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holles n'a manqué à aucun des devoirs d'un éditeur savant, consciencieux, et non moins judicieux qu'infatigable 1.

Nous nous reprocherions de quitter la plume sans nous faire ici l'interprète de la reconnaissance des amis de l'histoire envers le savant et généreux Mécène auquel ils doivent cette précieuse collection de documents. C'est un noble emploi d'une grande fortune que ces libérales publications dont M. de Luynes enrichit la science historique; ce n'est pas d'aujourd'hui seulement qu'il a bien mérité des lettres, et par ses propres travaux, et par ceux qu'il inspire et protége2.

M. AVENEL.

Recherches expérimentales sur la VÉGÉTATION, par M, Georges Ville (Paris, librairie de Victor Masson, place de l'École de médecine, 1853, VIII et 133 pages, 2 planches et figures dans le texte). Examen précédé de considérations sur différents ouvrages d'agriculture et sur différentes recherches relatives à l'agriculture et à la végétation des XVIII et XIXe siècles.

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Nous avons résumé précédemment les travaux de Priestley relatifs à la connaissance des corps vivants. A une activité prodigieuse d'esprit et à

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Il n'est pas hors de propos de faire remarquer la beauté du papier et la bonne exécution matérielle de cet ouvrage, dans un temps surtout où les travaux les plus importants sont exécutés trop souvent avec une fâcheuse négligence, et où des collections appelées, par leur objet, à faire le fondement éternel des bibliothèques, semblent condamnées à une destruction prochaine, au moment même où sortent de la des feuilles sans consistance et sans solidité. Il convient de rappresse peler ici que M. de Luynes a publié lui-même, il y a quelques années, un ouvrage intéressant, et qu'il faut consulter, sur l'histoire de la maison de Hohenstaufen: «Commentaire historique et chronologique sur les éphémérides intitulées : Diurnali di messer Matteo di Giovenazzo. Paris, 1839, in-4°. Voyez, pour le premier article, le cahier de novembre 1855, page 689; pour le deuxième, celui de décembre, page 767; pour le troisième, celui de février 1856, page 94; pour le quatrième, celui de mai, p. 286; et, pour le cinquième, celui de juin, page 360.

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une imagination des plus pénétrantes, nous l'avons vu allier le goût des expériences physico-chimiques et de la publicité rapide de leurs résultats, qui l'entraîna à découvrir et à mettre en lumière les matériaux les plus précieux, pour asseoir, nous ne disons pas une partie de la chimie, mais cette science même, sur une base nouvelle, la connaissance des fluides élastiques.

Mais Priestley, en exécutant ses expériences au moment où il les imaginait et en en publiant ausssitôt les résultats, ne pouvait fonder une théorie générale, ni même approfondir une question particulière dont la solution aurait exigé la connaissance d'éléments que la science ne possédait pas encore. Son but, en se livrant à ses expériences physicochimiques, étant simplement de se distraire de ses travaux de théologie, de métaphysique et de philosophie, objets principaux de ses méditations habituelles qu'il préférait à tout et mettait au-dessus de tout, il ne pouvait faire que ce qu'il a fait, quand même il eût eu l'esprit positif et que, mû par le besoin d'approfondir un sujet, il eût possédé l'esprit de la méthode expérimentale, telle que nous l'avons définie.

Quelles que soient la gloire que l'on accorde à ses travaux physicochimiques, et l'élévation des facultés intellectuelles qu'on lui reconnaisse, l'historien de la science ne saurait trop insister sur l'impossibilité où le mettait sa manière de travailler, de fonder la théorie nouvelle de la combustion, ni même de trouver l'interprétation précise d'un phénomène quelque peu complexe.

L'explication de la combustion par la synthèse, que donna Lavoisier avec tant de succès, exigea, de la part du savant français, non-seulement un esprit à la fois critique et généralisateur, capable de répéter les expériences d'autrui et d'en déduire une signification précise et incontestable, mais encore l'emploi d'instruments d'une précision inconnue avant lui, propres à évaluer les poids et les volumes des corps réagissant les uns sur les autres, eu égard aux températures et aux pressions auxquelles ils sont ou peuvent être soumis.

