Imágenes de páginas
PDF
EPUB

parti du roy, et les autres trois le parti du duc de Bourgogne; c'est à sçavoir, Jehan l'aisné, Charles et Raoul, le parti du duc ; lequel Jehan estoit l'aisné et très riche, et ne fust oncques chevallier; aussi ne fust Guillaume qui estoit second et très riche. Ceux qui tindrent le parti du roy, feurent ledit Guillaume, messire Charles, chevallier, et ung autre qui mourut au siége de Compiègne, d'ung traict, estant à une fenestre. Toutesfois iceux cinq compagnons feurent pendus; et ainsi fust par icellui lieutenant faict justice, dont ceux de ladite ville et cité seurent fort joyeux; car du temps qu'ils estoient és mains des Anglois, il n'y avoit que voie de fait; à laquelle voie le plus sage du monde ne sçavoit que respondre. En icelle ville et cité de Bourdeaux, séjourna icellui lieutenant par l'espace de dix jours ou environ, pour y mectre police et gouvernement; et tellement que les gens de guerre s'y gouvernoient si gracieusement, que pendant ce temps, grief ni extorsion n'y fust faicte à aucuns de la ville et cité. Par la manière dessusdite, fust conquise la duchié de Guyenne, excepté la ville de Bayonne. A laquelle conqueste faire, se portèrent touts les seigneurs dessus-nommés, et touts ceux qui feurent en leur armée; laquelle armée fust estimée à vingt mille combattants. Le comte de Clermont demoura capitaine de ladite ville de Bourdeaux; et son lieutenant estoit messire Olivier de Contigny (Coetivy ), qui avoit la charge des gensdarmes; son frère, Prugent de Cotigny, fust en son temps admiral de Franche.

CHAPITRE XLIII.

Comment le siége fust mis debvant la cité de Bayonne, et des seigneurs qui y vindrent; des saillies et assauts qui y feurent faicts.

APRÈS la rendition de la ville de Bourdeaux, fust ordonné que les comtes de Nevers, de Clermont et de Castres, iroient devers le roy de Franche, au chasteau de Challebourg; et les comtes d'Erminacq, d'Angoulesme et de Ponthièvre et leurs gens iroient en leurs maisons; et semblablement touts les francqs archiers, jusques à ce qu'on les redemanderoit. Lesquels comtes de Clermont, de Nevers et de Castres, arrivés devers le roy de Franche, Charles, par le moyen de son conseil, il deslibéra aller mectre le siége devant Bayonne, tenant le parti des Anglois; et, pour ce faire, ordonna au chasteau de Chierbourg, ses lieutenants, les comtes de Foix et de Dunois; lesquels, sixiesme jour du mois d'aoust, meirent le siége devant la cité de Bayonne. Et estoient en la compagnie du comte de Foix, jusques au nombre de sept cents lanches, avecques les archiers et guisarmiers, dont il y en avoit quatre cents lanches des gens du roy, et trois cents lanches des barons et chevalliers, hommes et subjets du comte de Foix, desquels ils faisoit beau veoir les montures et har nas

le

de teste. Le comte avoit avecques lui deux mille arbalestriers, et les paysans extraits de son pays. Après le siége assis par ledit comte, il feit plusieurs chevalliers, le fils du grand maistre d'hostel du roy, le sieur de Tessacq, frère du sieur de Nouailles, le sieur de Venacq, et plusieurs autres, jusques au nombre de quinze chevalliers. Et environ midi, icellui jour, arriva le comte de Dunois et de Longueville, lequel meit son siége devant la cité du costel devers Bierne (Béarn), entre les rivières de la Dieux et de la Mire, qui sont deux grosses rivières et larges; et tellement que l'ung desdits siéges ne povoit secourir l'autre. Et estoient en la compagnie d'icellui lieutenant, jusques au nombre de six cents lanches, les archiers et guisarmiers. Et à mectre icelluisiége, s'y gouvernèrent iceux capitaines grandement et honnorablement. Le lendemain, qui fust le sixiesme jour dudit mois, ceux dedans Bayonne, désemparèrent les fauxbourgs de Sainct-Léon, du costel où estoit le comte de Foix, lesquels estoient très forts et fermés de fossés et de gros pouchons. Mais la grande multitude des grosses coulevrines, serpentines et ribaudequins, qui rompoient les palais, et tiroient les gens de guerre qui issoient à la deffense, leur feirent abandonner et laisser lesdits fauxbourgs. Et adoncques bouttèrent le feu ès églises qui estoient dedans, et ès maisons par espécial, quant ils арpercheurent ceux qui tenoient le siége, qui se mectoient à point pour eux assaillir. Et adonc

ques entrèrent iceux assaillants à fil dedans iceux fauxbourgs, et les poursuivirent si rudement, que, s'ils euissent esté cent hommes ensemble, ils fuissent entrés en la ville avecques ceux de dedans. Après ce fait, se logèrent les assaillants en iceux fauxbourgs, et estendirent le feu estant ès églises et maisons; et se logea le comte de Foix ès Augustins. Et le sixiesme jour ensuivant, du costel de Bourdeaux, vint le sieur d'Albreth et le vicomte de Tartas, son frère, et se logèrent au Sainct-Esprit, au bout du pont de bois ; lequel pont fust rompu la nuict ensuivant, par les gens du sieur d'Albreth, lequel avoit en sa compagnie deux cents lanches avecques les archiers, trois mille arbalestriers. Et le lendemain saillirent hors ceux de la ville de Bayonne par un boullevert du costel de la mer. Et lors messire Bernard de Bierne et ses gens vindrent à l'escarmouche, et les rebouttèrent jusques dedans la ville; et en retournant de l'escarmouche, ledit seigneur Bernard fust frappé d'une coullevrine; et percha son pavois, et entra le plein dedans sa jambe entre les deux os; qui depuis fust tiré hors, et si bien gouverné par les chirurgiens, que le péril du feu en fust hors. Et le lendemain matin fust prinse une église forte qui estoit fermée de fossés et de

pieux, par les gens d'icelui messire Bernard, moi

tié d'assaut, moitié d'emblée. Quant ceux de dedans Bayonne veirent les grands approchements de tirer contre la muraille, et si n'estoient point encoires venues les grosses bombardes, lesquelles

approchoient fort, le vingt-cinquiesme jour du dit mois d'aoust, ils commenchèrent à parlamanter aux comtes de Foix et de Dunois, et aucuns du conseil du roy de Franche; lesquels, après plusieurs choses pourparlées, traictèrent en la manière qui s'ensuit.

CHAPITRE XLIV.

Comment la ville de Bayonne, par appoinctement, se rendit au roy de Franche; et d'une croix blanche qui fust veue en l'air dessus la cité; et des Biscayens qni vindrent en l'aide du roy.

APRÈS plusieurs parlements, ceux de la ville de Bayonne promirent eux rendre en la main du roy, et avecques ce mectroient en la main du roy dom Jehan de Beaumont, le capitaine, frère du connestable de Navarre, de l'ordre de Saint-Jehan de Jérusalem, lequel demoureroit prisonnier à la vollonté du roy; et touts les gens de guerre estants en icelle ville demoureroient pareillement touts prisonniers et à la volonté du roy ; et ceux de la ville se sauveroient à la volonté duroy, et si payeroient quarante mille escus; et ce jour rendroient ledit dom Jehan leur capitaine, lesquels tous présents et assistants du roy, en la main du grand-maistred'hostel du roy; et bailla sa main. Durant que le siége estoit à Bayonne, ceux du pays de Biscaye feirent

« AnteriorContinuar »