Imágenes de páginas
PDF
EPUB

plus ou moins fidèle, d'une langue qui, sous la dénomination de lybique, de nu«mide et de gétule, fut jadis parlée dans tout le nord de l'Afrique. La plupart des tribus berbères de l'Algérie, de la régence de Tunis et de l'empire de Maroc, comprises en général sous la désignation de Cabyle (au pluriel Cabayle), paraissent avoir subi, dans leurs mœurs et dans leur langage, d'assez profondes modifications par leur contact avec les Arabes.

Les tribus berbères, établies au midi de l'Algérie et de l'empire du Maroc, sont connues sous le nom de Touarig; ces peuplades occupent toute la contrée qui s'étend de nos possessions du nord de l'Afrique au pays des Noirs. L'idiome qu'elles parlent, et qui semble se subdiviser lui-même en plusieurs dialectes, est peut-être le plus intéressant de tous pour les philologues, en ce qu'il a été moins exposé à l'influence étrangère. Les recherches essayées jusqu'ici sur la langue berbère ont eu le défaut d'être partielles. M. Ch.-V. Geslin, employé au bureau arabe de Laghouat, a entrepris de présenter le tableau des dialectes du nord-ouest de l'Afrique, depuis la régence de Tripoli jusqu'à l'Océan, depuis la Méditerranée jusqu'au pays des Nègres, et il a adressé à M. le Ministre de la guerre le résultat de ses travaux. L'envoi de M. Geslin se compose de douze vocabulaires ou grammaires ayant trait, pour la plupart, aux mœurs et au langage des Touarigs; c'est précisément la portion du sujet qui laissait le plus à désirer au point de vue de la science. L'Académie, par l'organe de son rapporteur, estime que, malgré l'imperfection de quelques détails, l'ouvrage de M. Geslin, qui dénote beaucoup de persévérance et d'intelligence, est de nature à jeter le plus grand jour sur cette langue berbère, aujourd'hui encore si peu connue.

Monuments de la maison de France, collection de médailles, estampes et portraits recueillis et décrits par Guillaume Combrouse. Paris, imprimerie de Claye, librairie de Dumoulin, 1856, in-f° de 53 pages de texte et 60 planches. Cet ouvrage, publié avec un grand luxe typographique, est composé de fort belles planches. Les médailles, estampes et portraits que M. Combrouse a fait graver, et qu'il décrit dans ses notes, sont d'un intérêt réel pour l'étude de l'histoire, de la numismatique et des arts en France, principalement au moyen âge; mais on n'y trouvera pas ce qu'annoncent le titre et la préface: « une série chronologique de monuments relatifs à la maison de France. » C'est un choix curieux et varié de monuments de divers genres et de toutes les époques, depuis les monnaies mérovingiennes jusqu'au portrait de la comtesse d'Escars, au XVIII° siècle. Les descriptions de M. Combrouse attestent toute l'expérience numismatique, toute l'érudition qu'on devait attendre de l'auteur du Catalogue des monnaies nationales de France. Toutefois, quelques-unes de ses considérations historiques pourront sembler contestables, notamment les inductions qu'il croit pouvoir tirer d'un diplôme de l'an 824, publié par Mabillon, De re diplomatica, p. 515.

Les origines de la société moderne ou histoire des quatre premiers siècles du moyen âge, par L.-M. Poinsignon, docteur ès-lettres. Reims, imprimerie et librairie de Regnier, 1856. Deux volumes in-8° de xVI-425 et 535 pages. Dans cet exposé de l'histoire des premiers temps du moyen âge, l'auteur a puisé ses informations aux sources les plus sûres et habilement résumé les travaux des historiens anciens et modernes en s'attachant principalement à montrer au lecteur, dans la marche embarrassée des événements, le doigt de Dieu profondément empreint. L'introduction qui ouvre le tome premier traite de l'empire romain et de la Germanie, avant les invasions. Le reste du volume est rempli par l'histoire des invasions des Germains et de la naissance des États modernes de l'Europe occidentale. Sous le

