si intéressant et que l'on croyait avoir malheureusement péri, dans le courant du XVIIIe siècle, lors de la chute d'un rocher sur les Archives de l'Abbaye '), se conserve religieusement encore, dans ces mêmes Archives, mais non plus sous l'ancien titre de: Dictionarium in artem concionandi, mais sous celui, plus nouveau, mais peut être moins exact de: Alphabetum magistri Petri Scholastici 2). L'abbé Léon, qui sut inspirer des travaux si dignes des enfants de S. Benoît, se distingua d'ailleurs durant toute sa vie, par une grande sainteté. Aussi fut-il, de son vivant, honoré non seulement de l'estime, mais de la vénération des plus recommendables personnages de son temps. Nous en trouvons une preuve palpable dans un diplôme de l'année 1287. Philippe de Capoue, alors archevêque de Salerne (1281-97), ne l' appelle rien moins qu' homme d'une grande sainteté «magnæ sanctitatis virum » 3). Pour ce motif, quand Léon mourut, le 19 août 1295 *), à l'âge encore peu avancé de 56 ans 5), dont plus de la moitié avait été employée à gouverner admirablement le Monastère de Cava, son corps fut-il entouré des plus grands honneurs. Il fut d'abord exposè, durant cinq jours, au culte pieux des fidèles et inhumé ensuite, en grande pompe, devant le maître-autel de l'Église, un peu du côté de l'Évangile. Sur la dalle, en pierre de touche, de son tombeau, on grava cette simple, mais touchante inscription: HIC REQUIESCIT CORPUS ABBATIS LEONIS SECUNDI 6). Antistes et Cardinalis; alijsque simul libris. » RoDUL. MS. 61. p. 130.—Cf. UGHELLI. VII, 375; MORÉRI. Diction. Hist. V. 342; etc. 4) Cf. MORCALDI, Cod. dipl. Cav. Synop. p. xxiii. 2) C'est le n.o 16 du Catalogue fait en 1866; in-f", d'au moins 800 pag. 3) Hunc denique (Leonem) adhuc viventem Philippus Capuanus Salerni Archiepiscopus magnæ sanctitatis virum appellat, in eius Bulla Anni 1287, mense Octobris, eius sigillo cereo ac suæ manus subscriptione roborata, quae servatur originaliter in Arm. I. E.» etc. VENER. Dict. t. III, p. 118. Cf. RODUL. MS. 61. p. 137; DE BLASI, Chron. an. 1294. 4) VENEREO et DE BLASI (loc. cit.) placent, en 1294, la mort de l'abbé Léon II; RoDULPHE (Op. cit. p. 143) la fixe en 1296; Le Chronicon Cavense de MURATORI la met aussi en 1296. Enfin PERTZ (Ann. Cav.) est incertain entre 1295 et 1296. De l'étude des documents contemporains il ressort que Léon vivait encore le 20 Mai 1295, et que Raynald, son successeur, était déjà abbé en Octobre 1295. La mort de Léon 11 a donc dû arriver en Août 1295 (Voy. Arc. LX. n. 37 et 50). 5) RODUL. Vite dei SS. PP. )RODUL. MS. 61. p. 143. Cav. MS. 65. f° 111 a t°. Dans le MS. 65 (loc. cit.) on lit cette note, sur la translation du corps du Bienh. Léon, faite, en 1675, par l'abbé D. Severino Boccia: CHAPITRE III. VINGT ANNÉES DE TROUBLES. 1295-1316. Douleur du Chroniste. — I. L'abbé Raynald. — Hommages qui lui sont rendus. - Diplômes de Charles II d'Anjou. Malheurs causés par la guerre.—Boniface VIII dépose l'abbé de Cava.— II. Dom Robert.