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L'abbé Constable mourut jeune encore1)-à l'âge d'environ 53 ans,le 17 Février 1124 2), avec une réputation universelle de sainteté. Les prodiges opérés par son intercession, démontrèrent bientôt qu'il continuait, après sa mort, à faire tous le bien qu'il n'avait pas eu le temps d'accomplir de son vivant. Le Navire du monastère, en particulier, dans ses voyages en Orient et sur les rivages d'Afrique, ut

tegmine, et fures omnes, et sæviores quoque delusit hostes. Principes namque, Regalique finitimi, sui status Zelotypi, expedito Milite, omnique belli robore, coque loci præsidijs addito, opportunis temporibus, et collectos servabant nusquam tutos Incolas, et Castrum (quod servari ducebant magis operæpretium) communiebant. Eius autem prima fixit fundamenta, existente Serenissimo Duce Guilielmo Rogerij Ducis filio, à quo nimirum facultatem prius struendæ molis obtinuit. Qui et privilegia multa illi concessit, et concessa à Guaymario filio Guaymarij Guidonis Ducis filij confirmavit. Per maritimas ergo excubijs signa dantibus, ex Vicis, Pagisque circumpositis properæ gentes, pavidæque sub eius umbra millies recuperarunt. Nova post hæc eorum soboles decursu temporis, ut tutiora sibi, et filijs loca legerent, propiùs, nempe circa ipsum, Domos ædificarunt. Atque in tantum excrevit circumposita Terra molem, crevitque incola populus, ut totius ferè Cilenti illa nunc Metropolis habeatur. Porrò eius ridet undique situs amœnitate; Aequori namque de præcipiti Montis vertice penè tota imminet, ita ut illum dum cogito, simul meditor, suis posse lapidibus pueros numerosam hostium Classem obruere. Inde copiosæ fruges, dulces inde ficus feliciter veniunt, et veniunt felicius Uvæ. Plena quoque divitijs; Etenim Cives habet plures Vaxallorum Dominos, Baronesque Civilique Viros nutrit decoros indole. Estque nostro Cavensi Monasterio cum decem ferè alijs vicinis Terris, universaque Lucana Diocesi in spiritualibus plenè subiecta, quæ aliquando nobis etiam in temporalibus subiectæ erant. Ibi universalis Matris Ecclesia sub titulo Beatissimæ Assumptæ Virginis erecta est, digneque collegiata. Ubi Archipresbyter, qui à nobis ad nutum amovendus (si placuerit) cligitur, cum multis prærogativis; superstite tamen in omnibus nostro Vicario, Clerum omnem in Ecclesia moderatur. Rebus autem circumquaque paratis, nunc quia, vel inermis Italia terret hostes, silet Castrum istud, pacis quondam Auctor in sinu pacis; inutile quidem modo, sed antiquæ servans vestigia utilitatis. » Hist. MS. n. 61. p. 75 et suiv.

1) Quartus Constabilis, puer inclitus et venerandus,

Ecclesiam rexit uno feliciter anno. (Joan. Capuan. loc. cit.)

2) Omitto bona quamplurima, quae a varijs hominibus empta hic Vir Beatus Monasterio addidit: Meritoque ex ipsius solertia et strenuitate sperari poterat quòd Beatissimo Petro prædecessori suo in angenda Cavensis Monasterij substantia, et dignitate, æquari debuisset, nisi ad æternæ vitæ statum transiturus, tam citò fuisset sublatus è medio: Nam ne per Annum quidem vixit post sui prædecessoris obitum. Ab electionis verò sex Annis præfuit. Consummatoque laboriosa istius vitæ curriculo, xiii calendas Martij Anno MCXXIV, ad æterna migravit gaudia; cum vixisset supra quinquaginta Annos, si ab Anno enumeres B. Leonis ultimo, quo ei (ut ab Anonymo Auctore scribitur) saltem septenarius oblatus est. Quo enim invenis depingatur, immaturæque Adolescentiæ, in suæ factum puto signum puritatis. » RODUL. MS. 61. p. 77

bien souvent occasion d'éprouver son influente protection. Une fois, entre autres, tandis qu'il se trouvait entre l'Afrique et la Sicile, il s'éleva une si furieuse tempête que les matelots désespéraient de se sauver. De son côté, le moine Jean, plus tard abbé de S. Benoît de Salerne, qui commendait alors le navire de Cava, accablé de fatigue et de douleur, avait fini par succomber au sommeil. Tandis qu'il dormait, il vit apparaître l'abbé Constable. Jean le supplie de l'arracher à un naufrage imminent. Courage, lui répond le Saint, d'une voix rassurante, courage, ne craignez point; je sauve le Navire et ne cesse pas de protéger le Monastère. «Confidite, et nolite timere; ego navem eripio ct monasterium custodire non cesso. » L'événement, dit Hugues de Venouse, le confirma bientôt après et l'a confirmé cent fois dans la suite 1).

