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Lieou Tchao) qui compléta et acheva ces traités. Sous les

T'ang J†, (Li) Hien, héritier-présomptif Tchang-houai❀★

, ordonna par décret de réunir les érudits les plus célèbres

de ce temps, à savoir le yeou chou tseu Tchang T'ai-ngan

子張太安, le si na Lieou Na-yen 洗馬劉訥言, le sseu hou ts'an kiun de l'arrondissement de Lo, Ko Hi-hiuan H 戶參軍革希, les hio che 學士 Hiu Chou-ya許叔牙, Teh'eng Hiuan-yi, Che Ts'ang-tchou, Tcheou Pao-ning et d'autres, qui composèrent ensemble un Commentaire du Heou Han chou de Fan Ye; ce Commentaire fut présenté à l'empereur au début de la période yi-fong (676–678 p.C.); un décret ordonna de le déposer dans le département des archives secrètes et il a été transmis jusqu'à maintenant. (Quant à nous, Yu) Tsing et (Wang) Chou, nous avons pris tous les divers exemplaires des bibliothèques officielles pour les collationner. Le neuvième mois de la deuxième année (1035 p.C.), cette collation a été achevée; nous avons ajouté en tout 512 caractères; nous en avons retranché 143; nous en avons rectifié 411».

En terminant, j'ajouterai que l'édition du Heou Han chou faite par ordre de Kien-long contient, à côté du commentaire rédigé en 676 sous la direction de l'héritier présomptif Tchang-houai, des critiques de texte qui ont pour auteur

Lieou Pan 劉妝; ce Lieou Pan avait été nommé, en l'année 1063, membre

d'une commission chargée de réviser le texte du Heou Han chou; mais, au bout de deux ans environ, tous les collaborateurs de Licou Pan se trouvèrent appelés à d'autres fonctions et il resta seul pour mener à bien la tâche entreprise 2).

1) D'après le Wei lio de Kao Sseu-souen (chap. 11, p. 19 ro), un certain Sie Yen avait été chargé par Fan Ye de rédiger les traités; cette œuvre était près d'être achevée lorsque Fan Ye fut mis à mort; Sie Yen renonça alors à publier son travail. Ce fut Lieou Tchao qui, au commencement du sixième siècle, compléta et commenta l'œuvre de Sie Yen; il fit ainsi les trente chapitres de Traités qui sont incorporée dans le Heou Han chou.

de

2) Ces renseignements sur Lieou Pan nous sont fournis par le Che lio Kao Sseu-souen; cet ouvrage, dont la préface est datée de l'année 1225,

Biographie de Pan Tch'ao (32—102 p.C.).

Pan Tch'ao avait pour appellation Tchong-cheng; il était originaire de (la préfecture de) P'ing-ling 1) dans (la commanderie de) Fou-fong; il était le fils cadet de (Pan) Piao '), préfet de Siu 3). C'était un homme résolu qui n'observait pas les règles minutieuses de la politesse; dans sa vie privée cependant, il se conduisait avec piété filiale et diligence; quand il était dans sa famille, il se donnait sans cesse de la peine et ne rougissait pas se livrer aux besognes fatigantes et humiliantes. Il était habile à discourir et avait fait un examen rapide des livres historiques.

La cinquième année (62 p.C.) yong-p'ing, son frère aîné, (Pan) Kou1), fut appelé par l'empereur et se rendit à la capitale pour y être kiao chou lang; (Pan) Tch'ao et sa mère vinrent à sa suite à Lo-yang. Comme leur famille était pauvre, (Pan) Tch'ao louait constamment ses services à des fonctionnaires pour faire des travaux de copie et ainsi il subvenait à son entretien; après avoir peiné de la sorte pendant longtemps, un beau jour il cessa son labeur et jeta son pinceau en s'écriant: «Un homme supérieur, s'il n'a pas d'autre

était perdu en Chine; il a été retrouvé au Japon et réimprimé en 1884 dans la collection intitulée Kou yi ts'ơng chou (sur laquelle voyez l'excellente étude de

Pelliot dans BEFEO, t. III, p. 315-340).

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A 15 li au N.O. de la sous-préfecture de Hien-yang (préf. de Si-ngan, prov. de Chàn-si).

