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mense dans la navigation . Goropius Becanus a voulu faire honneur à la Belgique de cette découverte, sur le fondement que les noms des vents inscrits sur la rose, sont flamands. Montucla a combattu cette opinion. En effet, on peut concevoir facilement que diverses nations aient successivement perfectionné la boussole. L'Italien suspendit l'aiguille sur son pivot, et peut-être en resta là. L'Anglais imagina la suspension de la boîte où l'aiguille est contenue. Les noms des rumbs de vents ont été dérivés, dans l'Océan, de la langue qui fournissait le plus de monosyllables, pour désigner les points cardinaux, afin de pouvoir plus facile

I. Guyot de Provins, dans sa Bible, écrite vers la fin du XIIe siècle, parle de la boussole dont il fait la description suivante que nous donnons dans la traduction de Legrand d'Aussy, comme plus intelligible. L'ouvrage entier de Guyot est imprimé dans le recueil de M. Méon, T. II, pp. 307-393.

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<< Ils se font outre cela, par la vertu de la Marinière, un art qui ne peut les tromper. Ils ont une pierre laide et brune qui attire le fer. Ils tâchent de trouver ses pôles, et y frottent une aiguille qu'ils couchent sur un brin de paille, et qu'ils mettent ainsi, sans plus d'apprêt, dans un vase plein d'eau. La paille fait surnager l'aiguille, et celle-ci tourne sa pointe vers l'étoile polaire (Guyot l'appelle Tresmontaine). Quand la mer est couverte de ténèbres et qu'on ne voit plus dans le ciel ni la lune, ni les étoiles, ils apportent une lumière près de l'aiguille, et ne craignent plus de s'égarer. » Fabliaux ou Contes du XII et du XIII siècles, T. II, p. 27.

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ment en composer les noms des rumbs moyens. Le langue flamande s'est trouvée jouir de cet avantage, et c'est, dit l'illustre historien des mathématiques, ce qui a fait donner aux vents les noms qu'ils portent aujourd'hui 1. Quoi qu'il en soit, cette imposition de noms annonce un peuple qui dominait les mers et qui s'y était, en quelque sorte naturalisé. C'est rarement par des raisons grammaticales ou de convenance d'expression, que les mots usuels s'établissent.

Un préjugé faisait croire à la noblesse qu'elle dérogeait en cherchant les périls de la mer, à moins que ce ne fût pour une cause sainte. Ce préjugé devait cependant s'affaiblir chez un peuple essentiellement navigateur. Outre les deux bâtards de Bourgogne et Simon de Lalain, déjà nommés, deux des fils de ce dernier, le sieur de Cohen, le sieur de Bossu, Jean de Longueval, et plusieurs autres s'embarquèrent à l'Écluse 2.

du

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Le duc avait donné à Antoine, pour les frais

voyage, cent mille couronnes d'or, et le comté de la Roche en Ardennes, avec plusieurs autres terres. La folie romanesque des croisades encou ragée, excitée par le pape et le clergé, réveilla tous les coureurs d'aventures, et promit des res

1. Hist. des Math., 2e éd., T. I, p. 527. ́ 2. L. V,

ch. 9.

sources à une jeunesse extravagante ou corrompue. <«< En ce temps aussi se croisèrent grand nombre » de gens, et la pluspart touts josnes hommes'; et » se partoient par routes, chy dix, chy vingt, chy » quarante ensemble, sans capitaines, et les au>> cuns avecq bien peu d'argent ne habillements de » guerre, et à pied; et tirèrent louts vers Rome; et disoit-on que des pays du duc en estoient partis grand nombre, et bien jusques au nombre de >> vingt mille ou plus. Pareillement des autres pays >> chrestiens, se croisèrent tant de gens sans chief >> ne sans conduite, de touts royaumes, qu'il me >> fust dit (c'est Du Clerq qui parle) par un doc>>teur en théologie, homme créable, lequel es» toit en ce temps à Rome, qu'on disoit à Rome, >> que s'ils se fuissent assemblés ensemble, ils se >> fuissent bien trouvés trois cent mille hommes 1. >> Et pour ce qu'ainsi partoient sans chief ne sans >> gages, on doubtoit moult, que s'ils s'assembloient >> ensemble, il n'en vinst aucun inconvénient 2. » Cela donne une idée de la police intérieure des états. Ce mot, que l'on s'est plu à déconsidérer dans la suite, est ici pris dans une honorable acception. Jadis il désignait le pouvoir qui, d'en haut, veillait à la conservation des états; maintenant il

1. Ce nombre est sans doute extrêmement exagéré. 2 L. V, ch. 9.

sert de dénomination à la faiblesse astucieuse, qui, d'en bas, les mine et les déprave.

Du reste, cette croisade se termina d'une manière presque ridicule; Du Clerq est ici plus sincère qu'Olivier de la Marche.

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I

« Environ la fin de febvrier 1, Antoine et Balduin, bastards de Bourgongne, revinrent du >> voyage qu'ils avoient cuidé faire sur les Turcqs, » et entrèrent à Bruxelles...., et fust leur voyage » de petite value et peu d'efficace; car ils n'y fei» rent oncques chose digne de mesmoire, combien >> qué en plusieurs lieux, par la mer, après eux

partis de l'Écluse pour aller à Marseille, qu'ils » passassent par les pays des Turcqs, et passer les » y convenoit, ni olt y oncques rien fait, comme >> il me fust certifié, qu'il soit (digne de louange; >>et, ains qu'ils venissent à Marseille, plusieurs » moururent de maladie ; et eux arrivés à Mar>> seille, où ils feurent plus de trois ou quatre mois, » la mortalité les frappa tellement, que, de deux » mille qu'ils estoient, il en mourut de quatre à cinq cents, et puis revindrent, comme dit est, >> et laissèrent à Marseille toute leur artillerie et >> leurs harnats de guerre, et revindrent par Avi» gnon, et par terre, jusques à leurs lieux 2. »

>>

1. 1464 (1465).

2. L. V, ch. 19 et 20.

Du Clercq ne fournit pas de grands éclaircissements sur l'état de la marine au quinzième siècle. Il ne nous apprend ni les noms divers, ni la forme des navires, ni leur armement, ni leur manière de combattre. Il nous dit seulement «< que tout le >> pays de Flandres, ou en partie, se nourrissoit de >> choses salées, et que, par le moyen des mar>>chandises salées qu'ils menoient hors du pays de

>>

Flandres, l'argent venoit au pays et en estoit » pays riche. » Ce qui montre l'étendue de la pêche. Nous ne répèterons point ici ce que nous avons dit ailleurs sur ce sujet et sur la construction des navires 2. Du Clercq fait mention « d'une des plus puissantes nefs d'Angleterre, nommée Catherine, qui estoit bateau de » environ deux cents hommes de guerre

>>

guerre, et y

avoit

3. »

« Le roy Alphonse d'Arragon, suivant lui, entre >> autres plusieurs grands vaisseaux qu'il avoit fait >> pour combattre sur mer, avoit fait faire une na>> vire que on tenoit la plus grande du monde; >>> car elle estoit si grande, que à grande peine povoit » aller en mer, et estoit toujours au port de Naples; laquelle nef, ung peu devant la mort du >> roy, on l'avoit mise en mer, et à ceste propre

>>

1. L. II. ch. 1.

2. Mém. sur le Comm., pp. 225 et suiv.

3. L. IV, ch. I.

MONSTRELET. T. XII.

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