Avec Constable Gentilcore se termine la série des abbés de Cava, auxquels leurs vertus ont mérité le nom de Saint et que les religieux de l'abbaye de la Sainte-Trinité appellent leurs Saints-Fondateurs ou Saints-Pères; à savoir: S. Alfère, S. Léon, S. Pierre et S. Constable. Leurs corps, comme nous l'avons déjà remarqué, reposent aujourd'hui dans la principale chapelle de l'Église du monastère, qui s'appelle, pour cela, la Chapelle des Saints Pères. Elle occupe la partie supérieure de la crypte Arsicia. Le tombeau de S. Alfère est au centre; celui de S. Léon, à gauche, et celui de S. Pierre, à droite. Le corps de S. Constable se trouve sous l'autel de cette même chapelle, dans une simple fosse en briques, extérieurement revêtue de marbre 2). 4) VENUS. f 32 a t.; RoDUL. op. cit. p. 81; MURAT. p. 232, etc.

2) Les restes mortels de S. Constable ne furent pas d'abord déposés dans la crypte Arsicia. C'est ce que semblent faire entendre les paroles suivantes de Constable même au moine Jean: « Sed vade, et dic Symeoni abbati ut corpus meum level atque in sepulchro meo, quod in ecclesia mihi paraverant, collocent. » VENUS. loc. cit.) Ils restérent du moins, jusqu'en 1648, à l'entrée de la Chapelle des Saints-Pères, sous un autel, orné d'un beau portrait de S. Constable et d'une inscription latine, qui n'existent plus aujourd'hui. Voici ce qu'en disait, vers 1600, l'historien RODULPHE: « In altari quod Corpus integrum Beati huius Patris Constabilis modo contegit, ubi et quotidie sacra fiunt, et iugis ab exordio ante ipsum lampas accendeba tur, pulchra superfixa Icona iacet, quæ satis notam eius refert adhuc iuvenis imaginem, stratum dæmonem, funeque ligium deferentem, eò quod Exorcistarum gratia creditur valuisse, ut clarius eiusdem Iconæ parergon connotat, quo ipsum iterum pingunt et iterum indutum lineis, stolaque sancto aspergine ab Energumenis fugare Dæmones. Parergon hodie, (novo superaddito exornatu) inde sublatum est: et in eius locum Carmen istud appositum cernitur:

CLAUDITUR ANGUSTA HAC SANCTI CONSTABILIS ARA

CORPUS, OVANS CUIUS SPIRITUS ASTRA COLIT.

Icona verò sivè multum antiqua sit, sivè (ut reor) non multum, consuetudinem

S. Alfère est le seul qui ait été solennellement canonisé. Quant à ses trois successeurs, ils ne l'ont jamais été. Mais ils ont été déclarés saints par l'acclamation des peuples, dès les temps les plus reculés, comme le prouvent le Vies de l'abbé Hugues de Venouse, plusieurs calendriers fort anciens 1), leurs offices récités à Cava et ailleurs de temps immémorial 2), une infinité de parchemins, qui font continuellement hommage à leurs sainteté, plusieurs peintures antiques, qui les représentant la tête entourée d'un nimbe 3), enfin un très-grand