titre de Résultats des invasions germaniques, M. Poinsignon a placé à la fin de son premier livre des recherches sur l'état des terres, l'état des personnes, le gouvernement et les institutions, sur les effets généraux du mélange des peuples et de l'amalgame de la loi romaine avec les lois barbares. Le second volume comprend le récit des invasions des Slaves, des Avars, des Bulgares, des Arabes dans l'empire d'Orient, le complément de l'histoire des Lombards et des Francs, et le tableau de l'état religieux et intellectuel de l'Occident et de l'Orient de 395 à 752.

Histoire de l'origine et des institutions de la noblesse de France; par M. Cohen de Vinkenhoef, de la bibliothèque Sainte-Geneviève. Paris, imprimerie de Pommeret et Moreau, librairie de Dumoulin, 1856, in-8° de 250 pages. On trouve dans la première partie de ce livre un exposé intéressant de tout ce que l'étude des monuments historiques fait connaître sur l'état des personnes et des terres dans les temps mérovingiens et carlovingiens, sur l'origine de la noblesse, le rôle politique des leudes et les commencements de l'hérédité des bénéfices. La seconde partie traite de l'histoire de la féodalité depuis Hugues Capet jusqu'à la mort de Charles le Bel; elle se termine par un tableau des mœurs et usages de la chevalerie. L'auteur nous semble avoir fait preuve, dans ce travail, d'une érudition saine, éloignée de tout esprit de système.

Hagioglypta, sive picture et sculpture sacræ antiquiores, præsertim quæ Romæ reperiuntur, explicata a Joanne l'Heureux (Macario). Paris, imprimerie de F. Didot, librairie de Toulouse, 1856, in-8° de x11-255 pages. Cet ouvrage, composé par un savant belge, Jean l'Heureux, mort en 1614, n'avait jamais vu le jour, quoiqu'il eût été préparé pour l'impression dès l'an 1605. Rosweid en a fait l'éloge dans ses Notæ ad Paulinum; Jean-Jacques Chifflet en a donné quelques extraits dans son livre intitulé: Crisis historica de linteis sepulcralibus Domini; Jean Bollandus paraît l'avoir eu entre les mains et y avoir ajouté quelques notes en vue de le publier. Aubert le Mire écrivait du moins, en 1638, que l'Hagioglypta devait paraître prochainement chez l'imprimeur Plantin. Le livre de Jean L'Heureux n'en était pas moins resté inédit, et, en le mettant au jour après plus de deux siècles, d'après le manuscrit original appartenant à M. le comte de Lescalopier, M. Raphaël Garucci, nous semble avoir rendu un véritable service aux érudits voués à l'étude de l'archéologie chrétienne. On y trouve de précieux renseignements sur les peintures qui décorent les catacombes et sur le symbolisme chrétien des premiers âges. Les préfaces et les notes qui accompagnent le texte sont dues au docte éditeur.

Eléments de la grammaire turque, à l'usage des élèves de l'École impériale et spéciale des langues orientales vivantes, par Louis Dubeux. Paris, librairie de Benjamin Duprat, 1856, in-12 de XIII-120 pages. La grammaire que publie M. L. Dubeux est fondée sur le système d'euphonie des idiomes tartares, mis en lumière par M. Roehrig, système que le savant professeur avait, le premier, fait connaître au public français par la voie du Journal asiatique et dans ses leçons. Quelques points de la grammaire turque, pour la solution desquels les travaux de M. Roehrig ne pouvaient être d'aucun secours, présentaient des difficultés que M. Dubeux s'est attaché à surmonter; il expose dans son avertissement les raisons qui l'ont déterminé à s'écarter souvent des méthodes suivies par quelques-uns de ses devanciers. Les élèves de l'école des langues orientales, auxquels cet opuscule est particulièrement destiné, y trouveront l'avantage de remplacer, par un seul livre d'enseignement, un grand nombre d'ouvrages grammaticaux conçus dans des systèmes opposés, ou même inconciliables.