Que Lavoisier eût été doué de l'imagination de Priestley, de la rapidité de sa conception pour imaginer des expériences, de son activité pour les exécuter, qu'il l'eût imité dans sa manière de travailler, et certainement la chimie nouvelle de la combustion n'eût point été formulée comme elle l'a été dans le dernier quart du xvin siècle.

Voilà donc comment des hommes, avec des esprits divers, avec des manières de travailler toutes différentes, concourent cependant d'une manière efficace, chacun de son côté, aux progrès de la science!

Si Priestley ne put fonder une théorie aussi considérable que l'est

celle de la combustion rapportée à la synthèse, il se montra impuissant à expliquer des phénomènes bien moins complexes, par exemple, celui de l'amélioration de l'air vicié par la respiration et par la combustion de combustibles carburés, qu'il avait observée de 177 1 à 1772, lorsque cet air vicié était en contact avec des tiges de végétaux pourvues de leurs feuilles. Attribuant d'abord cette amélioration aux végétaux et subordonnant ainsi le règne animal au règne végétal, nous avons vu1 comment il avait été conduit à modifier cette explication et même à l'abandonner, en rapportant la cause du phénomène à la matière verte, et plus tard enfin à l'eau recevant l'influence directe des rayons du soleil.

Voilà où nous nous sommes arrêté dans le cahier d'août. Après que Priestley eut aperçu un fait considérable dans les harmonies de la nature, comment arriva-t-il que, s'il ne l'abandonna pas comme une erreur, il en amoindrit du moins la découverte par des doutes et par des modificatiens apportées à sa première interprétation? C'était la conséquence de sa manière de travailler.

En effet la découverte d'une vérité inattendue de quelque importance exige, pour être démontrée réelle, bien des efforts, comme le savent tous ceux dont les travaux, suivis avec zèle et persévérance, ont été couronnés du succès. Ils savent encore que ce n'est pas toujours dans ces travaux, le fait le plus saillant, le plus brillant, dont la découverte a coûté le plus d'efforts, car les difficultés surgissent surtout lorsque, voulant prévenir ou résoudre les objections qu'une proposition provoque en nombre d'autant plus grand qu'elle est plus inattendue et plus importante, on cherche à mettre cette proposition en harmonie avec tous les éléments principaux qu'on juge devoir s'y rattacher immédiatement. Or voilà précisément ce que la manière de travailler de Priestley ne lui permettait pas de faire, quand il avait découvert quelque chose de capital: il donnait alors l'interprétation la plus probable selon lui, sans la soumettre à aucune vérification. Il faisait donc des expériences sans contrôle et conséquemment sans se conformer à l'esprit de la méthode expérimentale, telle que nous l'avons définie.

INGEN-HOUSZ.

Expériences sur les végétaux, spécialement sur la propriété qu'ils possèdent à un haut degré, soit d'améliorer l'air quand ils sont au soleil, soit de le corrompre la nuit ou lorsqu'ils sont à l'ombre; auxquelles on a joint une méthode nouvelle de juger du degré de salu

1 Cahier d'août, p. 483.

brité de l'atmosphère, par Jean Ingen-Housz, conseiller aulique, et médecin du corps de Leurs Majestés Impériales et Royales, membre de la Société royale de Londres, etc., etc. Traduit de l'anglais par l'auteur. A Paris, chez P.-Fr. Didot le jeune, libraire-imprimeur de Monsieur, quai des Augustins, 1780.

Ce fut en 1779 qu'un savant médecin hollandais, le docteur Jean Ingen-Housz, né à Bréda en 1730, expliqua parfaitement ce que les expériences de Priestley avaient de contradictoire dans leurs résultats. Ingen-Housz, après avoir inoculé les enfants de Marie-Thérèse d'Autriche, l'impératrice de Russie Catherine II et son fils, habitait une campagne à deux lieues de Londres, où il consacrait ses loisirs à l'étude des sciences physiques. Comme Priestley, il avait le goût des expériences et particulièrement de celles qui éclairent la connaissance des corps vivants. Admirateur du génie du physicien anglais, il répéta avec empressement ses expériences sur les végétaux, et cette répétition le conduisit à en faire un grand nombre depuis les premiers jours de juin jusqu'au commencement de septembre de l'année 1779; il en composa le volume in-8° dont nous venons de donner le titre.

