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sance, vers le

roy d'Angleterre et la royne, pour les combattre, et feit tant que le jour de PasquesFlories ensuivant, il olt bataille contre la royne et ses gens. Et pour tant que de cette journée et battaille, en mondit quatriesme livre de ce présent volume, est fait mention, et des choses depuis advenues en Angleterre, venues en notre cognoissance, j'en ai escript comme il m'a esté certifié, en ordre, selon les ans que les cas sont advenus, comme plus à plain on pourra veoir, qui regarder y voldra, je ferai cy fin de ceste matière. Et n'ai seulement mis ces choses dessusdites, au commenchement de ce présent livre, fors pour ce que, en compilant mondit livre, je n'en peux oncques sçavoir le vrai, que mondit volume n'ait esté clos; sy l'ai mis à ce commenchement, adfin que l'on puisse entendre et sçavoir la cause et le commenchement desdites divisions.

D'UN MANUSCRIT DE LA BIBLIOthèque du roi de france,
PUIS 8551, ET INTITULÉ :

coté no 445,

TOURNOIS DE LA GRUTHUSE,

Grand in fol., marge rouge,

PAR M. VAN PRAET;

Extraite de l'Esprit des Journaux,du mois d'octobre, 1780, p. 214

et suiv.

CE manuscrit est écrit sur vélin en anciennes lettres de formes et à longues lignes. Il a des capitales peintes en or, et il est enrichi de miniatures d'une beauté parfaite. Elles sont de plusieurs grandeurs; les plus petites ont environ 10 pouces et demi de hauteur sur autant de lar geur. Les plus grandes en portent 13 et demi de hauteur sur 20 et demi de largeur. Il commence au fol. côté 1, finit au verso lxxiiij.

et

Ce MS. est sans date, mais il paraît avoir été exécuté à Bruges vers l'an 1489 : les noms de l'écrivain et du peintre ne s'y trouvent pas. Wlson de la Colombière se trompe; lorsqu'il dit que ces miniatures sont de la main même de René d'Anjou, roi de Sicile (1). Quelque talent pour la peinture qu'ait eu ce prince, on peut assurer qu'il ne l'a jamais possédé au degré de perfection auquel elles sont portées.

On peut les attribuer avec plus de certitude à Jean

Hemmelinck, peintre flamand, qui florissait à Bruges vers 1479, parce qu'on y reconnaît partout la touche précieuse et le caractère distinctif de cet artiste, dont le mérite principal consistait à bien grouper et disposer ses sujets et ses figures, et dans la dégradation sensible de ses couleurs (2).

L'auteur de l'ouvrage est René d'Anjou, que nous venons de nommer. Il contient les règles et les formes d'un tournois, et particulièrement de celui qui fut frappé à Bruges le 11 mars 1392, par Jean, seigneur de la Gruthuse, contre Wolfart, seigneur de Ghistèle.

Peu d'auteurs ont parlé de ce tournois fameux. Le père Menestrier (3), André Favin (4), le père Anselme (5), Wlson de la Colombière (6), l'ont tous passé sous silence. L'annaliste de Bruges n'en a fait mention qu'en passant, et sans entrer dans aucun détail (7). Labbe (8), Montfaucon (9), et le dernier éditeur de la Bibliothèque française de la Croix du Maine (10) ont connu le MS., mais ils se sont contentés d'en annoncer simplement le titre.

On ignore à quelle occasion ce tournois a été publié. On n'en doit peut-être chercher l'origine que dans la passion vive que les seigneurs de la Gruthuse eurent de tout temps pour ces sortes de jeux militaires. Cela est si vrai, que l'on voit, dès l'année 1235, un seigneur de cette maison se rendre à un tournois, que Florent IV, comte de Hollande, avait fait annoncer à Haerlem (11).