2) Pan Piao vécut de l'an 3 à l'an 54 de notre ère; sa biographie se trouve dans le chap. LXX a du Tsien Han chou.

3) L'ancienne préfecture de Siu

était à 80 li au N.O. de la sous-préfecture

actuelle du Hiu-yi (préf. sec. de Sseu, prov. de Ngan-houei).

4) Pan Kou mourut en l'année 92, âgé de 61 ans (Heou Han chou, chap. LXX, 6, p. 9 r); il serait donc né en l'année 32. Mais nous savons, d'autre part, que son frère cadet Pan Tch'ao mourut en l'année 102, âgé de 71 ans; lui aussi serait donc né en l'année 32; cela paraît impossible, puisqu'il est le frère cadet de Pan Kou; à la rigueur on pourrait cependant admettre que ces deux naissances eurent entre elles un intervalle de moins de douze mois et purent avoir lieu dans une seule et même année.

plan qu'il puisse mener à bien, doit du moins imiter Fou Kiai-tseu 1) et Tchang K'ien 2) et se rendre glorieux dans les pays étrangers afin d'obtenir d'être anobli; comment pourrait-il s'attarder dans un emploi subalterne parmi les pinceaux et les encriers?» Ceux qui étaient auprès de lui s'étant moqués de cette parole, (Pan) Tch'ao leur dit: <Vous, gens vulgaires, comment connaîtriez-vous les résolutions d'un homme hardi?» Quelque temps plus tard, il alla voir un diseur de bonne aventure qui lui déclara: «O vous qu'on charge d'offrir les libations 3), vous êtes dans la catégorie des hommes de valeur qui sont vêtus de toile '); mais vous devez être anobli à dix mille li de distance d'ici». (Pan) Tch'ao lui demandant à quoi il le voyait, le diseur de bonne aventure lui répondit en le montrant avec le doigt: «Vous avez un menton d'hirondelle et un cou de tigre; voler (dans les airs) et dévorer de la chair 5), cela présage qu'on sera anobli à dix mille li de distance>. A quelque temps de là, Hicn-tsong (58-75 p.C.) demanda à (Pan) Kou: «Dans quelle situation se trouve votre frère cadet ?>

1) En 77 av. J.C., Fou Kiai-tseu fat chargé par le général en chef

Ho Kouang-po 霍光白 de faire périr le roi de Leow-lan 樓蘭; ily réussit en

attirant ce prince dans un guet-apens et fut récompensé de cet exploit par le titre de marquis de Yi-yang (Ts'ien Han chou, chap. XCVI, a, p. 3 ro).

2) Tchang K'ien, à la suite de la glorieuse mission qui le mena en 128 av. J.-C. jusque sur les bords de l'Oxus, fut honoré du titre de marquis de Po-wang La biographie de Tchang K'ien, telle qu'elle se trouve dans le chap. LXI du Ts'ien Han chou, a été traduite par Wylie (Journal of the Anthropological Institute, Vol. X, Août 1880, p 66-73).

3) Le terme désignait proprement celui qui, dans une assemblée, était chargé d'offrir les libations; comme on choisissait pour ces fonctions celui des assistants qui était le plus respecté, cette expression devint une simple formule honorifique qu'on employait quand on s'adressait à quelqu'un; tel est l'usage qui en est fait ici.

4) C'est-à-dire qui sont encore confondus dans la foule des gens du peuple.

5) Pan Tch'ao porte sur son corps des indices qui le font ressembler à une hirondelle qui vole et à un tigre qui dévore; ces particularités permettent de prévoir qu'il sera anobli en allant au loin.

(Pan) Kou répondit: Il est scribe au service d'un fonctionnaire; il reçoit un salaire avec lequel il entretient sa vieille mère». (Pan) Teh'ao fut alors nommé par l'empereur au poste de Lan t'ai ling che 1), mais ensuite il perdit sa place pour quelque faute.

La seizième année (73 p.C.), le fong kiu tou wei Teou Kou 2) sortit pour attaquer les Hiong-nou; il prit (Pan) Tch'ao pour sseuma à titre provisoire; celui-ci, à la tête de ses troupes, fut détaché à l'attaque de Yi-wou (Hami) et livra bataille près du lac P'ou-lei (Barkoul); il revint après avoir décapité beaucoup de barbares. (Teou) Kou le jugeant capable, l'envoya en mission dans les pays d'Occident en compagnie du ts'ong-che Kouo Siun.

