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sources à une jeunesse extravagante ou corrompue. En ce temps aussi se croisèrent grand nombre de >> gens, et la pluspart touts josnes hommes ; et >> se partoient par routes, chy dix, chy vingt, chy >> quarante ensemble, sans capitaines, et les au>> cuns avecq bien peu d'argent ne habillements de » guerre, et à pied ; et tirèrent touts vers Rome; et >> disoit-on que des pays du duc en estoient partis grand nombre, et bien jusques au nombre de vingt mille ou plus. Pareillement des autres pays chrestiens, se croisèrent tant de gens sans chief » ne sans conduite, de touts royaumes, qu'il me >> fust dit (c'est Du Clerq qui parle) par un doc>>teur en théologie, homme créable, lequel es>> toit en ce temps à Rome, qu'on disoit à Rome, >> que s'ils se fuissent assemblés ensemble, ils se fuissent bien trouvés trois cent mille hommes '.

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» Et

pour ce qu'ainsi partoient sans chief ne sans >> gages, on doubtoit moult, que s'ils s'assembloient >> ensemble, il n'en vinst aucun inconvénient 2. » Cela donne une idée de la police intérieure des états. Ce mot, que l'on s'est plu à déconsidérer dans la suite, est ici pris dans une honorable acception. Jadis il désignait le pouvoir qui, d'en haut, veillait à la conservation des états; maintenant il

1. Ce nombre est sans doute extrêmement exagéré.
2 L. V, ch. 9.

sert de dénomination à la faiblesse astucieuse, qui, d'en bas, les mine et les déprave.

Du reste, cette croisade se termina d'une maniere presque ridicule ; Du Clerq est ici plus sincère qu'Olivier de la Marche.

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Environ la fin de febvrier 1, Antoine et Balduin, bastards de Bourgongne, revinrent du voyage qu'ils avoient cuidé faire sur les Turcqs, » et entrèrent à Bruxelles............, et fust leur voyage de petite value et peu d'efficace; car ils n'y fei>> rent oncques chose digne de mesmoire, combien >>> que en plusieurs lieux, par la mer, après eux partis de l'Écluse pour aller à Marseille, qu'ils » passassent par les pays des Turcqs, et passer les » y convenoit, ni olt y oncques rien fait, comme >> il me fust certifié, qu'il soit digne de louange; >>et, ains qu'ils venissent à Marseille, plusieurs » moururent de maladie; et eux arrivés à Mar» seille, où ils feurent plus de trois ou quatre mois, la mortalité les frappa tellement, que, de deux >> mille qu'ils estoient, il en mourut de quatre à cinq cents, et puis revindrent, comme dit est, >> et laissèrent à Marseille toute leur artillerie et >> leurs harnats de

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guerre, et revindrent par Avi» gnon, et par terre, jusques à leurs lieux 2. »

1. 1464 (1465).

2. L. V, ch. 19 et 20.

Du Clercq ne fournit pas de grands éclaircissements sur l'état de la marine au quinzième siècle. Il ne nous apprend ni les noms divers, ni la forme des navires, ni leur armement, ni leur manière de combattre. Il nous dit seulement «< que tout le >> pays de Flandres, ou en partie, se nourrissoit de >> choses salées, et que, par le moyen des mar>>chandises salées qu'ils menoient hors du pays de Flandres, l'argent venoit au pays et en estoit » pays riche 1. » Ce qui montre l'étendue de la pêche. Nous ne répèterons point ici ce que nous avons dit ailleurs sur ce sujet et sur la construction des navires 2. Du Clercq fait mention « d'une des » plus puissantes nefs d'Angleterre, nommée Ca» therine, qui estoit bateau de guerre, et y >> environ deux cents hommes de guerre 3.

avoit

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Le roy Alphonse d'Arragon, suivant lui, entre » autres plusieurs grands vaisseaux qu'il avoit fait >> pour combattre sur mer, avoit fait faire une na» vire que on tenoit la plus grande du monde; » car elle estoit si grande, que à grande peine povoit aller en mer, et estoit toujours au port de Na

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ples; laquelle nef, ung peu devant la mort du » roy, on l'avoit mise en mer, et à ceste propre

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>> heure que icellui roy Alphonse morut, on ra>> mena icelle nef au port de Naples ; et à l'arrivée >> toucha au fond du gravier de la mer, tellement

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qu'elle se fendit et rompit l'arbre du moilon, qui » estoit de telle grosseur, que cinq hommes ne >> l'euissent sceu embrasser au bras; et au cheoir, >> ledit arbre rompit la nef en plus de mille piè>>ches, et feit si grand son et grande noise que >> chacun de Naples et d'entour cuidoit que le » pays deubt fondre 1. »

Ce colosse n'annonçait pas de grandes connaissances maritimes.

Du Clercq n'en ajoute pas davantage, et ne parle en d'autres endroits que de galées ou galies. En 1453, celles de Flandre, de Hollande et de Zélande, coopérèrent efficacement à la prise de Bordeaux 2. Mais qu'était-ce que ces galées? Le père Daniel affirme que c'étaient des bâtiments à rames et à voiles. Cet écrivain cite quelques fragments de Guillaume Guiart, mais ils sont incomplets, et il convient de lire l'extrait fort bien fait par Legrand d'Aussy, de la Branche aux royaux Lignages 3. Il s'y agit de la bataille navale qui eut

1. L. III, ch. 40.

2. L. III, ch. 4.

3. Mém. de l'Institut; Morale et Polit. T. II, p. 302 et suiv.

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lieu dans le canal de Zirikzée, l'an 1304, entre la flotte francaise et celle de Gui de Namur, comte de Flandre. Là combattent en ligne des vaisseaux de divers rangs, savoir: des nefs, des galies et des coquets. Les plus forts, les plus considérables, sont les premiers. C'étaient les vaisseaux de ligne du temps. Les galères, bien qu'inférieures en force, avaient, sur les nefs, l'avantage de tirer peu d'eau, et par conséquent d'être plus favorables à la navigation des côtes, et surtout aux descentes; cependant les Flamands, dont les côtes sont plates, donnaient à leurs nefs plus de légèreté, tandis qu'au contraire il fallait plus d'une brasse d'eau à celles des Français. Les coquets étaient des vaisseaux légers, d'une forme particulière, et qui tiraient très peu d'eau.

Du Clercq distingue des galères subtiles, et marchandes vénitiennes 1. Les premières étaient sans doute des espèces de frégates.

Les batiments de second rang à cette bataille, sont appelés galiots, barques, bateaux et nacelles. Le galiot était une petite galère. On connaissait aussi l'usage des brûlots et des matelots, c'est-àdire des bâtiments destinés spécialement à secourir le vaisseau-amiral, ou celui que montait le chef de la flotte ou de l'escadre.

1. L. III, ch. 7.

I.

e.

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