planè astruit, qua eum, ut Sanctum Cavensis latè Ecclesia venerata est. » RODUL. MS 63, f. 64 a t. et VENEREO, in MS. 61. p. 79. Quand, en 1648, on restaura la Chapelle des Saints-Pères, comme le tombeau de S. Constable, situé à l'endroit où devait s'élever le pilastre de gauche en entrant, était d'un grand embarras; suivant l'autorisation qu'on en avait obtenue, depuis longtemps, du pape Clément VII; on transféra ce tombeau, integrum ut erat, sous l'autel de la susdite chapelle. Par la chute d'une petite partie du tombeau, on put voir alors les membres du saint, enveloppés dans un tissu noir, conservant l'ordre naturel, à l'exception de la tête, qui reposait sur le corps; a ce qui confirmerait, dit DOM CAMILLE MASSARO, qui nous a conservé ces détails (Libro dei Ricordi n. II. f. 149), la translation faite sous l'abbé Siméon. » Lorsque le P. D. Guillaume Sanfelice, le 3 Octobre 1874, ouvrit la tombe de S. Constable, j' arrivai, par hasard, dans l'Église au moment même, et pus vérifier l'exactitude du récit de MASSARO. Voici, d'ailleurs, une partie du compterendu de la dernière ouverture de la tombe de S. Constable : « L'anno 1874, il mese di Ottobre, il giorno 3, verso le ore tre pomeridiane, io qui sottoscritto, per desiderio grandissimo, onde ardeva da molti anni di vedere i corpi dei sopradetti santi, per la facoltà ricevuta del R. Abate Ordinario di aprire una delle tre tombe per prenderne una reliquia, e come Vicario G.le della Diocesi e Vicario della Sacrestia, intrato nella Cappella dei SS. Padri, ed inginocchiatomi sotto l'altare del Sagramento . . . . osservai una nicchia di fabbrica di colore caffè, con bassa volta, lunga quanto è la distanza delle colonne fra di loro, che sono sopra l'altare. Nel piano di detta nicchia era disteso il corpo di S. Costabile, il quale avea la testa sopra un cuscinetto di fabbrica, le mani sul petto a croce, e intero il corpo dalla testa ai piedi . . . lo Guglielmo Sanfelice, Decano Cassinese e Vicario Generale. » etc. (f. 1 de la Relation MS.).

1) Dans l' Emortuale Casinense ou mieux Nécrologe de Venouse, ainsi que l'appelle MURATORI (SS. Rer. It. VII, 947), qui se trouve dans le MS. du Mont-Cassin, n. 334 et qui a été soigneusement publié par GATTOLA (Access. ad Hist. Cas. II. 480), outre les noms des trois premiers abbés de Cava, on trouve les paroles suivantes: «XIII. Kal. (Martii), Depositio domni. . . monasterii Cavensis. Officium plenum. » Or ces paroles, qui ne peuvent s'appliquer qu'à S. Constable, ne laissent aucun doute sur l'antiquité du culte qu'il reçoit. L'insertion des mêmes noms dans un Calendrier du XIII siècle, qui se trouve au commencement du MS. Memb. n. 19 de la Bibliothèque de Cava, conduit à la même conclusion (Voy. ce MS. 12 avril, 4 mars, 17 février, etc.)

2) RODUL. Hist. MS. n. 61. p. 79.

3) RODULPHE (loc. cit.) après avoir rappelé que de son temps on voyait encore, sous

nombre d'inscriptions 1). L'Église a confirmé cette manifestation spontanée des fidèles, soit en approuvant leurs offices et la célébration solennelle de leur fête au jour anniversaire de leur mort 2), soit en concédant la faculté de gagner diverses indulgences aux personnes qui feraient convenablement leurs dévotions dans la chapelle des Saints-Pères 3). « Il y a dans ces abbés, dit fort à propos le judicieux Muratori,

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le principal cloître da monastère, les images de ces saints abbés, ayant la tête nimbée: « Sanctorum Patrum figuras videre est, habentes circum capita radios (vetustam sanctitatis notam,)—« ajoute: « El passim alibi tum intra, tum extra Monasterij septa eorum cernuntur imagines sua portantes aurea Diademata. » C'est, du reste, ce que l'on peut observer dans les quatre petits tableaux de la Pinacothèque de l'Abbaye, portant les n.os 63, 64, 70 et 71, comme aussi dans plusieurs fresques plus récentes de l'Église.

1) Voy. pag. 27, 43, 80, 95, et aussi POLVERIN. Op. cit. t. II. p. 72 et suiv.

