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Età ceste cause parlementaicellui Mathago avecques le comte de Dunois et autres sieurs Franchois, et rendit la cité aux Franchois, et s'en alla à Chierbourg, lui, Jannequin Vacquier, et touts les autres Anglois qui soubs eux estoient, ung baston en leurs poings seulement, lesquels estoient nombrés à neuf cents Anglois des plus valliants gens de guerre qui fuissent en Normandie de leur parti; et issirent de la cité, par la porte du chastel. Les Franchois leur laissèrent à aucuns, pour l'honneur de la gentillesse, une partie de leurs chevaux, pour porter les damoiselles et aultres gentillesfemmes; et avecques ce, leur feirent délibvrer des charettes pour porter aulcunes des plus notables femmes des Anglois, qui s'en alloient avecques leurs maris; lesquelles faisoient piteulx doeuil à veoir, car il partit d'icelle ville, de trois à quatre cents femmes, sans les enfants, dont il en y avoit grand nombre. Les unes portoient les petits berceaulx où estoient leurs enfants, sur leurs testes; les autres portoient les petits enfants sur leur col; les autres autrement, le mieux qu'elles pouvoient ; et en tel estat se partirent les Anglois et leurs femmes, qui estoit pitié à regarder.

CHAPITRE XXVI.

Comment les Franchois prindrent Bricquebecq et Valloingnes; et du siége qui fust mis debvant Saint-Sauveur-le-Vicomte, et comme enfin la ville fust mise en l'obéissance du roy de Franche.

APRÈS la conqueste de la cité de Bayeux, le comte de Dunois, atout son ost, passa la rivière d'Orne; et aussi feit le comte de Clermont et ceux de sa compagnie; puis menèrent leurs gens vivre sur le pays, en attendant la venue du connestable de Franche et de ses gens ; lesquels cependant prindrent Bricquebecq, et meirent le siége devant Valloingnes, laquelle se rendit assés tost après, parce que le lieutenant du capitaine qui en avoit la garde,

de par le roy d'Angleterre, s'estoit fait Franchois. Ils estoient dedans six vingts Anglois, lesquels allèrent, leurs corps et leurs biens saufs, à Chierbourg. Cependant, les mareschaulx de Franche et de Bretaigne meirent le siége devant Saint-Sauveur-le-Vicomte, qui est une moult belle place, et une des plus fortes de Normandie. Illecq feirent tous si valliamment et grandement leur debvoir, qu'en peu de temps meirent ceux de la place en grande nécessité, et les oppressèrent fort de trenchis; et à l'avancement fust occis ung valliant escuyer du pays de Berry, d'ung traict; lequel on

MONSTRELET. T. XII. — MÉM. de J. DU CLERCQ.

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nommoit Jehan Manchefort. Et en icelle place estoient deux cents combattants Anglois, dont estoit chief et capitaine le seigneur de Robersart. Lesquels Anglois se rendirent aux Franchois, sans coups de canon ne d'engins, car toute l'artillerie estoit demourée chargée à Bayeulx, pour mener à Caen, lesquels Anglois, leurs corps et biens saufs, s'en allèrent à Chierbourg, et eurent espace de buit jours à vuider leurs biens.

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CHAPITRE XXVII.

Comment les Franchois meirent le siége debvant la ville de Caen, et comme ils gaignèrent ung boullevert.

APRÈS que la ville de Saint-Sauveur fust mise ès mains du roy de Franche, les dessusdits mareschaulx se partirent d'illecq atout leur compagnie, et chevauchèrent jusques à deux lieues près de Caen, en ung villaige nommé Cheulx; et là trouvèrent logiés le connestable de Franche, le comte de Laval, le sieur de Loheach, son frère, mareschal de Franche, et le mareschal de Bretaigne. Et y trouvèrent aussi messire Jacques de Luxemborg, frère du comte de Saint-Pol, les sieurs d'Estouteville et de Malestroict, de Saint-Sévère et de Bousacq, et plusieurs autres chevalliers et escuyers; tous lesquels, le cinquiesme jour de juin, se partirent du

dit lieu de Cheulx, et s'en allèrent logier ès faulxbourgs de la ville de Caen, du costel devers Bayeulx, devers l'abbaye de saint Estienne, près la muraille de la ville. Et pareillement se logèrent les comtes de Clermont, de Chastres, messieurs de Montgascon, de Mouy, gouverneur de Beauvoisin; messire Geoffroy de Couvran, messire Charles de la Fayette, Robert de Flocque, bailly d'Evreulx, et plusieurs autres chevalliers et escuyers, jusqu'au nombre de quatorze cents lanches et de quatre mille et cinq cents archiers, coustelliers et guisarmiers à cheval, et deux mille francs archiers à pied, lesquels ce jour estoient partis de Vernoeul. Et se logèrent ès faulxbourgs de ladite ville, ce jour mesme, du costel de devers Paris, avec le comte de Dunois, lieutenant général du roy de Franche, le grand maistre-d'hostel; le sieur de Jaloingnes, son frère, d'Orval et de Montenay gouverneur des gens du duc d'Allenchon, le sieur d'Ivry, prévost de Paris; le sieur de Beaumont son frère, et plusieurs autres chevalliers et escuyers, jusques au nombre de six cents lanches et deux mille cinq cents archiers, guisarmiers et coustelliers à cheval, deux mille francs archiers à pied, qui s'estoient partis de demi-lieue de là. Par la manière dessus déclarée, fust la ville assiégée de deux costels. La ville ainsi assiégée que dict est, les Franchois, incontinent, feirent faire un pont au-dessus de la ville, pour passer la rivière, pour aller d'ung costel à l'autre, et secourir l'ung l'autre si besoin

estoit ; et, le quatriesme jour après, passèrent dessus icellui pont, les comtes de Nevers et d'Eu, le sieur de Beueil, cellui de Montenay, et Joachim Rohault, à grande compagnie de gens de guerre ; lesquels s'en allèrent logier ès fauxbourg de la ville, du costel de devers la mer, en une abbaye de dames nommée la Trinité; et dès le premier jour que les Franchois y meirent le siége, incontinent qu'ils y feurent arrivés, assaillirent le boullevert de la porte qui va à Bayeulx; et illecques yeust fait des beaux faits d'armes, tant qu'à la fin icellui boullevert fust prins d'assaut ; mais les Franchois le laissèrent depuis, pource qu'il estoit ouvert du costel devers la muraille de la ville; et semblablement demoura désemparé des Anglois, pource que, incontinent après la prinse d'icellui boullevert, ils murèrent leur porte.

CHAPITRE XXVIII.

Comme le roy de Franche se partist d'Argentan, et alla au siége debvant Caen, et comme les Franchois assaillirent le boulleyert et le prindrent.

La ville de Caen assiégée comme dict est, Charles, roy de Franche, se parteit d'Argentan pour aller tenir siége avecques ses gens, accompagnié du roy de Cécille, du duc de Calabre son fils, des

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