Graffiti de Pompéi; Inscriptions et gravures tracées au stylet, recueillies et inter

prétées par Raphaël Garucci... seconde édition augmentée. Paris, imprimerie de Remquet, librairie de Benjamin Duprat, in-4° de VIII-104 pages, avec atlas de 32 planches. Dans la première édition de ce curieux et savant travail, l'auteur, n'ayant en vue que d'établir l'origine de l'écriture cursive, n'avait pas cru nécessaire de transcrire et d'expliquer toutes les inscriptions. Les archéologues lui sauront gré d'avoir, dans cette nouvelle édition, ajouté au texte des Graffiti de Pompéi une transcription accompagnée d'une explication développée. M. Garucci a profité de ce remaniement pour faire connaître d'autres inscriptions à la pointe, qui ont été trouvées à Rome sous le mont Palatin.

Monuments d'architecture, de sculpture et de peinture de l'Allemagne, depuis l'établissement du christianisme jusqu'aux temps modernes, publiés par Ernest Forster, traduit par D. Romée, livraisons I à X. Paris, librairie de Gide et Baudry, 1856, in-4° de 52 pages avec vingt planches. La première série des Monuments de l'Allemagne formera un volume comprenant cinquante planches in-4° gravées sur acier, par des artistes allemands, d'après les dessins exécutés sous la direction de M. Forster. Chaque monument est accompagné d'un texte historique, descriptif et critique.

Le Nouveau Spon, ou Manuel du bibliophile et de l'archéologue lycnnais. Lyon, Vingtrinier, 1856, in-8° de XLIV, 372 pages. On sait que Spon, archéologue d'un mérite distingué, a publié au siècle dernier des recherches sur les antiquités de Lyon. Un écrivain fécond, qui, depuis plus de trente ans, a beaucoup écrit sur le même sujet, M. de Montfalcon, a cru devoir donner le titre de Nouveau Spon au livre qu'il vient de faire paraître, et dans lequel il a réuni un grand nombre de renseignements sur l'histoire littéraire et les monuments de sa ville natale. La première partie traite de la typographie lyonnaise, et contient un ample catalogue de livres publiés à Lyon. La seconde partie, consacrée à l'archéologie, offre, avec la description des monuments antiques de Lyon, beaucoup d'indications sur la numismatique et l'épigraphie de cette ville. Ces derniers renseignements avaient déjà été donnés par l'auteur, avec de plus grands développements, dans un ouvrage important intitulé Lugdunensis historic monumenta, dont le premier volume a paru l'année dernière.

:

TABLE.

Annales de l'Observatoire de Paris. (Article de M. Biot.).....

Pages.

513

Histoire littéraire de la France. (1a article de M. Villemain.). . . . . .

521

Historia diplomatica Friderici secundi, etc. (3o et dernier article de M. Avenel).

533

Recherches expérimentales sur la végétation, etc. (Fin du 6o article de M. Chevreul.). . . . .

549

Nouvelles littéraires.

565

FIN DE LA TABLE.

DES SAVANTS.

OCTOBRE 1856.

DE LA POÉSIe grecque inTRODUITE DANS le christIANISME ORIENtal, et de SynÉSIUS, ÉVÊQUE DE PTOLÉMAÏS, considéré comme poëte lyrique.