-Castellabate pris et repris. — Jean d' Eboli. — Condoléances de Charles II. — Perte du Monastère de S. Laurent de Rome. - Mort de Robert. - II. Election de Frère Bernard, prieur du Mont-Serrat. — Jean XXII annule cette élection. — Cinq années de vacance. — Diplôme de Robert d'Anjou, Bien que l'abbaye de Cava, depuis cette époque, n'ait point manqué d'hommes insignes, de savants distingués, si je songe cependant aux siècles antérieurs, je ne puis m'empêcher de dire que la gloire de Cava s'est évanouie. Dès que cette couronne de sainteté, qui entourait le front de tant d'abbés, fut tombée de la tête de leurs successeurs, la vénération des peuples envers eux disparut, et avec elle tout ce qui en était naguère la conséquence: donations magnifiques, religieux illustres, etc. Tel est le jugement qu'un abbé de Cava même, Dom Alexandre Rodulphe, porte sur les temps qu'il nous reste à parcourir '). » I. Après la mort de Léon II, les religieux présents à Cava, contre Il suo sacro corpo, il quale non riposava sotto la suddetta pietra Paragona, ma sotto l'arco del corno dell' Evangelio dell' altar maggiore, ritrovato con molte fatiche, fu con gli altri sette beati solennemente trasferito nel luogo dove hora riposa da D. Severino d'Ascoli abbate e professo della Cava, a XX 8bre 1675, il quale D. Severino, per ispecial suo protettore et avocato prese il suddetto B. Leone 2° il giorno sopra accennato ». 1) Quanquam in Cavensi Cathedra Viri ex hoc tempore nunquam defuerint insignes, et singulares, electissimis imbuti literis et nobilissimis sati natalibus: si tamen præcedentia tempora cogito, absque discrimine dicere ingenuè potero, modò Cavensem gloriam evanuisse. Nam post Abbates antedictos, ceciderunt consueta illa Diademata sanctitatis: semper ferè ea tempestate parata Cavensis Ecclesiæ Præsuli; ullusque deinceps meruit haberi Sanctus. Çessarunt cum sanctitate opes illæ magnificæ, Alumnique illustres illi protinus periere. Id quod consequenter profectò accidit: nam Cavensis Religio sanctitate obstetricante orta, eademquè educante frugaliter adulta; claret quod si cecidit, solius Malitiæ insidijs senuit, cœpitque mori: propter quod spes nulla mihi superest amissa recuperandi, quam si antiqua sanctimonia restauretur: continget enim procul dubio ijsdem causis, quibus genita est, regenerari. » MS. 63. f. 108. l'habitude et par faveur, attendirent quelques jours, les religieux absents. Ra y nald cependant, le grand prieur claustral du Monastère, ne perdit pas son temps. Il sollicita, brigua même les suffrages de ses confrères. Aussi le jour de l'élection fut-il unanimement acclamé Abbé de Cava (25 Août 1295). Il se rendit, peu après, à Monte-Vergine, auprès de Landolfe Brancaccio, cardinal-diacre, du titre de SaintAnge et légat apostolique dans le royaume de Naples (1294-1313). Raynald obtint facilement la confirmation désirée. Toutefois, comme il était, à ce qu'il semble, sous le poids de quelque empêchement canonique inconnu, sa consécration fut pour lors différée. Elle n'eut lieu que plus tard (28 Octobre 1295) à Rapolla, dans la Pouille 1). Le nouvel élu s'empressa alors de prendre possession de son abbaye et y fit son entrée en grande pompe. De partout il reçut des marques de respect et de soumission. Les hommes du Cilento, ceux surtout de la terre de Cava lui expédièrent des délégues, avec de riches présents, pour lui faire hommage de fidélité et serment de vasselage 2). De son côté Charles II, fils et successeur de Charles d'Anjou (1285-1309), témoigna à Raynald et à son monastère un grand intérêt. Par le diplôme qui porte la date du 10 Mars 1296, il défend à ses sujets de molester le monastère de Cava et tout ce qui lui apppartient, car son intention n'est point d'opprimer, mais de relever ce qui est opprimé et de favoriser la liberté et le droit des églises ». Dans un autre diplôme, donné trois jours après, ce même prince renouvelle encore les mêmes ordres: « Rien, ajoute-t-il, rien ne me cause