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Tchao Yi (1727-1814): «Ce cycle a son origine dans les civilisations du Nord; à l'époque des Han, Hou-han-sie frappa à la barrière (en demandant qu'on lui ouvrit) et entra s'installer à Wouyuan; ses geus se mêlèrent avec le commun peuple et c'est alors que le cycle se propagea et pénétra dans le Royaume du Milieu». Ainsi, d'après Tchao Yi, le cycle des douze animaux serait originaire des civilisations turques qui se trouvaient au Nord de la Chine; il se répandit dans la Chine même après que, en l'an 48 de notre ère, le chef des Hiong-nou méridionaux fut venu s'établir dans la région chinoise de Wou-yuan, c'est-à-dire dans le territoire de la préfecture

de Yu-lin 榆林 au Nord-Est de la province de Chan-si; c'est la présence de cette population turque au milieu des Chinois qui amena la diffusion du cycle parmi ces derniers. Les considérations nouvelles auxquelles nous allons nous livrer ne feront que rendre plus plausible cette manière de voir.

II. Textes bouddhiques traduits en Chinois.

Dans tout le chapitre précédent, plusieurs des textes que nous avons cités nous ont été fournis par les érudits Chinois; mais les lettrés, qui sont si merveilleusement informés sur les livres laïques, ignorent ce que contient la masse énorme des ouvrages bouddhiques qui ont été traduits d'une langue étrangère en chinois. Cette littérature d'importation et cependant capable de nous révéler quelques vestiges importants du cycle des douze animaux.

Afin de prévenir toute confusion, il importe d'abord de remarquer que les Hindous ont connu les signes du zodiaque; on trouvera *£#*B.

1) Kai yu ts'ong k'ao, chap. XXXIV, p. 9 v°-10 r°:

至漢時呼韓邪欵塞入居五原。與齊民相雜。 遂流傳入中國耳。

donc dans des textes de l'Inde traduits en Chinois des énumérations telles que celle-ci: Les constellations appelées tch'en sont au nombre de douze 所言辰者有十二種; ce sont: 1° mi-cha 彌沙 (meșa; Bélier); 2° p'i-li-cha (vrsa; Taureau); 3° mi

t'eou-na (mithuna; Gémeaux); 4° kie-kia-tch'a-kia

(karkaṭaka; Cancer); 5° ?-ho (sic) (simha; Lion); 6° kia-jo(kauya; Vierge); 7° teou-lo (tulā; Balance); 8° pi-li-tche-kia (vrçcika; Scorpion); 9° t'an-ni-p'i (dhanvin; Sagittaire); 10° mo-kia-lo (makara;

Capricorne); 11° kieou-p'an

B (mina; Poissons)» 1).

(kumbha; Verseau); 12° mi-na

Il est évident que cette nomenclature

n'a rien de commun avec la liste des douze animaux et nous n'avons

donc pas à nous en occuper ici.

Nous pouvons signaler la série des douze animaux dans un petit sūtra assez bizarre, le Che cul yuan cheng siang jouei king += *** (Bunyiu Nanjio, Catalogue, N° 814; Trip. de Tôkyô, XIV, 6, p. 89 v°-93 v°). Cet opuscule a été traduit entre 980 et 1000 de notre ère par le religieux Che-hou; il traite des présages qui peuvent être tirés au moyen d'un diagramme dans lequel les douze causes (nidanas) sont mises en corrélation avec les douze mois et avec les caractères du cycle duodénaire; tout à la fin, on lit le passage suivant: «Celui qui examine avec une attention scrupuleuse ce que produisent les douze causes, afin de comprendre parfaitement le bien ou le mal, le chagrin ou la joie, la réussite ou l'échec, doit dessiner un diagramme de l'évolution et le tracer clairement en partant de l'avidya (correspondant au 10e mois) pour aboutir au jarāmaraṇa (correspondant au 9e mois); les mois et les jours y auront leurs places distinctes; dans l'ordre de succession on

1) Ta fang teng ta tsi king, chap. LVI (Trip. de Tôkyô, III, 4, p. 61 vo). La partie da Ta tsi king où se trouve ce passage a été traduite entre 566 et 585 par Narendrayaças (Bunyiu Nanjio, Catalogue, App. II, Nos 120 et 128; Toung-pao, 1905, p. 349, n. 1).

y disposera les douze formes corporelles qui sont: le rat, le bœuf, le tigre, le lièvre, le dragon, le serpent, le cheval, la chèvre, le singe, le coq, le chien et le porc» 1).

Je ne crois pas qu'on puisse faire grand état de ce texte; ce sutra, dont l'authenticité ne semble pas être garantie par une traduction tibétaine 2), paraît être une adaptation au calendrier chinois d'une méthode hindoue de divination par les douze causes; s'il mentionne le cycle des douze animaux, cela prouve simplement que ce cycle était connu des Chinois à la fin du dixième siècle de notre ère, constatation banale qui n'ajoute rien à nos connaissances.

D'une toute autre importance est un passage du Ta fang teng ta tsi king 大方等大集經(Mahasamnipata sūtra) dont voici

d'abord la traduction: 3)

1) 審諦觀察十二緣生。了達善惡憂喜得失。 應畫轉輸圖寫分明,謂從無明乃至老死,月 日分位。次第羅列。鼠牛虎兔龍蛇馬羊猴雞 犬豕。十二相狀。(Trip. de Tôky6, XIV, 6, p. 98 vo).