2) Dès le XVe siècle les fêtes des Saints Pères se célébraient, à Cava, avec autant de pompe que les plus solennelles de l'Église ou de l'ordre bénédictin. Cela est tellement vrai, que les fêtes de S. Pierre et de S. Constable furent choisies, avec celle de la Ste Trinité (la fête patronale du Monastère), celle de la Fête-Dieu et celle de S.Benoît, comme le temps, où les prêtres du Diocèse de la Sainte-Trinité de Cava devaient se présenter à l' obedience de l'abbé Ordinaire, tout comme cela a encore lieu, chaque année, au jour anniversaire de la consécration de l'Église, et comme je l'ai vu se pratiquer aujourd' hui-même, 5 Septembre 1875. C'est ce qui ressort des Décrets du Synode Diocésain du Sacré Monastère de Cava, célébré, en 1478, par le Cardinal Dom Jean d'Aragon, alors abbé commendataire de Cava. En voici un extrait: « Decernimus quod omnes Presbyteri et Clerici Cavensis Dioecesis debeant venire, et visitare sacrum Monasterium Cavense: Clerici quidem intra Dioecesim existentes, in festo SS. Patris nostri Benedicti, et alijs temporibus consuetis, quibus a praelato fuerint requisiti; Presbyteri vero et alij Clerici, extra districtum Monasterii per Regnum, compareant personaliter, aut, justa causa impediti, per procuratorem, in festo SS. Trinitatis, Abbatis Petri, Abbatis Constabilis et Corporis Christi anni cuiuslibet. Arc. 100, n. 2. car. 3 a 1o. » (Addition. ad Tabul. Cav. Indicem, t. I. in art. S. Petri, in fine).

3) Voy. plus loin, liv. V, chap. v. - Cf. RODUL. loc. cit.; VENER. Dict. I. 269, III. 117, IV. 73; WION. Lig. Vit. p. 134; BOLLAND. t. II. April. p. 96, t. III. Juil. 458. etc. Je noterai, à ce propos, qu' il existe, au Mont-Cassin, un MS. in-4°, du XVIe siècle, portant le n° 158, alias 396, et ayant pour titre: Poemata Sacra Angeli Sangrini abbatis Casinensis (transcrit, en 1586, par l' aimable poëte Dom Honoré Fascitelli), qui contient, aux fol. 197-204, douze hymnes religieuses, fort belles et entièrement inédiles, en l'honneur de trois Saints de Cava. Voici le premier vers de chacune de ces hymnes:

IN FESTO B. ALPHERII ABBATIS MON. SS. TRINITATIS CAVE Hymni 1:

I. In I. Vesp.: Dulcis Alpherii pater el Monarcha.

II. Ad nocturnos: Jesu Stellantis Lucifer.

III. Ad laudes: Grandis est virtus tua, Christe Jesu!

IV. Ad II vesp.: Mitis Alpherii huius antri.

un tel ensemble de religion, de probilé et d'autres vertus, qu'il ne peut s'élever aucun doute sur leur sainteté » 1). Rien donc de plus légitime que le culte, dont les religieux de Cava entourent les quatre premiers abbés de leur monastère.

IN FESTO B. LEONIS ABBATIS MON. SS. TRINITATIS CAVE Hymni 4.

I. In I. Vesp.: 0 tribus Judo Leo Christe Jesu!

II. Ad nocturnos: Mi Jesu, mi Unice!

III. Ad laudes: Christe Rex regum, Deus ante cunctos.
IV. In II. Vesp.: 0 Patris mater, Patris ante sæcla.

IN FESTO B. CONSTABILIS ABBATIS MON. SS. TRINITATIS CAVE Hymni 4.
I. In I. Vesp.: Pastor Constabilis, tutor amabilis!

II. Ad nocturnos: Solemnis haec festivitas,

III. Ad laudes: Quam specus dignum, celebranda rupes

IV. In II. Vesp.: Antequam cœlum decoraret astris.

1) Ceterum in hisce abbatibus ea Religionis, probitatis, aliarumque virtutum complexio elucet, ut nulla futura sit de eorum sanctitate dubitatio. » MURAT. SS. Rer. It. t. VI. p. 204. BARONIUS avait déjà porté un jugement à peu près semblable. Après avoir dit qu'en 1050 mourut S. Alfère, il ajoute: « Successit in locum ipsius Leo eius discipulus et sanctitate proximus, post quem ad multos annos non defecit propago sanctorum eidem monasterio præfectorum. » (Ann. Eccl. ad an. 1050, n. XV, p. 56 du t. XV, édit. de Lucques. 1745).

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