s'en allèrent à Rouen, leurs corps et leurs biens saufs. Et le lendemain entra Charles, roy de Franche, à Vernoeul, à grand estat et noble compagnie ; lequel y fust moult honorablement receu, et à grande joye de ceux de la ville, lesquels allèrent aux champs au-devant de lui, atout les processions, faisants fusées, et criants Noel! parmi la ville. Le roy estant à Vernoeul, se rendit à lui le chasteau de Loigny, par un escuyer du pays de Normandie, nommé le sire de Sainte-Marie, capitaine dudit chastel, pour messire Franchois de Surienne, dit l'Arragonois, seigneur de ladite place, qui avoit marié sa fille audit escuyer. Lequel escuyer meit les Franchois par le donjon, sans le sceu des gens de guerre, qui estoient deux cents combattants, logiés en la bassecourt par icelui messire Franchois, pour la garde dudit chastel. Lesquels, quand ils appercheurent les Franchois, se cuidèrent saulver et mectre à deffense; mais pour ce qu'ils furent trop foibles, ils feurent prins en ladite basse-court. Leurs chevaux et leurs biens demeurèrent prisonniers à la vollonté du roy. Et fust faicte ceste entreprise par le séneschal de Poitou, lequel n'y fust point en personne. La femme dudit messire Franchois estoit dedans ledit chastel, laquelle s'en alla atout ses biens, estant mal contente de son gendre.

CHAPITRE XI.

Comment les villes de Vernon sur Saine, Gournay et le chastel d'Essay feurent mis en l'obéissance du roy de Franche.

Le jeudy dix-septiesme jour du mois d'aoust, fust inis le siége devant Vernon-sur-Saine, par les comtes de Dunois, d'Eu et de Saint-Pol, et autres de leurs compagnies; laquelle ville estoit moult bonne place, et y avoit ung fort chastel et ung autre petit sur le pont, nommé Véronnet, dont estoit capitaine le fils du comte d'Ormont, d'Irlande, qui avoit pour la garde deux cents et quarante combattants, valliants gens, lesquels promeirent rendre la place le samedy ensuivant, à heure de príme, en cas qu'ils ne fuissent secourus en dedans ce jour. Dedans lequel jour ne feurent, secourus, pource que les autres Anglois n'osoient desgarnir Rouan. Pour laquelle cause rendirent la ville aux Franchois et s'en allèrent, leurs corps et biens sauls; et demourèrent ceulx de la ville paisiblement sans rien perdre, Aucuns jours après, le capitaine de Gournay, nommé Guillaume Couvren, Anglois, rendit la ville de Gournay aulx comtes d'Eu et de Saint-Pol, parmy certain traictié et appoinctement faicts entre eux. Puis se partist roy de Franche de Vernoeul, et s'en vint à

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