plus d'amertume et n' offense d'avantage l'affection de mon cœur que le mal que, par malice ou par erreur, on fait aux vénérables églises et aux communautés religieuses » 3). Toutefois, malgré cette royale protection, les possessions de l'Ab 4) « 1295. . . . Hoc anno XIV kal. Septembris mortuus est Leo huius nostre Congregationis, et de gratia, non de consuetudine, exspectaverunt, fratres presentes absentes, qui commode potuerunt venire, et nono kal. Septembris concorditer elegerunt fratrem Raynaldum, monachum et propositum eiusdem monasterii, in abbatem ipsius monasterii, cuius electio per venerabilem patrem dominum L. sancti Angeli diaconum cardinalem, apostolicæ sedis legatum, fecit confirmata IV Idus Septembris in hospitali Montis Virginis et XIV kal. Octobris, aput Rapollam, fuit consecratus in abbatem. » Ann. Cav. ap. PERTZ, p. 196. - - Sur le Cardinal Légat, Cf. MORERI, Dict. art. Brancaccio. 2) « 1395. Raynaldo jam Cavensi Abbatiæ potito, fidelitatis, homagij et vassalagij juramentum præstant homines, et Universitas Çavae et S. Adjutoris, donativo addito unciarum auri 100. (Mense Octobris). » DE BLASI, Chron. an. 1395. etc. 3) Voy. les dipl. originaux: Arc. Mag. O. 4 et 5. Cf. DE BLASI Op. cit. baye eurent beaucoup à souffrir de la guerre qui s'était allumée entre les princes Angevins de Naples et les souverains Aragonais de Sicile. Le Cilento, en particulier, fut alors, plus que jamais, en proie aux incursions dévastatrices des Aragonais. En 1299, par exemple, Castellabate fut pillé et réduit à tel point, que cinq années après, l' on y comptait à peine deux-cent-six familles; tandis qu'avant la guerre il y avait plus de mille feux distincts!.... Le même sort était échu, quelque temps auparavant (1297), à Saint-Pierre de Polla et à presque toutes les terres de la Sainte-Trinité de Cava, situées en delà du Silarus ou Sele, surtout aux environs d' Eboli 1). L'abbé Raynald se vit alors impuissant, à les défendre. C'est ce qui le porta à céder, en 1299, pour dix années, le château et la ville de Castellabate au noble Jean de Montfort, comte de Squilace et de Monte-Caveoso, qui remplissait, près du roi Charles II, les fonctions de Grand-Chambellan. Raynald ne se réserva, sur Castellabate, que la seule juridiction spirituelle 2). A ces malheurs extérieurs, il s'en ajouta, paraît-il, d'autres intérieurs, bien plus tristes encore: Raynald ne suivit point le sentier de sainteté et de vertu que ses prédécesseurs lui avaient tracé. Aussi « pour certains excès énormes... » que l'Annaliste contemporain que nous suivons ne nous fait point connaitre 3), Raynald fut-il cité par Boniface VIII (1294-1303) en cour de Rome, afin d'y rendre compte de sa conduite. Le pasteur infidèle, prévoyant l'orage qui s'amoncelait sur sa tête, crut prudent de renoncer aussitôt à la dignité abbatiale. C'est ce qu'il fit, le 10 Septembre 1300. Quatre mois après (10 Janvier 1301), par ordre du Souverain Pontife le vénérable frère Robert, abbé de S. Benoît de Salerne, monastère qui dépendait de 1) Monasterio Cavensi asserenti fuisse desolatum, et destructum eius Castrum Abbatis ab inimicis, cum Casalibus dicti Castri, que sunt dicti Monasterii, videlicet Trisinum, Perdifumum, S. Magnus, S. Lucia, S. Georgius, Aquabella, Casalichum, Lipuppli, S. Maurus, Serramezzana, S. Primus et Casacastra, utique duodecim numero, quibus Collectas imponi impossibile est, quia totaliter sunt destructa, que Casalia habebant circa focolaria mille, ante eorum destructionem, unde expediatur ei provisio. » Ex Archiv. Cameræ Neapol. ap. FRANC. VENTIM. Memor. del Princip. di Saler. Par. I. p. 329. Voy. d'ailleurs les dipl. de Juil. 1297, (Arc. Mag. 0. n. 6), d'Avril 1304 (n. 15), d'Avril 1307 (n. 16), d' Octobre 1310 (n. 18), etc. Cf. DE BLASI. Chron. Annis cit. - 2) Membr. 