Quand (Pan) Tch'ao arriva à Chan-chan, Kouang, roi de Chanchan, traita (Pan) Tch'ao avec les plus grands égards; mais ensuite, faisant soudain volte-face, il se montra négligent; (Pan) Tch'ao dit aux officiers qui étaient sous ses ordres: «Ne vous êtes-vous pas aperçu que les intentions polies de Kouang ont diminué? Cela vient sans doute de ce qu'un envoyé des barbares du Nord a dû arriver; c'est pourquoi Kouang hésite et ne sait pas encore quel parti il suivra. Or l'homme intelligent aperçoit ce qui n'est pas encore en bourgeon; combien plus facilement verra-t-il ce qui est déjà manifeste». Alors il appela un Hou qui était à son service et lui dit par ruse: «L'envoyé des Hiong-nou est venu depuis plusieurs jours. Maintenant, où est-il ?» Le serviteur Hou, stupéfait et saisi de crainte, avoua tout ce qui en était. (Pan) Tch'ao alors fit enfermer le serviteur Hou; puis il réunit tous ses officiers au nombre de trente-six et se mit à boire du vin avec eux; quand ils furent échauffés par

1) Les Lan t'ai ling che, dit le commentaire de 676, étaient au nombre de six; ils avaient des émoluments de 100 che ; ils s'occupaient des lettres, des accusations, des requêtes et des sceaux et présidaient à la rédaction des pièces officielles.

2) Sur Teou Kou, qui mourut en l'an 88, voyez le chap. LIII du Heou Han chou, chap. LIII, p. 5 v°—6 ro.

la boisson, il excita leur colère en disant: «Vous et moi, nous nous trouvons tous dans une contrée lointaine; nous désirons accomplir de grands exploits pour obtenir la richesse et les honneurs. Maintenant, un envoyé des barbares est arrivé depuis quelques jours à peine et aussitôt les égards et le respect que nous témoignait le roi Kouany ont disparu; si cet envoyé ordoune (au roi de) Chan-chan de s'emparer de nous et de nous remettre aux Hiong-nou, nos ossements seront à jamais la pâture des loups; que faut-il faire?» Ses officiers répondirent tous: «Nous sommes maintenant dans une situation de péril extrême; nous vous suivrons, ô sseu-ma, dans la vie et dans la mort>. (Pan) Teh'ao leur dit: «Celui qui ne pénétre pas dans l'autre du tigre ne prend pas les petits du tigre. Pour ce qui est du plan auquel il nous faut aviser aujourd'hui, le seul parti auquel nous puissions nous arrêter est de profiter de la nuit pour attaquer par l'incendie les envoyés barbares; ceux-ci ne sauront pas quel est notre nombre; ils seront certainement en proie à une grande panique et nous pourrons les exterminer. Quand nous aurons fait périr les envoyés barbares, alors (le roi de) Chan-chan sentira se briser son courage. Nos exploits seront accomplis et notre entreprise aura réussi». Tous répondirent: Il nous faut délibérer à ce sujet avec le ts'ong-che (Kouo Siun)». (Pan) Tch'ao répliqua avec colère: «Notre bonne ou notre mauvaise fortune se décide aujourd'hui; le ts'ong-che (Kouo Siun) est un vulgaire officier civil; si on l'informe de ce plan, il aura certainement peur et nos projets seront divulgués. Mourir sans gloire, ce n'est pas le fait de gens vaillants >. Tous alors l'approuvèrent. Dans la première partie de la nuit, (Pan Tch'ao), à la tête de ses officiers, courut vers le camp des

1) Ce Kouo Siun

fut plus tard nommé commandant militaire en second et fut placé sous les ordres du Protecteur général Tch'en Mou; il périt avec ce dernier en l'année 75, lors de la révolte des rois de Yen-k'i (Karachar) et de K'ieou-tsou (Koutcha); cf. Heou Han chou, chap. CXVIII, p. 8 ro.

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