Le livre d'Ingen-Housz diffère beaucoup des écrits de Priestley; c'est un recueil d'expériences sur un même sujet, poursuivies sans interruption depuis la première jusqu'à la dernière. Si les détails dans lesquels il entre pour décrire certaines expériences et exposer certaines observations peuvent paraître minutieux, ils témoignent du plaisir que l'auteur recueillait de ses travaux, comme ses expériences, si nombreuses pour le temps qu'il y consacra, témoignent que le livre où elles se trouvent consignées n'a pu être que l'œuvre d'un homme dont le but principal était la science et non une simple diversion à des travaux qu'il aurait mis bien au-dessus d'elle.

Ingen-Housz, après avoir observé que les feuilles sont le siége du phénomène qu'il voulait étudier, reconnut bientôt que l'air qu'elles laissent dégager, lorsqu'on les a submergées dans l'eau et mises d'ailleurs dans une condition dont nous parlerons bientôt, est étranger à ce liquide aussi bien qu'à l'air qui pouvait adhérer à leur surface, contrairement à l'opinion de Bonnet 1.

Tout le livre d'Ingen-Housz est consacré à démontrer trois faits principaux :

1er fait.

L'air qui se dégage des feuilles plongées dans l'eau provient de l'intérieur de la plante, et il est émis au dehors en vertu d'un acte vital.

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2° fait.

L'air dégagé, conformément aux premières observations de Priestley, diffère de l'air commun par l'intensité avec laquelle il fait brûler les corps, et ce à cause de la forte proportion d'air déphlogistiqué qu'il

renferme.

3 fait.

L'air déphlogistiqué ne se dégage des feuilles des végétaux qu'autant que celles-ci sont exposées à recevoir l'influence de la lumière du soleil.

La découverte du troisième fait est la gloire d'Ingen-Housz, elle explique les résultats contradictoires des expériences de Priestley. Évidemment c'est pour avoir ignoré l'influence de la lumière solaire sur l'air déphlogistiqué émis par les feuilles des végétaux, que l'illustre physicien anglais cut tant d'incertitude sur la réalité de l'amélioration par les plantes de l'air que la respiration des animaux et la combustion des matières carburées ont vicié, et qu'en admettant cette amélioration de l'air vicié comme fait, après en avoir attribué la cause aux plantes, il l'attribua à la matière verte, et ensuite à l'eau subissant l'influence du soleil; et il est bon d'ajouter qu'Ingen-Housz a le mérite d'avoir montré que c'est le soleil agissant comme lumière, et non comme chaleur, qui donne lieu au dégagement de l'air déphlogistiqué.

Priestley, avons-nous dit1, n'était pas aussi indifférent à la gloire scientifique qu'il le prétendait, et une preuve nouvelle à l'appui de notre opinion, c'est qu'après la publication du livre d'Ingen-Housz il ne reconnut pas explicitement la découverte du physicien hollandais; et, dans le III volume de ses expériences et observations sur différentes branches de la physique, il donne à entendre qu'avant Ingen-Housz il avait observé l'influence de la lumière, dans le cas où les plantes améliorent l'air que la respiration et les combustions (des corps carburés) ont vicié 2. Mais la preuve de l'inexactitude de cette assertion se trouve dans la publication même qu'il fit à la date de 1779, lorsque, à propos de l'expérience de Schéele sur la végétation des fèves, il revint, en 1778, sur ses recherches de 1771 et de 1772. S'il parle alors de la lumière c'est pour en montrer l'influence d'abord sur la production de la matière verte, et plus tard sur un air pur qui se dégage, selon lui, de l'eau exposée au soleil. Cette influence de la lumière n'est donc invoquée en dernier lieu

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Cahier d'août, p. 485. - Ouvrage cité, III' volume, page 35.

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