26 Oct. 1299. (Arc. LXI. n. 46.), DE BLASI. Chron. Ann. eod. 3) La cession de Castellabate, dont il vient d'être question, fut sans doute un de ces motifs et peut-être le principal. C'était, en effet, une excès énorme que de se dépouiller ainsi de ce château-fort et de ses dépendances. On verra, du reste, que les celui du Mont-Cassin '), fut transféré sur le siége de la Sainte-Trinité de Cava 2). II. L'abbé Robert (1301-11) suivit, en politique, la ligne de conduite de ses prédécesseurs: il prit constamment parti pour les Angevins contre les Aragonais. Ceux-ci s'en vengèrent bien cruellement. Depuis plusieurs années déjà, ainsi que nous l'avons dit, ils avaient occupé, sur le golfe de Salerne, la forte position de Castellabate. Ils s' y maintinrent quelque temps encore au grand détriment des terres circonvoisines que, dans leurs incursions, ils dévastèrent complètement. Les troupes de Charles II cependant parvinrent, en 1301, à se rendre maîtresses de ce point si important de la Lucanie. Le roi de Naples, en cette occasion, envoya à l'abbé de Cava une lettre pressante. Dans cette lettre, qui est datée de Naples (4 janvier 1302), Charles II d'Anjou, exhorte vivement Dom Robert à pourvoir du nécessaire les dix hommes d'armes qu'il avait laissés, avec les trente du Monastère, à la garde de Castellabate 3). C'est ce que l'abbé de Cava s'empressa de faire. Toutefois le fléau de la guerre continuait ses ravages sur d'autres points. Un troupe de pillards, sous la conduite du trop célèbre Jean d'Eboli, se mit à parcourir, dans tous les sens, les terres que l' Abbaye possédait près de Pestum, dans la vallée de Dianum, etc. Partout où elle passa, la désolation fut complète. Charles II s'en émut vivement: Au milieu de tant d'ennuis, écrivait-il, le 23 juillet 1302, à ses officiers de justice, il n'y a rien qui me fasse tant souffrir que les maux causés aux églises et aux pieuses communautés » *). Il « abbés postérieurs et même les rois de Naples considérèrent cette concession comme non avenue (Cf. DE BLASI. Chron. an. 1302). 4) C'est ce qu'affirme Rodulphe (MS. 61. p. 145), Gattola (Ilist. Abb. Cas. t. I, p. 219). — Adinolfi se trompe donc (Stor. della Cava. p. 221) en croyant que le siége abbatial de S. Benoît avait été transféré à Cava, en 1011, et incorporé alors à cette abbaye. La méprise est née de la fausse Chronique de Cava, publiée par Pratilli, qui nous a jadis également induit en erreur (p. 18). 2) 1300 (et non 1299, comme a lu PERTZ). Hoc anno predictus abbas Raynaldus III kal. Julii citatus a domno Bonifacio papa octavo ad Curiam Romanam pro quibusdam suis enormibus excessibus, de mandato predicti domni summi Pontificis renunciavit ahbatie predicti Monasterii, IV Idus Septembris. Et eodem anno quarto (Idus Januarii) venerabilis frater Robertus, abbas monasterii Sancti Benedicti de Salerno, de mandato eiusdem domni summi pontificis translatus est in abbatem monasterii Cavensis. Ann. Cav. MS. 3. f. 128 a t. vel ap. PERTZ. loc. cit. — Notons que ce passage manque entièrement dans les éditions de MURATORI et de PRATILLI. 3) Arc. Mag. O. 10. Voy., à l'Appendice, lett. AA. 4) Arc. Mag. 0. 11. |