Un incident particulier des travaux religieux de notre temps rappelle aujourd'hui l'attention sur quelques noms de l'Église primitive, qui n'appartiennent pas à la théologie proprement dite : cet incident, c'est la disposition actuelle de plusieurs prélats, de pieux et zélés docteurs, à employer l'imagination au profit de la foi, et à placer dans des cadres de fictions romanesques l'expression du dogme et la peinture des mœurs chrétiennes, aux premiers siècles de notre ère. On connaît, à cet égard, l'essai récent du cardinal Wiseman, archevêque de Westminster, et le grand succès, la pieuse popularité de son dernier écrit. Le docte et fervent prélat, dans le mouvement de prosélytisme, et aussi de résistance, qui suivit en Angleterre la tardive et si juste mesure de l'émancipation catholique, avait tenu à Londres quelques conférences reproduites par la presse, et dont une surtout, celle où il expliquait sa prise de possession nominale et son titre nouveau d'archevêque de Westminster, était admirable de passion contenue et d'éloquence, d'humilité soumise et d'impérieuse charité. Toutefois, entendus avec enthousiasme par un auditoire choisi, puis imprimés et répandus sans obstacle, ces discours, qui ne se continuèrent pas, et dont s'inquiéta le pouvoir, tout tolérant qu'il voulait être, n'avaient qu'un effet limité: ils rentraient, pour ainsi dire, dans ce nombre de traités religieux, que l'esprit de secte et la liberté multiplient si fort pour la contentieuse Angleterre. Le cardinal Wiseman s'est tu, s'est

même éloigné; et il a publié Fabiola, ou l'Église des catacombes. Ce livre, romanesque par les situations, s'il est vrai pour le détail des usages et des rites, ce livre, coupé avec un art facile, mais saisissant, a pénétré partout; et, s'il n'a fait beaucoup de convertis, il compte, du moins, une foule de lecteurs, et donne, en quelque sorte, à la seule Église romaine, tout l'honneur de ces scènes héroïques et de ces vertus touchantes, que l'auteur surcharge parfois de couleurs un peu forcées. Promptement réimprimé, partout célébré, l'ouvrage, traduit en français par un religieux d'une des anciennes congrégations nouvellement rétablies, n'a pas obtenu, parmi nous, moins de faveur.

D'autre part, cette mine de l'Église primitive une fois ouverte à l'imagination par la main même de l'orthodoxie, l'exemple a été fort suivi, dans des communions diverses. Un membre savant de l'Église anglicane a choisi le nom et la tragique histoire de la platonicienne Hypatia 1, comme un sujet auquel pouvait se rapporter une grande part de la vie chrétienne, à la fin du ive siècle et dans les commencements du vo. Les caractères de saint Cyrille, patriarche d'Alexandrie, et de Synésius, évêque de Ptolémaïs, prenaient naturellement place dans cette peinture. L'ascétisme du désert, les intrigues et le luxe d'Alexandrie; l'élégance grecque de la Cyrénaïque, le tableau contrasté de l'Église de Rome, l'introduction des barbares au milieu de la société gréco-romaine, et la rudesse intéressée et brutale dont ils servaient l'Empire, en attendant le jour de l'envahir et d'en déchirer les lambeaux, tous ces traits donnés par l'histoire sont plus ou moins habilement reproduits dans le roman d'Hypatia, et nous ne doutons pas que bien d'autres. filons de l'histoire ecclésiastique ne soient également exploités par d'autres. lettrés des diverses communions anglaises.

Notre seule objection est tirée de la grandeur même et de la féconde originalité des sujets. Le roman ne vaudra pas l'histoire. Je n'en chercherais pas d'autre preuve que les récits mêmes et les fictions accessoires imaginées par l'auteur d'Hypatia. Je lis dans son ouvrage, avec curiosité, un long chapitre, où Synésius est mis en scène, sous ce titre bien anglais: The Squire-Bishop. J'admets que la passion du philosophe pour les plaisirs de la chasse, la manière dont il parle lui-même de ses meutes, de ses filets et de ses dards, ait suggéré à un docte recteur anglican l'idée de le comparer à quelque gentilhomme, tueur de renards, à quelque châtelain de comté; mais, combien la réalité même, soigneusement recueillie

Hypatia, or New foes with an old face, by Charles Kingsley, Jun. rector of Eversley.

« AnteriorContinuar »