Nous sommes peu instruits sur celui de Bruges. Tout ce que nous en savons, est que Jean de la Gruthuse et Wolfart de Ghistèle, parurent au jour indiqué sur le grand marché de cette ville, l'un à la tête de 49 chevaliers, l'autre accompagné de 48.

Ces deux seigneurs descendaient de familles illustres et

anciennes des Pays-Bas. Le premier était fils de Gingulfe d'Aa, dit de Bruges, et d'Agnès de Mortagne. Étant gouverneur de Bruges en 1436, il contint plus d'une fois les esprits remuants et inquiets des Flamands dont il était aimé. Les biens considérables qu'il possédait le rendirent un des plus puissants du pays. Il laissa ses richesses à un fils qui en a fait le plus bel usage, et dont nous parlerons ailleurs.

Wolfart de Ghistèle ne le cédait pas à son adversaire en noblesse et en puissance. Il se vantait de descendre de parents riches et fidèles à leurs souverains. Leurs services multipliés leur valurent le gouvernement de la Flandre, et la charge honorable de chambellans héréditaires des comtes de ce pays. Une particularité que l'on remarque dans leur office, c'est qu'ils étaient tenus d'aller servir leur prince en cotte et mantel au col, qu'ils quittaient dans l'instant même où ils remplissaient les fonctions de leur charge.

Le grand nombre de lances que ces deux champions et les chevaliers flamands qui combattaient sous eux, rompirent dans le tournois de Bruges, de 1392, et la forme régulière dans laquelle il fut exécuté, le rendent un des plus remarquables de ce temps. Il a même servi de nodèle aux princes qui en publièrent dans la suite. René d'Anjou, comte de Provence, dont le goût décidé pour les fêtes et les tournois est connu, suivit la même marche dans celui qui se fit sous lui à Tarascon en 1449 (12).

La passion de ce roi pour ces combats alla si loin, qu'après avoir rassemblé les diverses lois faites pour le tournois de Bruges et pour les plus fameux d'Allemagne, il les rédigea et en fit un corps complet. C'est cette espèce de code qui se trouve dans la manuscrit du roi qui

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est sous nos yeux. Nous en devons l'exécution à Louis de la Gruthuse, fils du célèbre champion. C'était une sorte de monument que ce seigneur voulut élever à la mémoire de son père. Il n'épargna ni soins ni dépenses pour rendre ce MS. un des plus beaux qui existassent alors; un motif plus puissant le porta à y employer d'habiles artistes; ce fut l'idée d'en faire hommage à Charles VIII, roi de France. Nous ne saurions fixer l'époque certaine de la présentation de ce livre. Néanmoins nous conjecturons qu'elle se fit en 1489, au Montilz-lès-Tours (13). Ce qui nous porte à le croire, c'est que nous y voyons de la Gruthuse dans la même année il y arriva vers les premiers jours de septembre, à la tête de la noblesse de Flandre députée par les états pour traiter de la paix, dont les préliminaires avaient été accordés à Francfort peu auparavant. Ce seigneur et les députés y reçurent un accueil distingué le roi les retint en France près de trois mois, puisqu'ils ne revinrent à Bruges, conduits par l'évêque de Paris, l'abbé de Saint-Denis, et par un grand nombre de seigneurs français, que le 5 décembre de cette année.

:

On peut se faire une idée de la manière dont Charles VIII reçut le livre de la Gruthuse, par l'explication que nous allons donner de la première miniature qui orne le MS.

DESCRIPTION DU MANUSCRIT.

y a à la tête une miniature de toute beauté. Elle a 12 pouces de hauteur sur 9 et demi de largeur. On y voit dans le milieu Charles VIII assis sur son trône, recevant des mains de Louis de la Gruthuse son livre de Tournois.

Ce jeune roi est revêtu d'un manteau bleu parsemé de fleur de lys. Il tient de la main droite un long sceptre d'or, et il porte au col les marques de l'ordre de Saint-Michel. Son trône est bordé de K couronnés. On voit au-dessus de

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