2) Cf. Bunyin Nanjio, Catalogue, no 814.

3) Ce texte comportant des redites nombreuses, je n'ai traduit intégralement que le premier paragraphe et j'ai remplacé par des points dans les autres paragraphes les phrases qni reviennent toujours identiques à elles-mêmes. Pour la même raison, il est inutile de citer le texte chinois dans son entier et il suffira de donner ici le premier paragraphe et

le dernier. – Tripitaka de Tokyo, 111, 2, p. 33 v–34 re: 善男子。若為 人天調伏眾生。 是不為難。若為畜生調伏眾 生。是乃為難。善男子,閻浮提外南 (var. des éd. des Song, des Ming et des Yuan: 東)方海中有琉璃山。 名之 爲潮。高二十由旬。具種種寶。其山有窟名 種種色。是昔菩薩所住之處。緃廣一由旬。高 六由旬,有一毒蛇在中而住。修聲聞慈。復 有一窟名日無死.從廣高下亦復如是。亦是 菩薩昔所住處中有一馬修聲聞慈。復有一 窟名日善住(var. ajonte ici處)從廣高下亦復如是。 亦是菩薩昔所住處。中有一羊修聲聞慈。 其

<0 gens de bien, ceux qui étant hommes ou devas soumettent à la règle tous les êtres vivants, ceux-là ne font pas une œuvre difficile; mais ceux qui étant animaux soumettent à la règle tous les êtres vivants, ceux-là font une ceuvre difficile. O geus de bien, en-dehors du Jambudvīpa, dans la mer de la région de l'Est 1) il y a une montague de lieou-li (vaidūrya) dont le nom est Tchao 潮; elle est haute de vingt yojanas; il s'y trouve toutes sortes de substances précieuses. Dans cette montagne est une caverne appelée <Couleurs 2) de toutes sortes 種種色; c'est là un endroit où se sont autrefois tenus les Bodhisattvas; elle mesure un yojana en long et en large et elle est haute de six yojanas; il y a un serpent venimeux qui y demeure; il pratique la bienveillance de ceux qui ont entendu la voix (çrävakas). Il y a encore une caverne appelée <Sans mort» ; elle a les mêmes dimensions que la première en longueur, en largeur et en hauteur; elle est aussi un

。。

。 。

>

山樹神名日無勝。有羅剎女名日善行。各有 五百眷屬圍。是二女人常供養如是三獸。 是十二獸。晝夜常行閻浮提內。 天人恭敬。功德成就已。於諸佛所(var. supyrime ce dernier mot)發深重願。一日一夜常一獸遊行教 化。餘十一獸安住修慈。周而復始。七月一日 鼠初遊行。以聲聞衆教化一切鼠身衆生。合 離惡業勸修善事。如是次第至十三日。鼠復 還行。如是乃至盡十二月。至十二歲。亦復如 是。 常爲調伏諸眾生故。善男子。是故此土多 有功德。乃至音生亦能教化。 演說無上菩提 之道:是故他方諸菩薩等。常應恭敬此佛世

界。

1) L'édition de Corée écrit: «Sud».

2) Le mot peut être aussi l'équivalent de rupa «formes.

endroit où se sont autrefois tenus les Bodhisattvas; au milieu se trouve un cheval qui pratique la bienveillance de ceux qui ont entendu la voix (çrāvakas). Il y a encore une caverne appelée < Bon séjour (Susthāna ?)»; elle a les mêmes dimensions que les précédentes en longueur, en largeur et en hauteur; elle est aussi un endroit où se sont autrefois tenus les Bodhisattvas; au milieu est une chèvre qui pratique la bienveillance de ceux qui ont entendu la voix (çrāvakas). Dans cette montagne est une déesse du bois appelée Invincible» et une rakṣasī nommée B <Bonne conduite>; chacune d'elles a cinq cents parents qui l'entourent. Ces deux femmes s'occupent constamment de soigner et de nourrir ces trois animaux. O gens de bien, en dehors du Jambudvipa, dans la mer de la région du Sud 1), il y a une montagne de p'o-li (sphațika); elle est haute de vingt yojanas. Dans cette montagne est une caverne appelée «Couleur supérieure ›

.....il s'y trouve un singe..... Il y a encore une caverne appelée «Serment》 誓願: ..... au milieu se trouve une poule.. Il y a encore une caverne appelée Lit de la Loi> 法牀: au milieu se trouve un chien..... Dans (cette

....

.....

montagne) est une déesse du feu et une räkṣasī nommée «Vue des yeux ; chacune d'elles a cinq cents parents qui l'entourent; ces deux femmes s'occupent constamment de soigner et de nourrir ces trois animaux. O gens de bien, en-dehors du Jambudvipa, dans la mer de la région de l'Ouest 2), il y a une montagne d'argent dont le nom est «Lune de la Bodhi : elle est 菩提月; haute de vingt yojanas. Il s'y trouve une caverne appelée « Diamant> 金剛; au milieu se trouve un porc..... Il y a encore

.....

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une caverne appelée «Mérite parfumé»;

....

au milieu

se trouve un rat. Il y a encore une caverne appelée <<Mérite

....

1) L'édition de Corée écrit: «Ouest>>.

2) L'édition de Corée écrit: «Nord».

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